Malgré la loi anti-tabac et le programme de lutte contre le tabac, les gens continuent toujours à s’en procurer. La consommation du tabac reste le quotidien de nombre de Sénégalais, les sociétés de fabrication cherchent d’autres moyens pour contourner la loi en mettant des produits dérivés du tabac comme la chicha qui est une cigarette électronique à la disposition de la population ou encore des bonbons contenant de la nicotine. Des produits qui contribuent à réduire des acquis notés au début de la mise en œuvre de la loi anti-tabac en 2016, votée à l’Assemblée en 2014, avec une interdiction à la consommation de produits du tabac dans les lieux publics, la vente aux mineurs, ou encore la commercialisation de tabac à moins de 200 mètres d’une école ou d’un hôpital.
De la même manière, la réglementation proscrit la vente de cigarettes à l’unité et toute forme de publicité, directe comme indirecte, en faveur du tabac. Enfin, 70% de la surface des paquets de tabac sont désormais recouverts d’avertissements sanitaires (image et texte), montrant les risques que le tabagisme fait peser sur la santé. Aujourd’hui, la majorité de ces mesures ont été bafouées. Les gens fument dans les espaces publics sans être inquiétés, dans les lieux privés, les gérants sont peu qui respectent l’espace réservé pour les fumeurs.
Une situation qui a amené les acteurs de la société civile à porter le plaidoyer pour une augmentation de la taxation du Tabac au Sénégal. Ainsi, à la fin de l’année 2021, la Ligue sénégalaise contre le tabac avait exhorté le ministère de la Santé et de l’action sociale du Sénégal à augmenter sensiblement la fiscalité sur les produits du tabac, dans un double objectif de réduire la prévalence tabagique de 10% et d’abonder un fonds de financement de la lutte contre le tabagisme. En 2023, l’institut panafricain pour la citoyenneté, les consommateurs et le développement (Cocidev Afrique) a aussi réclamé un meilleur financement de la lutte antitabac à travers une campagne de communication et de plaidoyer en vue d’augmenter la fiscalité sur le tabac.
Le Cicodev a pointé ainsi le fardeau que pèse le tabagisme sur les finances publiques sénégalaises, et le manque de moyens alloués à la santé publique. A cet effet, il a proposé la création d’une taxe parafiscale sur les produits du tabac qui soit directement affectée au financement de la santé publique sénégalaise en général, et de la lutte contre le tabagisme et les maladies non transmissibles en particulier. Cependant, malgré les nombreuses initiatives, la voix des autorités étatiques peine à raisonner.
La chicha, la nouvelle arnaque
Pour marquer la journée de lutte antitabac au Sénégal, la ligue sénégalaise de lutte anti-tabac avait tenu un atelier de communication à Dakar la semaine dernière afin de sensibiliser la jeunesse sur les nouveaux produits mis à leur portée par des entreprises. Selon docteur Abdoul Aziz Kassé, le tabagisme baisse dans les pays occidentaux parce qu’il y a un arsenal juridique qui a été mis en place et qui lutte contre le tabac. Ce qui n’est pas le cas dans les pays africains.
Pour ce dernier, l’industrie du tabac a changé de stratégie et s’adresse maintenant à la jeunesse. Ainsi, au lieu de vendre du tabac, cette industrie propose des substances alternatives qui ne sont plus les mêmes. « La chicha est en train de gangrener le pays parce qu’une session d’une heure est l’équivalent de 20 à 100 cigarettes. Le Mali a pris ses responsabilités en interdisant la chicha, pourquoi pas au Sénégal. L’industrie du tabac s’est dit que plutôt que de vendre du tabac, maintenant je vais vendre de l’addiction. Je vais prendre la substance la plus addictive qui s’appelle la nicotine que je vais mettre dans des puffs. Ces puffs ressemblent à des marqueurs qui sont vendus aux enfants », a fait savoir Dr kassé. Et d’ajouter : « ils sont extrêmement dangereux pour entretenir une certaine forme de dépendance. Il s’y ajoute d’autres formes de délivrance que l’on appelle les sachets de nicotine ».
Un budget insuffisant consacré à la santé
Selon une étude menée par le Consortium pour la recherche économique et sociale (CRES), un think tank basé à Dakar, le coût social du tabagisme est estimé à 122 milliards de francs CFA (185 millions d’euros) par an pour la société sénégalaise, dont 74 milliards pour les seuls coûts de santé. Selon le Cicodev qui a donné l’information, à titre de comparaison, les recettes fiscales associées aux produits du tabac représentent 24 milliards de francs CFA annuels (36 millions d’euros), soit un déficit de 98 milliards (149 millions d’euros).
Malgré le fardeau économique que représente la consommation tabagique au Sénégal, le ministère de la Santé ne consacre que 25 millions de francs CFA par an, soit moins de 40 000 euros. Aujourd’hui, le Cicodev reconnait une forte ingérence de l’industrie du tabac au Sénégal. Les acteurs membres de ce consortium soutiennent la ligue sénégalaise et alertaient également les pouvoirs publics sur la nécessité de lutter contre le lobbying de l’industrie du tabac, qui voit dans les pays en voie de développement un nouveau marché, permettant de compenser le déclin de la consommation, enclenché depuis plusieurs décennies dans les pays industrialisés. Malgré l’adoption en 2014 d’une loi interdisant par principe tout contact entre les autorités publiques et l’industrie du tabac, le Cocidev soutient : « le Sénégal n’échappe pas complètement aux tentatives d’ingérence de la part des fabricants. Ainsi, en 2021, un décret permettait au Sénégal d’adopter le système Codentify de traçabilité des produits du tabac, alors que celui-ci émane directement des cigarettiers, dont l’implication dans le commerce illicite est pourtant établie ».
Source:SudQuotidien
De la même manière, la réglementation proscrit la vente de cigarettes à l’unité et toute forme de publicité, directe comme indirecte, en faveur du tabac. Enfin, 70% de la surface des paquets de tabac sont désormais recouverts d’avertissements sanitaires (image et texte), montrant les risques que le tabagisme fait peser sur la santé. Aujourd’hui, la majorité de ces mesures ont été bafouées. Les gens fument dans les espaces publics sans être inquiétés, dans les lieux privés, les gérants sont peu qui respectent l’espace réservé pour les fumeurs.
Une situation qui a amené les acteurs de la société civile à porter le plaidoyer pour une augmentation de la taxation du Tabac au Sénégal. Ainsi, à la fin de l’année 2021, la Ligue sénégalaise contre le tabac avait exhorté le ministère de la Santé et de l’action sociale du Sénégal à augmenter sensiblement la fiscalité sur les produits du tabac, dans un double objectif de réduire la prévalence tabagique de 10% et d’abonder un fonds de financement de la lutte contre le tabagisme. En 2023, l’institut panafricain pour la citoyenneté, les consommateurs et le développement (Cocidev Afrique) a aussi réclamé un meilleur financement de la lutte antitabac à travers une campagne de communication et de plaidoyer en vue d’augmenter la fiscalité sur le tabac.
Le Cicodev a pointé ainsi le fardeau que pèse le tabagisme sur les finances publiques sénégalaises, et le manque de moyens alloués à la santé publique. A cet effet, il a proposé la création d’une taxe parafiscale sur les produits du tabac qui soit directement affectée au financement de la santé publique sénégalaise en général, et de la lutte contre le tabagisme et les maladies non transmissibles en particulier. Cependant, malgré les nombreuses initiatives, la voix des autorités étatiques peine à raisonner.
La chicha, la nouvelle arnaque
Pour marquer la journée de lutte antitabac au Sénégal, la ligue sénégalaise de lutte anti-tabac avait tenu un atelier de communication à Dakar la semaine dernière afin de sensibiliser la jeunesse sur les nouveaux produits mis à leur portée par des entreprises. Selon docteur Abdoul Aziz Kassé, le tabagisme baisse dans les pays occidentaux parce qu’il y a un arsenal juridique qui a été mis en place et qui lutte contre le tabac. Ce qui n’est pas le cas dans les pays africains.
Pour ce dernier, l’industrie du tabac a changé de stratégie et s’adresse maintenant à la jeunesse. Ainsi, au lieu de vendre du tabac, cette industrie propose des substances alternatives qui ne sont plus les mêmes. « La chicha est en train de gangrener le pays parce qu’une session d’une heure est l’équivalent de 20 à 100 cigarettes. Le Mali a pris ses responsabilités en interdisant la chicha, pourquoi pas au Sénégal. L’industrie du tabac s’est dit que plutôt que de vendre du tabac, maintenant je vais vendre de l’addiction. Je vais prendre la substance la plus addictive qui s’appelle la nicotine que je vais mettre dans des puffs. Ces puffs ressemblent à des marqueurs qui sont vendus aux enfants », a fait savoir Dr kassé. Et d’ajouter : « ils sont extrêmement dangereux pour entretenir une certaine forme de dépendance. Il s’y ajoute d’autres formes de délivrance que l’on appelle les sachets de nicotine ».
Un budget insuffisant consacré à la santé
Selon une étude menée par le Consortium pour la recherche économique et sociale (CRES), un think tank basé à Dakar, le coût social du tabagisme est estimé à 122 milliards de francs CFA (185 millions d’euros) par an pour la société sénégalaise, dont 74 milliards pour les seuls coûts de santé. Selon le Cicodev qui a donné l’information, à titre de comparaison, les recettes fiscales associées aux produits du tabac représentent 24 milliards de francs CFA annuels (36 millions d’euros), soit un déficit de 98 milliards (149 millions d’euros).
Malgré le fardeau économique que représente la consommation tabagique au Sénégal, le ministère de la Santé ne consacre que 25 millions de francs CFA par an, soit moins de 40 000 euros. Aujourd’hui, le Cicodev reconnait une forte ingérence de l’industrie du tabac au Sénégal. Les acteurs membres de ce consortium soutiennent la ligue sénégalaise et alertaient également les pouvoirs publics sur la nécessité de lutter contre le lobbying de l’industrie du tabac, qui voit dans les pays en voie de développement un nouveau marché, permettant de compenser le déclin de la consommation, enclenché depuis plusieurs décennies dans les pays industrialisés. Malgré l’adoption en 2014 d’une loi interdisant par principe tout contact entre les autorités publiques et l’industrie du tabac, le Cocidev soutient : « le Sénégal n’échappe pas complètement aux tentatives d’ingérence de la part des fabricants. Ainsi, en 2021, un décret permettait au Sénégal d’adopter le système Codentify de traçabilité des produits du tabac, alors que celui-ci émane directement des cigarettiers, dont l’implication dans le commerce illicite est pourtant établie ».
Source:SudQuotidien