AU NOM DE DIEU LE CLÉMENT, LE MISÉRICORDIEUX
LOUANGE AU SEIGNEUR DES MONDES QUI GRATIFIE QUI IL VEUT ! QU’ALLAH ACCORDE UN SALUT SANS FIN A L’ARCHETYPE DE L’HUMANITE, LE PROPHETE MOHAMMAD (SWS) AINSI QU’A SA FAMILLE ET SES COMPAGNONS HONORABLES. QU’HONNEUR DEMEURE PERENNE A TRAVERS LE MAGAL SUR CELUI QUI EST SON SERVITEUR INEGALABLE, CHEIKH AHMADOU BAMBA.
Pour toute communauté religieuse il existe un jour qui est idéologiquement le symbole de leur identité. Ainsi pour le musulman mouride noir, ce 18 Safar est celui de la délivrance, de l’entame d’une contribution scientifique à la marche de l’humanité ou tout simplement le jour porteur de la bonne nouvelle quant aux promesses de Cheikh Ahmadou Bamba.
En ce qu’il fut la face et le symbole d’une révolution ayant pour substratum le culte exclusif de Dieu et la servitude du prophète Mohamed (PSL), Serigne Touba se dressa pour sauver son peuple par ricochet. Sans ce jour-ci notre destin de disciple pouvait être différent. Bienheureux alors que le saint aux habits blancs immaculés présenta sa candidature pour hisser haut le drapeau de l’Islam face aux eaux troubles de la colonisation et l’acculturation.
Pour un événement célébré même au paradis qui, par essence est un lieu échappant à la notion de la durée, le Magal échappe à l’usure du temps.
Bien évidemment cette année est bien distincte avec l’existence de la pandémie du Coronavirus. En respectant les mesures sanitaires Touba a décidé de marquer le jour en apportant la prière. Au demeurant face à l’impuissance des technologies, devrons-nous pas tendre la main au Seigneur pour demander à Dieu de nous débarrasser de ce mal ? C’est sous ce sens positif qu’il faut analyser la décision de commémorer dans la communion cette édition en respectant les mesures de barrières sanitaires. Alors puisse As Shafii accepter la prière de guérison formulée par des millions de musulmans aujourd’hui à la mesure de la sourate qui proclame : « Nous faisons descendre du Coran, ce qui est une guérison et une miséricorde pour les croyants. » (Coran: 17/82)
Aussi ce jour permet de jeter un regard introspectif sur les épreuves inhumaines que le Saint de Touba a endurées comme test de foi. Au demeurant ce virus demeure aussi un test pour l’humanité. C’est d’ailleurs ce lien qui fait que l’étude de sa posture face aux épreuves révèle un intérêt contemporain certain. De fait les épreuves sont indissociables de la foi musulmane. Dans la Sourate Mohammed 47-31 il est confirmé : « Nous vous éprouverons certes afin de distinguer ceux d’entre vous qui luttent [pour la cause d’Allah] et qui endurent, et afin d’éprouver [faire apparaître] vos nouvelles. ».
Abordant dans ce sens le prophète Mohammed (psl) nous enseigne : « achaddou n-naci bala anal-anbiyaou thoumma l amthalou fa -l -amthà l. (Les gens qui sont les plus éprouvés sont les prophètes puis ceux qui ont le plus d’épreuves après eux ce sont ceux qui viennent après les prophètes en degré).
Oui il fut bien éprouvé notre Cheikh surtout à partir de ce jour. Et au pinacle de ces épreuves figure le vécu de l’injustice et l’incompréhension des hommes à son égard. D’emblée sur l’échiquier politico-religieux de 1895 il eut à faire front à l’injustice du commandant Leclerc une autorité coloniale influençable à souhait et l’animosité des chefs locaux qui voyaient par le non-paiement des impôts immérités des mourides une désobéissance civile qui remettait en cause leur pseudo diktat.
Le sort semblait être jeté quand les calomniateurs sachant qu’il n’avait pas l’habitude de répondre à aucune autorité, soufflèrent au gouverneur qu’il n’allait point déférer à leur convocation. Ainsi le retour de mission de Maam Thierno ce matin-ci coïncide avec la préparation de son cheval.
Dans son optique un esclave de Dieu se satisfaisant de son destin et du décret divin ne se devait de tergiverser sur ce qui était inévitable. Ici il s’agissait au premier chef de la confrontation proche de Jewol. Mais un esclave si exalté que lui savait aussi qu’en s’abandonnant à Dieu tout en s’attachant à la Sunna prophétique, rien de mal ne pouvait lui arriver.
Au demeurant remettre sa vie entre les mains du Seigneur est un concept qu’il appliqua toute sa vie durant.
Et Serigne Bassirou Mbacké de nous rassurer en écrivant dans Minanoul Baqil khadim : « à ce moment, le monde l’abandonna (les damels déchus) et lui reprit toute sa parure. (…) En revanche les connaissances gnostiques virent à lui et les sublimes stations le privilégièrent. (…) autant s’assombrirent, à cause de son départ les visages de ses mourides et de ses amis intimes, autant s’éclaircirent à cause de sa compagnie les visages des compagnons célestes : les âmes des guerriers du Badr et leur renfort, les anges supérieurs. Voilà pourquoi il proclame dans Assirou qu’il marchait en compagnie des vertueux, alors que les ennemis croyaient qu’il était leur captif.
Ainsi après le procès du bureau du gouverneur de l’AOF, Cheikh Ahmadou Bamba devint un Mutagharib (pauvre expatrié) devant aller être jeté dans le Jazira (l’ile) du Gabon où le plus grand malheur semblait pouvoir être le fait qu’il ne rencontrât personne qui fut en quête de Dieu ou de sa voie (Sabil).
Dès lors seul, il se résolut à adorer le Seigneur et à servir le prophète Élu. Ceci lui permit d’arriver à l’état où il pouvait prétendre écrire que les mois et les jours étaient devenus pour lui comme des personnes (ashkas) qui lui tenaient compagnie.
Par le biais de la guerre sainte des passions (Mujahid li Nafs) il atteignit ainsi le sommet de la sainteté pour devenir comme le soleil (kash shams). Il raconte lui-même que l’écriture du poème Muqqadatoul Khidma (préambule au service) fut l’élément qui précipita ces épreuves car Dieu aurait exaucé ses prières sous la forme de peines pour une grâce infinie.
Il prit exemple sur la ténacité des prophètes face aux épreuves confrontées. Car à bien des égards, il connut des situations semblables aux siennes. Comme lui par exemple le prophète Joseph (PSL) connut l’éloignement de sa patrie et le bannissement. Le prophète Ibrahima (PSL) fut jeté dans le feu avant de s’exiler en abandonnant sa femme et ses enfants. Le prophète Mohammed (PSL) subit à bas âge la perte de personnes chères pendant que le prophète Ayoub (PSL) perdit la santé. Autant de faits qui se retrouvèrent dans sa vie éprouvée.
Mais pour un homme de Dieu l’affliction de malheurs est aussi symbole de récompenses tout en étant une manière d’affirmer les vertus.
Si le prophète Mohammed n’avait pas subi moult malheurs, nous ne saurions décrire ses qualités hautement magnanimes. Pour ce cas-ci il est clair que si Cheikhoul khadim n’avait pas vécu l’adversité on ne saurait faire part de son caractère admirable dont l’administrateur colonial Lesselves fait écho.
Ayant surmonté toutes ces expériences, il pouvait maintenant se prévaloir de cet état qu’il décrit dans un de ses derniers poèmes : « Dieu s’enorgueillit de moi devant les nobles et illustrés et mon existence fait plaisir au prophète (psl). »
En effet sa récompense est inégalable. Et pour preuve dans le poème composé en 1926 par le Grand Maître Naqshbandi Cheikh Omar Kurdi sollicitant son appui pour la prise en charge des lieux saints de l’Islam et de leurs habitants après l’abolition du Khalifat de 1924 qui priva les musulmans sunnites d’une autorité centrale. Il consigne : « Nous voici au nom des Médinois te présentant les hommages et les remerciements dus à ton illustre rang. Tu es notre protecteur et notre sauveur, nous le clamons haut et fort afin que les contemporains et les générations futures trouvent la voie du Salut et du Bonheur. Daignes, Ô Cheikh ! Poser sur nous ton regard sanctissime afin de purifier nos âmes et apaiser nos craintes. Sois magnanime avec les habitants de Médine et satisfais leur requête eu égard au Prophète élu. » Se faisant plus distinct le poète Abdallâh As-Salim de la Mauritanie témoigne à son égard « le guide et fierté, le​ Prestige et la grandeur, tu ne peux avoir de rival » avant de renchérir « tu pouvais être prophète Si Dieu n’avait décidé qu’aucune révélation ne serait faite après le prophète (PSL). »
Aussi durant ces épreuves il développa une méthodologie de la patience sans commune mesure ! Cette patience qu’il hérita les compagnons élus du Prophète Mohammed. C’est ainsi qu’il ne manifestait point sa colère lorsque les spahis ivres se permettaient de souiller sa mosquée faite uniquement de 4 pierres dans le camp. Au demeurant cette persévérance est une constance de sa vie. Serigne Bassirou Mbacké dénote : « le Cheikh savait supporter maintes douleurs, braver les plus graves périls avec calme et douleurs sans se laisser aller par la colère, que pour plaire à Dieu. Il supportait l’effort, c’était un plaisir pour lui que de travailler continuellement en se donnant à sa tache corps et âme. Il faisait preuve de générosité et de bonté dans le bonheur. De patience et de fermeté dans le malheur, il affrontait les obstacles sans ne se soucier de personne. »
De telles qualités, nous permettrons à coup sûr de relever tout défi fut-il pandémique. Le Covid-19 a tué plus d’un million de personnes dans le monde avec des dizaines de millions porteurs du virus. Ce sont des chiffres face auxquels nos sociétés semblent complètement dépassées. Aussi à la question de savoir comment nous mourides devons-nous aborder une telle crise. La réponse est irrévocable : avec la même foi et la même confiance à Dieu après s’être rendu compte de la vanité de la vie. Positivement parlant la souffrance permet à un retour vers Dieu tout en accroissant les rangs du croyant. En cela, elle permet de purifier des péchés tout en renforçant spirituellement et émotionnellement. Donc demeurons stoïques face à cette épidémie !
Traitant du sujet lors de la Tabaski, je vous exhortais à un certain nombre de principes salutaires car comme il l’affirme dans Axiroul Zaman : « hazaz zamanou zamanous soukouti wa zamanoul-louzoumi lilbouyouti (cette époque est une époque d’observance (motus et bouche cousue) tout en s’isolant dans les maisons). »
De par des actions de grâce, nous pourrons nous sauver de cette épidémie. Au respect des mesures sanitaires de distanciation et du port obligatoire du masque excellons aussi dans les aumônes dont le prophète Mohammed (SWS) dira qu’ils se dressent face aux calamités (Tabarani).
A un niveau plus global de la géopolitique, le coronavirus est venu révéler de manière éloquente la faillite des systèmes et la banqueroute d’une certaine vision du monde. D’une situation d’urgence sanitaire, s’est rapidement transposée une crise située au cœur même de l’économie mondiale. Je vous ai beaucoup de fois parlé des crises multidimensionnelles qui se manifestent par cette mondialisation débordée, le bafouement des droits des travailleurs, une croissance des états sans développement, la concentration des richesses entre les mains d’une minorité de nantis et la pauvreté des masses. Dans une économie mondiale basée sur la concurrence et la recherche du profit à tout prix l’organisation sociale s’avère dysfonctionnelle.
Nul doute qu’un vaccin sera trouvé car Dieu est notre refuge et tout secours ne vient que de Lui. Mais corrélativement à la découverte d’un vaccin, un ordre nouveau s’impose. Tout au plus il nous faudra revenir aux bonnes pratiques en insistant sur la solidarité et l’entraide. Aussi un nouveau modèle de développement équivaudrait à accepter de produire mieux et utile pour la consommation. Cela sous entendrait aussi revenir à la nature biologique et vivre une vie simple. Dans ce changement sociétal l’homme doit être au cœur de l’action. C’est à dire comme dans la philosophie de Serigne Touba un modèle de développement qui préserve la dignité humaine en assurant ses droits fondamentaux à l’éducation, à la santé et au logement. Pour une croissance qualitative et quantitative l’homme devra de nouveau être au centre des préoccupations.
Au demeurant un leadership d’éthique devra être aussi fécondé. A l’image des Cheikhs de Serigne Touba qui insistaient beaucoup sur le bien commun, le sens de la citoyenneté participative et l’intérêt du groupe au dépend de l’individualisme doit être de mise. On a assisté ces dernières années à un phénomène de crise du charisme dans le monde.
Ainsi arrivent au pouvoir, des personnes dénuées de tout sens de moral ou de leaders peu conscients de l’intérêt général. Devant ce fait, les bons et les intelligents fuient le pouvoir qui se retrouve de plus en plus corrompu. Dans une période d’épidémie ceci a pour conséquence d’ouvrir la voie au diktat de ceux qui rejettent la science même.
Mais je demeure convaincu que cette épidémie s’inscrit dans une séquence qui porte en germes les ferments de potentiels bouleversements. Jusqu’à ce que nous parvenons à ce stade et face à la perte de contrôle, nous mourides devront savoir que notre allégeance à Serigne Touba est la seule porte du salut, celle qui nous amène à Dieu.
Assamaleikum wa rahmatoulah
Serigne Khadim Lô Gaydel
LOUANGE AU SEIGNEUR DES MONDES QUI GRATIFIE QUI IL VEUT ! QU’ALLAH ACCORDE UN SALUT SANS FIN A L’ARCHETYPE DE L’HUMANITE, LE PROPHETE MOHAMMAD (SWS) AINSI QU’A SA FAMILLE ET SES COMPAGNONS HONORABLES. QU’HONNEUR DEMEURE PERENNE A TRAVERS LE MAGAL SUR CELUI QUI EST SON SERVITEUR INEGALABLE, CHEIKH AHMADOU BAMBA.
Pour toute communauté religieuse il existe un jour qui est idéologiquement le symbole de leur identité. Ainsi pour le musulman mouride noir, ce 18 Safar est celui de la délivrance, de l’entame d’une contribution scientifique à la marche de l’humanité ou tout simplement le jour porteur de la bonne nouvelle quant aux promesses de Cheikh Ahmadou Bamba.
En ce qu’il fut la face et le symbole d’une révolution ayant pour substratum le culte exclusif de Dieu et la servitude du prophète Mohamed (PSL), Serigne Touba se dressa pour sauver son peuple par ricochet. Sans ce jour-ci notre destin de disciple pouvait être différent. Bienheureux alors que le saint aux habits blancs immaculés présenta sa candidature pour hisser haut le drapeau de l’Islam face aux eaux troubles de la colonisation et l’acculturation.
Pour un événement célébré même au paradis qui, par essence est un lieu échappant à la notion de la durée, le Magal échappe à l’usure du temps.
Bien évidemment cette année est bien distincte avec l’existence de la pandémie du Coronavirus. En respectant les mesures sanitaires Touba a décidé de marquer le jour en apportant la prière. Au demeurant face à l’impuissance des technologies, devrons-nous pas tendre la main au Seigneur pour demander à Dieu de nous débarrasser de ce mal ? C’est sous ce sens positif qu’il faut analyser la décision de commémorer dans la communion cette édition en respectant les mesures de barrières sanitaires. Alors puisse As Shafii accepter la prière de guérison formulée par des millions de musulmans aujourd’hui à la mesure de la sourate qui proclame : « Nous faisons descendre du Coran, ce qui est une guérison et une miséricorde pour les croyants. » (Coran: 17/82)
Aussi ce jour permet de jeter un regard introspectif sur les épreuves inhumaines que le Saint de Touba a endurées comme test de foi. Au demeurant ce virus demeure aussi un test pour l’humanité. C’est d’ailleurs ce lien qui fait que l’étude de sa posture face aux épreuves révèle un intérêt contemporain certain. De fait les épreuves sont indissociables de la foi musulmane. Dans la Sourate Mohammed 47-31 il est confirmé : « Nous vous éprouverons certes afin de distinguer ceux d’entre vous qui luttent [pour la cause d’Allah] et qui endurent, et afin d’éprouver [faire apparaître] vos nouvelles. ».
Abordant dans ce sens le prophète Mohammed (psl) nous enseigne : « achaddou n-naci bala anal-anbiyaou thoumma l amthalou fa -l -amthà l. (Les gens qui sont les plus éprouvés sont les prophètes puis ceux qui ont le plus d’épreuves après eux ce sont ceux qui viennent après les prophètes en degré).
Oui il fut bien éprouvé notre Cheikh surtout à partir de ce jour. Et au pinacle de ces épreuves figure le vécu de l’injustice et l’incompréhension des hommes à son égard. D’emblée sur l’échiquier politico-religieux de 1895 il eut à faire front à l’injustice du commandant Leclerc une autorité coloniale influençable à souhait et l’animosité des chefs locaux qui voyaient par le non-paiement des impôts immérités des mourides une désobéissance civile qui remettait en cause leur pseudo diktat.
Le sort semblait être jeté quand les calomniateurs sachant qu’il n’avait pas l’habitude de répondre à aucune autorité, soufflèrent au gouverneur qu’il n’allait point déférer à leur convocation. Ainsi le retour de mission de Maam Thierno ce matin-ci coïncide avec la préparation de son cheval.
Dans son optique un esclave de Dieu se satisfaisant de son destin et du décret divin ne se devait de tergiverser sur ce qui était inévitable. Ici il s’agissait au premier chef de la confrontation proche de Jewol. Mais un esclave si exalté que lui savait aussi qu’en s’abandonnant à Dieu tout en s’attachant à la Sunna prophétique, rien de mal ne pouvait lui arriver.
Au demeurant remettre sa vie entre les mains du Seigneur est un concept qu’il appliqua toute sa vie durant.
Et Serigne Bassirou Mbacké de nous rassurer en écrivant dans Minanoul Baqil khadim : « à ce moment, le monde l’abandonna (les damels déchus) et lui reprit toute sa parure. (…) En revanche les connaissances gnostiques virent à lui et les sublimes stations le privilégièrent. (…) autant s’assombrirent, à cause de son départ les visages de ses mourides et de ses amis intimes, autant s’éclaircirent à cause de sa compagnie les visages des compagnons célestes : les âmes des guerriers du Badr et leur renfort, les anges supérieurs. Voilà pourquoi il proclame dans Assirou qu’il marchait en compagnie des vertueux, alors que les ennemis croyaient qu’il était leur captif.
Ainsi après le procès du bureau du gouverneur de l’AOF, Cheikh Ahmadou Bamba devint un Mutagharib (pauvre expatrié) devant aller être jeté dans le Jazira (l’ile) du Gabon où le plus grand malheur semblait pouvoir être le fait qu’il ne rencontrât personne qui fut en quête de Dieu ou de sa voie (Sabil).
Dès lors seul, il se résolut à adorer le Seigneur et à servir le prophète Élu. Ceci lui permit d’arriver à l’état où il pouvait prétendre écrire que les mois et les jours étaient devenus pour lui comme des personnes (ashkas) qui lui tenaient compagnie.
Par le biais de la guerre sainte des passions (Mujahid li Nafs) il atteignit ainsi le sommet de la sainteté pour devenir comme le soleil (kash shams). Il raconte lui-même que l’écriture du poème Muqqadatoul Khidma (préambule au service) fut l’élément qui précipita ces épreuves car Dieu aurait exaucé ses prières sous la forme de peines pour une grâce infinie.
Il prit exemple sur la ténacité des prophètes face aux épreuves confrontées. Car à bien des égards, il connut des situations semblables aux siennes. Comme lui par exemple le prophète Joseph (PSL) connut l’éloignement de sa patrie et le bannissement. Le prophète Ibrahima (PSL) fut jeté dans le feu avant de s’exiler en abandonnant sa femme et ses enfants. Le prophète Mohammed (PSL) subit à bas âge la perte de personnes chères pendant que le prophète Ayoub (PSL) perdit la santé. Autant de faits qui se retrouvèrent dans sa vie éprouvée.
Mais pour un homme de Dieu l’affliction de malheurs est aussi symbole de récompenses tout en étant une manière d’affirmer les vertus.
Si le prophète Mohammed n’avait pas subi moult malheurs, nous ne saurions décrire ses qualités hautement magnanimes. Pour ce cas-ci il est clair que si Cheikhoul khadim n’avait pas vécu l’adversité on ne saurait faire part de son caractère admirable dont l’administrateur colonial Lesselves fait écho.
Ayant surmonté toutes ces expériences, il pouvait maintenant se prévaloir de cet état qu’il décrit dans un de ses derniers poèmes : « Dieu s’enorgueillit de moi devant les nobles et illustrés et mon existence fait plaisir au prophète (psl). »
En effet sa récompense est inégalable. Et pour preuve dans le poème composé en 1926 par le Grand Maître Naqshbandi Cheikh Omar Kurdi sollicitant son appui pour la prise en charge des lieux saints de l’Islam et de leurs habitants après l’abolition du Khalifat de 1924 qui priva les musulmans sunnites d’une autorité centrale. Il consigne : « Nous voici au nom des Médinois te présentant les hommages et les remerciements dus à ton illustre rang. Tu es notre protecteur et notre sauveur, nous le clamons haut et fort afin que les contemporains et les générations futures trouvent la voie du Salut et du Bonheur. Daignes, Ô Cheikh ! Poser sur nous ton regard sanctissime afin de purifier nos âmes et apaiser nos craintes. Sois magnanime avec les habitants de Médine et satisfais leur requête eu égard au Prophète élu. » Se faisant plus distinct le poète Abdallâh As-Salim de la Mauritanie témoigne à son égard « le guide et fierté, le​ Prestige et la grandeur, tu ne peux avoir de rival » avant de renchérir « tu pouvais être prophète Si Dieu n’avait décidé qu’aucune révélation ne serait faite après le prophète (PSL). »
Aussi durant ces épreuves il développa une méthodologie de la patience sans commune mesure ! Cette patience qu’il hérita les compagnons élus du Prophète Mohammed. C’est ainsi qu’il ne manifestait point sa colère lorsque les spahis ivres se permettaient de souiller sa mosquée faite uniquement de 4 pierres dans le camp. Au demeurant cette persévérance est une constance de sa vie. Serigne Bassirou Mbacké dénote : « le Cheikh savait supporter maintes douleurs, braver les plus graves périls avec calme et douleurs sans se laisser aller par la colère, que pour plaire à Dieu. Il supportait l’effort, c’était un plaisir pour lui que de travailler continuellement en se donnant à sa tache corps et âme. Il faisait preuve de générosité et de bonté dans le bonheur. De patience et de fermeté dans le malheur, il affrontait les obstacles sans ne se soucier de personne. »
De telles qualités, nous permettrons à coup sûr de relever tout défi fut-il pandémique. Le Covid-19 a tué plus d’un million de personnes dans le monde avec des dizaines de millions porteurs du virus. Ce sont des chiffres face auxquels nos sociétés semblent complètement dépassées. Aussi à la question de savoir comment nous mourides devons-nous aborder une telle crise. La réponse est irrévocable : avec la même foi et la même confiance à Dieu après s’être rendu compte de la vanité de la vie. Positivement parlant la souffrance permet à un retour vers Dieu tout en accroissant les rangs du croyant. En cela, elle permet de purifier des péchés tout en renforçant spirituellement et émotionnellement. Donc demeurons stoïques face à cette épidémie !
Traitant du sujet lors de la Tabaski, je vous exhortais à un certain nombre de principes salutaires car comme il l’affirme dans Axiroul Zaman : « hazaz zamanou zamanous soukouti wa zamanoul-louzoumi lilbouyouti (cette époque est une époque d’observance (motus et bouche cousue) tout en s’isolant dans les maisons). »
De par des actions de grâce, nous pourrons nous sauver de cette épidémie. Au respect des mesures sanitaires de distanciation et du port obligatoire du masque excellons aussi dans les aumônes dont le prophète Mohammed (SWS) dira qu’ils se dressent face aux calamités (Tabarani).
A un niveau plus global de la géopolitique, le coronavirus est venu révéler de manière éloquente la faillite des systèmes et la banqueroute d’une certaine vision du monde. D’une situation d’urgence sanitaire, s’est rapidement transposée une crise située au cœur même de l’économie mondiale. Je vous ai beaucoup de fois parlé des crises multidimensionnelles qui se manifestent par cette mondialisation débordée, le bafouement des droits des travailleurs, une croissance des états sans développement, la concentration des richesses entre les mains d’une minorité de nantis et la pauvreté des masses. Dans une économie mondiale basée sur la concurrence et la recherche du profit à tout prix l’organisation sociale s’avère dysfonctionnelle.
Nul doute qu’un vaccin sera trouvé car Dieu est notre refuge et tout secours ne vient que de Lui. Mais corrélativement à la découverte d’un vaccin, un ordre nouveau s’impose. Tout au plus il nous faudra revenir aux bonnes pratiques en insistant sur la solidarité et l’entraide. Aussi un nouveau modèle de développement équivaudrait à accepter de produire mieux et utile pour la consommation. Cela sous entendrait aussi revenir à la nature biologique et vivre une vie simple. Dans ce changement sociétal l’homme doit être au cœur de l’action. C’est à dire comme dans la philosophie de Serigne Touba un modèle de développement qui préserve la dignité humaine en assurant ses droits fondamentaux à l’éducation, à la santé et au logement. Pour une croissance qualitative et quantitative l’homme devra de nouveau être au centre des préoccupations.
Au demeurant un leadership d’éthique devra être aussi fécondé. A l’image des Cheikhs de Serigne Touba qui insistaient beaucoup sur le bien commun, le sens de la citoyenneté participative et l’intérêt du groupe au dépend de l’individualisme doit être de mise. On a assisté ces dernières années à un phénomène de crise du charisme dans le monde.
Ainsi arrivent au pouvoir, des personnes dénuées de tout sens de moral ou de leaders peu conscients de l’intérêt général. Devant ce fait, les bons et les intelligents fuient le pouvoir qui se retrouve de plus en plus corrompu. Dans une période d’épidémie ceci a pour conséquence d’ouvrir la voie au diktat de ceux qui rejettent la science même.
Mais je demeure convaincu que cette épidémie s’inscrit dans une séquence qui porte en germes les ferments de potentiels bouleversements. Jusqu’à ce que nous parvenons à ce stade et face à la perte de contrôle, nous mourides devront savoir que notre allégeance à Serigne Touba est la seule porte du salut, celle qui nous amène à Dieu.
Assamaleikum wa rahmatoulah
Serigne Khadim Lô Gaydel