La scène a été tournée début février et se déroule à quelques kilomètres d’Odienné, une ville du nord-ouest de la Côte d’Ivoire, près des frontières maliennes et guinéennes. Tiken Jah Fakoly et une équipe de tournage sont sur la route en direction de Samesso, un village où le chanteur a fait construire une école de six classes qui porte son nom.
Sur les images, capturées de l’intérieur de la voiture à un poste de contrôle, on voit un policier - filmé à son insu - demander un pot-de-vin à Tiken Jah Fakoly. Il s’évertue à lui expliquer qu’il ne s’agit pas d’une extorsion mais d’une simple aide qui vise à récompenser le travail fourni par les forces de l’ordre en matière de sécurité… Le reggae man refuse, arguant que cette requête est "contraire à ses convictions". "Je ne suis pas habitué, mais je vais m’adapter", dit-il au policier, qui lui répond non sans humour : "Il va falloir t’habituer".
Le policier n’insiste pas et les deux hommes se quittent finalement bons amis, Fakoly s’engageant même à lui ramener "une bouteille" lors de son prochain passage.
Joint au téléphone par FRANCE 24, Tiken Jah Fakoly a confié avoir depuis croisé plusieurs fois le policier en question… qui, à chaque fois, lui a demandé de l’argent. "Je n’ai pas cédé, raconte l’artiste. Je lui ai sorti à chaque fois le même discours. Mon rôle est de faire de la résistance avec l’espoir que les comportements changent. Les policiers ne font vraiment pas honneur à la nation. Face à l’impuissance du gouvernement, il revient à la population de se prendre en main et de savoir dire non."
Sur les images, capturées de l’intérieur de la voiture à un poste de contrôle, on voit un policier - filmé à son insu - demander un pot-de-vin à Tiken Jah Fakoly. Il s’évertue à lui expliquer qu’il ne s’agit pas d’une extorsion mais d’une simple aide qui vise à récompenser le travail fourni par les forces de l’ordre en matière de sécurité… Le reggae man refuse, arguant que cette requête est "contraire à ses convictions". "Je ne suis pas habitué, mais je vais m’adapter", dit-il au policier, qui lui répond non sans humour : "Il va falloir t’habituer".
Le policier n’insiste pas et les deux hommes se quittent finalement bons amis, Fakoly s’engageant même à lui ramener "une bouteille" lors de son prochain passage.
Joint au téléphone par FRANCE 24, Tiken Jah Fakoly a confié avoir depuis croisé plusieurs fois le policier en question… qui, à chaque fois, lui a demandé de l’argent. "Je n’ai pas cédé, raconte l’artiste. Je lui ai sorti à chaque fois le même discours. Mon rôle est de faire de la résistance avec l’espoir que les comportements changent. Les policiers ne font vraiment pas honneur à la nation. Face à l’impuissance du gouvernement, il revient à la population de se prendre en main et de savoir dire non."
"J’ai dû m’acquitter de 5 000 francs CFA pour récupérer mon matériel"
Moctar Barry est caméraman burkinabè à Droit Libre TV, un site d’informations en ligne. Il vit à Bamako, au Mali. Il a filmé la scène dans la voiture de Tiken Jah Fakoly et nous a envoyé sa vidéo.
En Côte d’Ivoire, mais aussi en Guinée, au Burkina Faso, au Mali… de nombreuses personnes sont victimes de rackets policiers. Il y a quelques années, Laurent Gbagbo [ancien président de la Côte d’Ivoire] avait lancé une campagne de lutte contre le racket des forces de l’ordre tant cette pratique était institutionnalisée dans la société ivoirienne. Mais cette mesure n’a rien changé. Et le problème perdure.
Tiken Jah Fakoly, qui est connu dans toute l’Afrique, y est encore plus soumis, mais sa notoriété l’autorise à dire non. Les policiers savent que face à ce genre de personnalités, leur intransigeance pourrait leurs nuire. En revanche, ils se montrent moins conciliants avec un citoyen lambda.
"Les policiers nous prouvent qu'il est facile d'acheter leur silence"
Il y a quelques semaines, j’ai de nouveau été soumis à un contrôle à la frontière ivoiro-malienne alors que je me rendais sur les lieux d’un reportage. Le douanier m’a demandé de l’argent. J’ai alors fait comme aurait fait Tiken Jah dans pareille situation : j’ai refusé. Ce qui n’a pas du tout plu au douanier qui m’a alors confisqué tout mon matériel - caméras, ordinateurs, appareils photo… Pour tout récupérer, j’ai dû m’acquitter de 5 000 francs CFA [environ 8 euros].
En agissant de la sorte, les policiers nous prouvent qu’il est facile d’acheter leur silence. Pour les trafiquants d’armes ou de drogue, c’est du pain bénit.
France 24.