ATTAQUE DANS LE DEUIL DE SA MERE «c’est le signal attendu pour abattre un fils qui se retrouve ainsi sans père ni mère»
L’ouverture formelle des hostilités (entre Abdoulaye Wade et Macky Sall, Ndlr) a lieu le 04 octobre 2007. Macky SaIl porte encore le deuil de sa maman décédée 10 jours plus tôt, le 23 septembre. C’est comme si le décès de la maman était le signal attendu pour abattre un fils qui se retrouve ainsi sans père ni mère, dans le but de protéger les intérêts d’un autre fils ayant le privilège d’être entouré des siens. Sur le terrain politique, les ins- tances de base du parti sont action- nées, et on rivalise d’ardeur dans l’agi- tation contre Macky. Sur le plan insti- tutionnel, Abdoulaye Wade, par l’en- tremise de son neveu Doudou Wade, mobilise la majorité écrasante des députés de son parti contre le Président de l’Assemblée. Quelques députés résistent encore, dont cer- tains élus de Fatick, le fief politique du Président de l’Assemblée nationale. Mbaye Ndiaye et Moustapha Cissé Lo se distinguent héroïquement, à cette époque, dans la défense de la République assiégée, en prenant la tête de ce groupe de parlementaires résistants, en érosion continue.»
Après cet épisode, s’ouvre l’ère de l’iso- lation de Macky qui trouvera auprès de sa femme le réconfort moral nécessaire au révélateur de son talent insoupçonné de «gawlo»...
LA SOLITUDE
D’UN CONDAMNE
«Marième Faye
s’improvise griotte
pour remonter le moral
de Macky sall»
La pression, c’est aussi sur tous ceux qui sont réputés plus ou moins proches de Macky, qu’ils soient du Pds ou non. Tous les moyens sont bons pour faire le vide autour du paria désigné. Ses amis sont systéma- tiquement éradiqués de l’espace insti- tutionnel, éjectés sans ménagement des postes de responsabilité qu’ils occupent. L’inquisition s’installe, et quiconque veut abattre son adversaire l’accuse d’être proche de Macky SaIl. Sa cour devient plus déserte encore. Quelques rares fidèles continuent à braver le système, en manifestant leurs liens avec ce condamné. Des élé- ments des services de renseignement, clairement identifiés, font le guet pour procéder au pointage de tous ceux qui pénètrent à son domicile, du réveil au coucher. Marème, dévouée et loyale, de manière inflexible, est toujours
présente pour lui remonter le moral déjà solide. Parfois, elle s’improvise griotte, «gawlo» de son toucouleur de mari, et se met à évoquer sa généalo- gie en des termes glorieux et requin- quants. Soit c’est la lignée paternelle des «Laamtoros» SaIl, ces illustres rois du Tooro médiéval, soit c’est l’épopée des indomptables «Koliabés », clan maternel de Macky. L’objectif recher- ché est toujours le même : aiguiser la fierté et la combativité de son homme.»
En fin stratège, Abdoulaye Wade va confier cette opération de liquidation de son «dauphin» aux députés libé- raux qui s’acquitteront convenable- ment de la mission (...).
LA SALE BESOGNE AUX DEPUTES
«Macky joue au dur, mais on va l’humilier et le
détruire carrément»
(...)L’histoire retiendrait que pour venir à bout de Macky SaIl, Abdoulaye Wade a été obligé de recourir à l’infamie, en exerçant sur la Constitution des manipulations monstrueuses. À ce stade des choses, le président de la République entre- tient encore en lui l’espoir que le Président de l’Assemblée nationale, se sentant sans issue, accepterait finale-
ment de démissionner, avant que le texte négativement historique ne soit étudié par le Parlement qui a déjà éta- bli son calendrier à cette fin. Abdoulaye Wade y croit encore, et actionne ses ultimes leviers à cette fin. L’une de ces manœuvres va toucher directement Harouna Dia, proche ami de Macky, vivant à Ouagadougou où il mène des affaires prospères. L’homme d’affaires, alarmé, tente en vain de joindre son ami. Finalement, il se rabat sur l’épouse de celui-ci, en grande détresse. «Marème, mais l’heure est grave ! Où est Macky?», s’inquiète-t-il depuis la capitale burki- nabè. «Il n’est pas sur place», répond Mme SalI, avant de s’enquérir : «Qu’est-ce qui se passe?» Harouna Dia s’explique. Un Conseiller du Président Wade, au cœur de toutes les manœuvres contre le Président de l’Assemblée nationale depuis le début de la crise, vient de l’appeler pour lui tenir ce discours radical et alarmant : «Macky veut jouer au dur avec nous, mais il va le regretter pour le reste de sa vie. On va l‘humilier, le détruire carrément. On a de bonnes informa- tions sur sa situation. Il ne dispose pas d’argent en réserve. Nous savons de quoi nous parlons. On connaît la position exacte de ses comptes. Et nous savons aussi que même s’il dis- pose de bien immobilier à Dakar, cela n’a rien de ce que devrait être la rési- dence d’un ancien Premier ministre et ancien président de l’Assemblée nationale; en plus d’être présentement en location. Si on l’expulse de son logement de fonction, il ne dispose d’aucun cadre de repli automatique. S’il s’était montré coopératif, on l’au- rait laissé dans ce logement et on l’au- rait aidé à acquérir une maison digne de son rang. Mais puisqu’il choisit la confrontation, on va faire voter la loi dans la semaine, il sera viré de l’Assemblée nationale et le même jour, il sera expulsé de son logement de fonction. On va jeter ses bagages dans la rue où il se retrouvera avec sa famille. Dites-le-Iui». L’homme d’af- faires expatrié, très attaché à Macky depuis qu’il a fait sa connaissance par le canal de Wade, a posé un acte fort, dès le début de la guerre, en choisis- sant le camp du faible qu’il considère comme un ami proche, et en tournant le dos au tout puissant président de la République du Sénégal. Et l’alerte qu’il vient de recevoir l’a sérieusement ébranlé.
Déjà au courant des limites finan- cières de sa proie, le système Wade va s’employer à empêcher Macky Sall de trouver un logement digne de son standing. Enième croc-en-jambe, énième échec (...).
LA QUETE DIFFICILE D’UNE MAISON «Macky ne possède
pas la somme nécessaire pour couvrir
un an de loyer»
Au retour de Macky, il est informé par sa femme. Il appelle Harouna Dia qui revient sur son entretien télépho-
nique avec le conseiller du Président Wade. Décision est aussitôt prise de trouver une maison en location et de préparer le repli de la famille Sall là- bas. Car les informations livrées par ce proche collaborateur d’Abdoulaye Wade sont conformes à la réalité. Macky SalI ne possède pas de maison de standing à Dakar qui pourrait l’ac- cueillir, s’il devait quitter son loge- ment de fonction. Quant à l’argent, il n’en a pas non plus. Il dispose dans ses comptes d’avoirs inférieurs aux reve- nus mensuels du Premier ministre qu’il a été pendant plus de trois ans, ou du Président de l’Assemblée natio- nale qu’il est encore, certainement pour une très courte période. Mais tout cela ne semble pas l’ébranler davantage qu’il ne le manifeste depuis le début de cet acharnement contre lui. La quête d’une maison de location s’avère difficile. On soupçonne forte- ment une main invisible de dissuader les opérateurs ciblés de louer une maison à un homme traqué par l’État. Elle aboutit finalement à une villa de grand standing à Fann-Résidence. Le souci a été exprimé d’éviter de confor- ter les autres dans leur sentiment qu’ils peuvent faire basculer le destin de leur adversaire et l’envoyer dans les abîmes. Dans ce sens, il est souhaita- ble qu’il soit bien relogé en quittant la petite villa de fonction qu’il a occupée pendant toute sa présence aux affaires, depuis qu’il était simple ministre jusqu’à maintenant qu’il est Président de l’Assemblée nationale, après avoir été ministre d’État puis Premier ministre. Cette petite villa de fonction à elle seule, d’ailleurs, sym- bolise toute la sobriété de Macky qui, même aux cimes de la grandeur aux côtés du Président Wade dont il était le second immédiat, n’a jamais senti le besoin de changer de résidence, renonçant à occuper le Petit Palais, domicile traditionnel des chefs du gouvernement. Quoi qu’il en soit, le Président de l’Assemblée nationale en sursis ne possède pas la somme nécessaire pour couvrir un an de loyer. On est sur le point de rompre les négociations. Des amis intervien- nent, opportunément, pour le tirer de ce mauvais pas. Ils apportent leur soutien, et le coût du loyer pour un an est mobilisé et versé au bailleur, ce qui ouvre la voie à la signature du contrat de location. On prend aussi- tôt possession de la villa et le démé- nagement commence. C’est une rési- dence immense, sur trois niveaux, avec des pièces démesurées, surtout les salons (...).
Sorti à Paris le mardi 27 octobre 2015, le livre «Macky Sall, contre vents et marées» est arrivé au Sénégal, le samedi 31 octobre dernier. Mais les procédures douanières l’ont retenu à l’aéroport jusqu’à hier. La cérémonie de dédicaces est prévue le 14 novembre prochain, à 16 heures, à l’hôtel Terrou Bi.

iBRAHiMA diAKHABY
l'obs
L’ouverture formelle des hostilités (entre Abdoulaye Wade et Macky Sall, Ndlr) a lieu le 04 octobre 2007. Macky SaIl porte encore le deuil de sa maman décédée 10 jours plus tôt, le 23 septembre. C’est comme si le décès de la maman était le signal attendu pour abattre un fils qui se retrouve ainsi sans père ni mère, dans le but de protéger les intérêts d’un autre fils ayant le privilège d’être entouré des siens. Sur le terrain politique, les ins- tances de base du parti sont action- nées, et on rivalise d’ardeur dans l’agi- tation contre Macky. Sur le plan insti- tutionnel, Abdoulaye Wade, par l’en- tremise de son neveu Doudou Wade, mobilise la majorité écrasante des députés de son parti contre le Président de l’Assemblée. Quelques députés résistent encore, dont cer- tains élus de Fatick, le fief politique du Président de l’Assemblée nationale. Mbaye Ndiaye et Moustapha Cissé Lo se distinguent héroïquement, à cette époque, dans la défense de la République assiégée, en prenant la tête de ce groupe de parlementaires résistants, en érosion continue.»
Après cet épisode, s’ouvre l’ère de l’iso- lation de Macky qui trouvera auprès de sa femme le réconfort moral nécessaire au révélateur de son talent insoupçonné de «gawlo»...
LA SOLITUDE
D’UN CONDAMNE
«Marième Faye
s’improvise griotte
pour remonter le moral
de Macky sall»
La pression, c’est aussi sur tous ceux qui sont réputés plus ou moins proches de Macky, qu’ils soient du Pds ou non. Tous les moyens sont bons pour faire le vide autour du paria désigné. Ses amis sont systéma- tiquement éradiqués de l’espace insti- tutionnel, éjectés sans ménagement des postes de responsabilité qu’ils occupent. L’inquisition s’installe, et quiconque veut abattre son adversaire l’accuse d’être proche de Macky SaIl. Sa cour devient plus déserte encore. Quelques rares fidèles continuent à braver le système, en manifestant leurs liens avec ce condamné. Des élé- ments des services de renseignement, clairement identifiés, font le guet pour procéder au pointage de tous ceux qui pénètrent à son domicile, du réveil au coucher. Marème, dévouée et loyale, de manière inflexible, est toujours
présente pour lui remonter le moral déjà solide. Parfois, elle s’improvise griotte, «gawlo» de son toucouleur de mari, et se met à évoquer sa généalo- gie en des termes glorieux et requin- quants. Soit c’est la lignée paternelle des «Laamtoros» SaIl, ces illustres rois du Tooro médiéval, soit c’est l’épopée des indomptables «Koliabés », clan maternel de Macky. L’objectif recher- ché est toujours le même : aiguiser la fierté et la combativité de son homme.»
En fin stratège, Abdoulaye Wade va confier cette opération de liquidation de son «dauphin» aux députés libé- raux qui s’acquitteront convenable- ment de la mission (...).
LA SALE BESOGNE AUX DEPUTES
«Macky joue au dur, mais on va l’humilier et le
détruire carrément»
(...)L’histoire retiendrait que pour venir à bout de Macky SaIl, Abdoulaye Wade a été obligé de recourir à l’infamie, en exerçant sur la Constitution des manipulations monstrueuses. À ce stade des choses, le président de la République entre- tient encore en lui l’espoir que le Président de l’Assemblée nationale, se sentant sans issue, accepterait finale-
ment de démissionner, avant que le texte négativement historique ne soit étudié par le Parlement qui a déjà éta- bli son calendrier à cette fin. Abdoulaye Wade y croit encore, et actionne ses ultimes leviers à cette fin. L’une de ces manœuvres va toucher directement Harouna Dia, proche ami de Macky, vivant à Ouagadougou où il mène des affaires prospères. L’homme d’affaires, alarmé, tente en vain de joindre son ami. Finalement, il se rabat sur l’épouse de celui-ci, en grande détresse. «Marème, mais l’heure est grave ! Où est Macky?», s’inquiète-t-il depuis la capitale burki- nabè. «Il n’est pas sur place», répond Mme SalI, avant de s’enquérir : «Qu’est-ce qui se passe?» Harouna Dia s’explique. Un Conseiller du Président Wade, au cœur de toutes les manœuvres contre le Président de l’Assemblée nationale depuis le début de la crise, vient de l’appeler pour lui tenir ce discours radical et alarmant : «Macky veut jouer au dur avec nous, mais il va le regretter pour le reste de sa vie. On va l‘humilier, le détruire carrément. On a de bonnes informa- tions sur sa situation. Il ne dispose pas d’argent en réserve. Nous savons de quoi nous parlons. On connaît la position exacte de ses comptes. Et nous savons aussi que même s’il dis- pose de bien immobilier à Dakar, cela n’a rien de ce que devrait être la rési- dence d’un ancien Premier ministre et ancien président de l’Assemblée nationale; en plus d’être présentement en location. Si on l’expulse de son logement de fonction, il ne dispose d’aucun cadre de repli automatique. S’il s’était montré coopératif, on l’au- rait laissé dans ce logement et on l’au- rait aidé à acquérir une maison digne de son rang. Mais puisqu’il choisit la confrontation, on va faire voter la loi dans la semaine, il sera viré de l’Assemblée nationale et le même jour, il sera expulsé de son logement de fonction. On va jeter ses bagages dans la rue où il se retrouvera avec sa famille. Dites-le-Iui». L’homme d’af- faires expatrié, très attaché à Macky depuis qu’il a fait sa connaissance par le canal de Wade, a posé un acte fort, dès le début de la guerre, en choisis- sant le camp du faible qu’il considère comme un ami proche, et en tournant le dos au tout puissant président de la République du Sénégal. Et l’alerte qu’il vient de recevoir l’a sérieusement ébranlé.
Déjà au courant des limites finan- cières de sa proie, le système Wade va s’employer à empêcher Macky Sall de trouver un logement digne de son standing. Enième croc-en-jambe, énième échec (...).
LA QUETE DIFFICILE D’UNE MAISON «Macky ne possède
pas la somme nécessaire pour couvrir
un an de loyer»
Au retour de Macky, il est informé par sa femme. Il appelle Harouna Dia qui revient sur son entretien télépho-
nique avec le conseiller du Président Wade. Décision est aussitôt prise de trouver une maison en location et de préparer le repli de la famille Sall là- bas. Car les informations livrées par ce proche collaborateur d’Abdoulaye Wade sont conformes à la réalité. Macky SalI ne possède pas de maison de standing à Dakar qui pourrait l’ac- cueillir, s’il devait quitter son loge- ment de fonction. Quant à l’argent, il n’en a pas non plus. Il dispose dans ses comptes d’avoirs inférieurs aux reve- nus mensuels du Premier ministre qu’il a été pendant plus de trois ans, ou du Président de l’Assemblée natio- nale qu’il est encore, certainement pour une très courte période. Mais tout cela ne semble pas l’ébranler davantage qu’il ne le manifeste depuis le début de cet acharnement contre lui. La quête d’une maison de location s’avère difficile. On soupçonne forte- ment une main invisible de dissuader les opérateurs ciblés de louer une maison à un homme traqué par l’État. Elle aboutit finalement à une villa de grand standing à Fann-Résidence. Le souci a été exprimé d’éviter de confor- ter les autres dans leur sentiment qu’ils peuvent faire basculer le destin de leur adversaire et l’envoyer dans les abîmes. Dans ce sens, il est souhaita- ble qu’il soit bien relogé en quittant la petite villa de fonction qu’il a occupée pendant toute sa présence aux affaires, depuis qu’il était simple ministre jusqu’à maintenant qu’il est Président de l’Assemblée nationale, après avoir été ministre d’État puis Premier ministre. Cette petite villa de fonction à elle seule, d’ailleurs, sym- bolise toute la sobriété de Macky qui, même aux cimes de la grandeur aux côtés du Président Wade dont il était le second immédiat, n’a jamais senti le besoin de changer de résidence, renonçant à occuper le Petit Palais, domicile traditionnel des chefs du gouvernement. Quoi qu’il en soit, le Président de l’Assemblée nationale en sursis ne possède pas la somme nécessaire pour couvrir un an de loyer. On est sur le point de rompre les négociations. Des amis intervien- nent, opportunément, pour le tirer de ce mauvais pas. Ils apportent leur soutien, et le coût du loyer pour un an est mobilisé et versé au bailleur, ce qui ouvre la voie à la signature du contrat de location. On prend aussi- tôt possession de la villa et le démé- nagement commence. C’est une rési- dence immense, sur trois niveaux, avec des pièces démesurées, surtout les salons (...).
Sorti à Paris le mardi 27 octobre 2015, le livre «Macky Sall, contre vents et marées» est arrivé au Sénégal, le samedi 31 octobre dernier. Mais les procédures douanières l’ont retenu à l’aéroport jusqu’à hier. La cérémonie de dédicaces est prévue le 14 novembre prochain, à 16 heures, à l’hôtel Terrou Bi.

iBRAHiMA diAKHABY
l'obs