Amadou Ba, député devenu interprète juridique sur commande, a récemment découvert la vertu du déni. Après avoir porté une loi d’interprétation aussi tordue que les escapades lubrifiées de son mentor politique, il applaudit aujourd’hui son rejet par le Conseil constitutionnel comme une victoire. Il fallait bien une certaine vision oblique de la justice, une myopie morale, pour y voir autre chose qu’un désaveu cinglant de ses compétences.
Avec l’invalidation de son texte honteux, il apparaît clairement que son rôle n’aura été, en réalité, que de tenter de sauver la face de PASTEF. Dans un pays où les urgences s’empilent plus vite que les promesses de campagne, il faut oser : oser se prendre pour l’intellectuel du siècle, quand on n’est rien d’autre que le greffier zélé d’Ousmane Sonko.
Celui qui se rêvait en « juriste de rupture » n’aura été donc qu’un scribe docile, charretier de la honte, offrant l’amnistie aux siens tout en abandonnant au silence les martyrs qu'ils considèrent issus de l’autre camp. En cherchant à maquiller une loi de blanchiment politique sur tous les plateaux télés, Amadou Ba a tenté de faire du tri parmi les cercueils.
L’homme qui épaulait autrefois en France les démunis, est aujourd’hui devenu ce qu’il dénonçait : un petit bourgeois aux affaires, mentant au nom du peuple pour protéger sa clique. Cravates mieux nouées, silhouettes arrondies par les privilèges, lui qui criait justice jadis a passé plus de temps à chercher des échappatoires juridiques qu’à assumer la parole donnée. Amadou Ba, comme bien d’autres seconds couteaux de PASTEF, est la preuve vivante qu’on peut commencer révolutionnaire et finir petit notable de la République, version anti-système.
Ses talents de juriste autoproclamé se sont réduits à la défense d’une loi “interprétative” que même un étudiant de première année aurait hésité à signer. Il ne s’agit pas seulement de mauvaise foi. C’est le symptôme d’un homme englué dans ses contradictions, tiraillé entre la volonté de plaire à son chef, à ses militants, et la peur de se confronter à la vérité. L’histoire retiendra que sa tentative de récupération politique s’est soldée par une gifle constitutionnelle historique.
Dr Madior Ly, membre du Cercle des cadres de la République des Valeurs/Réewum Ngor