La cérémonie de clôture des festivités marquant les 10 ans d’existence du Centre des hautes études de défense et de sécurité (CHEDS) a servi de tribune au directeur général du CHEDS pour s’exprimer sur les turbulences polymorphes qui fragilisent les États africains.
“Comment susciter des efforts de coopération, des consensus, des convergences de vues et d’actions, afin d’ériger la sécurité des États de l’Afrique de l’Ouest en un facteur d’intégration ? Existe-t-il, d’ailleurs une acception ou une interprétation partagée de ce qu’est la sécurité collective en Afrique de l’Ouest et de ses implications ?
Où placer le curseur entre, d’une part, la nécessité légitime que ressentent les États, au nom de l’exercice de la souveraineté, de privilégier la sauvegarde de leurs intérêts nationaux et, d’autre part, l’impératif d’apporter, en raison des liens d’interdépendance de toutes natures, sa pierre à l’édifice de la sécurité collective ?
Comment éviter que les susceptibilités nationales l’emportent sur la logique d’une politique sous-régionale de la sécurité ? En d’autres termes, est-il possible de faire prospérer un commun entendement sécuritaire de notre communauté de destin ?”
Autant de questions qui, selon le général de brigade Jean Diémé, butent sur des réalités de type centrifuge, synonymes d’un défaut de compréhension commune des défis et des enjeux sécuritaires, susceptibles de mobiliser les uns et les autres dans un élan de solidarité, dont la portée dépasserait la simple nécessité d’assurer la survie des États aux préoccupations nationales souvent aussi étriquées que les superficies aux frontières poreuses, dont ils se targuent d’assurer l’intégrité.
Ainsi, souligne le général, pour parvenir à une effectivité de l’application de la sécurité collective, il est nécessaire de déterminer, en termes de menaces, le plus petit dénominateur commun susceptible d’inciter les États concernés à élaborer une union sacrée pour y faire front.
“Le constat demeure alarmant, à plusieurs égards : la sous-région ouest-africaine est en butte à différentes sources d’instabilité, dont la litanie nous est tous familière. En guise de rappel, s’il en était encore besoin, nous pouvons évoquer les injonctions des sociétés financières internationales caractérisées par des remèdes plus déstabilisants que les maux auxquels ils sont censés s’attaquer, la pauvreté, les famines, les guerres civiles, les conflits ethniques ou identitaires, les insurrections, les divers trafics illicites, la piraterie maritime, la criminalité transnationale organisée et les extrémismes violents.
À ces sources de conflictualités, qu’il serait loisible de qualifier ironiquement de routinières, s’ajoutent les manifestations de ce qui relèverait des “guerres vertes”, “guerres climatiques” ou “conflits de la rareté” (compétitions pour les terres arables, raréfaction des ressources agricoles et hydriques, répercussions des changements climatiques, dégradations écologiques)”, indique le directeur du CHEDS.
En effet, selon le général Diémé, le foisonnement des organisations sous-régionales est synonyme d’inertie.
“Et pourtant, nous susurre l’adage, abondance de biens ne nuit point. Alors, comment se fait-il qu’avec une si grande richesse institutionnelle et normative, les objectifs proclamés par ces organisations sous-régionales tardent à se réaliser et les résultats escomptés à se concrétiser ? Ce questionnement se justifie d’autant plus que, convaincus que les formes d’intégration économique et institutionnelle des États seraient porteuses d’un sens commun capable d’entraîner le développement et d’apporter la paix, les dirigeants de l’espace ouest-africain ont créé plusieurs organisations internationales. Aussi, est-il paradoxal de voir que certains États ou communautés de notre sous-région, fragilisés par des menaces émanant de l’extérieur ou rongés par des querelles intestines, frôlent la désintégration tant redoutée, malgré l’abondance d’institutions censées les prémunir d’une telle fatalité”.
L’officier d’ajouter : “À l’évidence, ces diverses institutions internationales, considérées dans leur globalité, qu’elles aient des objectifs généraux ou spécifiques, auraient dû constituer, à travers leurs champs d’intervention, des vecteurs efficaces de la paix et de la sécurité, en rendant effective l’acception de la sécurité en tant que concept multidimensionnel et non plus exclusivement militaire et stato-centré”. Or, poursuit-il, devenu l’affaire concomitamment de l’État et de l’ensemble des citoyens, le concept de sécurité, qualifiée d’humaine aux yeux du Pnud depuis 1994, s’ouvre à un large éventail de domaines, car il est maintenant commun de parler de sécurité personnelle, sanitaire, alimentaire, économique, politique, environnementale et communautaire.
EnQuete
“Comment susciter des efforts de coopération, des consensus, des convergences de vues et d’actions, afin d’ériger la sécurité des États de l’Afrique de l’Ouest en un facteur d’intégration ? Existe-t-il, d’ailleurs une acception ou une interprétation partagée de ce qu’est la sécurité collective en Afrique de l’Ouest et de ses implications ?
Où placer le curseur entre, d’une part, la nécessité légitime que ressentent les États, au nom de l’exercice de la souveraineté, de privilégier la sauvegarde de leurs intérêts nationaux et, d’autre part, l’impératif d’apporter, en raison des liens d’interdépendance de toutes natures, sa pierre à l’édifice de la sécurité collective ?
Comment éviter que les susceptibilités nationales l’emportent sur la logique d’une politique sous-régionale de la sécurité ? En d’autres termes, est-il possible de faire prospérer un commun entendement sécuritaire de notre communauté de destin ?”
Autant de questions qui, selon le général de brigade Jean Diémé, butent sur des réalités de type centrifuge, synonymes d’un défaut de compréhension commune des défis et des enjeux sécuritaires, susceptibles de mobiliser les uns et les autres dans un élan de solidarité, dont la portée dépasserait la simple nécessité d’assurer la survie des États aux préoccupations nationales souvent aussi étriquées que les superficies aux frontières poreuses, dont ils se targuent d’assurer l’intégrité.
Ainsi, souligne le général, pour parvenir à une effectivité de l’application de la sécurité collective, il est nécessaire de déterminer, en termes de menaces, le plus petit dénominateur commun susceptible d’inciter les États concernés à élaborer une union sacrée pour y faire front.
“Le constat demeure alarmant, à plusieurs égards : la sous-région ouest-africaine est en butte à différentes sources d’instabilité, dont la litanie nous est tous familière. En guise de rappel, s’il en était encore besoin, nous pouvons évoquer les injonctions des sociétés financières internationales caractérisées par des remèdes plus déstabilisants que les maux auxquels ils sont censés s’attaquer, la pauvreté, les famines, les guerres civiles, les conflits ethniques ou identitaires, les insurrections, les divers trafics illicites, la piraterie maritime, la criminalité transnationale organisée et les extrémismes violents.
À ces sources de conflictualités, qu’il serait loisible de qualifier ironiquement de routinières, s’ajoutent les manifestations de ce qui relèverait des “guerres vertes”, “guerres climatiques” ou “conflits de la rareté” (compétitions pour les terres arables, raréfaction des ressources agricoles et hydriques, répercussions des changements climatiques, dégradations écologiques)”, indique le directeur du CHEDS.
En effet, selon le général Diémé, le foisonnement des organisations sous-régionales est synonyme d’inertie.
“Et pourtant, nous susurre l’adage, abondance de biens ne nuit point. Alors, comment se fait-il qu’avec une si grande richesse institutionnelle et normative, les objectifs proclamés par ces organisations sous-régionales tardent à se réaliser et les résultats escomptés à se concrétiser ? Ce questionnement se justifie d’autant plus que, convaincus que les formes d’intégration économique et institutionnelle des États seraient porteuses d’un sens commun capable d’entraîner le développement et d’apporter la paix, les dirigeants de l’espace ouest-africain ont créé plusieurs organisations internationales. Aussi, est-il paradoxal de voir que certains États ou communautés de notre sous-région, fragilisés par des menaces émanant de l’extérieur ou rongés par des querelles intestines, frôlent la désintégration tant redoutée, malgré l’abondance d’institutions censées les prémunir d’une telle fatalité”.
L’officier d’ajouter : “À l’évidence, ces diverses institutions internationales, considérées dans leur globalité, qu’elles aient des objectifs généraux ou spécifiques, auraient dû constituer, à travers leurs champs d’intervention, des vecteurs efficaces de la paix et de la sécurité, en rendant effective l’acception de la sécurité en tant que concept multidimensionnel et non plus exclusivement militaire et stato-centré”. Or, poursuit-il, devenu l’affaire concomitamment de l’État et de l’ensemble des citoyens, le concept de sécurité, qualifiée d’humaine aux yeux du Pnud depuis 1994, s’ouvre à un large éventail de domaines, car il est maintenant commun de parler de sécurité personnelle, sanitaire, alimentaire, économique, politique, environnementale et communautaire.
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