Pour commencer, le commerce mondial croît à un taux anémique de 2%, par rapport aux 8% de 2003 à 2007. Alors que la croissance du commerce au cours de ces années grisantes a de loin dépassé celle du PIB mondial, soit en moyenne de 4,5 %, dernièrement le taux de commerce et le taux de croissance du PIB ont été sensiblement les mêmes. Même si la croissance du PIB dépasse la croissance du commerce cette année, elle ne va probablement pas dépasser les 2,7%
La question est de savoir pourquoi. Selon Christina et David Romer, de l'Université de Californie de Berkeley, les répliques des crises financières modernes (à savoir depuis la Seconde Guerre mondiale), s'estompent après 2 à 3 ans. Les économistes de Harvard Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff disent qu'il faut cinq ans pour qu'un pays sorte d'une crise financière. En effet, les dislocations financières de 2007-2008 ont marqué un large recul. Alors comment expliquer la lente reprise économique ?
Une explication répandue réside dans la notion floue de « stagnation séculaire » : une demande en baisse à long terme sur les biens et services sape les incitations aux investissements et à l'embauche. Mais la demande restera faible à la seule condition que les gens n'aient pas confiance en l'avenir. La seule explication logique à ce manque durable de confiance, selon la démonstration minutieusement documentée et argumentée de Robert Gordon de la Northwestern University, est une croissance lente de la productivité.
Avant la crise (et surtout de 2003 à 2007), la croissance lente de la productivité a été masquée par un sentiment illusoire de prospérité à travers le monde. Dans certains pays (notamment aux États-Unis, en Espagne et en Irlande), la hausse des prix de l'immobilier, la construction spéculative et la prise de risque financier se sont mutuellement renforcées. Dans le même temps, les pays se sont mutuellement amplifiés grâce à la croissance du commerce.
Au cœur du boom mondial se trouvait la Chine, le géant de cette croissance qui a inondé le monde par ses exportations à bas prix, en posant un couvercle sur l'inflation mondiale. Fait tout aussi important, la Chine a importé un énorme volume de matières premières, (ce qui a renforcé de nombreuses économies africaines et latino-américaines), a acheté des automobiles et des machines allemandes, ce qui a permis à la plus grande économie de l'Europe de faire prospérer ses chaînes d'approvisionnement régionales.
Cette dynamique s'est inversée autour de mars 2008, quand les États-Unis ont sauvé leur cinquième plus grande banque d'investissements, Bear Sterns, de l'effondrement. Avec les banques de la zone euro également très impliquées dans le trouble de la crise des prêts hypothécaires et désespérément à court de dollars, l'Amérique et une grande partie de l'Europe ont amorcé une descente sans remords vers la récession. Alors que durant les années fastes, le commerce mondial avait répandu ses largesses, il propageait à présent le malaise. À mesure que la croissance du PIB de chaque pays ralentissait, ses importations ralentissaient également, forçant ainsi la croissance de ses partenaires commerciaux à ralentir.
L'économie américaine a commencé à émerger de la récession dans la deuxième moitié de 2009, en grande partie grâce à une politique monétaire agressive et à des mesures de stabilisation du système financier. En revanche, les décideurs de la zone euro ont rejeté les mesures de stimulation monétaire et ont mis en œuvre des mesures d'austérité budgétaire , tout en ignorant la détresse profonde qui accablait leurs banques. La zone euro a donc poussé le monde dans une deuxième récession mondiale.
Juste au moment où cette récession semblait avoir fait son temps, les économies émergentes ont commencé à se déliter. Pendant des années, les observateurs s'étaient vantés de la gouvernance et des réformes favorables à la croissance que les dirigeants de ces pays avaient censément introduites. En octobre 2012, le FMI fêtait la « résilience » des économies émergentes. Comme par un fait exprès, cette façade a commencé à s'effriter pour mieux révéler une vérité qui dérange : des facteurs tels que les prix élevés des matières premières et les afflux massifs de capitaux avaient caché de graves faiblesses économiques, tout en légitimant une culture des inégalités criantes et de la corruption endémique .
Ces problèmes sont à présent aggravés par le ralentissement de la croissance en Chine, le pivot du commerce mondial. Le pire reste pourtant à venir. La surabondance énorme de surcapacité industrielle et de propriété de la Chine doit trouver sa limite : l'hubris à l'origine de ses acquisitions mondiales doit être freinée et ses réseaux de corruption doivent être démantelés.
En résumé, les facteurs qui ont entraîné dans sa chute l'économie mondiale en 2015 vont persister (et parfois même s'intensifier), dans la nouvelle année. Les économies émergentes resteront faibles. La zone euro, après avoir joui d'un sursis temporaire d'austérité, sera contrainte par l'apathie du commerce mondial. La hausse des taux d'intérêt sur les obligations des entreprises laisse présager une croissance plus lente aux États-Unis. La chute de la valeur des actifs de la Chine risque bien de déclencher des turbulences financières. En outre, les responsables politiques sont à la dérive, avec peu de marge de manœuvre politique pour endiguer ces tendances.
Le FMI devrait mettre un terme à ses prévisions de croissance retrouvée et prévenir que l'économie mondiale restera faible et vulnérable, à moins que les dirigeants mondiaux n'agissent énergiquement pour stimuler l'innovation et la croissance. Un effort de ce genre est attendu depuis longtemps.
La question est de savoir pourquoi. Selon Christina et David Romer, de l'Université de Californie de Berkeley, les répliques des crises financières modernes (à savoir depuis la Seconde Guerre mondiale), s'estompent après 2 à 3 ans. Les économistes de Harvard Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff disent qu'il faut cinq ans pour qu'un pays sorte d'une crise financière. En effet, les dislocations financières de 2007-2008 ont marqué un large recul. Alors comment expliquer la lente reprise économique ?
Une explication répandue réside dans la notion floue de « stagnation séculaire » : une demande en baisse à long terme sur les biens et services sape les incitations aux investissements et à l'embauche. Mais la demande restera faible à la seule condition que les gens n'aient pas confiance en l'avenir. La seule explication logique à ce manque durable de confiance, selon la démonstration minutieusement documentée et argumentée de Robert Gordon de la Northwestern University, est une croissance lente de la productivité.
Avant la crise (et surtout de 2003 à 2007), la croissance lente de la productivité a été masquée par un sentiment illusoire de prospérité à travers le monde. Dans certains pays (notamment aux États-Unis, en Espagne et en Irlande), la hausse des prix de l'immobilier, la construction spéculative et la prise de risque financier se sont mutuellement renforcées. Dans le même temps, les pays se sont mutuellement amplifiés grâce à la croissance du commerce.
Au cœur du boom mondial se trouvait la Chine, le géant de cette croissance qui a inondé le monde par ses exportations à bas prix, en posant un couvercle sur l'inflation mondiale. Fait tout aussi important, la Chine a importé un énorme volume de matières premières, (ce qui a renforcé de nombreuses économies africaines et latino-américaines), a acheté des automobiles et des machines allemandes, ce qui a permis à la plus grande économie de l'Europe de faire prospérer ses chaînes d'approvisionnement régionales.
Cette dynamique s'est inversée autour de mars 2008, quand les États-Unis ont sauvé leur cinquième plus grande banque d'investissements, Bear Sterns, de l'effondrement. Avec les banques de la zone euro également très impliquées dans le trouble de la crise des prêts hypothécaires et désespérément à court de dollars, l'Amérique et une grande partie de l'Europe ont amorcé une descente sans remords vers la récession. Alors que durant les années fastes, le commerce mondial avait répandu ses largesses, il propageait à présent le malaise. À mesure que la croissance du PIB de chaque pays ralentissait, ses importations ralentissaient également, forçant ainsi la croissance de ses partenaires commerciaux à ralentir.
L'économie américaine a commencé à émerger de la récession dans la deuxième moitié de 2009, en grande partie grâce à une politique monétaire agressive et à des mesures de stabilisation du système financier. En revanche, les décideurs de la zone euro ont rejeté les mesures de stimulation monétaire et ont mis en œuvre des mesures d'austérité budgétaire , tout en ignorant la détresse profonde qui accablait leurs banques. La zone euro a donc poussé le monde dans une deuxième récession mondiale.
Juste au moment où cette récession semblait avoir fait son temps, les économies émergentes ont commencé à se déliter. Pendant des années, les observateurs s'étaient vantés de la gouvernance et des réformes favorables à la croissance que les dirigeants de ces pays avaient censément introduites. En octobre 2012, le FMI fêtait la « résilience » des économies émergentes. Comme par un fait exprès, cette façade a commencé à s'effriter pour mieux révéler une vérité qui dérange : des facteurs tels que les prix élevés des matières premières et les afflux massifs de capitaux avaient caché de graves faiblesses économiques, tout en légitimant une culture des inégalités criantes et de la corruption endémique .
Ces problèmes sont à présent aggravés par le ralentissement de la croissance en Chine, le pivot du commerce mondial. Le pire reste pourtant à venir. La surabondance énorme de surcapacité industrielle et de propriété de la Chine doit trouver sa limite : l'hubris à l'origine de ses acquisitions mondiales doit être freinée et ses réseaux de corruption doivent être démantelés.
En résumé, les facteurs qui ont entraîné dans sa chute l'économie mondiale en 2015 vont persister (et parfois même s'intensifier), dans la nouvelle année. Les économies émergentes resteront faibles. La zone euro, après avoir joui d'un sursis temporaire d'austérité, sera contrainte par l'apathie du commerce mondial. La hausse des taux d'intérêt sur les obligations des entreprises laisse présager une croissance plus lente aux États-Unis. La chute de la valeur des actifs de la Chine risque bien de déclencher des turbulences financières. En outre, les responsables politiques sont à la dérive, avec peu de marge de manœuvre politique pour endiguer ces tendances.
Le FMI devrait mettre un terme à ses prévisions de croissance retrouvée et prévenir que l'économie mondiale restera faible et vulnérable, à moins que les dirigeants mondiaux n'agissent énergiquement pour stimuler l'innovation et la croissance. Un effort de ce genre est attendu depuis longtemps.