À la suite de l’invalidation des chiffres officiels de la gestion des finances publiques sous Macky Sall par la Cour des comptes, l’agence de notation américaine a une nouvelle fois revu à la baisse la note du Sénégal.
Nouveau coup dur pour les finances publiques sénégalaises. Moody’s vient de dégrader la note souveraine du Sénégal de deux crans, à B3 avec une « perspective négative », selon le communiqué de l’agence de notation publié vendredi. Cette décision « est due aux indicateurs budgétaires nettement plus défavorables révélés par la Cour des comptes du Sénégal », a indiqué l’agence de notation.
« L’ampleur et la nature des écarts limitent considérablement la marge de manœuvre budgétaire du Sénégal et contribuent à des besoins de financement élevés », poursuit Moody’s, qui souligne « d’importantes carences passées en matière de gouvernance ». « En conséquence, le Sénégal est plus exposé aux chocs défavorables que nous ne l’avions estimé précédemment », pointe l’agence de notation.
Cette décision, qui risque de compliquer les capacités d’emprunt du pays et de renchérir le coût de son endettement, est l’une des conséquences de la publication, mi-février, d’un rapport très attendu de la Cour des comptes sur l’état des finances du pays.
Début octobre, Moody’s avait déjà abaissé la note du Sénégal de Ba3 à B1, faisant passer le pays dans la catégorie « hautement spéculatif ».
« Carences passées en matière de gouvernance »
L’encours de la dette représente 99,67 % du PIB, un taux « supérieur » au montant annoncé par le précédent régime, selon le rapport de la Cour des comptes sur la période allant de 2019 au 31 mars 2024. Le déficit budgétaire « recalculé » par la Cour pour l’année 2023 est par exemple de 12,3 % contre les 4,9 % annoncés.
Analysant la situation entre 2019 et 2024, le document a invalidé les chiffres officiels présentés sous l’ancien président Macky Sall, pointant une sous-évaluation de l’endettement synonyme de dérive de la gestion des finances publiques.
S’exprimant devant les députés à l’Assembléenationale vendredi, le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a qualifié ce rapport de « particulièrement catastrophique et inquiétant ». Ousmane Sonko a annoncé des mesures de « rationalisation », et un audit d’ici à la fin du mois d’avril de « l’effectif réel dans la fonction publique ».
La Cour des comptes, une institution de contrôle indépendante, a souligné que les faits relatés sont « présumés constitutifs de fautes de gestion, de gestions de fait ou d’infractions à caractère pénal ». La Cour a également pointé « une dette bancaire importante contractée hors circuit budgétaire » et « non retracée dans les comptes de l’État ».
Le gouvernement sénégalais a annoncé de possibles poursuites judiciaires contre les auteurs des « manquements graves » révélés par lerapport.
(Avec AFP