« Afrique Confidentielle » est détentrice d’un courrier rédigé par un gradé de l’Armée sénégalaise. Cette correspondance, d’une importance capitale et stratégique pour la sécurité nationale, s’adresse aux hautes autorités de la sécurité nationale, à savoir le Chef de l’État, chef suprême des Armées Bassirou Diomaye Diakh Faye, le Ministre des Forces Armées, le Général Biram Diop, le Chef d’État-Major Général des Armées (CEMGA), le Général Mbaye Cissé et ses adjoints, le Haut Commandant de la gendarmerie, le Général Martin Faye et ses adjoints, les Commandants de zones militaires sur toute l’étendue du territoire, le Directeur général de la police (DGP) Mame Seydou Ndour, ainsi que le Directeur de la Délégation Nationale au Renseignement, El Hadji Daouda Niang, le Directeur Général du Renseignement Intérieur (DGRI), le Directeur Général du Renseignement Extérieur (DGRE) et le Directeur Général du Renseignement Militaire. L’auteur du courrier confidentiel s’adresse aussi aux chefs d’État-Major des Armées de l’Air, de Terre et de Mer. Ce gradé de l’Armée, qui a préféré pour le moment garder l’anonymat, estime que ces vaillants serviteurs de l’État ne devraient pas tous être complices de ce « projet » qui menace l’intégrité du territoire.
POURQUOI LE SOLDAT A DÉCIDÉ D’ALERTER SA HIÉRARCHIE
Après avoir longtemps gardé le silence, j’ai décidé de le briser pour aider mon pays. Plusieurs facteurs convergents ont motivé ma lettre. D’abord, lors de la campagne électorale, la déclaration du président Bassirou Diomaye Faye avait annoncé l’érection de Ziguinchor (ou de la Casamance) comme nouvelle capitale du Sénégal.
Avant cette sortie de l’actuel président de la République, lors d’un meeting à Ziguinchor, l’armée avait des renseignements sur des relations entre le président de Pastef, Monsieur Ousmane Sonko, et des leaders du MFDC. Des rencontres ont eu lieu dans le maquis. Toutes les autorités militaires et civiles de l’époque, qui dirigeaient le pays, étaient informées de ces contacts.
Par ailleurs, des opposants, dont le Maire d’une grande ville sénégalaise, étaient en territoire bissau-guinéen pour nouer des contacts avec des rebelles dans le but de soutenir Ousmane Sonko dans son combat politique de 2021 à 2023.
Plusieurs membres du MFDC, hébergés entre Pikine, Keur Massar et Parcelles Assainies, ont participé à toutes les manifestations vers la fin du dernier mandat du président Macky Sall. Des jeunes ont quitté Bignona, Ziguinchor et environs pour rallier Dakar à bord de transports en commun pour la majorité. Pour eux, au-delà du combat politique, il fallait détruire tous les bijoux de la capitale (BRT, TER, Auchan, agences, banques, réseaux électriques, DDD, etc.) pour venger les bombardements de l’armée sénégalaise contre les zones rebelles en Casamance.
Aujourd’hui, l’accession du président Bassirou Diomaye Faye et de Ousmane Sonko au pouvoir autorise ces jeunes à réclamer leur part du gâteau. Il est évident que le MFDC est l’actionnaire majoritaire dans la lutte pour la victoire d’Ousmane Sonko, considéré comme le fils de la Casamance né pour réaliser l’indépendance de la République du Sud.
Je n’ai jamais voulu briser le silence, car je me disais que mes supérieurs étaient aussi bien informés que moi. Et ils sont mieux placés pour agir afin de sauvegarder l’intégrité territoriale.
L’APPEL DU PIED DU MFDC ET LES RÉPONSES DE SONKO
Par ailleurs, juste après l’élection du président Bassirou Diomaye Faye, chef suprême des Armées, des membres du MFDC avaient fait une déclaration pour mettre en garde les nouvelles autorités par rapport à l’urgence de reconnaître l’indépendance de la Casamance. Ils avaient fait cette sortie avec le drapeau du MFDC en bandoulière.
L’élite militaire de l’Armée sénégalaise au front en Casamance est informée des activités des éléments du MFDC contre les intérêts du Sénégal. À chaque fois, ces renseignements sont remontés à la hiérarchie militaire, jusqu’à la table de la réunion de sécurité au Palais. Aujourd’hui, dans l’entendement des rebelles, l’accession d’Ousmane Sonko (leur fils) au pouvoir semble être une belle occasion pour obtenir au moins l’autonomie de la Casamance. C’est le rêve des membres du MFDC, qui ont participé à ce projet en tant qu’aile militaire de Pastef.
LES FICHES DE RENSEIGNEMENT DÉTOURNÉES PAR SONKO
La position d’Ousmane Sonko au sein de l’appareil étatique aura des conséquences désastreuses dans la gestion des renseignements portant sur les activités du MFDC. Le président Bassirou Diomaye pourrait être isolé sur le dossier de la rébellion par Sonko, qui va détourner toutes les fiches de renseignement concernant le MFDC. C’est là que se situe le danger. Il revient alors au président Diomaye Faye d’être très vigilant dans le suivi du dossier du MFDC. C’est la sécurité nationale qui est en jeu. Et il sera l’unique responsable à rendre compte demain au peuple sénégalais. Le président Diomaye gagnerait à bien surveiller son Premier ministre, qui adopte une démarche séparatiste contre la Nation sénégalaise. Sonko n’aime pas le Sénégal. Les soldats en Casamance le savent. Seul le président Diomaye semble l’ignorer. Le brillant journaliste Yoro Dia parle de « la négation du Sénégal » en caractérisant Monsieur Sonko.
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