Marwane Ben Yahmed ne comprend pas la situation de Ousmane Sonko, condamné à deux de prison ferme. «C’est compliqué. Dès que vous vous rendez ou si vous êtes arrêté, on refait votre procès. C’est quand même assez particulier, je ne crois pas que ça existe ailleurs dans le monde. Donc, il y a cette équation aujourd’hui. On voit que le pouvoir ne s’est pas très bien quoi faire avec lui, que lui-même a l’air les idées entre se rendre et ne pas se rendre, etc », a-t-il dit.
Le directeur de Jeune Afrique tente de raisonner. « Je pense que dans sa trajectoire personnelle, il préférerait, peut-être d’être arrêté. Mais, en tout cas, on voit là qu’il y a une situation qui n’est pas normale. Quel que soit ce que l’on pense de sa condamnation, quand vous êtes condamné, partout dans le monde, vous êtes arrêté et vous effectuez votre peine. Ou alors, vous allez en cassation. Mais là on est dans une phase où il ne se passe rien, une phase d’attente« , a fait savoir Marwane.
La Posture de Sonko
Il ne comprend pas la posture du leader de Pastef face à la justice. «J’ai un peu du mal à comprendre que qui que ce soit, quel que soit le justiciable, partout sur la planète, puisse dire, « moi je ne réponds pas à la justice » (…) Ça me parait pas être l’exemple à donner aux sénégalais lambdas, qui eux, s’ils sont convoqués par la justice, n’ont pas trop le choix. Donc, déjà , c’est une posture que je trouve, un peu bancale (…) », tonne le directeur de Jeune Afrique.
Adji Sarr et Mame Mbaye
Marwane Ben Yahmed n’a pas fait dans la dentelle pour éplucher l’affaire Ousmane Sonko. «Tout le monde parle de l’affaire Adji Sarr, mais là où Ousmane Sonko a commis une erreur, c’est vraiment dans l’affaire Mame Mbaye Niang. Parce qu’il a fait n’importe quoi avec son rapport, en accusant Mame Mbaye Niang de détournement, sans preuves. Partout sur la planète ça s’appelle de la diffamation. Donc, il a quelque part, tendu le bâton pour se faire battre« , clame-t-il
L’aubaine pour l’Etat
Il poursuit : « maintenant, après que ses adversaires aient sauté sur l’occasion pour le rendre inéligible, c’est aussi une évidence. Je ne dis pas que c’est normal, mais ils sont engagés dans un combat. Dans un combat les règles ne sont pas toujours très, très moralement acceptables, et que lui a engagé un bras de fer très violent, il faut quand même, là aussi, remettre les responsabilités chez tout le monde.»
«N’importe où, ailleurs en Afrique il aurait déjà été incarcéré»
M. Ben Yahmed n’a pas non plus de doute quant à la responsabilité de Ousmane Sonko dans les nombreux dégâts matériels et décès suite aux émeutes de mars 2021 et juin 2023. «Les morts, dont vous avez parlez, les manifestations qui ont dérapés, les saccages qu’il y a eu à Dakar, les actes de vandalisme, quelque parts quand vous envoyez, vous-même, responsable politique, des jeunes en les appelant à l’insurrection, je ne pense pas qu’on puisse se féliciter d’un tel comportement. En tout cas je ne pense pas que c’est ce que l’on attend de nos dirigeants politiques quels qu’ils soient. Encore une fois je n’ai pas de jugement sur le fond de l’affaire, mais je trouve qu’il y a des choses qui se font et des choses qui ne se font pas, et quand vous êtes un politique, vous êtes là pour élever le niveau du débat. Et je ne crois pas qu’il ait été très bon là -dedans.
Il est entré dans une posture, qui est son choix stratégique de guerre à tout prix. Il a eu des propos très très menaçants et violents vis-à -vis du chef de l’Etat. Si vous vous rappelez toutes ses déclarations, n’importe où, ailleurs en Afrique, il aurait déjà été incarcéré sur ses seules déclarations et menaces de mort etc. Donc, son avenir immédiat me semble un peu compliqué, judiciaire comme électoral« , a-t-il soutenu.
L’avenir politique
Il parle de l’avenir politique du maire de Ziguinchor, qui selon lui, risque d’être compliqué. «Ça va être compliqué pour lui, d’autant que, comme il n’a plus, aujourd’hui l’argument du troisième mandat (…) que les autres opposants qui faisaient preuve de solidarité avec lui se frottent les mains de sa situation, parce qu’ils n’ont plus l’opposant numéro un dans les pattes, et que donc, il y a une place à prendre dans la compétition électorale, donc je crains pour lui qu’il se retrouve un peu seul, en dehors de ses troupes« , a dit Marwane.