Son nom vient d'être ajouté dans «l'affaire Fillon». Robert Bourgi, avocat et ancien conseiller occulte pour l'Afrique à l'Elysée, a confirmé vendredi être l'ami qui a offert deux costumes Arnys d'un montant de 13.000 euros à François Fillon.
«C'était un cadeau amical fait sans rien attendre en retour. Il n'y a ni conflit d'intérêts ni trafic d'influence», a-t-il précisé sur BFMTV. Lundi dans Les Echos, François Fillon avait interjeté: «Un ami m'a offert des costumes en février. Et alors?»
L'avocat Robert Bourgi a bien offert des costumes à François Fillon
Inscrit au barreau de Paris, l'homme, d'origine libanaise et né à Dakar, a été jusqu'en 2005 un discret «Monsieur Afrique» officieux de Jacques Chirac à l'Élysée. Avant de rallier Nicolas Sarkozy, qui lui a remis la Légion d'honneur, fin 2007. Il a noué des liens étroits avec plusieurs dirigeants du continent africain comme Omar Bongo puis son fils Ali, qui lui a succédé à la présidence du Gabon, Denis Sassou-Nguesso (Congo) et Abdoulaye Wade (Sénégal).
«Je travaille à la fois pour les présidents africains et pour le président français», déclarait-il en 2009 pour expliquer ses fonctions. «Je ne suis pas conseiller, plutôt missi dominici». Une sorte de représentant spécial du chef de l'État auprès des chefs d'Etat africains. «Il y a toujours eu des diplomaties parallèles. Il y a plusieurs portes dans la maison du père», précisait celui qui parle couramment français, arabe et wolof et qui dans le Who's Who assure s'intéresser à «de Gaulle, André Malraux et Napoléon».
Son «maître», Jacques Foccart, père de la Françafrique sous De Gaulle, lui conseillait de «rester à l'ombre pour ne pas attraper de coup de soleil». Une recommandation qu'il n'a pas écoutée. En 2009, Robert Bourgi commence à faire parler de lui.
Sur RTL, l'avocat rapporte qu'Omar Bongo l'a personnellement chargé début 2008 de demander à Nicolas Sarkozy la tête du secrétaire d'État à la Coopération, Jean-Marie Bockel, coupable d'avoir exprimé sa volonté d'en finir avec la Françafrique. Le dirigeant de la Gauche moderne est remplacé peu de temps après par le député UMP Alain Joyandet.
La même année, Robert Bourgi s'exprime sur l'élection présidentielle gabonaise. Si la France ne soutient officiellement aucun candidat, déclare-t-il au Monde, lui est favorable à Ali Bongo. Et ce soutien a du poids, fait-il valoir: «Je suis un ami très écouté de Nicolas Sarkozy. De façon subliminale, l'électeur le comprendra». Au début de l'année 2010, l'avocat fait partie de la délégation officielle lors du voyage du président français au Gabon.
L'affaire des «malettes» d'argent liquide
Mais c'est en 2011, que la figure historique de la Françafrique passe officiellement de l'ombre à la lumière en déclarant avoir transporté des valises remplies d'argent en provenance de chefs d'États africains, au profit de politiques français. Dans une interview accordée au Journal du Dimanche, il n'hésite pas à nommer les bénéficiaires: Georges Pompidou, Valéry Giscard d'Estaing, François Mitterrand, Jean-Marie Le Pen, mais aussi Jacques Chirac et Dominique de Villepin.
«C'est ma conscience qui m'a dicté le devoir de parler», avait-il alors expliqué. «Je veux une France propre à droite et à gauche». L'enquête diligentée à la suite de ces propos avait été classée sans suite par le parquet de Paris, faute de preuve.
Depuis, l'avocat de 71 ans fait parfois quelques apparitions dans le débat politique. Soutien affimé de Nicolas Sarkozy, il se rapproche néanmoins après la défaite de ce dernier à la présidentielle en 2012 de François Fillon.
Robert Bourgi aurait notamment ouvert son carnet d'adresses qui compte nombre de dignitaires africains au candidat Républicain et aurait fait, selon Le Parisien , un don légal de 7500 euros à son association politique, Force républicaine.
«Ça remonte à la fin de l'année 2013, ou courant 2014, confie un membre de l'association. Son chèque est arrivé par courrier et il y a eu des interrogations internes sur ce qu'il fallait en faire. Au point que François Fillon a été consulté pour savoir si on devait l'encaisser.»
Source lefigaro.fr