Le président du Conseil constitutionnel qui vient de nous quitter a mis en pratique le « devoir d’ingratitude » théorisé par le célèbre juriste et homme politique français Robert Badinter (1928-2024) :
« on a un devoir d’ingratitude avec son autorité de nomination à partir du moment où l’on rentre en fonction ».
Mamadou Badio Camara avait entendu les pires insultes lorsqu’il avait été nommé par le Président Macky Sall pour présider le Conseil constitutionnel le 5 septembre 2022. L’enfer lui avait été même promis par l’opposition d’alors, qui est au pouvoir aujourd’hui au Sénégal.
Un procès d’intention lui avait été intenté. Il était faussement accusé de vouloir légitimer un troisième mandat pour le Président Macky Sall. Au finish, ce dernier n’a jamais sollicité un troisième mandat et le Conseil constitutionnel s’était opposé à sa volonté de repousser l’élection présidentielle suite aux troubles politiques graves que traversait le pays à la veille de la présidentielle de l’année 2024.
Mamadou Badio Camara s’est strictement conformé à son rôle de juge constitutionnel à double égard. D’abord, soumis à l’obligation de réserve, il n’a jamais répondu à aucune des calomnies et méchancetés déversées sur lui. Ensuite, il n’a jamais fait autre chose que faire respecter l’esprit et la lettre de la Constitution du Sénégal, même si cela était contraire à la volonté de celui qui l’avait nommé. Fidèle au « devoir d’ingratitude ».
Ces deux leçons sont intemporelles pour tout magistrat.
Le « devoir d’ingratitude » libère tout serviteur de l’Etat contre toute servitude autre que celui de son serment à respecter les lois et règlements, ainsi que de travailler pour l’intérêt supérieur de la nation. Il vous assure une place enviable dans le temps long de l’Histoire.
Respect et repos éternel pour Mamadou Badio Camara.
Dieu l’accueille en Son Paradis.
Mamadou Sy Tounkara
