Le ministre de l’Economie et des Finances, Amadou Kane, a le tube du dimanche : « Nous avons épongé toute la dette intérieure ». Le morceau d’anthologie pèse 150 milliards. L’argentier de l’Etat sénégalais oublie la plus cruciale des dettes : la quiétude sociale de ses compatriotes. Depuis le 23 juin 2011, ce pays est crispé en camps et en chants de guerre.
Au soir du 25 mars 2012, par la magie d’un coup de fil de Wade à Macky, le Sénégalais a laissé percevoir, du tréfonds de son âme, la grande aspiration au changement de cap et à la stabilité. Wade a rangé ses voiles et Sall a appareillé vers « Yonou Yokkouté ». C’est un progrès-surplace, à cause du boulet des « biens mal acquis » devenus, par le rappel d’une précaution éthique et juridique d’Ousmane Tanor Dieng, « les biens supposés mal acquis ». Le pas nécessairement alerte d’une Nation promise à la «Rupture » est alourdi par la grosse clameur politicienne en lieu et place d’une investigation à des fins pudiquement judiciaires.
Une nouvelle traque s’ouvre. La politique du « Taisez-vous » est la chanson du printemps sénégalais. Pour conjurer la cohorte des mal-pensants de la République APR, Moustapha Cissé Lô dégaine. Le boss de son parti est accusé, par Idrissa Seck, d’être infidèle aux engagements auxquels il a souscrit auprès de ses compatriotes. Et pan ! L’ancien « El pistolero », qui semblait avoir acquis la sagesse de plusieurs infortunes auprès de ses frères comme de ses contempteurs, accuse ses collègues députés d’être de basse moralité. « C’était à la télé», comme on disait jadis en guise de certificat (douteux) d’authenticité. Aux voix hautes comme la sincérité d’une prise de parole politique ou républicaine, Cissé Lô recommande l’omerta. Le silence ou la porte du Gouvernement, c’est l’étroite palette de choix à Oumar Guèye et Pape Diouf. Les otages du confort gouvernemental ont un destin qui n’est plus lié aux tirs de leur mentor, mais bien à leur feu de rescousse. Espérons que d’ici au prochain choc, l’eau de qualité coule en banlieue et que la pêche à la sérénité prévale. C’est une dette intérieure à la Nation. N’est-ce pas Amadou Kane ?
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