Alors que les syndicats de la santé ont décrété, ce jeudi, « journée sans blouse blanche » au Sénégal, tout en assurant le service minimum au niveau des urgences, dans toute la région de Louga, par contre, les femmes enceintes sont déclarées « persona non grata » dans les maternités relevant du public. Pour exiger la libération « sans condition » des sages-femmes de l’hôpital Amadou Sakhir Mbaye placées en détention dans l’affaire Astou Sokhna, l’intersyndicale des travailleurs de la santé de Louga a décidé de « surseoir à toutes les activités de soins à la maternité » dudit centre hospitalier.
« Tous les services de maternité, dans les établissements publics de santé de la région de Louga seront fermés (pour les autres services, le service minimum sera assuré) », a déclaré le porte-parole, Dr. Souleymane Loucar. D’ailleurs, ils ont chassé toutes les femmes en travail, internées à la maternité. Conséquence, les évacuations se font vers Saint-Louis, ville distante de 72 kilomètres.
« Effectivement, des patientes nous viennent de Louga entre hier et aujourd’hui », a confirmé à Seneweb, une source médicale établie dans la capitale du Nord. Selon notre interlocuteur, même si le nombre n’est pas encore défini, elles sont prises en charge. « Pour connaître le nombre, il va falloir recenser au niveau des différentes structures du district, mais elles sont prises en charge comme il se doit », ajoute notre informateur, qui se garde de donner plus de détails, invoquant le secret médical.
Dans la capitale du Ndiambour, des personnes interpellées font constater que les cliniques privées ont refusé du monde. C’est le cas de Soukeyna, habitante du quartier « Montagne », qui s’est confiée à Seneweb.
Ce matin, elle est allée dans une clinique de la place pour honorer un rendez-vous médical. Mais, confie cette mère de famille : « j’ai constaté que la structure a changé de visage. Cela fait des semaines que je me consulte là -bas, mais j’avoue que d’habitude, les patientes n’étaient pas aussi nombreuses. Peut-être aussi que c’est dû à la grève des agents de santé ».
Selon des chiffres livrés par l’intersyndicale, le service de la maternité de l’hôpital régional Amadou Sakhir Mbaye reçoit en moyenne une quarantaine de femmes en travail et lors du décès de Astou Sokhna, 61 femmes enceintes ont été accueillies, dont 16 qui devaient subir une césarienne.