Parcours politique, brouille avec Wade, affaire Karim, politique économique du Sénégal, dépénalisation des délits de presse ou de l’homosexualité. Autant de sujets que le Président sénégalais a abordé en direct sur I-Télé, hier, face à la très pugnace Audrey Pulvar.
Parlant de son parcours politique, Macky Sall a déclaré avec un brin de nostalgie : «Je suis très honoré d’être un Président de la République issu du produit national et de l’enseignement public de mon pays. J’ai fait mes études entièrement au Sénégal, du primaire à l’université, où je suis sorti ingénieur géologue.»
Le Chef de l’État d’ajouter : «pendant la période estudiantine, j’ai été Maoïste. J’ai quitté les mouvements de gauche à l’université étant conscient que ma fibre n’était pas d’être marxiste, mais je combattais à l’époque un système. La gauche sénégalaise a été la meilleure école de formation des élites. Plus tard, je suis sorti. J’ai embrassé le libéralisme, depuis 1988, engagé cette philosophie libérale. Je suis un libéral- social. J’ai gardé le caractère social dans ma politique libérale.»
De Mao au libéralisme...
C’est cette formation que Macky Sall dit appliquer aujourd’hui qu’il est à la tête du Sénégal lui qui dit : «Je développe une politique libérale avec une forte connotation sociale. Ce que nous voulons, c’est une politique qui s’inspire des politiques économiques, mais qui se base sur la philosophie de la liberté de l’individu dans un environnement où l’Etat doit intervenir et réguler pour aider les plus faibles.»
«Je ne le lui souhaite pas la prison, mais ce dossier a été jugé et c’est le respect de la chose jugée», déclare le Président Sall en parlant de Karim Wade et des accusations qui lui valent la prison. S’offusquant du fait qu’on ne parle que d’une seule personne dans cette affaire où d’autres individus sont en prison, le Chef de l’Etat est revenu sur la décision du groupe de travail de l’Onu dans laquelle le Sénégal a été jugé par défaut à la suite du retard, à un jour près, de ses réponses.
«Le Gouvernement a eu tort», a lâché le Président qui a souligné que l’État a saisi le comité et qu’une décision devrait tomber dans les prochains jours.
Parlant des délits de presse, Macky Sall s’est voulu catégorique : on ne verra jamais un journaliste être emprisonné sous son magistère : «Au Sénégal, il y a eu un débat qui a précédé mon arrivée à la tête du pays. Un code de la presse a été engagé, le Gouvernement l’avait transféré au Parlement, les députés n’ont pas voulu le voter. Je me suis engagé à travailler pour la dépénalisation des délits de presse. Vous ne verrez jamais, sous ma gouvernance, un journaliste mis en prison pour un délit de presse. C’est normal, lorsqu’on intervient sur une matière qui touche à la sécurité nationale, on doit être interpellé. Ce n’est pas parce qu’on est journalistes, qu’on est au-dessus des lois. Le délit de presse n’est pas dépénalisé, mais les journalistes n’ont aucun discours au Sénégal. Nous y travaillons, j’ai demandé à mon groupe parlementaire de reprendre ce projet et de l’adopter prochainement au Parlement.»
«La délinquance en col blanc a fait trop de mal à l’Afrique»
S’il est indulgent avec les journalistes, le successeur de Me Wade affiche une fermeté à l’encontre des délinquants à col blanc : «Déjà candidat, j’avais indiqué que si j’étais élu, j’allais mettre en place des politiques qui allaient lutter contre la gabegie, les détournements de deniers publics, contre la délinquance financière, surtout la délinquance en col blanc qui a fait trop de mal à l’Afrique, qui souffre de manque de ressources de toutes sortes.»
Une croissance de 7% en ligne de mire
Au Sénégal, ajoute par ailleurs le Président, «sur une population de 13.6 millions, nous avons moins de 400.000 salariés, mais plus de 2 millions de travailleurs informels. Nous avons lancé une politique de recensement de toute cette économie informelle. Le taux de chômage, je le situerais entre 16 et 18/20%, c’est beaucoup mais nous avons une population très jeune, 65% de la population a moins de 25 ans. Plus de 70% n’ont pas encore 35 ans. C’est à la fois important mais relativement correct si on intègre tout ce qui est informel et non pris en charge dans les statistiques officielles.»
Au passage, Macky Sall a magnifié les actes posés par son homologue français dans le cadre de la lutte contre le terrorisme : «Ce que François Hollande a fait au Mali a été remarquable. Si cette opération Serval n’avait pas eu lieu, peut-être aujourd’hui on ne parlerait plus du Mali. Ce qui a été fait en Centrafrique, il faut le saluer. Il faut professionnaliser les armées africaines, et il faut beaucoup de moyens pour faire face à ces groupes terroristes, qui n’ont pas de contraintes. L’Etat islamique (El) a accès à des ressources pétrolières qu’il vend. Ce n’est pas rien si des groupes comme Boko Haram s’allient à l’EI. La Tunisie est un pays ami qui se bat pour contrer le terrorisme dans son pays. Elle doit être aidée et accompagnée. La France ne peut pas être seule présente en Afrique. Il faut que l’Europe participe pleinement dans cette campagne. Si les questions se posent chez nous, elles se posent aussi chez vous. Les problèmes sont globaux. Nos Etats n’ont pas les moyens de faire face, nos urgences sont ailleurs, sur la santé et l’éducation.»
Abordant le drame des migrants, le Chef de l’État déclare : «Je récuse le terme de migration économique. Il y a une caricature qui est faite. On ne peut pas dire que tous ceux qui sont Africains et qui migrent sont des migrants économiques. Ça ne correspond pas à la réalité. Les réfugiés en Europe, c’est pas les Africains. Ils font moins de 4% des réfugiés globalement. La question est sensible en ce moment, mais le vrai problème, c’est le drame qui se passe dans la Méditerranée. Près de 3.000 morts, je ne dirais pas dans l’indifférence, mais avec une réponse inappropriée. Faudrait-il dire que tous ceux qui viennent de Syrie sont des réfugiés, et dire que ceux qui viennent du sud sont des migrants économiques ? Ce ne serait pas juste pour l’Afrique.»
Parlant de son parcours politique, Macky Sall a déclaré avec un brin de nostalgie : «Je suis très honoré d’être un Président de la République issu du produit national et de l’enseignement public de mon pays. J’ai fait mes études entièrement au Sénégal, du primaire à l’université, où je suis sorti ingénieur géologue.»
Le Chef de l’État d’ajouter : «pendant la période estudiantine, j’ai été Maoïste. J’ai quitté les mouvements de gauche à l’université étant conscient que ma fibre n’était pas d’être marxiste, mais je combattais à l’époque un système. La gauche sénégalaise a été la meilleure école de formation des élites. Plus tard, je suis sorti. J’ai embrassé le libéralisme, depuis 1988, engagé cette philosophie libérale. Je suis un libéral- social. J’ai gardé le caractère social dans ma politique libérale.»
De Mao au libéralisme...
C’est cette formation que Macky Sall dit appliquer aujourd’hui qu’il est à la tête du Sénégal lui qui dit : «Je développe une politique libérale avec une forte connotation sociale. Ce que nous voulons, c’est une politique qui s’inspire des politiques économiques, mais qui se base sur la philosophie de la liberté de l’individu dans un environnement où l’Etat doit intervenir et réguler pour aider les plus faibles.»
«Je ne le lui souhaite pas la prison, mais ce dossier a été jugé et c’est le respect de la chose jugée», déclare le Président Sall en parlant de Karim Wade et des accusations qui lui valent la prison. S’offusquant du fait qu’on ne parle que d’une seule personne dans cette affaire où d’autres individus sont en prison, le Chef de l’Etat est revenu sur la décision du groupe de travail de l’Onu dans laquelle le Sénégal a été jugé par défaut à la suite du retard, à un jour près, de ses réponses.
«Le Gouvernement a eu tort», a lâché le Président qui a souligné que l’État a saisi le comité et qu’une décision devrait tomber dans les prochains jours.
Parlant des délits de presse, Macky Sall s’est voulu catégorique : on ne verra jamais un journaliste être emprisonné sous son magistère : «Au Sénégal, il y a eu un débat qui a précédé mon arrivée à la tête du pays. Un code de la presse a été engagé, le Gouvernement l’avait transféré au Parlement, les députés n’ont pas voulu le voter. Je me suis engagé à travailler pour la dépénalisation des délits de presse. Vous ne verrez jamais, sous ma gouvernance, un journaliste mis en prison pour un délit de presse. C’est normal, lorsqu’on intervient sur une matière qui touche à la sécurité nationale, on doit être interpellé. Ce n’est pas parce qu’on est journalistes, qu’on est au-dessus des lois. Le délit de presse n’est pas dépénalisé, mais les journalistes n’ont aucun discours au Sénégal. Nous y travaillons, j’ai demandé à mon groupe parlementaire de reprendre ce projet et de l’adopter prochainement au Parlement.»
«La délinquance en col blanc a fait trop de mal à l’Afrique»
S’il est indulgent avec les journalistes, le successeur de Me Wade affiche une fermeté à l’encontre des délinquants à col blanc : «Déjà candidat, j’avais indiqué que si j’étais élu, j’allais mettre en place des politiques qui allaient lutter contre la gabegie, les détournements de deniers publics, contre la délinquance financière, surtout la délinquance en col blanc qui a fait trop de mal à l’Afrique, qui souffre de manque de ressources de toutes sortes.»
Une croissance de 7% en ligne de mire
Au Sénégal, ajoute par ailleurs le Président, «sur une population de 13.6 millions, nous avons moins de 400.000 salariés, mais plus de 2 millions de travailleurs informels. Nous avons lancé une politique de recensement de toute cette économie informelle. Le taux de chômage, je le situerais entre 16 et 18/20%, c’est beaucoup mais nous avons une population très jeune, 65% de la population a moins de 25 ans. Plus de 70% n’ont pas encore 35 ans. C’est à la fois important mais relativement correct si on intègre tout ce qui est informel et non pris en charge dans les statistiques officielles.»
Au passage, Macky Sall a magnifié les actes posés par son homologue français dans le cadre de la lutte contre le terrorisme : «Ce que François Hollande a fait au Mali a été remarquable. Si cette opération Serval n’avait pas eu lieu, peut-être aujourd’hui on ne parlerait plus du Mali. Ce qui a été fait en Centrafrique, il faut le saluer. Il faut professionnaliser les armées africaines, et il faut beaucoup de moyens pour faire face à ces groupes terroristes, qui n’ont pas de contraintes. L’Etat islamique (El) a accès à des ressources pétrolières qu’il vend. Ce n’est pas rien si des groupes comme Boko Haram s’allient à l’EI. La Tunisie est un pays ami qui se bat pour contrer le terrorisme dans son pays. Elle doit être aidée et accompagnée. La France ne peut pas être seule présente en Afrique. Il faut que l’Europe participe pleinement dans cette campagne. Si les questions se posent chez nous, elles se posent aussi chez vous. Les problèmes sont globaux. Nos Etats n’ont pas les moyens de faire face, nos urgences sont ailleurs, sur la santé et l’éducation.»
Abordant le drame des migrants, le Chef de l’État déclare : «Je récuse le terme de migration économique. Il y a une caricature qui est faite. On ne peut pas dire que tous ceux qui sont Africains et qui migrent sont des migrants économiques. Ça ne correspond pas à la réalité. Les réfugiés en Europe, c’est pas les Africains. Ils font moins de 4% des réfugiés globalement. La question est sensible en ce moment, mais le vrai problème, c’est le drame qui se passe dans la Méditerranée. Près de 3.000 morts, je ne dirais pas dans l’indifférence, mais avec une réponse inappropriée. Faudrait-il dire que tous ceux qui viennent de Syrie sont des réfugiés, et dire que ceux qui viennent du sud sont des migrants économiques ? Ce ne serait pas juste pour l’Afrique.»