
Selon Le Journal du Pays1, le 12 février 2025, une embuscade tendue par le Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC) a coûté la vie à six soldats sénégalais dans la forêt d’Emaye, au sud-ouest de la Casamance. Cette attaque, d’une violence inouïe, s’est soldée par la capture d’un important arsenal militaire par les combattants indépendantistes. D’après les informations du journal, le MFDC a récupéré huit fusils d’assaut, une mitrailleuse ainsi que quatre caisses de munitions, renforçant ainsi son potentiel offensif face aux forces gouvernementales.
Cette attaque intervient près d’un an après l’accession au pouvoir du président Bassirou Diomaye Faye et de son Premier ministre Ousmane Sonko, qui avaient fait de la résolution du conflit en Casamance une priorité de leur programme politique. Pourtant, force est de constater que la situation sécuritaire n’a cessé de se détériorer. Loin de se résorber, la menace rebelle s’est intensifiée, rendant l’inaction des nouvelles autorités encore plus flagrante. Alors que de nombreuses voix appelaient à une initiative politique forte, articulant à la fois des négociations de paix et une reprise en main sécuritaire de la région, le gouvernement semble osciller entre immobilisme et indécision.
Les populations locales, qui nourrissaient l’espoir d’une résolution rapide du conflit sous l’administration actuelle, commencent à exprimer une profonde désillusion. À Ziguinchor, comme dans plusieurs villages touchés par l’instabilité, la peur d’un retour aux violences massives ressurgit. Ce climat d’insécurité alimente la méfiance envers l’État et favorise le discours des factions indépendantistes, qui continuent de rallier des sympathisants sous prétexte d’une autonomie nécessaire pour garantir la sécurité et le développement de la région.
Les commentaires publiés sous l’article du Journal du Pays révèlent une fracture inquiétante au sein de l’opinion publique sénégalaise. Certains internautes ne cachent pas leur sympathie pour le MFDC, qualifiant cette attaque de «victoire sur l’oppression», tandis que d’autres dénoncent avec véhémence cette violence, appelant à une répression sévère contre les rebelles. Cette polarisation de l’opinion est le signe que, malgré des décennies de conflit, l’idée d’une Casamance indépendante reste vivace chez une partie de la population, y compris chez des individus vivant loin du terrain des combats.
Le danger d’une telle division dépasse largement le cadre du conflit casamançais. Une partie des Sénégalais semble désormais accepter, voire encourager, une remise en cause de l’unité nationale. Cette évolution des mentalités, largement alimentée par l’absence d’une réponse ferme de l’État, pourrait avoir des conséquences désastreuses sur la cohésion du pays. Plus la situation s’éternise, plus le risque est grand de voir émerger d’autres poches de contestation, notamment dans des régions où l’État est peu présent et où la population se sent marginalisée.
L’attaque du 12 février et la capture d’armes par le MFDC montrent que le mouvement séparatiste est loin d’être affaibli. Son aptitude à tendre des embuscades meurtrières et à s’emparer d’équipements militaires prouve qu’il conserve une capacité de nuisance redoutable. Cette montée en puissance met en lumière l’échec de la stratégie sécuritaire actuelle, qui peine à contenir la menace et à garantir la protection des soldats engagés dans cette région instable.
Le gouvernement de Bassirou Diomaye Faye et d’Ousmane Sonko ne peut plus se contenter d’observer passivement l’évolution du conflit. Des décisions fermes doivent être prises immédiatement pour éviter une aggravation de la crise. Il ne s’agit pas seulement de relancer des négociations de paix, mais aussi de revoir entièrement la stratégie militaire en Casamance. La sécurisation des zones les plus exposées, le renforcement du renseignement et une réévaluation des forces en présence sont impératifs pour éviter de nouvelles pertes et empêcher le MFDC de continuer à s’armer.
L’inaction actuelle constitue une faille qui risque de coûter cher au pays. Chaque attaque réussie par le MFDC renforce son influence et alimente l’idée que l’État sénégalais est incapable d’assurer sa souveraineté sur l’ensemble de son territoire. Cette perception affaiblit non seulement l’autorité du gouvernement, mais encourage également d’autres mouvements contestataires à adopter des stratégies similaires.
Il est urgent que les autorités assument pleinement leurs responsabilités et mettent en œuvre une politique claire et efficace pour rétablir l’ordre en Casamance. La paix ne se décrète pas, elle se construit avec des actions concrètes. Sans une intervention décisive, le Sénégal court le risque de voir le conflit casamançais se transformer en une crise sécuritaire d’ampleur nationale, avec des conséquences désastreuses pour l’ensemble du pays.
Pierre Hamet BA.
Source : Le Journal du Pays consulté le 23 février 2025 à 1h 14mn du matin: