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Politique et stratégie d’expulsion du président américain D. Trump : Peur et inquiétude dans le camp des migrants sénégalais


Rédigé le Jeudi 30 Janvier 2025 à 12:00 | Lu 71 fois | 0 commentaire(s)



Une semaine après le début de son second mandat, le président américain Donald Trump a intensifié sa politique de répression de l’immigration, conformément à sa promesse de campagne de procéder à ‘’la plus grande déportation de l’histoire américaine’’. Cette décision a plongé des milliers de migrants, dont de nombreux Sénégalais, dans un climat de peur et d’incertitude. Alors que les arrestations et les expulsions se multiplient, la communauté sénégalaise aux États-Unis, soutenue par des associations locales, tente de faire face à cette situation critique.


Le 20 janvier 2025, jour de son investiture, Donald Trump a signé plusieurs décrets exécutifs visant à renforcer les mesures d’expulsion des migrants en situation irrégulière. Parmi ces décrets, l’un prévoit l’accélération des procédures d’expulsion et l’utilisation de moyens militaires pour rapatrier les migrants vers leur pays d’origine.

Dès le 24 janvier, plus de 538 personnes, qualifiées de ‘’criminelles’’ ou en situation irrégulière, ont été expulsées à bord d’avions militaires.

Selon les données de l’Immigration and Customs Enforcement (ICE), au 24 novembre 2024, 1 445 549 non-citoyens américains étaient inscrits au registre des non-détenus et faisaient l’objet d’une ordonnance définitive d’expulsion. Parmi eux, 1 689 Sénégalais sont concernés. Ces chiffres, largement relayés sur les réseaux sociaux, ont semé la panique au sein de la communauté sénégalaise qui craint d’être la prochaine cible de cette politique répressive.

La peur au quotidien

Pour M. S., un Sénégalais résidant dans l’Indiana depuis trois ans, la situation est source d’angoisse. ‘’Tout le monde est inquiet, surtout ceux qui sont récemment arrivés en passant par le Nicaragua. Les gens ont peur d’être expulsés’’, confie-t-il. Bien qu’il n’ait pas encore connaissance de cas concrets de Sénégalais expulsés, il reconnaît que la communauté vit dans un climat de suspicion permanent.

Salif Sow, un journaliste sénégalais basé à New York, partage ce constat. ‘’Les immigrés sénégalais, comme ceux d’autres nationalités, ne sortent que pour des raisons essentielles : aller travailler ou faire des courses indispensables. La peur d’être arrêté est omniprésente’’, explique-t-il.

Le rôle des associations

Face à cette situation, les associations de la diaspora sénégalaise jouent un rôle essentiel. Monsieur Dramé, président de l’Association des Sénégalais vivant aux États-Unis, souligne que son organisation travaille sans relâche pour soutenir les migrants. ‘’Pour l’instant, aucun Sénégalais n’a été rapatrié depuis l’investiture de Trump, mais certains sont détenus dans des centres pour des raisons délictuelles ou criminelles’’, précise-t-il.

Il met cependant en garde contre la désinformation. ‘’Le document de l’ICE largement partagé sur les réseaux sociaux ne prouve pas que ces personnes doivent être rapatriées. Beaucoup de ceux qui sont fichés sont entrés illégalement aux États-Unis, mais cela ne signifie pas qu’ils seront automatiquement expulsés’’, explique-t-il.

Cette association, d’après M. Dramé, a déjà permis à plus de 700 Sénégalais d’obtenir des certificats de travail et des numéros de sécurité sociale, leur offrant ainsi une certaine protection face aux autorités. ‘’Nous fournissons des conseils juridiques, aidons à régulariser les situations et accompagnons ceux qui sont en détention’’, ajoute-t-il.

En période d’incertitude, la désinformation se propage rapidement, exacerbant la peur et la confusion. De nombreux médias et associations mettent en garde contre les fake news et appellent à la prudence. ‘’Il est crucial de s’informer à partir de sources fiables et de ne pas se fier aux rumeurs circulant sur les réseaux sociaux’’, insiste Awa Samb vivant en Arizona depuis six ans.

Les décrets exécutifs signés par Donald Trump ne sont pas sans controverse. Bien qu’ils permettent au président de contourner le Congrès pour mettre en œuvre des changements rapides, ils peuvent faire l’objet de contestations juridiques. Les tribunaux ont le pouvoir de bloquer ou de retarder ces mesures, si elles sont jugées inconstitutionnelles ou en conflit avec les lois existantes.

Par ailleurs, les agences gouvernementales chargées de l’application de ces politiques, comme l’ICE et le Department of Homeland Security (DHS), doivent adapter leurs procédures, ce qui peut prendre du temps. Les délais d’attente pour les demandes d’immigration devraient s’allonger, tandis que les critères d’éligibilité deviendront plus stricts et les frais administratifs plus élevés.

Du côté du Sénégal, les autorités se disent prêtes à accompagner les citoyens qui pourraient être expulsés. Selon des sources du ministère des Affaires étrangères, aucune expulsion massive n’a encore eu lieu, mais des mesures sont en cours pour anticiper cette éventualité. ‘’Nous suivons de près la situation et travaillons en coordination avec les associations sur le terrain pour offrir un soutien aux compatriotes concernés’’, indique un responsable du ministère.

Le dernier rapatriement de Sénégalais remonte à septembre 2023, lorsque 132 ressortissants avaient été expulsés, après avoir été appréhendés à la frontière sud-ouest des États-Unis. À l’époque, l’administration Biden avait justifié ces expulsions par la nécessité de lutter contre l’immigration illégale.

Si les Sénégalais sont concernés, ils ne sont pas les seuls. Les pays les plus ciblés par les expulsions sont le Mexique, la Colombie, le Guatemala, le Honduras, l’Inde et la Chine. Ces expulsions s’inscrivent dans le cadre d’une politique plus large visant à réduire le nombre d’immigrés en situation irrégulière aux États-Unis, estimé à 11 millions de personnes selon le Pew Research Center.

L’impact sur la communauté sénégalaise

Pour les Sénégalais vivant aux États-Unis, ces changements représentent une menace existentielle. Beaucoup ont quitté leur pays en quête d’une vie meilleure, fuyant la pauvreté, le chômage ou l’instabilité politique. Aujourd’hui, ils se retrouvent confrontés à un avenir incertain.

‘’Nous avons tout sacrifié pour venir ici. Si nous sommes expulsés, que deviendrons-nous ?’’, s’interroge M. S., résumant le sentiment de nombreux migrants.

Alors que l’administration Trump intensifie sa politique d’expulsion, la communauté sénégalaise aux États-Unis fait face à des défis sans précédent. Entre la peur des arrestations, les incertitudes juridiques et la désinformation, les migrants doivent compter sur le soutien des associations et des autorités sénégalaises pour résister moralement dans cette période troublée.

Dans ce contexte, le travail des organisations comme l’Association des Sénégalais vivant aux États-Unis est plus important que jamais. En fournissant des conseils, en aidant à régulariser les situations et en luttant contre la désinformation, elles offrent une lueur d’espoir à ceux qui risquent de tout perdre.

Mais pour beaucoup, l’avenir reste incertain. Alors que les vols d’expulsion se multiplient, la question demeure : combien de temps encore avant que la communauté sénégalaise ne soit directement touchée par cette politique ?

S EnQuete


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