1). Quel regard portez-vous aujourd’hui sur la presse (écrite et audiovisuelle) au plan strictement éditorial ?
Je dois dire que c’est une appréciation largement partagée par l’opinion. Ce qui me pousse à dire qu’aujourd’hui, faire un sondage équivaudrait à entendre des gens dire qu’ils ne donnent plus beaucoup de crédibilité au travail abattu par la presse sénégalaise. L’opinion suspecte des relations de connivence entre le pouvoir actuel et certains groupes de presse et journaux. Permettez-moi de rappeler que c’est le régime de Macky Sall qui a le plus de journalistes au cœur du pouvoir.
S’y ajoute, que la presse sénégalaise est pratiquement contrôlée par des hommes d’affaires. Ils sont en relation avec le régime du Président Macky Sall. Il faut oser dire la vérité car, il y a tellement de dossiers traités d’une certaine manière par la presse que même les Sénégalais doutent de la sincérité, de la crédibilité et de la véracité de certains articles de presse. Il y a une relation de connivence entre le pouvoir et certains médias. A ce niveau, Macky Sall a réussi une prouesse qu’aucun Président n’a jamais réussie au Sénégal : contrôler la presse. Le traitement particulier de l’affaire Khalifa Sall l’a encore montré.
2). Qu’est-ce qui est en cause pour expliquer cette situation ?
Il y a un problème d’éthique dans le travail que nous faisons. Sommes-nous équidistants des pouvoirs ? Rappelez-vous : dans le cadre du dossier Karim Wade, tout le monde a entendu dire qu’il y avait un budget de communication mis en place par le gouvernement du Sénégal, tout comme du côté des avocats de Karim Wade. Donc, il faut reconnaitre qu’il y a trop de manipulations actuellement dans la presse sénégalaise qui décrédibilisent le travail des médias.
(…) A une époque récente, quand les organes de contrôles se préparaient à publier leurs rapports, la presse tenait en haleine l’opinion pendant des jours. On se rappelle des cas concernant Awa Ndiaye et d’un ex-directeur de la Lonase. Mais aujourd’hui, les rapports continuent de sortir, mais la presse ne les traite plus comme du temps de Me Abdoulaye Wade. Regardez comment Nafi Ngom Keita a été lynchée lors de la publication du rapport de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac). C’est pourtant la loi qui lui demandait de publier son rapport, et c’est le chef de l’Etat qui disait que l’Ofnac est pour ceux qui travaillent sous son régime.
Une anecdote vraie : mon vendeur de journaux m’a classifié les journaux suivant leur ligne éditoriale. Cela m’a posé problème lorsqu’il m’a dit qu’untel est pro-pouvoir, qu’un autre est assez indépendant, que celui-là a un patron très proche de la première dame. Donc, soyons très prudents puisque les Sénégalais ne sont pas dupes. Revenons à l’orthodoxie.
3). Y a-t-il comparaison possible entre la presse sous Abdoulaye Wade et celle qui fonctionne sous Macky Sall ? Si oui, Ã quels niveaux ?
Je regardais mes archives et je revois un journal de la place titrer sur un fond noir de deuil : « Non à une nouvelle Constitution ». C’est un engagement. La presse a été très virulente sous Wade. Aujourd’hui, on pardonne beaucoup de choses au régime de Macky Sall parce qu’il y a des relations de connivence.
Pourtant, il y a beaucoup à dire par rapport aux problèmes de bonne gouvernance, à la séparation des pouvoirs, à l’indépendance de la justice. Si ce que nous vivons aujourd’hui se passait sous le magistère de Wade, on aurait eu des titres peu glorieux, assassins même. Moi, je suis un peu dépité. Faisons véritablement le travail de journaliste. Restons professionnels dans le traitement de l’information, la bonne information, en respectant l’éthique, la déontologie et l’équité. Récemment, j’ai vu un journal avec ce titre : « Khalifa Sall voleur », alors qu’il est présumé innocent.
Que dire de ces trois quotidiens qui avaient titré : « 43 milliards de francs CFA découverts à Singapour pour Karim Wade ». Je disais à un ami que le même titre ne peut pas être à la UNE de tous les quotidiens parce qu’il n’y avait ni conférence de presse encore moins un communiqué. C’était la preuve palpable d’une manipulation car de toute évidence c’est une même source qui avait alimenté ces journaux. Mieux ou pire, l’on a vu une même interview partagée par trois quotidiens, ce contre quoi s’est offusqué avec raison le Conseil pour l’observation des règles d'éthique et de déontologie dans les médias (Cored).
4). Si vous deviez attribuer une note concernant le degré d’indépendance de la presse, quelle serait-elle sur une échelle de 1 à 10 ?
Je donnerai une note de 5/10. Il faut reconnaitre qu’il existe bel et bien des journalistes qui restent professionnels et qui se battent tous les jours. Donc, cette note est juste la moyenne. Disons-nous des vérités et revenons à l’orthodoxie. Souvent, vous voyez quelqu’un écrire sur un ministre, et c’est un autre journaliste qui prend sa plume pour répondre à la place du ministre. Dans certains quotidiens, il y a des ministres qui ne seront jamais attaqués. C’est clair, net et précis, quel que soit ce qui a pu se passer. Attention l’opinion lit, regarde et sait ce qui se passe.
5). Quelle mesure/suggestion préconisez-vous pour que les choses soient à l’endroit ?
On parle du Code la presse que l’on doit voter. Ce qui permettra de savoir qui est journaliste et qui ne l’est pas. Ensuite, les Sénégalais ne sont pas dupes et l’opinion est dans une phase de maturité extrême. Tôt ou tard, la vérité va triompher et la presse ne pourra pas continuer à défendre l’indéfendable. L’opinion saura prendre ses responsabilités.
D’ailleurs, je rappelle qu’en 2007, la presse avait tellement tiré sur Wade que personne n’imaginait qu’il allait gagner à la présidentielle. Pourtant, il est passé au premier tour. A ce propos, feu Sémou Pathé Guèye disait que l’opposition s’était laissé emporter par les écrits de la presse en pensant pouvoir battre très facilement Wade. Aujourd’hui, la presse sénégalaise est en train de dévier de la voie royale qu’une presse crédible et respectable doit emprunter.
impact.sn
Je dois dire que c’est une appréciation largement partagée par l’opinion. Ce qui me pousse à dire qu’aujourd’hui, faire un sondage équivaudrait à entendre des gens dire qu’ils ne donnent plus beaucoup de crédibilité au travail abattu par la presse sénégalaise. L’opinion suspecte des relations de connivence entre le pouvoir actuel et certains groupes de presse et journaux. Permettez-moi de rappeler que c’est le régime de Macky Sall qui a le plus de journalistes au cœur du pouvoir.
S’y ajoute, que la presse sénégalaise est pratiquement contrôlée par des hommes d’affaires. Ils sont en relation avec le régime du Président Macky Sall. Il faut oser dire la vérité car, il y a tellement de dossiers traités d’une certaine manière par la presse que même les Sénégalais doutent de la sincérité, de la crédibilité et de la véracité de certains articles de presse. Il y a une relation de connivence entre le pouvoir et certains médias. A ce niveau, Macky Sall a réussi une prouesse qu’aucun Président n’a jamais réussie au Sénégal : contrôler la presse. Le traitement particulier de l’affaire Khalifa Sall l’a encore montré.
2). Qu’est-ce qui est en cause pour expliquer cette situation ?
Il y a un problème d’éthique dans le travail que nous faisons. Sommes-nous équidistants des pouvoirs ? Rappelez-vous : dans le cadre du dossier Karim Wade, tout le monde a entendu dire qu’il y avait un budget de communication mis en place par le gouvernement du Sénégal, tout comme du côté des avocats de Karim Wade. Donc, il faut reconnaitre qu’il y a trop de manipulations actuellement dans la presse sénégalaise qui décrédibilisent le travail des médias.
(…) A une époque récente, quand les organes de contrôles se préparaient à publier leurs rapports, la presse tenait en haleine l’opinion pendant des jours. On se rappelle des cas concernant Awa Ndiaye et d’un ex-directeur de la Lonase. Mais aujourd’hui, les rapports continuent de sortir, mais la presse ne les traite plus comme du temps de Me Abdoulaye Wade. Regardez comment Nafi Ngom Keita a été lynchée lors de la publication du rapport de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac). C’est pourtant la loi qui lui demandait de publier son rapport, et c’est le chef de l’Etat qui disait que l’Ofnac est pour ceux qui travaillent sous son régime.
Une anecdote vraie : mon vendeur de journaux m’a classifié les journaux suivant leur ligne éditoriale. Cela m’a posé problème lorsqu’il m’a dit qu’untel est pro-pouvoir, qu’un autre est assez indépendant, que celui-là a un patron très proche de la première dame. Donc, soyons très prudents puisque les Sénégalais ne sont pas dupes. Revenons à l’orthodoxie.
3). Y a-t-il comparaison possible entre la presse sous Abdoulaye Wade et celle qui fonctionne sous Macky Sall ? Si oui, Ã quels niveaux ?
Je regardais mes archives et je revois un journal de la place titrer sur un fond noir de deuil : « Non à une nouvelle Constitution ». C’est un engagement. La presse a été très virulente sous Wade. Aujourd’hui, on pardonne beaucoup de choses au régime de Macky Sall parce qu’il y a des relations de connivence.
Pourtant, il y a beaucoup à dire par rapport aux problèmes de bonne gouvernance, à la séparation des pouvoirs, à l’indépendance de la justice. Si ce que nous vivons aujourd’hui se passait sous le magistère de Wade, on aurait eu des titres peu glorieux, assassins même. Moi, je suis un peu dépité. Faisons véritablement le travail de journaliste. Restons professionnels dans le traitement de l’information, la bonne information, en respectant l’éthique, la déontologie et l’équité. Récemment, j’ai vu un journal avec ce titre : « Khalifa Sall voleur », alors qu’il est présumé innocent.
Que dire de ces trois quotidiens qui avaient titré : « 43 milliards de francs CFA découverts à Singapour pour Karim Wade ». Je disais à un ami que le même titre ne peut pas être à la UNE de tous les quotidiens parce qu’il n’y avait ni conférence de presse encore moins un communiqué. C’était la preuve palpable d’une manipulation car de toute évidence c’est une même source qui avait alimenté ces journaux. Mieux ou pire, l’on a vu une même interview partagée par trois quotidiens, ce contre quoi s’est offusqué avec raison le Conseil pour l’observation des règles d'éthique et de déontologie dans les médias (Cored).
4). Si vous deviez attribuer une note concernant le degré d’indépendance de la presse, quelle serait-elle sur une échelle de 1 à 10 ?
Je donnerai une note de 5/10. Il faut reconnaitre qu’il existe bel et bien des journalistes qui restent professionnels et qui se battent tous les jours. Donc, cette note est juste la moyenne. Disons-nous des vérités et revenons à l’orthodoxie. Souvent, vous voyez quelqu’un écrire sur un ministre, et c’est un autre journaliste qui prend sa plume pour répondre à la place du ministre. Dans certains quotidiens, il y a des ministres qui ne seront jamais attaqués. C’est clair, net et précis, quel que soit ce qui a pu se passer. Attention l’opinion lit, regarde et sait ce qui se passe.
5). Quelle mesure/suggestion préconisez-vous pour que les choses soient à l’endroit ?
On parle du Code la presse que l’on doit voter. Ce qui permettra de savoir qui est journaliste et qui ne l’est pas. Ensuite, les Sénégalais ne sont pas dupes et l’opinion est dans une phase de maturité extrême. Tôt ou tard, la vérité va triompher et la presse ne pourra pas continuer à défendre l’indéfendable. L’opinion saura prendre ses responsabilités.
D’ailleurs, je rappelle qu’en 2007, la presse avait tellement tiré sur Wade que personne n’imaginait qu’il allait gagner à la présidentielle. Pourtant, il est passé au premier tour. A ce propos, feu Sémou Pathé Guèye disait que l’opposition s’était laissé emporter par les écrits de la presse en pensant pouvoir battre très facilement Wade. Aujourd’hui, la presse sénégalaise est en train de dévier de la voie royale qu’une presse crédible et respectable doit emprunter.
impact.sn