Dans le livre de gloire de la Nation sénégalaise, figurent honorablement la trace et la marque de Omar Blondin Diop, intellectuel révolutionnaire, dont la mort tragique a été un déclic d’une prise de conscience politique de plusieurs jeunes militants de ma génération.
C’était le 11 mai 1973.
J’avais l’âge de l’enfant, en cycle élémentaire, qui ne connaissait pas encore un émoi en dehors de la famille, du cercle des amis et de l’école.
Les élèves du collège étaient massivement sortis et nous avaient entraînés dans une levée dont nous ne savions rien. Ce fut mon baptême de feu dans l’espace public. Quelques aînés nous confièrent qu’il s’agissait de protester contre le régime de Senghor, coupable de la mort tragique de l’étudiant normalien, Omar Blondin Diop.
Mon frère aîné, et un défunt maître, Iba Guèye, complétèrent, bien plus tard, les raisons impératives de mon engagement.
Ma vie bascule désormais dans les organisations et les mouvements, dans les livres et les syllogismes du terrain, sous le mode de ce que nous appelions, après Mao, la « liaison avec les masses », comme condition de production de la politique d’émancipation, et la ligne de masse.
Omar Blondin Diop est un maillon de cette Grande Histoire qui, dans notre pays, a connu trois séquences. Celle, inaugurale et de portée internationaliste, de Lamine Senghor, premier nom du communisme sénégalais (années 20 du siècle dernier), celle du PAI à partir de 1957 et celle, qui aura duré une petite décennie, intense et créatrice, des nouvelles gauches révolutionnaires (maoïste, trotskyste et confusément libertaire) à partir de la fin des années 70 du siècle dernier.
Les célébrations et les commémorations nous obligent, rituels utiles pour rassembler les filets mémoriels, ponctuer le temps et chercher des brèches dans la morosité des jours.
Saluons alors ce 11 mai, du salut amical et militant pour prier, encore une fois, afin que repose en paix éternelle Omar Blondin Diop, cinquante ans après.
La mort est le souvenir glorieux de la vie pour ceux qui ont inscrit leur nom dans la longue histoire des politiques d’émancipation. Mao disait qu’il y a des morts qui pèsent des montagnes.
Si nous ponctuons le 11 mai, c’est aussi pour « enquêter », du point de vue subjectif, la signification de la mort de Omar Blondin Diop. Car il y a deux « Omar », syntagme plutôt massif dont l’enquête éclaire la division. Chacun des deux à ses noms, ses héritiers et sa tradition.
Le premier réfère à l’idéal héroïque qui intègre la mort comme une conclusion possible et contingente de la lutte révolutionnaire. Est exalté, dans l’action quotidienne qui défie les normes organisationnelles, le côté romantique et tragique de l’histoire. Le motif de la révolte à l’état pur anime la subjectivité militante.
Le second tire le bilan de la tragédie et adosse la subjectivité révolutionnaire, au régime des organisations, de la stratégie et du dur labeur du temps.
Pour parer au retour de la tragédie, il faut s’organiser, se soumettre aux rigueurs de la discipline militante, cultiver l’intelligence des rapports de force et faire confiance aux masses populaires, parce que ce sont elles qui font l’histoire.
Toutes ces deux postures partagent la passion de la politique d’émancipation. Des années 70 du siècle dernier à nos jours, dans les périodes fastes d’essor comme dans celles mélancoliques de repli, ceux qui en sont porteurs, ont affronté l’histoire pour en changer le cours. Reste à savoir comment ! Ce qui est une autre histoire.
(A suivre : De quoi la politique d’émancipation est-elle le nom? )
El Hadj H. Kassé
C’était le 11 mai 1973.
J’avais l’âge de l’enfant, en cycle élémentaire, qui ne connaissait pas encore un émoi en dehors de la famille, du cercle des amis et de l’école.
Les élèves du collège étaient massivement sortis et nous avaient entraînés dans une levée dont nous ne savions rien. Ce fut mon baptême de feu dans l’espace public. Quelques aînés nous confièrent qu’il s’agissait de protester contre le régime de Senghor, coupable de la mort tragique de l’étudiant normalien, Omar Blondin Diop.
Mon frère aîné, et un défunt maître, Iba Guèye, complétèrent, bien plus tard, les raisons impératives de mon engagement.
Ma vie bascule désormais dans les organisations et les mouvements, dans les livres et les syllogismes du terrain, sous le mode de ce que nous appelions, après Mao, la « liaison avec les masses », comme condition de production de la politique d’émancipation, et la ligne de masse.
Omar Blondin Diop est un maillon de cette Grande Histoire qui, dans notre pays, a connu trois séquences. Celle, inaugurale et de portée internationaliste, de Lamine Senghor, premier nom du communisme sénégalais (années 20 du siècle dernier), celle du PAI à partir de 1957 et celle, qui aura duré une petite décennie, intense et créatrice, des nouvelles gauches révolutionnaires (maoïste, trotskyste et confusément libertaire) à partir de la fin des années 70 du siècle dernier.
Les célébrations et les commémorations nous obligent, rituels utiles pour rassembler les filets mémoriels, ponctuer le temps et chercher des brèches dans la morosité des jours.
Saluons alors ce 11 mai, du salut amical et militant pour prier, encore une fois, afin que repose en paix éternelle Omar Blondin Diop, cinquante ans après.
La mort est le souvenir glorieux de la vie pour ceux qui ont inscrit leur nom dans la longue histoire des politiques d’émancipation. Mao disait qu’il y a des morts qui pèsent des montagnes.
Si nous ponctuons le 11 mai, c’est aussi pour « enquêter », du point de vue subjectif, la signification de la mort de Omar Blondin Diop. Car il y a deux « Omar », syntagme plutôt massif dont l’enquête éclaire la division. Chacun des deux à ses noms, ses héritiers et sa tradition.
Le premier réfère à l’idéal héroïque qui intègre la mort comme une conclusion possible et contingente de la lutte révolutionnaire. Est exalté, dans l’action quotidienne qui défie les normes organisationnelles, le côté romantique et tragique de l’histoire. Le motif de la révolte à l’état pur anime la subjectivité militante.
Le second tire le bilan de la tragédie et adosse la subjectivité révolutionnaire, au régime des organisations, de la stratégie et du dur labeur du temps.
Pour parer au retour de la tragédie, il faut s’organiser, se soumettre aux rigueurs de la discipline militante, cultiver l’intelligence des rapports de force et faire confiance aux masses populaires, parce que ce sont elles qui font l’histoire.
Toutes ces deux postures partagent la passion de la politique d’émancipation. Des années 70 du siècle dernier à nos jours, dans les périodes fastes d’essor comme dans celles mélancoliques de repli, ceux qui en sont porteurs, ont affronté l’histoire pour en changer le cours. Reste à savoir comment ! Ce qui est une autre histoire.
(A suivre : De quoi la politique d’émancipation est-elle le nom? )
El Hadj H. Kassé