Ousmane Sonko et ses deux procès : Une condamnation à une peine ferme risquerait d’entacher sa candidature à l’élection présidentielle


Rédigé le Mardi 2 Mai 2023 à 19:46 | Lu 67 fois | 1 commentaire(s)



Candidat déclaré à l’élection présidentielle de 2024, une incertitude plane sur la tête d’Ousmane Sonko, président du parti Pastef-Les Patriotes et farouche opposant du régime en place, sur sa participation à l’élection présidentielle de 2024. Pour cause, ses démêlés en justice avec deux procès devant lui : d’abord le jugement en appel de l’affaire de diffamation, l’opposant au ministre Mame Mbaye Niang, fixé pour le 8 mai 2023, ensuite, son procès pour «viols et menaces de mort», où il doit faire face à son accusatrice Adji Sarr, prévu le 16 du même mois. Deux affaires pour lesquelles une condamnation à une peine ferme, pourrait entacher sa candidature. Reportage Leral.net.


L’inquiétude sur l’éventuelle candidature d’Ousmane Sonko à l’élection présidentielle de 2024, préoccupe beaucoup de Sénégalais. Ces derniers accrochés par Leral.net, émettent des des avis divers. Omar Baldé, trouvé en train de lire son journal, semble être intéressé par l’actualité nationale. Sur la question des deux procès, il répond sans hésiter.

« Deux procès qui tiennent le pays en otage. Que le leader de Pastef Ousmane Sonko se présente physiquement ou pas, la seule chose à retenir, ce sont les mêmes scénarios qui vont se reproduire. L’autorité policière va encore, barricader sa maison deux jours avant, semer la terreur dans le pays, ralentir, voire stopper l'économie toute une journée, pour finir avec des insultes et un renvoi. Ces deux procès ne méritent pas de continuer, après tout ce que le peuple en a subi et surtout, les bases de ces procès », décrypte-t-il.

Par contre, il estime que le procès du 8 mai, qui oppose Mame Mbaye Niang et Ousmane Sonko, ne devait même pas arriver à ce niveau. « Le plus étrangeest que depuis lors, Mame Mbaye Niang n’est plus revu. Pour lui, le procès du 16 mai par contre, c’est une réponse à l'annonce ou même la reprise du "Nemmekou Tour" du leader de Pastef. Ce dossier, indique-t-il, ne devrait plus revoir le jour après tous ses dégâts et fondements. « Il est temps que le peuple ramène le pouvoir à la raison. Instrumentaliser la justice à des fins politiques, tout en connaissant les répercussions sur ce peuple, qui peine à se nourrir aisément, est une honte. C'est la chose qui devrait inquiéter tout le monde. Et, la question à se poser, c'est qui perd le plus ? », s’interroge Omar Baldé.

Procès contre Ousmane Sonko, une décision arbitraire dénoncée

Il poursuit pour préciser que, ce qui est sûr et certain, c'est qu'aucun politicien n'y sera gagnant. « Et la question que les Sénégalais se posent c'est : quelle suite a-t-on donné aux plaintes du leader de Pastef contre certains membres du gouvernement ? Et pourquoi à chaque fois qu'une plainte est déposée contre lui, la justice y donne suite ? Le procès de l'humiliation "qui l'oppose à Mame Mbaye Niang, nous savons tous la décision arbitraire qui y a été prise. S’agissant du dossier dit Sweet Beauty, je crois en tant que citoyen, que c'est les Sénégalais qui l'ont jugé et si la justice persiste sur ça, les Sénégalais feront face et ça sera encore, une fois encore, regrettable. »

Ainsi, Omar reste optimiste sur la candidature d’Ousmane Sonko à l’élection présidentielle de 2024. « Je ne suis pas juriste de profession pour trancher sur ça. Mais, ce qui est sûr, d'après les juristes qui entourent le leader de Pastef et ceux neutres et crédibles, ils ont tous affirmé sans opinion partisane, que rien ne l'empêche et ne l'empêcherait d'être candidat. Et, il faut savoir qu’Ousmane Sonko est le candidat du peuple, l'espoir d'une génération et si l'État manigance avec la justice pour l'empêcher de se présenter à l’élection. Que rien ne nous surprenne de ce qui pourrait arriver comme désastre. Ousmane Sonko, il faut l'admettre, le mettre en prison sans raison, mettra le pays à feu et à sang ; l'empêcher de se présenter aussi, idem.

Accepter que Macky se présente aussi deviendrait pire. Le seul candidat officiel aujourd'hui, pour cette élection, c'est Ousmane Sonko et sans oublier le fameux "soow" qui ne veut plus du "mbourou" pour ne pas citer son nom. C'est pourquoi, je crois que ces efforts pour le rendre inéligible est une perte de temps et un grand risque. Aucun dossier du leader de Pastef ne présente un danger pour lui. Cependant, il commence à commettre des erreurs de communication qui peuvent lui être fatales. La justice ne devrait pas être une machine pour régler un différend avec un opposant. Et, les retrouvailles de la famille libéral peuvent être envisagées
», argumente Omar Baldé.

Une autre Sénégalaise, Sylvia Diedhiou va dans le même sens qu’Omar.

« Nous tous, nous savons que ces deux procès sont purement politiques. Si, nous étions dans un Etat de droit, on n’allait certainement pas donner suite à ces plaintes. Encore moins, d'en emmener un homme politique devant la chambre criminelle. Et que le procureur se permet d'ajouter d'autres charges sur le dossier, dans seul but de rendre illégitime un honnête citoyen pour sa participation à l’élection présidentielle de 2024. Bien sûr, il y a de forte chances pour que le gouvernement arrive à ses fins. Puisque, s'il écope d'une amende de plus de 200.000 FCfa ou de 3 mois prison avec sursis, il dira adieu à ses droits civiques et politiques», fulmine-t-elle.

Candidature menacée

S’agissant de la candidature du leader de Pastef, elle reconnaît qu’elle est menacée. « A mon avis, la candidature du président Sonko est menacée à cause de ces deux procès. Sachant qu’il est le candidat principal de l’opposition et aimé par tous les jeunes, il constitue une menace permanente pour le pouvoir. Cependant, ces procès sont pour lui, une manière de l’exclure ou d’invalider son éligibilité. Si nous faisons le constat, les dépôts de candidature à l’élection présidentielle approchent à grands pas. Donc, l’Etat préfèrerait se focaliser sur ces distractions pour dire après, qu’il n’est pas apte à diriger ce pays, vu qu’on est dans un pays où la politique est « dégueulasse ».

C’est facile de mettre en mal un honnête citoyen avec la population. Mais, je pense que le peuple a compris maintenant, les jeux du pouvoir, d’où l’existence des révoltes qui peuvent s’éviter. Si tous ces problèmes judiciaires sont honnêtes, quand je dis honnête, c’est-à-dire qu’il y a séparation des pouvoirs. Comme Rousseau l’a dit dans «Le contrat social», que chacun s’occupe de son pouvoir et personne ne dépend de personne. Mais, au Sénégal on a tendance à voir que c’est l’Exécutif qui gère toutes ces tâches. Au final, ou se trouve cette démocratie que l’on chante partout
», se demande Sylvia.

Epée de Damoclès sur Ousmane Sonko

Sidy Lô est le dernier intervenant. Il va presque dans le même sens que les deux précédents. Pour lui, «ces deux procès fixés dans le même mois, sur un intervalle d’une semaine, ce n’est qu’une épée de Damoclès sur Ousmane Sonko, un constat fait et d’ailleurs confirmé par plusieurs observateurs et même, la majeure partie des Sénégalais». Il soutient qu’à chaque fois qu’Ousmane Sonko annonce ses tournées ou visites, la justice active sa machine contre lui. Il trouve cette posture déplorable.

«Dans une bonne démocratie, la justice a besoin d’être indépendante. Ce qui n’exclut ni la solennité ni la sévérité, cette justice que bon nombre des citoyens réclament, ne doit pas se fonder sur le bon vouloir des uns et des autres. Et surtout, du côté de l’exécutif où on connait les rapports de force politiques. Ousmane Sonko est dans une situation défavorable. Condamné en première instance dans l’affaire Prodac contre le ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang qui, après avoir s’exclamé sur la décision rendue, est revenu pour déposer un recours, de même que le procureur.

Dans une situation où tout le peuple avait retenu son souffle quant au procès. Heureusement, on a expiré un ouf de soulagement. Voilà maintenant qu’une affaire de diffamation où même l’accusé aurait avoué que le rapport a existé, avant de le nier. Il nous relance vers une deuxième mi-temps, où on ne sait même pas quel sera le résultat final. Nonobstant cela, l’affaire Sweet Beauté qui nous a longtemps tympanisés, causant au moins 14 morts et où le juge avait placé Ousmane Sonko sous contrôle judiciaire, pour stabiliser le pays après plusieurs médiations. Voilà dans cette affaire de présumé viol qui nous a épouvantés de tintamarre. A part la plaignante et l’accusé qui ne nous disent pas véritablement ce qui s'est passé. On nous afflige au bord du gouffre. Sonko-Adji Sarr et Sonko-Mame Mbaye Niang, deux procès avec un dénominateur commun, Ousmane Sonko. Le leader de Pastef, l’opposant le plus farouche du Président Macky Sall qui n’a que la force répressive du peuple pour riposter. C’est la justice qui va tenter encore, pour une nouvelle fois, son coup de maitre
 », explique Sidy Lô.

« Ousmane Sonko, retient-il, est sous le tunnel. La justice s’est activée contre lui, des auditions bâclées avec toutes les suspicions dégagées. Cette fois-ci, s’il est condamné à une peine de 3 mois ou plus et une amende supérieure à 200 000 FCfa, dans son procès en appel contre Mame Mbaye Niang, le maire de Ziguinchor risque de ne plus être éligible.

En revanche, l’affaire Adji Sarr est beaucoup plus délicate. Un procès devant la Chambre criminelle, une affaire de présumé viol qui est criminalisé au Sénégal. Que va-t-il se passer ? Si Sonko est condamné, c’est fini pour lui. A moins qu’il interjette appel. Par contre, s’il est blanchi en toute transparence, c’est à lui de se promener sur le territoire national pour baliser le terrain, en préparant la prochaine élection présidentielle de février 2024
», conclut-il.




Amath Thiam
Leral
 
 



1.Posté par GloriaAnne le 02/05/2023 21:28
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