Depuis 2000, les Sénégalais ont eu droit à une guéguerre entre frères libéraux sur fond de choc d’ambitions et de deals à n’en plus finir. Cette guéguerre Wade-Idy a débuté avec l’affaire des Chantiers de Thiès, qui avait tenu le pays en otage ; ensuite en 2008, la guéguerre Wade-Macky, après la convocation de Wade fils devant l’Assemblée pour s’expliquer sur l’organisation du sommet de l’Anoci.
Après l’accession de Macky en 2012, cette guéguerre s’est poursuivie entre Macky et Wade, suite à l’emprisonnement de Wade fils, puis Macky et Idy, qui, pourtant, s’étaient coalisés pour «tuer» leur père en 2012. Aujourd’hui, Macky et Idy continuent de jouer le même film, au grand dam des populations.
Pour en revenir à l'affaire des chantiers de Thiès, elle date de 2005, quand Idrissa Seck, alors tout-puissant Premier ministre et numéro 2, a été accusé par Abdoulaye Wade de dépassement budgétaire dans le cadre des dépenses afférentes à l’organisation de la fête de l’indépendance 2004 à Thiès, lors d’une audience accordée à des femmes libérales de Thiès au Cices. C’est à la suite de ces accusations que la justice s’est mise en branle.
L'Inspection générale d'État (Ige), commise par le chef de l’État, avait mené l'enquête sur ces chantiers. Dans son rapport, elle a parlé de «graves irrégularités dans le processus de conclusion des marchés», allant de «détournement autoritaire et illégal de crédits» à des «surfacturations».
Plusieurs personnes sont citées dans ce rapport, mais seuls Idrissa Seck et Salif Bâ ont été visés par l'acte d'accusation voté le 3 août 2005 par l'Assemblée nationale. Cette résolution des députés a rendu valable toute exigence de comparution des deux hommes devant la Haute Cour de justice, dont la commission d'instruction avait entendu et inculpé le 10 août, Idrissa Seck, qui était incarcéré depuis le 23 juillet à Dakar, après une semaine de garde-à -vue pour «atteinte à la défense nationale et à la sûreté de l’État».
Après l’emprisonnement d’Idrissa Seck, c’est une sorte de chasse aux sorcières qui s’en est suivie, avec le défilé des proches et amis du maire de Thiès à la Division des investigations criminelles (Dic). Les auditions, mises en garde-à -vue, perquisitions ne se comptaient plus parce qu’elles étaient trop nombreuses. L’ancien Premier ministre va, six mois après son incarcération, sortir de prison le 21 janvier 2006, à la faveur d’un non-lieu partiel.
La leçon à retenir dans tout cela, est que c’est le peuple qui a été berné, trimballé, avant d’être égaré dans les obscurs méandres des chantiers de Thiès. Parce que l’origine de cette brouille n’était due qu’à une affaire de gros sous. D’ailleurs, Idy avait révélé que Wade lui avait dit que «les grands bandits se disputent lors du partage du butin».
Était-ce le cas ? Toujours est-il qu’à l’époque, on avait beaucoup parlé du fameux protocole de Rebeuss, lequel a été confirmé par feu Me Ousmane Sèye, alors avocat de Wade et la notaire Me Nafissatou Diop Cissé, mandataire d'Idrissa Seck. Selon Me Cissé, le «pape du Sopi» leur avait clairement fait savoir que son ancien Premier ministre lui devait de l’argent et qu’il voulait le récupérer.
D’ailleurs, c’est à cause de cet argent qu’il l’avait envoyé en prison, avant de lui proposer une issue de secours. Après ce feuilleton qui avait tenu en haleine le pays, il y a eu la guéguerre entre Wade à Macky Sall, alors président de l’Assemblée.
Face à la montée en puissance de Macky Sall qui était devenu l’homme de confiance de Wade, des faucons ont monté Wade contre lui. Et en 2008, c’est la rupture entre lui et son mentor. Il crée l’Apr et accède au pouvoir en 2012. Entre-temps, il avait réussi à se rabibocher avec Idrissa Seck qui l’accusait d’avoir été le bras armé de Wade lors de sa descente aux enfers.
Après s’être coalisé en 2012 pour «tuer» leur père, ils ont entrepris de cheminer dans Benno Bokk Yakaar. Mais, cela sera de courte durée, car Idy a fini par rompre les amarres avec Macky en 2013. Toutefois, la décision n’avait pas fait l'unanimité au sein du parti ; les ministres Pape Diouf et Oumar Guèye décidèrent ainsi de rester dans le camp du pouvoir.
À partir de ce moment, Idrissa Seck et son Parti Rewmi se muent en opposants radicaux au régime du Président Sall. Seulement, le Président Sall n’avait pas qu’Idy comme adversaire, il devait aussi résister aux assauts répétés de Wade père, qui avait revêtu sa tenue de combattant pour tirer son fils Karim, pris dans les filets de la justice après la traque aux biens mal acquis sur fond d’enrichissement illicite. Mais aujourd’hui, les choses semblent se tasser entre Wade père et Macky Sall.
Que s’est-il passé entre-temps ? Macky Sall a-t-il fait des promesses à Me Abdoulaye Wade avec les protocoles de «Massalikoul Jinaan», de Doha ou celui de Conakry, avec comme maître d’œuvre Alpha Condé ?
En tout cas, le constat est qu’aujourd’hui, les frères libéraux manœuvrent chacun de son côté, pour contrôler la machine électorale de Benno et du Pds, pour continuer à régner sur le pays pour 50 années.
Ceci explique-t-il la passivité des libéraux au Parlement et le refus du Pds d’intégrer les fronts politiques contre Macky Sall ?
Tribune
Après l’accession de Macky en 2012, cette guéguerre s’est poursuivie entre Macky et Wade, suite à l’emprisonnement de Wade fils, puis Macky et Idy, qui, pourtant, s’étaient coalisés pour «tuer» leur père en 2012. Aujourd’hui, Macky et Idy continuent de jouer le même film, au grand dam des populations.
Pour en revenir à l'affaire des chantiers de Thiès, elle date de 2005, quand Idrissa Seck, alors tout-puissant Premier ministre et numéro 2, a été accusé par Abdoulaye Wade de dépassement budgétaire dans le cadre des dépenses afférentes à l’organisation de la fête de l’indépendance 2004 à Thiès, lors d’une audience accordée à des femmes libérales de Thiès au Cices. C’est à la suite de ces accusations que la justice s’est mise en branle.
L'Inspection générale d'État (Ige), commise par le chef de l’État, avait mené l'enquête sur ces chantiers. Dans son rapport, elle a parlé de «graves irrégularités dans le processus de conclusion des marchés», allant de «détournement autoritaire et illégal de crédits» à des «surfacturations».
Plusieurs personnes sont citées dans ce rapport, mais seuls Idrissa Seck et Salif Bâ ont été visés par l'acte d'accusation voté le 3 août 2005 par l'Assemblée nationale. Cette résolution des députés a rendu valable toute exigence de comparution des deux hommes devant la Haute Cour de justice, dont la commission d'instruction avait entendu et inculpé le 10 août, Idrissa Seck, qui était incarcéré depuis le 23 juillet à Dakar, après une semaine de garde-à -vue pour «atteinte à la défense nationale et à la sûreté de l’État».
Après l’emprisonnement d’Idrissa Seck, c’est une sorte de chasse aux sorcières qui s’en est suivie, avec le défilé des proches et amis du maire de Thiès à la Division des investigations criminelles (Dic). Les auditions, mises en garde-à -vue, perquisitions ne se comptaient plus parce qu’elles étaient trop nombreuses. L’ancien Premier ministre va, six mois après son incarcération, sortir de prison le 21 janvier 2006, à la faveur d’un non-lieu partiel.
La leçon à retenir dans tout cela, est que c’est le peuple qui a été berné, trimballé, avant d’être égaré dans les obscurs méandres des chantiers de Thiès. Parce que l’origine de cette brouille n’était due qu’à une affaire de gros sous. D’ailleurs, Idy avait révélé que Wade lui avait dit que «les grands bandits se disputent lors du partage du butin».
Était-ce le cas ? Toujours est-il qu’à l’époque, on avait beaucoup parlé du fameux protocole de Rebeuss, lequel a été confirmé par feu Me Ousmane Sèye, alors avocat de Wade et la notaire Me Nafissatou Diop Cissé, mandataire d'Idrissa Seck. Selon Me Cissé, le «pape du Sopi» leur avait clairement fait savoir que son ancien Premier ministre lui devait de l’argent et qu’il voulait le récupérer.
D’ailleurs, c’est à cause de cet argent qu’il l’avait envoyé en prison, avant de lui proposer une issue de secours. Après ce feuilleton qui avait tenu en haleine le pays, il y a eu la guéguerre entre Wade à Macky Sall, alors président de l’Assemblée.
Face à la montée en puissance de Macky Sall qui était devenu l’homme de confiance de Wade, des faucons ont monté Wade contre lui. Et en 2008, c’est la rupture entre lui et son mentor. Il crée l’Apr et accède au pouvoir en 2012. Entre-temps, il avait réussi à se rabibocher avec Idrissa Seck qui l’accusait d’avoir été le bras armé de Wade lors de sa descente aux enfers.
Après s’être coalisé en 2012 pour «tuer» leur père, ils ont entrepris de cheminer dans Benno Bokk Yakaar. Mais, cela sera de courte durée, car Idy a fini par rompre les amarres avec Macky en 2013. Toutefois, la décision n’avait pas fait l'unanimité au sein du parti ; les ministres Pape Diouf et Oumar Guèye décidèrent ainsi de rester dans le camp du pouvoir.
À partir de ce moment, Idrissa Seck et son Parti Rewmi se muent en opposants radicaux au régime du Président Sall. Seulement, le Président Sall n’avait pas qu’Idy comme adversaire, il devait aussi résister aux assauts répétés de Wade père, qui avait revêtu sa tenue de combattant pour tirer son fils Karim, pris dans les filets de la justice après la traque aux biens mal acquis sur fond d’enrichissement illicite. Mais aujourd’hui, les choses semblent se tasser entre Wade père et Macky Sall.
Que s’est-il passé entre-temps ? Macky Sall a-t-il fait des promesses à Me Abdoulaye Wade avec les protocoles de «Massalikoul Jinaan», de Doha ou celui de Conakry, avec comme maître d’œuvre Alpha Condé ?
En tout cas, le constat est qu’aujourd’hui, les frères libéraux manœuvrent chacun de son côté, pour contrôler la machine électorale de Benno et du Pds, pour continuer à régner sur le pays pour 50 années.
Ceci explique-t-il la passivité des libéraux au Parlement et le refus du Pds d’intégrer les fronts politiques contre Macky Sall ?
Tribune