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LA PROBLEMATIQUE D'EXECUTION DES DECISIONS DE JUSTICE.


Rédigé le Mercredi 21 Août 2024 à 21:36 | Lu 161 fois | 0 commentaire(s)




LA PROBLEMATIQUE D'EXECUTION DES DECISIONS DE JUSTICE.


L'exécution des décisions de justice au Sénégal constitue un enjeu majeur dans l'efficacité du système judiciaire, affectant divers domaines, tels que le civil, le social, le commercial, et autres. Cette problématique est exacerbée par plusieurs facteurs qui contribuent à des retards, voire à des blocages, dans l'application effective des jugements.

1. Le manque de personnel administratif et judiciaire.
L'une des principales causes du retard dans l'exécution des décisions de justice réside dans l'insuffisance de personnel administratif et judiciaire. Les tribunaux sont souvent sous-équipés en termes de ressources humaines, ce qui entraîne une surcharge de travail pour les greffiers, juges, et autres acteurs judiciaires. Cette situation ralentit non seulement la rédaction et la délivrance des jugements, mais aussi les procédures d'exécution.

Le manque de personnel qualifié dans les juridictions de base et dans les cours d'appel peut également affecter la qualité des décisions rendues. En conséquence, les parties peuvent être confrontées à des recours ou des contestations qui retardent encore plus l'exécution des décisions.

2. Le rôle des huissiers de justice.
Les huissiers de justice jouent un rôle central dans l'exécution des décisions judiciaires. Toutefois, au Sénégal, leur nombre est souvent insuffisant par rapport à la demande. De plus, les huissiers peuvent être limités par des contraintes matérielles et logistiques, ce qui entrave leur capacité à procéder rapidement et efficacement aux saisies ou à d'autres mesures d'exécution.

En outre, dans certaines régions, la couverture territoriale des huissiers est inégale, ce qui crée des disparités dans l'accès à l'exécution des décisions. Les parties résidant dans des zones éloignées ou rurales peuvent ainsi rencontrer des difficultés accrues pour obtenir l'intervention d'un huissier.

3. Les difficultés liées à l'assistance de la puissance publique.
L'exécution des décisions de justice nécessite souvent le concours de la force publique, notamment dans les cas de saisies mobilières ou immobilières, ou pour des expulsions. Or, l'assistance de la puissance publique au Sénégal peut parfois être difficile à obtenir, en raison de lourdeurs administratives ou d'un manque de coordination entre les autorités judiciaires et les forces de l'ordre.

Ces obstacles peuvent aboutir à des situations où les décisions de justice, pourtant définitives, restent inappliquées pendant de longues périodes, mettant à mal l'autorité de la justice et la confiance des citoyens dans le système judiciaire.

4. Les retards dans la disponibilité des décisions de justice.
Un autre aspect critique est le délai souvent long entre le prononcé d'une décision de justice et sa disponibilité officielle pour exécution. Ce retard peut être dû à plusieurs facteurs, notamment la surcharge des tribunaux, le manque de moyens matériels pour la transcription rapide des décisions, et parfois des lacunes dans la gestion des dossiers.

Ces délais peuvent conduire à une situation où, bien que le jugement soit rendu en faveur d'une partie, celle-ci se trouve dans l'impossibilité de faire valoir ses droits dans un délai raisonnable.

5. Le cadre juridique et institutionnel.
Le cadre juridique et institutionnel régissant l'exécution des décisions de justice au Sénégal mérite également d'être mentionné. Certaines dispositions légales peuvent être perçues comme trop rigides ou inadaptées à la réalité socio-économique du pays, ce qui complique l'application des jugements. De plus, la lenteur des réformes judiciaires nécessaires pour moderniser ces aspects du droit constitue un frein supplémentaire.

6. Les recours dilatoires et les manœuvres des débiteurs.
Enfin, il n'est pas rare que des débiteurs usent de divers recours dilatoires pour retarder l'exécution des décisions qui leur sont défavorables. Ces manœuvres peuvent inclure des appels infondés, des demandes de révision ou de sursis à exécution, qui ne visent qu'à gagner du temps, souvent au détriment des créanciers légitimes.

Les conséquences pour les créanciers.
Ces recours dilatoires ont des conséquences graves pour les créanciers. Non seulement ils prolongent inutilement le processus judiciaire, mais ils peuvent également entraîner des coûts supplémentaires, tant en termes de frais de justice que de pertes économiques directes. Pour les créanciers les plus vulnérables, ces retards peuvent être financièrement dévastateurs, les privant de ressources vitales pendant de longues périodes.

Au demeurant, l'exécution des décisions de justice au Sénégal est un processus complexe, entravé par divers obstacles qui nécessitent des réformes profondes et concertées. Il est crucial d'améliorer la dotation en personnel administratif et judiciaire, de renforcer le rôle et la couverture des huissiers, de simplifier les procédures d'assistance de la force publique, et d'assurer une plus grande rapidité dans la délivrance des jugements. Pour les citoyens, ces difficultés représentent un véritable défi qui ébranle leur confiance dans la capacité du système judiciaire à garantir l'accès à une justice équitable et efficace.

Cette analyse a pour but de sensibiliser le public et les autorités sur l'importance de ces enjeux et de plaider pour des améliorations urgentes dans le système d'exécution des décisions de justice au Sénégal.


EL Amath Thiam, Juriste- Consultant, Président 

 " Justice Sans Frontière "


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