Hier, à l’occasion du lancement du Réseau national des entrepreneurs du Sénégal (RNES), le député Demba Diop alias “Diop Sy”, par ailleurs homme d’affaires reconnu, a pris son courage à deux mains pour taper sur les ténors du patronat au Sénégal. Il peste : “Cette association que vous avez mise en place, moi, je vais l’appeler la Renaissance des entrepreneurs du Sénégal et non réseau. Parce que les entrepreneurs du Sénégal, c’est comme s’ils n’existaient pas, c’est comme s’il n’y a pas d’employeurs au Sénégal. Nous avons une lacune dans ce pays, avec trois ou quatre personnes qui gèrent l’ensemble des entreprises. Pis, ces gens n’ont même pas… Moi, je les considère comme des courtiers et non comme des entrepreneurs. Vous, vous n’êtes pas dans cette situation ; vous avez toute la légitimité pour parler au nom des entreprises, parce que vous avez des entreprises formelles, que l’on peut identifier”.
Même s’il ne les a pas nommément citées, beaucoup ont pensé aux trois dirigeants des plus grandes associations patronales du Sénégal, à savoir le Conseil national du patronat (CNP) dirigé par Baïdy Agne depuis les années 2000, sans alternance, la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (CNES) menée par Adama Lam (venu à la suite du décès de Mansour Kama), mais aussi du Mouvement des entreprises du Sénégal (Medes) de Mbagnick Diop. La question légitime que beaucoup de Sénégalais peuvent se poser, c’est quelles sont les entreprises contrôlées par ces figures du patronat ? Combien de Sénégalais emploient-ils ? Eux qui parlent au nom de tous les patrons. Quels sont leurs chiffres d’affaires ? “EnQuête” a essayé d’en savoir un peu plus sur eux.
En tout cas, pour ce qui est du président Adama Lam de la CNES, il est très connu dans le monde des armateurs, renseignent des sources à “EnQuête”. “Il est actionnaire et fondateur de Sopasen, a plus de 30 navires de pêche et, est premier exportateur de produits halieutiques. Avant lui, Mansour Kama aussi était très connu non seulement dans le milieu de la pêche, mais aussi dans l’hôtellerie et le milieu financier”, souffle un interlocuteur. Et qu’en est-il des deux autres mousquetaires, Baïdy et Mbagnick ?
Pour le deuxième, “il est surtout connu pour ses oscars”, raille un de nos interlocuteurs. Plus sérieusement, le patron du Medes est surtout connu à la tête de Promo Consulting, dont on ne connait ni l’ampleur ni sa contribution au niveau du fisc. Sur le site du groupe, on peut toutefois lire ce qui suit : “Le groupe est composé de quarante collaborateurs permanents, d’un pool de quinze consultants et de dix experts dans des domaines spécifiques consacrés à la réalisation des missions assignées au groupe. Nous disposons de dix bureaux relais à l’international (Europe, Etats Unis et Canada)”.
Mbagnick Diop est aussi connu en tant que propriétaire d’un groupe média, avec une radio, un site Internet et un quotidien. Nous ne saurions dire ni son chiffre d’affaires, ni le nombre d’emplois, ni la contribution au niveau du fisc. Pour sa part, Baïdy Agne serait dans le transit et depuis quelques temps, dans la construction. “Il a été parachuté à la tête du CNP depuis 2000, par les grandes entreprises françaises”, proteste ce chef d’entreprise, qui estime que 22 ans, “c’est assez !”.
La révolte des PME
Si certains se plaignent de leur inamovibilité, d’autres d’être des courtiers du patronat, les PME, elles, leur reprochent surtout d’être à la tête d’organisations exclusives. Secrétaire général du nouveau réseau, Pape Momar Gaye fustige et promet d’avoir une démarche plus inclusive. Il déclare : “Il y a certes des associations, nous avons peut être les mêmes préoccupations, mais nous n’avons pas les mêmes problèmes. Les entreprises sénégalaises, dans leur grande majorité, ont toujours eu des difficultés pour trouver des cadres dans lesquels elles peuvent librement s'exprimer, exposer leurs problèmes, en vue de trouver des solutions. Ce qu’elles n’avaient pas jusque-là, il faut avoir le courage de le dire. C’est une première qu’une association soit née pour s’occuper des PME, prendre en charge les entreprenants qui ont besoin d’aînés qui leur montrent la voie. C’est tout le sens qu’il faut donner à cette initiative”.
A la question de savoir s’il ne s’agit pas d’une association de plus avec ce que leur parrain Diop Sy considère comme des courtiers de plus, M. Gaye rétorque : “Tous les membres du bureau sont des entrepreneurs reconnus. De plus, nous avons l’adhésion de 200 entrepreneurs. Comme je l’ai dit, nous militons pour une démarche inclusive, qui n’écarte personne. D’ailleurs, nous ferons une tournée nationale pour sensibiliser les entrepreneurs où qu’ils se trouvent sur le territoire national. Nous avons vraiment pris une option différente de celle des autres”. Embouchant la même trompette, le président du réseau, Mamadou Thiam, a ajouté : “Le monde évolue et quand le monde bouge, il faut tout le temps s’adapter. Faire en sorte que les jeunes entrepreneurs puissent aussi se faire de la place, apporter une touche nouvelle au monde de l’entreprise et du patronat. Ces gens que nous avons trouvés ici (les patronats), sont nos ainés. Nous les respectons certes, mais il faut reconnaitre qu’ils ont pris de l’âge.
En ce qui nous concerne, nous allons apporter à notre tour notre pierre à l’édifice. Il s’agira d’aller vers les entrepreneurs pour non seulement les sensibiliser, mais leur apporter l’information dont ils ont besoin pour se développer”.
Pendant que le Réseau national des entrepreneurs lutte pour une plus grande inclusion, d’autres associations militent pour plus de rigueur dans la sélection des membres. C’est le cas, par exemple, du Club des investisseurs sénégalais, qui exigeait un certain chiffre d’affaires, mais aussi de l’avant-dernier-né, le Club 50 % de préférence nationale porté sur les fonts baptismaux par le patron d’Ecotra.
Ce dernier est même allé jusqu’à exiger des “enquêtes de moralité”, pour fermer la porte à ceux qu’il considère comme des “entreprises bidon”. C’est dans ce contexte qu’est né le RNES pour prendre tout le monde. Sans exception. De l’avis de ce responsable d’une organisation patronale, ce qui importe, c’est moins les noms des présidents. “Il faut plutôt s’intéresser aux chiffres d’affaires des entreprises membres des différentes associations, au nombre d’emplois créés par les entreprises membres des différentes associations... Voilà ce qui est important”.
Même s’il ne les a pas nommément citées, beaucoup ont pensé aux trois dirigeants des plus grandes associations patronales du Sénégal, à savoir le Conseil national du patronat (CNP) dirigé par Baïdy Agne depuis les années 2000, sans alternance, la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (CNES) menée par Adama Lam (venu à la suite du décès de Mansour Kama), mais aussi du Mouvement des entreprises du Sénégal (Medes) de Mbagnick Diop. La question légitime que beaucoup de Sénégalais peuvent se poser, c’est quelles sont les entreprises contrôlées par ces figures du patronat ? Combien de Sénégalais emploient-ils ? Eux qui parlent au nom de tous les patrons. Quels sont leurs chiffres d’affaires ? “EnQuête” a essayé d’en savoir un peu plus sur eux.
En tout cas, pour ce qui est du président Adama Lam de la CNES, il est très connu dans le monde des armateurs, renseignent des sources à “EnQuête”. “Il est actionnaire et fondateur de Sopasen, a plus de 30 navires de pêche et, est premier exportateur de produits halieutiques. Avant lui, Mansour Kama aussi était très connu non seulement dans le milieu de la pêche, mais aussi dans l’hôtellerie et le milieu financier”, souffle un interlocuteur. Et qu’en est-il des deux autres mousquetaires, Baïdy et Mbagnick ?
Pour le deuxième, “il est surtout connu pour ses oscars”, raille un de nos interlocuteurs. Plus sérieusement, le patron du Medes est surtout connu à la tête de Promo Consulting, dont on ne connait ni l’ampleur ni sa contribution au niveau du fisc. Sur le site du groupe, on peut toutefois lire ce qui suit : “Le groupe est composé de quarante collaborateurs permanents, d’un pool de quinze consultants et de dix experts dans des domaines spécifiques consacrés à la réalisation des missions assignées au groupe. Nous disposons de dix bureaux relais à l’international (Europe, Etats Unis et Canada)”.
Mbagnick Diop est aussi connu en tant que propriétaire d’un groupe média, avec une radio, un site Internet et un quotidien. Nous ne saurions dire ni son chiffre d’affaires, ni le nombre d’emplois, ni la contribution au niveau du fisc. Pour sa part, Baïdy Agne serait dans le transit et depuis quelques temps, dans la construction. “Il a été parachuté à la tête du CNP depuis 2000, par les grandes entreprises françaises”, proteste ce chef d’entreprise, qui estime que 22 ans, “c’est assez !”.
La révolte des PME
Si certains se plaignent de leur inamovibilité, d’autres d’être des courtiers du patronat, les PME, elles, leur reprochent surtout d’être à la tête d’organisations exclusives. Secrétaire général du nouveau réseau, Pape Momar Gaye fustige et promet d’avoir une démarche plus inclusive. Il déclare : “Il y a certes des associations, nous avons peut être les mêmes préoccupations, mais nous n’avons pas les mêmes problèmes. Les entreprises sénégalaises, dans leur grande majorité, ont toujours eu des difficultés pour trouver des cadres dans lesquels elles peuvent librement s'exprimer, exposer leurs problèmes, en vue de trouver des solutions. Ce qu’elles n’avaient pas jusque-là, il faut avoir le courage de le dire. C’est une première qu’une association soit née pour s’occuper des PME, prendre en charge les entreprenants qui ont besoin d’aînés qui leur montrent la voie. C’est tout le sens qu’il faut donner à cette initiative”.
A la question de savoir s’il ne s’agit pas d’une association de plus avec ce que leur parrain Diop Sy considère comme des courtiers de plus, M. Gaye rétorque : “Tous les membres du bureau sont des entrepreneurs reconnus. De plus, nous avons l’adhésion de 200 entrepreneurs. Comme je l’ai dit, nous militons pour une démarche inclusive, qui n’écarte personne. D’ailleurs, nous ferons une tournée nationale pour sensibiliser les entrepreneurs où qu’ils se trouvent sur le territoire national. Nous avons vraiment pris une option différente de celle des autres”. Embouchant la même trompette, le président du réseau, Mamadou Thiam, a ajouté : “Le monde évolue et quand le monde bouge, il faut tout le temps s’adapter. Faire en sorte que les jeunes entrepreneurs puissent aussi se faire de la place, apporter une touche nouvelle au monde de l’entreprise et du patronat. Ces gens que nous avons trouvés ici (les patronats), sont nos ainés. Nous les respectons certes, mais il faut reconnaitre qu’ils ont pris de l’âge.
En ce qui nous concerne, nous allons apporter à notre tour notre pierre à l’édifice. Il s’agira d’aller vers les entrepreneurs pour non seulement les sensibiliser, mais leur apporter l’information dont ils ont besoin pour se développer”.
Pendant que le Réseau national des entrepreneurs lutte pour une plus grande inclusion, d’autres associations militent pour plus de rigueur dans la sélection des membres. C’est le cas, par exemple, du Club des investisseurs sénégalais, qui exigeait un certain chiffre d’affaires, mais aussi de l’avant-dernier-né, le Club 50 % de préférence nationale porté sur les fonts baptismaux par le patron d’Ecotra.
Ce dernier est même allé jusqu’à exiger des “enquêtes de moralité”, pour fermer la porte à ceux qu’il considère comme des “entreprises bidon”. C’est dans ce contexte qu’est né le RNES pour prendre tout le monde. Sans exception. De l’avis de ce responsable d’une organisation patronale, ce qui importe, c’est moins les noms des présidents. “Il faut plutôt s’intéresser aux chiffres d’affaires des entreprises membres des différentes associations, au nombre d’emplois créés par les entreprises membres des différentes associations... Voilà ce qui est important”.