Suite à la décision du Comité régional de développement tenu à Diourbel le 26 août dernier, les doutes sur l’organisation du Grand Magal de Touba en octobre prochain dans un contexte de pandémie de Covid-19 sont presque dissipés. Certains habitants de la cité religieuse, guidés par leur foi, nourrissent peu d’appréhensions alors que d’autres préfèrent jouer la carte de la prudence.
De Djanatou Mahwa à Mbacké en passant par Darou Khoudoss et Touba Alieu, les préparatifs pour la célébration du Grand Magal vont bon train. Les esprits sont captivés par cet événement religieux à venir malgré l’épidémie à coronavirus. Habillé en djellaba blanche, Abdoulaye Dieng, chapelet à la main et masque bien en évidence, sort de la grande mosquée, ouvre la porte de son véhicule et livre son opinion sur la tenue du Grand Magal dans ce contexte de crise sanitaire. « Le Magal est chez nous mourides plus que ce que représente une institution pour les autres. Quelle que soit la situation, aucun khalife ne va jamais surseoir à l’organisation du magal », assure ce jeune banquier issu d’une famille mouride depuis trois générations.
Une conviction qu’il partage avec Mame Thierno Diouf, 65 ans, trouvé au rond-point de l’ancienne gare routière. La boule à zéro, le masque sous le menton, le regard rivé sur une table pleine de fripes, le sexagénaire n’entretient aucun doute : « Je suis à 100% pour l’organisation du magal. Rien au monde n’empêchera le Khalife général des Mourides d’organiser le Magal ! La maladie existe, c’est pourquoi je porte un masque, mais on meurt toujours de quelque chose. Il faut retourner à l’orthodoxie. Pour nous mourides, mourir en exécutant le « ndigël » (recommandation) a toujours été un sacerdoce. La mort et ce virus sont des créatures. Seule la volonté de Dieu triomphe », soutient M. Diouf.
Dans les rues du centre-ville de Touba, l’activité économique bat son plein. Les marchés, comme celui d’Ocass, sont bondés de monde. L’application des mesures barrières, en dehors du port de masque, n’est pas une préoccupation majeure ici. Sur l’axe 28 menant à la grande mosquée, la sirène d’une ambulance confondue à celle de la police a été assez dissuasive pour réajuster les masques. On ne semble pas trop préoccupé, ici, par le débat sur l’organisation du Magal de Touba. Pour certains commerçants du marché Ocass, cette discussion est oiseuse. L’annulation de ce rendez-vous annuel n’est pas envisageable.
Survivre au virus
Les propos de Karim Diop, un émigré de retour de la Côte d’Ivoire habitant le grand quartier de Darou Khoudoss, sont davantage empreints de prudence. La psychose de la Covid-19 l’habite encore. « Cette maladie n’est pas une imagination. Elle existe. En Côte d’Ivoire d’où je reviens, ils n’ont peut-être pas un guide religieux de la trempe de Cheikh Ahmadou Bamba mais ils sont disciplinés. Organiser le Magal en ignorant l’indiscipline de certains Sénégalais, c’est braver les périls », dit-il. Chez lui, à Touba, il impose le lavage des mains et le port du masque avant d’accéder à son domicile. Chacun des huit membres de sa famille porte un masque. Aucun relâchement n’est permis. Son épouse, bien qu’étouffant sous son masque, n’ose pas s’en plaindre. « Je suis disciple de Serigne Touba. Je vais célébrer le Magal chez moi, tout juste avec ma famille. J’ai demandé à mes frères, qui ont l’habitude de passer le Magal chez moi, de rester chez eux à Dakar et à Louga où la situation épidémiologique est loin d’être maîtrisée. Je ne recevrai personne », insiste-t-il.
Pour Daba Diop, gargotière entourée d’ustensiles, l’essentiel est moins dans la tenue du Magal ou pas, mais dans les efforts que les populations sont prêtes à faire pour barrer la route au virus au cas où cet événement religieux se tiendrait. La fin de son propos, accompagnée d’un sourire narquois, est teintée d’ironie : « À mon avis, il n’y a pas péril en la demeure, venir à Touba et mourir, c’est l’apothéose pour tout bon disciple mouride, mais nous survivrons au virus ». Le Magal 2020, quelle que soit la formule, est parti pour se graver dans la mémoire collective.
Une conviction qu’il partage avec Mame Thierno Diouf, 65 ans, trouvé au rond-point de l’ancienne gare routière. La boule à zéro, le masque sous le menton, le regard rivé sur une table pleine de fripes, le sexagénaire n’entretient aucun doute : « Je suis à 100% pour l’organisation du magal. Rien au monde n’empêchera le Khalife général des Mourides d’organiser le Magal ! La maladie existe, c’est pourquoi je porte un masque, mais on meurt toujours de quelque chose. Il faut retourner à l’orthodoxie. Pour nous mourides, mourir en exécutant le « ndigël » (recommandation) a toujours été un sacerdoce. La mort et ce virus sont des créatures. Seule la volonté de Dieu triomphe », soutient M. Diouf.
Dans les rues du centre-ville de Touba, l’activité économique bat son plein. Les marchés, comme celui d’Ocass, sont bondés de monde. L’application des mesures barrières, en dehors du port de masque, n’est pas une préoccupation majeure ici. Sur l’axe 28 menant à la grande mosquée, la sirène d’une ambulance confondue à celle de la police a été assez dissuasive pour réajuster les masques. On ne semble pas trop préoccupé, ici, par le débat sur l’organisation du Magal de Touba. Pour certains commerçants du marché Ocass, cette discussion est oiseuse. L’annulation de ce rendez-vous annuel n’est pas envisageable.
Survivre au virus
Les propos de Karim Diop, un émigré de retour de la Côte d’Ivoire habitant le grand quartier de Darou Khoudoss, sont davantage empreints de prudence. La psychose de la Covid-19 l’habite encore. « Cette maladie n’est pas une imagination. Elle existe. En Côte d’Ivoire d’où je reviens, ils n’ont peut-être pas un guide religieux de la trempe de Cheikh Ahmadou Bamba mais ils sont disciplinés. Organiser le Magal en ignorant l’indiscipline de certains Sénégalais, c’est braver les périls », dit-il. Chez lui, à Touba, il impose le lavage des mains et le port du masque avant d’accéder à son domicile. Chacun des huit membres de sa famille porte un masque. Aucun relâchement n’est permis. Son épouse, bien qu’étouffant sous son masque, n’ose pas s’en plaindre. « Je suis disciple de Serigne Touba. Je vais célébrer le Magal chez moi, tout juste avec ma famille. J’ai demandé à mes frères, qui ont l’habitude de passer le Magal chez moi, de rester chez eux à Dakar et à Louga où la situation épidémiologique est loin d’être maîtrisée. Je ne recevrai personne », insiste-t-il.
Pour Daba Diop, gargotière entourée d’ustensiles, l’essentiel est moins dans la tenue du Magal ou pas, mais dans les efforts que les populations sont prêtes à faire pour barrer la route au virus au cas où cet événement religieux se tiendrait. La fin de son propos, accompagnée d’un sourire narquois, est teintée d’ironie : « À mon avis, il n’y a pas péril en la demeure, venir à Touba et mourir, c’est l’apothéose pour tout bon disciple mouride, mais nous survivrons au virus ». Le Magal 2020, quelle que soit la formule, est parti pour se graver dans la mémoire collective.