Interpellée, sur le dernier rebondissement concernant, l’affaire de la Miss Fatima Dione (Ndlr : la brigade des mœurs de la Sûreté urbaine, après trois mois d’enquête, a conclu qu’il ny’aurait pas eu de viol) , elle avoue : « Moi, personnellement en tant que militante féministe, à chaque fois qu’il y a une personne qui dit être victime de viol ou de violence, je la soutiens jusqu’à preuve du contraire. C’est une question de principe. En tant que féministe, nous faisons partie de ceux qui pensent qu’on doit donner du crédit à la parole des survivantes, à celles qui disent être victimes. On doit les accompagner tout en sachant, maintenant que le dernier mot revient à la justice, à la loi. Nous sommes dans une société patriarcale qui fait qu’à chaque fois qu’il ya une survivante de violence ou de viol qui s’exprime, la question que l’on se pose est souvent : « Qu’est ce que tu faisais là-bas ? Pourquoi y es tu allée ? ».
La chroniqueuse dénonce la forme de suspicion dont sont souvent sujettes les victimes de violences sexuelles : « on cherche toujours à culpabiliser les personnes victimes de violence. Et c’est ce qui encourage aujourd’hui ces cas de violence. Il y a des milliers et des milliers de femmes qui ont été victimes et qui n’osent pas parler”.
« Toute personne qui crie violence doit être soutenue »
De l’avis de Fatou Warkha Sambe, toute personne qui crie violence ou viol, doit être soutenue de facto sans aucun préjugé sur son profil. « Peu importe la personne. Quand je décide de soutenir ou de croire à la parole d’une survivante, je ne regarde pas son profil, je ne regarde pas qui elle est en réalité, qu’elle soit Miss ou autre chose, ça ne m’intéresse pas. Ce qui m’intéresse, c’est qu’elle soit une femme. C’est ce qui explique que Miss Sénégal 2020 ou toute autre personne qui dit avoir été victime, a mon soutien », dit-elle sans ambages.
Concernant le cas de Fatima Dione, elle confie n’avoir pas regretté d’avoir soutenu la miss : « On attend toujours le dernier mot dans cette affaire. Mais je pense que dans tous les cas, elle est victime, car elle s’est retrouvée avec une grossesse qu’elle n’a pas désirée, dans une situation qu’elle n’a pas voulue. Et quand elle en a parlé, tout est retourné contre elle. Les gens ont commencé à dire toutes sortes de choses. Ce qui en fait une victime».
Malgré son engagement et militantisme, elle demeure consciente que l’on ne doit pas porter des accusations de viol à la légère : « On ne peut pas accuser de viol qui on veut, parce que, nous nous sommes battus pour avoir la loi qui criminalise le viol. Donc, on ne dit pas aux gens d’aller accuser des gens à tort. La loi a, d’ailleurs, prévu des peines contre ces genres de pratiques. Quand on accuse quelqu’un, il faut que ce soit pour des actes avérés ».
« Les deux camps demandent que justice soit faite, nous aussi, on demande que justice soit faite »
Autre affaire de viol qui secoue le landenau politico médiatique du Sénégal, l’affaire Ousmane Sonko-Adji Sarr. Fatou Warkha Sambe n’est pas gênée par ce que beaucoup considèrent comme des lenteurs judiciaires dans cette affaire. « Le temps de la justice, n’est pas le temps des hommes, estime-t-elle. Dans ce cas-ci, on parle de crime et ça donne toute la latitude à la justice, aux personnes compétentes en fait, de prendre tout le temps nécessaire, pour prendre tous les éléments pour essayer de faire des enquêtes, des contre-enquêtes. De faire en sorte que justice soit faite, que la vérité soit connue. Aujourd’hui, les deux camps demandent que justice soit faite. Nous aussi, on demande que justice soit faite. On s’est battu pour défendre Adji Sarr. Nous voulons un procès afin d’être tous édifiés. Si on prouve qu’on a utilisé cette affaire à des fins politiques, nous aussi, nous allons porter plainte, faire valoir la justice parce qu’on ne peut pas accepter ces choses-là. Si Adji a raison et qu’elle a été bel et bien victime de viol, la justice doit se faire »