vous avez longtemps séjourné et continuez à séjourner dans le cadre de vos activités professionnelles dans divers pays de la CEDEAO aussi, sommes- nous tentés de vous demander votre opinion par rapport aux dernières décisions prises par le sommet de la CEDEAO qui vient de se tenir à Monrovia au Libéria, notamment les demandes de la Mauritanie, du Royaume du Maroc et de la Tunisie?
MGC: la demande de statut de membre associé formulée par la Mauritanie est venue avec beaucoup de retard en ce sens que la réintégration du pays dans l’ensemble sous-régional qu’est la CEDEAO, faisait partie des engagements que l’ancien Président Sidi Ould Cheikh Abdallahi (NDRL: élu en 2007 et déposé en 2008) avait pris lors de sa campagne et réitérés après son élection.
J’avais personnellement engagé des discussions à ce sujet avec le candidat et par la suite, avec le Président sur la nécessité d’une telle réintégration ainsi que les divers avantages que la Mauritanie ainsi que sa diaspora, pouvaient en tirer.
Je me réjouis des avancées du dossier et de ses derniers développements et salue la décision des chefs d’Etat de la communauté tendant à la réintégration de notre pays sans passer par des phases intermédiaires qui ne feraient que retarder le processus d’intégration.
Le Maroc a obtenu un accord de principe. La Mauritanie a été invitée à demander une réadmission,...
Il est clair que la demande d’intégration du Royaume du Maroc à cet ensemble, a fortement impacté sur la décision de la réunion de Monrovia. La résolution concernant la Mauritanie devrait être prise au vol par les autorités mauritaniennes en charge du dossier pour boucler le dossier d’intégration au plus vite.
J’ai toutefois une certaine crainte que l’on ne puisse pas apprécier à sa juste valeur la sage décision des Présidents de la CEDEAO concernant notre pays, qui devra désormais acter avec diligence pour parachever son processus de réintégration afin de retrouver sa place normale dans cet espace économique sous-régional.
Nous avons encore en mémoire les apports féconds tant appréciés de nos experts nationaux du secteur public, Armée, Police, Douane, Impôts, Industrie, Commerce, Pêche, Agriculture et Elevage ainsi que ceux du secteur privé, qui ont toujours su défendre au mieux les intérêts de notre pays au sein de cette organisation, en ouvrant les produits de nos petites industries locales naissantes aux avantages douaniers liés à leurs exportations au sein de ce marché commun sous-régional. Ce fut une période de grande stimulation intellectuelle où seule la force des idées et de l’argumentaire pouvait convaincre les experts des autres pays. De ces réunions, nos experts revenaient toujours avec davantage d’expérience.
Comment expliquez-vous le retrait de la Mauritanie de la CEDEAO en 2000?
Je n’ai pas toute l’explication. Ce que je peux dire est que la malédiction des retombées attendues de la découverte du pétrole avait entraîné en l’an 2000, le repli de la Mauritanie sur elle-même pensant éviter ainsi la ruée de nombreux étrangers attirés par les retombées financières de la manne attendue. Ce fut la première erreur d’interprétation de certains conseillers zélés.
Ce repli qui s’est renforcé par l’introduction de nouvelles taxes de séjour frappant les résidents étrangers ainsi que leurs familles, a fortement affecté tous les secteurs de l’activité nationale, l’enseignement dans les écoles privées, les médecins dans les cliniques privées, le secteur du bâtiment et des services etc…, car cette main-d’œuvre facile et à bon marché dont la Mauritanie n’avait pas contribué à la formation, s’est vue frustrée et a préféré prendre le large, ce qui eut un impact sur la qualité de notre enseignement et sur bien d’autres secteurs de l’activité économique nationale.
Le recensement des étrangers sur le territoire national ainsi que leur contrôle relève des prérogatives des pouvoirs publics et ne peut faire l’objet d’aucune contestation mais certaines conventions doivent être respectées et la réciprocité des mesures doit être de mise, surtout qu’il ne faut jamais oublier que nos compatriotes bénéficient souvent de conditions exceptionnelles de résidence dans des pays tiers sans que la réciprocité ne soit toujours de mise.
Les conseillers de nos gouvernants oublient souvent que nos compatriotes de la diaspora africaine disposent d’importants moyens financiers et matériels dans leurs pays de résidence et méritent d’être protégés par les autorités mauritaniennes, en facilitant le séjour sur notre sol des résidents étrangers remplissant les conditions requises de séjour et dont les moyens sont sans commune mesure avec ceux de nos compatriotes de la diaspora.
Notre sortie de la CEDEAO avait privé les opérateurs nationaux de sources de financement extérieur telle que la BOAD, ce que nos banques locales, souvent sélectives et peu mobilisatrices de ressources longues, n’ont pu suppléer mais, avec cette nouvelle donne, l’espoir peut être permis que les sources de financement extérieur ne manqueront plus et que les opérateurs économiques mauritaniens seront bientôt à nouveau éligibles aux sources de financement et aux divers mécanismes de financement qu’offre la Communauté.
Je me réjouis que notre décision de réintégration de la CEDEAO ainsi que l’avis plus que favorable émis par la commission qui arrive à un moment où l’on parle de partage de production de gaz et de pétrole entre la Mauritanie et le Sénégal, deux pays devenus potentiellement très riches et dont les habitants n’auront peut-être plus besoin à l’avenir, de s’expatrier pour pouvoir subvenir à leurs besoins fondamentaux .
Comment devra-t-on interpréter cette demande de réadmission de la Mauritanie?
C’est une décision très sage qui doit être traitée rapidement. Ma crainte vient du fait que certains milieux par un nombrilisme désuet ou simple orgueil mal placé, tenteraient de retarder cette réintégration, ce qui pourrait entraîner des dégâts collatéraux.
Le dossier Maroc pourrait en souffrir si au plan juridique, malgré l’accord de principe des chefs d’Etat de la Commission, l’exception de la non-continuité des territoires du marché commun en un seul et unique ensemble devait être soulevé lors de la prochaine session de la CEDEAO. La réintégration effective de la Mauritanie avant cette date, pourrait régler le cas du Maroc.
Par ailleurs, je suis fort optimiste du fait que la Tunisie ait obtenu un statut de membre observateur. L’Algérie ne tardera pas à se manifester pour une intégration progressive. La Libye suivra sans doute, dès qu’elle se remettra de ses problèmes internes. Ainsi, l’Union du Maghreb Arabe va se retrouver dans la CEDEAO qui connaîtra alors, une profonde mutation dans ses structures et ses objectifs.
Cette apparente “dissolution” de l’Union du Maghreb Arabe au sein de la CEDEAO ne poserait-elle pas des problèmes de compatibilité?
Du fait de la disparité des économies qui vont former ce nouveau marché commun africain, on ne parlera plus dans l’immédiat de critères de convergence des économies des pays qui composent la communauté ni de monnaie unique au sein de cet ensemble où nul ne pourra désormais souffrir de problème identitaire ou d’ego car regroupant en son sein des arabes, anglophones, francophones et autres, riches ou pauvres mais tous mus pour un meilleur destin commun, dans l’intérêt des peuples de cet ensemble économique.
Le développement et l’intégration africaine ne se fera que par des regroupements économiques à travers des communautés économiques régionales dynamiques et par des cercles concentriques où les besoins en matière de développement de chaque zone seront mieux cernés et optimisés pour en faciliter la réalisation dans un contexte régional mieux maîtrisé.
C’est pour nous le moment de préparer nos équipes d’experts multi-sectorielles selon des critères de compétence et de probité intellectuelle et morale pour participer de façon efficiente, à cette œuvre commune afin de mieux défendre nos intérêts au sein de cette nouvelle communauté économique où la Mauritanie doit reprendre sa place et s’ouvrir au monde extérieur et confronter ses cadres aux exigences et réalités du monde moderne ainsi qu’aux contacts féconds des autres nations
La place naturelle de la Mauritanie se trouve dans l’espace de la CEDEAO où nos compatriotes ont l’habitude de commercer et, notre intégration dans l’espace de l’Union du Maghreb Arabe n’a attiré aucun investissement autre que des coiffeurs, des bouchers, divers restaurateurs et vendeurs de fruits et légumes non commercialisables sur leur marché local, alors qu’aucun Mauritanien ne peut disposer de licence pour ouvrir un quelconque commerce de proximité dans l’un quelconque des pays du Maghreb.
Les produits alimentaires en provenance du Maroc sont en train de tuer notre agriculture et nos cultures maraichères et désorganisent notre petite industrie naissante sans que des investissements importants soient réalisés comme c’est le cas pour certains pays de l’UMA dans plusieurs pays africains sur des fonds souverains.
C’est regrettable mais, malgré tous les espoirs qu’elle avait suscité, force est de constater que l’Union du Maghreb Arabe ne peut pas fonctionner du fait des questions de leadership avec des implications idéologiques qui la plaquent au sol, ce qui explique que ses membres soient désormais obligés de se rabattre vers d’autres ensembles régionaux africains.
Quel est votre sentiment sur l’offensive économique du Maroc en Afrique Sub-Saharienne?
L’on ne peut que s’en réjouir tout en regrettant que ce ne soit pas la Mauritanie qui joue un tel rôle. Car, tout est parti de la cession de la Banque Sénégalo Tunisienne dont les autorités sénégalaises avaient proposé la reprise à la Banque Mauritanienne pour le Commerce International (BMCI) au vu de ses résultats en Mauritanie ainsi qu’en Gambie et son entrée au Mali en actionnaire important avec la BNP PARIBAS.
Cette transaction malgré les efforts soutenus de notre ami et frère Pierre Goudiaby Atépa, n’avait pas pu aboutir du fait de la partie mauritanienne pour des considérations futiles mais surtout, du fait d’un manque cruel de ressources humaines locales capables, à l’époque, de faire face aux différents challenges et chantiers entrepris par la BMCI sous l’impulsion du Président Directeur Général, SIDI MOHAMED ABASS.
La nature ayant horreur du vide , Attijariwafa bank s’etait positionnée et, forte de ses résultats et de son succès au Sénégal , elle n’a cessé depuis lors, de lancer ses tentacules dans toute l’Afrique et son développement exponentiel a été accompagné par les autorités du royaume qui ont concomitamment facilité l’expansion de leurs entreprises hors du Maroc à travers toute l’Afrique.
Cette leçon de promotion économique des entreprises marocaines sous l’impulsion du Palais royal prouve à dessein qu’aucun secteur privé national pourvoyeur d’emplois et de richesses, ne peut se développer sans le concours et le support de l’Etat qui doit en faire un véritable partenaire et promouvoir son développement et son expansion en l’invitant à ses missions et visites d’Etat pour faciliter la promotion du pays et aucune dichotomie ou dualité ne doit exister entre les pouvoirs publics et le secteur privé national qui doit être mu par le développement économique et social du pays auquel il a un rôle citoyen à jouer.
Nous avons ainsi raté le coche et aurions pu jouer aujourd’hui, le rôle de leader africain de la finance et encadrer les opérateurs économiques nationaux à se diversifier pour s’implanter et gagner des marchés dans les pays africains comme le firent les regrettés précurseurs Bamba Ould Sidi Bady et Abdallahi Ould Noueygued devant lesquels, je m’incline à nouveau pour leurs visions prospectives.
Financial Afrik
MGC: la demande de statut de membre associé formulée par la Mauritanie est venue avec beaucoup de retard en ce sens que la réintégration du pays dans l’ensemble sous-régional qu’est la CEDEAO, faisait partie des engagements que l’ancien Président Sidi Ould Cheikh Abdallahi (NDRL: élu en 2007 et déposé en 2008) avait pris lors de sa campagne et réitérés après son élection.
J’avais personnellement engagé des discussions à ce sujet avec le candidat et par la suite, avec le Président sur la nécessité d’une telle réintégration ainsi que les divers avantages que la Mauritanie ainsi que sa diaspora, pouvaient en tirer.
Je me réjouis des avancées du dossier et de ses derniers développements et salue la décision des chefs d’Etat de la communauté tendant à la réintégration de notre pays sans passer par des phases intermédiaires qui ne feraient que retarder le processus d’intégration.
Le Maroc a obtenu un accord de principe. La Mauritanie a été invitée à demander une réadmission,...
Il est clair que la demande d’intégration du Royaume du Maroc à cet ensemble, a fortement impacté sur la décision de la réunion de Monrovia. La résolution concernant la Mauritanie devrait être prise au vol par les autorités mauritaniennes en charge du dossier pour boucler le dossier d’intégration au plus vite.
J’ai toutefois une certaine crainte que l’on ne puisse pas apprécier à sa juste valeur la sage décision des Présidents de la CEDEAO concernant notre pays, qui devra désormais acter avec diligence pour parachever son processus de réintégration afin de retrouver sa place normale dans cet espace économique sous-régional.
Nous avons encore en mémoire les apports féconds tant appréciés de nos experts nationaux du secteur public, Armée, Police, Douane, Impôts, Industrie, Commerce, Pêche, Agriculture et Elevage ainsi que ceux du secteur privé, qui ont toujours su défendre au mieux les intérêts de notre pays au sein de cette organisation, en ouvrant les produits de nos petites industries locales naissantes aux avantages douaniers liés à leurs exportations au sein de ce marché commun sous-régional. Ce fut une période de grande stimulation intellectuelle où seule la force des idées et de l’argumentaire pouvait convaincre les experts des autres pays. De ces réunions, nos experts revenaient toujours avec davantage d’expérience.
Comment expliquez-vous le retrait de la Mauritanie de la CEDEAO en 2000?
Je n’ai pas toute l’explication. Ce que je peux dire est que la malédiction des retombées attendues de la découverte du pétrole avait entraîné en l’an 2000, le repli de la Mauritanie sur elle-même pensant éviter ainsi la ruée de nombreux étrangers attirés par les retombées financières de la manne attendue. Ce fut la première erreur d’interprétation de certains conseillers zélés.
Ce repli qui s’est renforcé par l’introduction de nouvelles taxes de séjour frappant les résidents étrangers ainsi que leurs familles, a fortement affecté tous les secteurs de l’activité nationale, l’enseignement dans les écoles privées, les médecins dans les cliniques privées, le secteur du bâtiment et des services etc…, car cette main-d’œuvre facile et à bon marché dont la Mauritanie n’avait pas contribué à la formation, s’est vue frustrée et a préféré prendre le large, ce qui eut un impact sur la qualité de notre enseignement et sur bien d’autres secteurs de l’activité économique nationale.
Le recensement des étrangers sur le territoire national ainsi que leur contrôle relève des prérogatives des pouvoirs publics et ne peut faire l’objet d’aucune contestation mais certaines conventions doivent être respectées et la réciprocité des mesures doit être de mise, surtout qu’il ne faut jamais oublier que nos compatriotes bénéficient souvent de conditions exceptionnelles de résidence dans des pays tiers sans que la réciprocité ne soit toujours de mise.
Les conseillers de nos gouvernants oublient souvent que nos compatriotes de la diaspora africaine disposent d’importants moyens financiers et matériels dans leurs pays de résidence et méritent d’être protégés par les autorités mauritaniennes, en facilitant le séjour sur notre sol des résidents étrangers remplissant les conditions requises de séjour et dont les moyens sont sans commune mesure avec ceux de nos compatriotes de la diaspora.
Notre sortie de la CEDEAO avait privé les opérateurs nationaux de sources de financement extérieur telle que la BOAD, ce que nos banques locales, souvent sélectives et peu mobilisatrices de ressources longues, n’ont pu suppléer mais, avec cette nouvelle donne, l’espoir peut être permis que les sources de financement extérieur ne manqueront plus et que les opérateurs économiques mauritaniens seront bientôt à nouveau éligibles aux sources de financement et aux divers mécanismes de financement qu’offre la Communauté.
Je me réjouis que notre décision de réintégration de la CEDEAO ainsi que l’avis plus que favorable émis par la commission qui arrive à un moment où l’on parle de partage de production de gaz et de pétrole entre la Mauritanie et le Sénégal, deux pays devenus potentiellement très riches et dont les habitants n’auront peut-être plus besoin à l’avenir, de s’expatrier pour pouvoir subvenir à leurs besoins fondamentaux .
Comment devra-t-on interpréter cette demande de réadmission de la Mauritanie?
C’est une décision très sage qui doit être traitée rapidement. Ma crainte vient du fait que certains milieux par un nombrilisme désuet ou simple orgueil mal placé, tenteraient de retarder cette réintégration, ce qui pourrait entraîner des dégâts collatéraux.
Le dossier Maroc pourrait en souffrir si au plan juridique, malgré l’accord de principe des chefs d’Etat de la Commission, l’exception de la non-continuité des territoires du marché commun en un seul et unique ensemble devait être soulevé lors de la prochaine session de la CEDEAO. La réintégration effective de la Mauritanie avant cette date, pourrait régler le cas du Maroc.
Par ailleurs, je suis fort optimiste du fait que la Tunisie ait obtenu un statut de membre observateur. L’Algérie ne tardera pas à se manifester pour une intégration progressive. La Libye suivra sans doute, dès qu’elle se remettra de ses problèmes internes. Ainsi, l’Union du Maghreb Arabe va se retrouver dans la CEDEAO qui connaîtra alors, une profonde mutation dans ses structures et ses objectifs.
Cette apparente “dissolution” de l’Union du Maghreb Arabe au sein de la CEDEAO ne poserait-elle pas des problèmes de compatibilité?
Du fait de la disparité des économies qui vont former ce nouveau marché commun africain, on ne parlera plus dans l’immédiat de critères de convergence des économies des pays qui composent la communauté ni de monnaie unique au sein de cet ensemble où nul ne pourra désormais souffrir de problème identitaire ou d’ego car regroupant en son sein des arabes, anglophones, francophones et autres, riches ou pauvres mais tous mus pour un meilleur destin commun, dans l’intérêt des peuples de cet ensemble économique.
Le développement et l’intégration africaine ne se fera que par des regroupements économiques à travers des communautés économiques régionales dynamiques et par des cercles concentriques où les besoins en matière de développement de chaque zone seront mieux cernés et optimisés pour en faciliter la réalisation dans un contexte régional mieux maîtrisé.
C’est pour nous le moment de préparer nos équipes d’experts multi-sectorielles selon des critères de compétence et de probité intellectuelle et morale pour participer de façon efficiente, à cette œuvre commune afin de mieux défendre nos intérêts au sein de cette nouvelle communauté économique où la Mauritanie doit reprendre sa place et s’ouvrir au monde extérieur et confronter ses cadres aux exigences et réalités du monde moderne ainsi qu’aux contacts féconds des autres nations
La place naturelle de la Mauritanie se trouve dans l’espace de la CEDEAO où nos compatriotes ont l’habitude de commercer et, notre intégration dans l’espace de l’Union du Maghreb Arabe n’a attiré aucun investissement autre que des coiffeurs, des bouchers, divers restaurateurs et vendeurs de fruits et légumes non commercialisables sur leur marché local, alors qu’aucun Mauritanien ne peut disposer de licence pour ouvrir un quelconque commerce de proximité dans l’un quelconque des pays du Maghreb.
Les produits alimentaires en provenance du Maroc sont en train de tuer notre agriculture et nos cultures maraichères et désorganisent notre petite industrie naissante sans que des investissements importants soient réalisés comme c’est le cas pour certains pays de l’UMA dans plusieurs pays africains sur des fonds souverains.
C’est regrettable mais, malgré tous les espoirs qu’elle avait suscité, force est de constater que l’Union du Maghreb Arabe ne peut pas fonctionner du fait des questions de leadership avec des implications idéologiques qui la plaquent au sol, ce qui explique que ses membres soient désormais obligés de se rabattre vers d’autres ensembles régionaux africains.
Quel est votre sentiment sur l’offensive économique du Maroc en Afrique Sub-Saharienne?
L’on ne peut que s’en réjouir tout en regrettant que ce ne soit pas la Mauritanie qui joue un tel rôle. Car, tout est parti de la cession de la Banque Sénégalo Tunisienne dont les autorités sénégalaises avaient proposé la reprise à la Banque Mauritanienne pour le Commerce International (BMCI) au vu de ses résultats en Mauritanie ainsi qu’en Gambie et son entrée au Mali en actionnaire important avec la BNP PARIBAS.
Cette transaction malgré les efforts soutenus de notre ami et frère Pierre Goudiaby Atépa, n’avait pas pu aboutir du fait de la partie mauritanienne pour des considérations futiles mais surtout, du fait d’un manque cruel de ressources humaines locales capables, à l’époque, de faire face aux différents challenges et chantiers entrepris par la BMCI sous l’impulsion du Président Directeur Général, SIDI MOHAMED ABASS.
La nature ayant horreur du vide , Attijariwafa bank s’etait positionnée et, forte de ses résultats et de son succès au Sénégal , elle n’a cessé depuis lors, de lancer ses tentacules dans toute l’Afrique et son développement exponentiel a été accompagné par les autorités du royaume qui ont concomitamment facilité l’expansion de leurs entreprises hors du Maroc à travers toute l’Afrique.
Cette leçon de promotion économique des entreprises marocaines sous l’impulsion du Palais royal prouve à dessein qu’aucun secteur privé national pourvoyeur d’emplois et de richesses, ne peut se développer sans le concours et le support de l’Etat qui doit en faire un véritable partenaire et promouvoir son développement et son expansion en l’invitant à ses missions et visites d’Etat pour faciliter la promotion du pays et aucune dichotomie ou dualité ne doit exister entre les pouvoirs publics et le secteur privé national qui doit être mu par le développement économique et social du pays auquel il a un rôle citoyen à jouer.
Nous avons ainsi raté le coche et aurions pu jouer aujourd’hui, le rôle de leader africain de la finance et encadrer les opérateurs économiques nationaux à se diversifier pour s’implanter et gagner des marchés dans les pays africains comme le firent les regrettés précurseurs Bamba Ould Sidi Bady et Abdallahi Ould Noueygued devant lesquels, je m’incline à nouveau pour leurs visions prospectives.
Financial Afrik