Il est des moments dans l’histoire des nations où ne pas prendre part au d ébat public, surtout quand on la conviction qu’on peut aider à l’éduction des masses est assimilable à une trahison. J’entends prendre ma responsabilité en refusant de laisser les intellectuels faussaires indiquer le mauvais chemin à nos concitoyens. Surtout que jamais dans l’histoire du Sénégal, un régime n’a mobilisé autant de moyens financiers et humains pour assurer sa propagande.
Par ailleurs, je rappelle que j’ai participé à l’instar de milliers autres sénégalais aux activités du M23, lesquelles activités ont fragilisé Wade et facilité la victoire du candidat Macky Sall. Et en tant que tel je suis interpellé par ce qui se passe aujourd’hui dans notre pays.
Dans sa livraison du 19 octobre 2015, le journal Le Quotidien titrait : « Il faut faire évoluer la CREI vers plus de démocratie », des propos prêtés à Mimi Touré. Le 26 octobre 2015, le même journal barrait à sa une : « Réforme de la CREI, Macky confirme Mimi ».
Les propos de madame Mimi Toure commandent une analyse patriotique sans complaisance et un appel au peuple afin qu’il se dresse contre cette pratique qui consiste à utiliser les contingences politiques comme astrolabe et gouvernail pour diriger notre chère nation.
Permettez-moi de formuler quelques interrogations et tenter d’y apporter des réponses.
1. Le président Macky Sall et son ex-ministre de la justice ne savaient-ils pas que la CREI n’était pas conforme aux standards internationaux en matière de droits de l’homme ?
Non, ils ne peuvent pas nous dire qu’ils ne savaient pas car ils ont tous les professeurs de droit de toutes les universités du Sénégal à leur disposition. Ils peuvent payer les services des plus talentueux experts juristes du monde. Mieux encore, toutes les organisations de défense des droits de l’homme au niveau international tout comme au niveau national ont unanimement caractérisé la CREI comme une juridiction anachronique, crée avant la chute du mur de Berlin, une juridiction d’exception qui piétine deux principes de droit sans lesquels la chose jugée ne sera jamais acceptée parce qu’elle-même est injuste et porte en elle les germes d’un conflit futur : la présomption d’innocence et la possibilité de faire appel.
Madame Mimi Touré, aujourd’hui c’est à votre tour de chercher de bons avocats pour défendre et convaincre les sénégalais que la CREI est injuste et antidémocratique. Madame vous êtes entrée dans l’histoire, en y inscrivant le nom du Sénégal comme étant le seul état démocratique, moderne au 21e siècle à compter dans son architecture institutionnelle une juridiction surannée comme si le Sénégal était en panne d’ingénierie capable d’inventer des instruments modernes adaptés et efficaces contre les crimes économiques . Les sénégalais en sont capables.
Il suffisait juste d’une volonté politique qui renforce et libère la cour des comptes et l’IGE pour lutter efficacement contre la délinquance financière de la classe politique. Je paraphrase Raymond Aron pour vous dire que vous avez écrit votre histoire même si vous ne saviez pas l’histoire que vous faisiez.
2. Pourquoi agite-t-on ce débat aujourd’hui surtout après l’emprisonnement de Karim Wade ?
Le président Makcy Sall s’est rendu compte que la CREI et l’affaire Karim ont fini par devenir un gros trou noir dans sa gestion. Le sort de Karim le suit partout. Il ne peut plus rencontrer la presse étrangère sans qu’il ne soit assailli par des questions liées à la CREI. Le président commence à montrer des réels signes d’agacement et un vrai gène. L’image du pays en a pris un sérieux coup, les nations unies sont aux trousses du Sénégal. Le régime du président Macky Sall a commis trop de fautes, il refuse systématiquement les marches depuis trois ans. Trop c’est trop.
La dernière faute en date est celle liée à la violation des lois, règlements et traditions qui organisent la vie et le fonctionnement de l’assemblé nationale. Il faut donc redorer le blason du pays. C’est ce que le couple Sall-Touré tente de faire.
3. Le président Macky Sall et son clan ne sont-ils pas en train de sécuriser leurs arrières ?
Je n’ai pas de réponse exacte à cette question .En revanche je sais que si la CREI reste en l’état, des personnes de son camp peuvent aller en prison. A commencer par le président lui-même et son frère. En effet, le président est le seul ministre de Wade à avoir fait une déclaration de patrimoine évalué à 8 milliards, son frère lui a pollué et hypothéqué sa carrière politique dans le dossier de Petrotim qui dort encore à la CREI. Cette thèse est d’autant plus crédible que le président Macky Sall dans l’entretien accordé à i-télé rappelle que l’OFNAC est réservé à ces collaborateurs du moment. Je regrette monsieur le président, en république les lois sont impersonnelles. Revoyez les projets de loi portant création de l’OFNAC et la CREI vous verrez qu’on y parle ni de l’APR, ni du PS, encore moins du PDS.
Si la traque des biens mal acquis devait se poursuivre - d’ailleurs je ne sais pas quand est-ce elle a été suspendue et pourquoi cela signifierait que la partie est encore en cours ; et croyez-moi monsieur le président, les sénégalais ne comprendraient pas pourquoi les règles du jeu devraient changer alors que le match n’est pas encore fini. Je ne sais pas si le peuple va accepter cette réforme. Par contre je sais que ce sera moralement et éthiquement difficile et très gênant pour Mimi Touré, son patron, et le groupe Benno bok yakar de porter un tel projet de loi car ils ont tous poussé le bouchon trop loin.
L’image la plus cruelle, la plus insoutenable sera celle Seydou Gueye ôtant ses lunettes pour regarder les sénégalais les yeux dans les yeux et leur dire qu’il faut reformer la CREI parce qu’elle n’est pas bonne et ce deux ans après la condamnation de Karim Wade.
4. Le peuple sénégalais au nom duquel le droit est dit ; ce peuple-là dont la défense des intérêts et deniers a valu la prison à des concitoyens va-t-il accepter que la CREI soit reformer au risque de la rendre plus laxiste et complaisante que l’ofnac ?
Autant je ne sais pas le sort que le peuple réservera à cet éventuel projet de loi, autant je souhaite que des plateformes soient offertes aux citoyens pour qu’ils puissent participer au débat car ce moment-là sera un tournant décisif de l’histoire de notre pays. Le mouvement du 23 juin et Y'en a marre sont interpellés au premier chef pour leur responsabilité historique dans la victoire du candidat Macky Sall. Ces deux organisations sont devenues aphones depuis quelque temps. Y'en a mare avais promis en grande pompe au peuple une marche nationale contre le manque d’eau après la Korité, la Tabaski est passée, la Tamkharite est passée et rien. Et pourtant ce n’est pas la matière qui manquait : il y a eu les coupures d’eau et de courant, la crise scolaire, la détention abusive des jeunes de l’opposition, la confection des cartes nationales d’identité dans les sièges de l’APR confirmée par la CENA, l’affaire Cité Tobago avec des membres du nouveau régime attributaires de terrains (Journal Rewmi du 26 juin 2015).
Les rapports de la Cour des comptes et de l’IGE que le Premier ministre s’était engagé à déposer sur la table du procureur, le ministre de la Microfinance qui insulte la Cour des compte et envoie son patron s’excuser pour son compte, l’apologie de la transhumance par le président avec la salle des banquets qui retrouve ses vieilles habitudes en organisant des meetings au palais occasion pour les transhumants de présenter leur bétail, le gré à gré, la préférence des entreprises étrangères, et le mépris des lois au parlement avec le kidnapping du groupe parlementaire des "Libéraux et Démocrates" par Fada, l’Acte 3 et emprunts obligataires, le PSE ; autant de questions sur lesquelles vous êtes restés muets. Les sénégalais vous ont plusieurs fois interpellé en vain, vous, yen a mare et M23.
Vous avez encore une autre chance de situer votre position avec cette réforme de la crei car le peuple veut savoir qui le sert et qui se sert de lui.
Ahmed Tidiane Thiaw
Pa u 26 Dakar
Par ailleurs, je rappelle que j’ai participé à l’instar de milliers autres sénégalais aux activités du M23, lesquelles activités ont fragilisé Wade et facilité la victoire du candidat Macky Sall. Et en tant que tel je suis interpellé par ce qui se passe aujourd’hui dans notre pays.
Dans sa livraison du 19 octobre 2015, le journal Le Quotidien titrait : « Il faut faire évoluer la CREI vers plus de démocratie », des propos prêtés à Mimi Touré. Le 26 octobre 2015, le même journal barrait à sa une : « Réforme de la CREI, Macky confirme Mimi ».
Les propos de madame Mimi Toure commandent une analyse patriotique sans complaisance et un appel au peuple afin qu’il se dresse contre cette pratique qui consiste à utiliser les contingences politiques comme astrolabe et gouvernail pour diriger notre chère nation.
Permettez-moi de formuler quelques interrogations et tenter d’y apporter des réponses.
1. Le président Macky Sall et son ex-ministre de la justice ne savaient-ils pas que la CREI n’était pas conforme aux standards internationaux en matière de droits de l’homme ?
Non, ils ne peuvent pas nous dire qu’ils ne savaient pas car ils ont tous les professeurs de droit de toutes les universités du Sénégal à leur disposition. Ils peuvent payer les services des plus talentueux experts juristes du monde. Mieux encore, toutes les organisations de défense des droits de l’homme au niveau international tout comme au niveau national ont unanimement caractérisé la CREI comme une juridiction anachronique, crée avant la chute du mur de Berlin, une juridiction d’exception qui piétine deux principes de droit sans lesquels la chose jugée ne sera jamais acceptée parce qu’elle-même est injuste et porte en elle les germes d’un conflit futur : la présomption d’innocence et la possibilité de faire appel.
Madame Mimi Touré, aujourd’hui c’est à votre tour de chercher de bons avocats pour défendre et convaincre les sénégalais que la CREI est injuste et antidémocratique. Madame vous êtes entrée dans l’histoire, en y inscrivant le nom du Sénégal comme étant le seul état démocratique, moderne au 21e siècle à compter dans son architecture institutionnelle une juridiction surannée comme si le Sénégal était en panne d’ingénierie capable d’inventer des instruments modernes adaptés et efficaces contre les crimes économiques . Les sénégalais en sont capables.
Il suffisait juste d’une volonté politique qui renforce et libère la cour des comptes et l’IGE pour lutter efficacement contre la délinquance financière de la classe politique. Je paraphrase Raymond Aron pour vous dire que vous avez écrit votre histoire même si vous ne saviez pas l’histoire que vous faisiez.
2. Pourquoi agite-t-on ce débat aujourd’hui surtout après l’emprisonnement de Karim Wade ?
Le président Makcy Sall s’est rendu compte que la CREI et l’affaire Karim ont fini par devenir un gros trou noir dans sa gestion. Le sort de Karim le suit partout. Il ne peut plus rencontrer la presse étrangère sans qu’il ne soit assailli par des questions liées à la CREI. Le président commence à montrer des réels signes d’agacement et un vrai gène. L’image du pays en a pris un sérieux coup, les nations unies sont aux trousses du Sénégal. Le régime du président Macky Sall a commis trop de fautes, il refuse systématiquement les marches depuis trois ans. Trop c’est trop.
La dernière faute en date est celle liée à la violation des lois, règlements et traditions qui organisent la vie et le fonctionnement de l’assemblé nationale. Il faut donc redorer le blason du pays. C’est ce que le couple Sall-Touré tente de faire.
3. Le président Macky Sall et son clan ne sont-ils pas en train de sécuriser leurs arrières ?
Je n’ai pas de réponse exacte à cette question .En revanche je sais que si la CREI reste en l’état, des personnes de son camp peuvent aller en prison. A commencer par le président lui-même et son frère. En effet, le président est le seul ministre de Wade à avoir fait une déclaration de patrimoine évalué à 8 milliards, son frère lui a pollué et hypothéqué sa carrière politique dans le dossier de Petrotim qui dort encore à la CREI. Cette thèse est d’autant plus crédible que le président Macky Sall dans l’entretien accordé à i-télé rappelle que l’OFNAC est réservé à ces collaborateurs du moment. Je regrette monsieur le président, en république les lois sont impersonnelles. Revoyez les projets de loi portant création de l’OFNAC et la CREI vous verrez qu’on y parle ni de l’APR, ni du PS, encore moins du PDS.
Si la traque des biens mal acquis devait se poursuivre - d’ailleurs je ne sais pas quand est-ce elle a été suspendue et pourquoi cela signifierait que la partie est encore en cours ; et croyez-moi monsieur le président, les sénégalais ne comprendraient pas pourquoi les règles du jeu devraient changer alors que le match n’est pas encore fini. Je ne sais pas si le peuple va accepter cette réforme. Par contre je sais que ce sera moralement et éthiquement difficile et très gênant pour Mimi Touré, son patron, et le groupe Benno bok yakar de porter un tel projet de loi car ils ont tous poussé le bouchon trop loin.
L’image la plus cruelle, la plus insoutenable sera celle Seydou Gueye ôtant ses lunettes pour regarder les sénégalais les yeux dans les yeux et leur dire qu’il faut reformer la CREI parce qu’elle n’est pas bonne et ce deux ans après la condamnation de Karim Wade.
4. Le peuple sénégalais au nom duquel le droit est dit ; ce peuple-là dont la défense des intérêts et deniers a valu la prison à des concitoyens va-t-il accepter que la CREI soit reformer au risque de la rendre plus laxiste et complaisante que l’ofnac ?
Autant je ne sais pas le sort que le peuple réservera à cet éventuel projet de loi, autant je souhaite que des plateformes soient offertes aux citoyens pour qu’ils puissent participer au débat car ce moment-là sera un tournant décisif de l’histoire de notre pays. Le mouvement du 23 juin et Y'en a marre sont interpellés au premier chef pour leur responsabilité historique dans la victoire du candidat Macky Sall. Ces deux organisations sont devenues aphones depuis quelque temps. Y'en a mare avais promis en grande pompe au peuple une marche nationale contre le manque d’eau après la Korité, la Tabaski est passée, la Tamkharite est passée et rien. Et pourtant ce n’est pas la matière qui manquait : il y a eu les coupures d’eau et de courant, la crise scolaire, la détention abusive des jeunes de l’opposition, la confection des cartes nationales d’identité dans les sièges de l’APR confirmée par la CENA, l’affaire Cité Tobago avec des membres du nouveau régime attributaires de terrains (Journal Rewmi du 26 juin 2015).
Les rapports de la Cour des comptes et de l’IGE que le Premier ministre s’était engagé à déposer sur la table du procureur, le ministre de la Microfinance qui insulte la Cour des compte et envoie son patron s’excuser pour son compte, l’apologie de la transhumance par le président avec la salle des banquets qui retrouve ses vieilles habitudes en organisant des meetings au palais occasion pour les transhumants de présenter leur bétail, le gré à gré, la préférence des entreprises étrangères, et le mépris des lois au parlement avec le kidnapping du groupe parlementaire des "Libéraux et Démocrates" par Fada, l’Acte 3 et emprunts obligataires, le PSE ; autant de questions sur lesquelles vous êtes restés muets. Les sénégalais vous ont plusieurs fois interpellé en vain, vous, yen a mare et M23.
Vous avez encore une autre chance de situer votre position avec cette réforme de la crei car le peuple veut savoir qui le sert et qui se sert de lui.
Ahmed Tidiane Thiaw
Pa u 26 Dakar