
- Monsieur le Directeur Général, vous venez récemment d’être nommé à la tête du Fonds de Financement de la Formation professionnelle et technique (3FPT). Pouvez-vous, en résumé, revenir sur les missions et vos grandes orientations ?
Le Fonds de Financement de la Formation professionnelle et technique (3FPT) est créé par décret 2014-1264, du 07 octobre 2014. Il a pour mission d’accompagner les projets d’insertion des jeunes et des femmes d’une part, d’autre part de renforcer les compétences des personnelles des entreprises et des organisations professionnelles, et enfin, de faciliter l’accès à la formation professionnelle et technique. De manière globale, le Fonds de financement de la formation professionnelle a pour mission de renforcer les compétences du capital humain conformément à l’agenda de transformation Sénégal 2050, dans son axe 3 « Capital Humain et Équité sociale ». En effet, dans l’axe 3 de l’agenda national de transformation, il est question de relever les défis de la qualification et de l’employabilité des jeunes parce que tout simplement l’Agence nationale de la statistique et de la démographie nous a justement rappelé que nous avons une population très jeune (75% de la population a moins de 35 ans, dont la moitié, les 50,2% ont moins de 19 ans). C’est la raison pour laquelle, tout juste après la nomination de Monsieur Ousmane Sonko en tant que Premier ministre, le 05 avril 2024, le gouvernement avait identifié cinq priorités, dont la première était entièrement consacrée à la jeunesse, et tournait autour de la formation, l’entrepreneuriat, l’emploi des jeunes ainsi que des femmes. Dans ce cadre, nous avons retenu les orientations stratégiques suivantes :
- l’équité territoriale, car il est question de démocratiser l’accès à la formation
- l’inclusion sociale, pour permettre aux personnes qui ne pouvaient pas accéder à la formation professionnelle et technique de le faire plus facilement à travers le Fonds de Financement de la Formation professionnelle et technique.
- l’équité territoriale, car il est question de démocratiser l’accès à la formation
- l’inclusion sociale, pour permettre aux personnes qui ne pouvaient pas accéder à la formation professionnelle et technique de le faire plus facilement à travers le Fonds de Financement de la Formation professionnelle et technique.
- Dans votre modèle d’intervention, le 3FPT se positionne comme étant un acteur clé pour la formation d’un capital humain de qualité. Quelles sont vos cibles et les conditions d’éligibilité aux différents guichets du 3FPT ? Que représente l’Assurance Qualité dans le dispositif du Fonds ?
Effectivement, mais je voudrais juste rappeler ce que nous attendons du capital humain, dans la mesure où, un pays pour se développer, a besoin de capitaux propres. On parle de capital humain, capital naturel et culturel. Notre domaine d’intervention, le 3FPT, se situe dans le capital humain. Nous sommes un Fonds de financement de la formation professionnelle, en français facile, la banque du financement de la formation professionnelle et technique au Sénégal. Naturellement quand on va dans les banques, on voit des guichets et c’est exactement le même business modèle au niveau du 3FPT. Nous avons quatre guichets :
- le Guichet de financement des demandes individuelles (GFDI), que nous réservons aux jeunes. A travers ce guichet, nous avons trois produits pour les jeunes. D'abord les BFI (Bon de formation initiale) pour les jeunes qui veulent faire des formations longues durée allant de CAP, BEP, BT, BTS, DTS et quelques licences professionnelles. Ensuite nous avons les CPS (Certificat professionnel de spécialisation), des formations de courte durée de trois à six mois axées sur des métiers. Enfin, on a les PFI (Projets de formation insertion). Ce sont les meilleurs moyens d’insérer les jeunes car ce sont des contrats tripartites entre le 3FPT, une entreprise qui a exprimé le besoin en main d’œuvre qualifiée, un centre de formation. D’ailleurs tout récemment, nous avons signé des PFI en plomberie entre 3FPT, le centre sectoriel de formation professionnelle BTP de Diamniadio et SEN EAU. Nous avons financé la formation de 25 jeunes et à l’issue de la formation, ils ont été recrutés par l’entreprise demandeur.
- le Guichet de Financement des entreprises et des organisations professionnelles (GFEOP) qui permet de financer les actions de formation continue du personnel des entreprises et des membres des organisations professionnelles. De manière générale, les entreprises ont souvent des plans de formation et nous, dans le cadre de notre mission, nous renforçons les compétences de ces entreprises-là . Il ne faut pas oublier qu’en matière de création d’entreprises, c’est le privé qui crée de l’emplois à hauteur de 90,2% (selon l’ANSD ERI-ESI). Donc nous, en accompagnant ces entreprises dans leurs plans de formation, c’est pour qu’elles puissent augmenter leur rendement, en contrepartie continuer à créer des emplois.
- Le Guichet de financement des établissements techniques (GFET) qui permet de faciliter l’accès à la formation professionnelle et technique en accompagnant les lycées techniques et les centres de formation. Ce guichet permet de financer les projets d’Investissement (PI), les projets de renforcement de compétences (PRC), les plans stratégiques de développement (PSD), les projets d’écriture et de révision de programme (PERP).
-le Guichet assurances Qualité (GAQ) : il est important parce qu’à ce niveau, l’Etat met des fonds que je ne considère pas comme étant une subvention mais un investissement. En tant que financier, titulaire d’un doctorat en Finance de marché, quand on investit quelque part, il y a en amont et en aval le choix du secteur où l’on doit investir et après investissement quels sont les retours sur investissement que l’on attend. A ce niveau, le seul retour sur investissement que je peux avoir, ici, est que les jeunes soient insérés. Pour cela, il faut que la formation puisse être effectuée dans un établissement de qualité. Ce guichet vise deux niveaux de qualification. D’abord l’accréditation des organismes de formation, ensuite la labellisation des établissements de formation professionnelle et technique avec des niveaux : Ndanaane, Jambaar et Thiapathioli. Dans ce même guichet Qualité il y’a ce qu’on appelle le suivi de la qualité des prestations. Au-delà de ces entreprises, en interne lorsque je suis arrivé, j’ai décidé qu’on mette en place un système de management de la qualité pour que le guichet Assurance-Qualité de 3FPT soit certifié ISO 9001 Version 2015 et, de ce point de vue, je confirme que la certification va se faire dans les mois à venir. Le système de management de la qualité est déjà mis en place et l’AFNOR va venir pour faire la certification, si tout répond aux normes. Nous y travaillons.
- Malgré la pertinence du modèle 3FPT, l’emploi des jeunes, via la formation et l’entrepreneuriat reste toujours un point d’attention. Comment comptez-vous agir face à ce problème d’ordre structurel ?
Il faut l’avouer, l’emploi des jeunes pose effectivement un sérieux problème. C’est vrai que durant les 10 dernières années (2014-2024), nous avons eu à financer la formation de 394 992 personnes, dans le cadre de la formation initiale et de la formation continue, auquel s’ajoute le financement de 676 projets. Donc, à ce niveau je précise que quand on forme des jeunes, à l’issue de la formation deux options s’offrent à eux. Soient ils veulent aller vers l’auto-emploi ; ils sont porteurs de projets et nous allons voir comment financer leurs projets. L’autre option, c’est quand ils veulent aller vers l’emploi salarié. Comme je l’ai rappelé tout à l’heure, c’est le secteur privé qui crée de l’emploi à hauteur de 90,2%. Maintenant par rapport à cette problématique, je pense que la seule solution c’est l’approche systémique. On dit souvent face à un problème d’ordre structurel, la solution doit être systémique.
En analysant le problème de l’emploi des jeunes souvent je disais qu’il y’a quatre piliers qu’il faut combiner de manière harmonieuse. C’est d’abord la formation, le deuxième élément c’est l’entreprenariat, le troisième élément c’est le secteur privé avec la création de capitaines d’industries et enfin, le quatrième élément c’est l’environnement macroéconomique. Donc, dans la Vision 2050 avec le programme 5-50 qui consiste à former 5 millions de jeunes en 2050 (à hauteur de 700 000 jeunes par an jusqu’en 2029), l’approche systémique est la meilleure solution. Pour régler le problème de l’emploi des jeunes de manière globale, il y a plusieurs actions qu’il faut combiner de manière harmonieuse, à savoir : l’orientation, la formation, l’apprentissage, le financement, la formalisation, l’entreprenariat et l’incubation. Par conséquent, l’approche systémique consiste à regrouper plusieurs structures de l’Etat autour de l’employabilité des jeunes. Il n’y a pas assurément une seule structure qui peut régler cela. C’est pourquoi la solution doit être systémique, et consiste à créer des dynamiques de groupes. Les composantes sont au nombre quatre maximum.
La première composante est de régler le problème de l’orientation. Quand le jeune arrive, il faut qu’il soit orienté pour que l’on puisse savoir où est ce qu’on va le mettre. La deuxième, c’est le problème de formation. Ainsi, si un jeune arrive alors qu’il n’a ni qualification, ni projet, il faut qu’il soit orienté vers la formation. A ce niveau nous avons le 3FPT et les autres structures qui évoluent dans le domaine du financement de la formation. La troisième composante c’est l’entrepreneuriat et l’emploi salarié. Une fois la formation terminée, si le jeune est porteur de projet, il peut aller vers l’entrepreneuriat. En revanche, s’il veut aller vers l’emploi salarié, c’est au niveau des PMI et des PME. C’est à ce moment-là qu’une structure comme l’ADEPME va intervenir dans l’encadrement et l’accompagnement des entreprises et, en contrepartie ces dernières pourront recruter les jeunes. Quand on crée une entreprise, on mise sur la viabilité et l’on ne souhaite pas voir des entreprises faire faillite, après deux à trois mois d’existence. C’est pourquoi, il faut qu’il y’ait un environnement macroéconomique favorable et c’est en à niveau que la sous-composante accompagnement à l’attractivité va venir accompagner les entreprises et c’est là qu’une structure comme l’APIX intervient. La quatrième composante c’est le financement. Les structures comme la DER vont intervenir pour accompagner le financement des projets.
Il faut obligatoirement une combinaison de ces quatre-là pour apporter des solutions à la problématique de l’emploi des jeunes. Il reste évident que ce travail doit être coordonné, géré et évalué au fur et à mesure de sa mise en œuvre. Ce qui sera fait par une composante dont la mission est d’assurer le pilotage du programme.
En analysant le problème de l’emploi des jeunes souvent je disais qu’il y’a quatre piliers qu’il faut combiner de manière harmonieuse. C’est d’abord la formation, le deuxième élément c’est l’entreprenariat, le troisième élément c’est le secteur privé avec la création de capitaines d’industries et enfin, le quatrième élément c’est l’environnement macroéconomique. Donc, dans la Vision 2050 avec le programme 5-50 qui consiste à former 5 millions de jeunes en 2050 (à hauteur de 700 000 jeunes par an jusqu’en 2029), l’approche systémique est la meilleure solution. Pour régler le problème de l’emploi des jeunes de manière globale, il y a plusieurs actions qu’il faut combiner de manière harmonieuse, à savoir : l’orientation, la formation, l’apprentissage, le financement, la formalisation, l’entreprenariat et l’incubation. Par conséquent, l’approche systémique consiste à regrouper plusieurs structures de l’Etat autour de l’employabilité des jeunes. Il n’y a pas assurément une seule structure qui peut régler cela. C’est pourquoi la solution doit être systémique, et consiste à créer des dynamiques de groupes. Les composantes sont au nombre quatre maximum.
La première composante est de régler le problème de l’orientation. Quand le jeune arrive, il faut qu’il soit orienté pour que l’on puisse savoir où est ce qu’on va le mettre. La deuxième, c’est le problème de formation. Ainsi, si un jeune arrive alors qu’il n’a ni qualification, ni projet, il faut qu’il soit orienté vers la formation. A ce niveau nous avons le 3FPT et les autres structures qui évoluent dans le domaine du financement de la formation. La troisième composante c’est l’entrepreneuriat et l’emploi salarié. Une fois la formation terminée, si le jeune est porteur de projet, il peut aller vers l’entrepreneuriat. En revanche, s’il veut aller vers l’emploi salarié, c’est au niveau des PMI et des PME. C’est à ce moment-là qu’une structure comme l’ADEPME va intervenir dans l’encadrement et l’accompagnement des entreprises et, en contrepartie ces dernières pourront recruter les jeunes. Quand on crée une entreprise, on mise sur la viabilité et l’on ne souhaite pas voir des entreprises faire faillite, après deux à trois mois d’existence. C’est pourquoi, il faut qu’il y’ait un environnement macroéconomique favorable et c’est en à niveau que la sous-composante accompagnement à l’attractivité va venir accompagner les entreprises et c’est là qu’une structure comme l’APIX intervient. La quatrième composante c’est le financement. Les structures comme la DER vont intervenir pour accompagner le financement des projets.
Il faut obligatoirement une combinaison de ces quatre-là pour apporter des solutions à la problématique de l’emploi des jeunes. Il reste évident que ce travail doit être coordonné, géré et évalué au fur et à mesure de sa mise en œuvre. Ce qui sera fait par une composante dont la mission est d’assurer le pilotage du programme.

- Le nouveau référentiel des politiques publiques « Sénégal 2050 » vise notamment la formation qualifiante de cinq millions de jeunes techniciens et à l’horizon 2029 de former 700 mille jeunes à travers la Stratégie nationale de développement (SND). Quelle est la contribution attendue du 3FPT pour l’amélioration de l’employabilité des jeunes et l’accès équitable à la formation professionnelle ?
Première action du 3FPT c’est l’identification des jeunes qui ont besoin de formation afin de les financer à travers ce qu’on appelle les Bons de Formation Individuelle (BFI). Au mois de juillet dernier, nous avions lancé une opération d’enrôlement des BFI et nous avions eu 46 000 demandeurs et en fonction de nos ressources, nous n’avions pu octroyer que 9 800 bons. Maintenant, nous travaillons à voir comment augmenter ce nombre. Au courant du mois de janvier, nous allons lancer la campagne d’enrôlement pour les Certificats de Professionnels de spécialisation (CPS), de courte durée, où l’on pourrait enrôler beaucoup de jeunes par rapport au BFI. Maintenant pour accompagner la Vision Sénégal 2050, il n’y a pas que les jeunes. Il faut aussi passer en revue l’écosystème de la formation professionnelle et technique dans lequel nous avons des structures publiques et des structures privées. A notre niveau, nous avons le GFEF dont la vocation principale est de tout faire pour faciliter l’accès à la formation, en accompagnant les lycées et centres de formation au Sénégal. Ainsi, nous allons les accompagner grâce aux PI (projets d’investissement) directement, par exemple, en augmentant l’accès avec la confection de tables bancs, les salles de cours, les équipements etc… Vous voyez donc que l’on intervient de manière directe en finançant les bons de formations des jeunes et de manière indirecte en accompagnant les centres de formation. Le 3FPT joue donc son rôle directement pour l’accès à cet objectif, qui consiste à former 700 000 jeunes par an d’où les cinq millions visés par les autorités du pays.
Lejecos Magazine
Source : https://www.lejecos.com/Dr-Babo-Amadou-Ba-Directeu...