Ces mouvements de la société civile se sont proposés pour rôle de contrer les « excès » des régimes en place et de défendre les droits des citoyens, à équidistance des camps politiques. Néanmoins, leur silence assourdissant de ces derniers temps face aux aléas politiques du moment turlupinent plus d’un.
Serait-ce un manque de volonté commune ou des conflits d’intérêts internes?
Bakary Domingo Mané, spécialiste en communication politique, nous propose quelques pistes de réflexion.
Quelle devrait être, selon vous, la posture de ces mouvements notamment en cette veille d’élections législatives avec tout ce bruit à propos du parrainage et de la validation de certaines listes ?
Le rôle de la société civile est de travailler à l’apaisement du climat politique. Les hommes politiques sont obnubilés par le pouvoir, sa gestion et ses privilèges. Il y a d’un côté les tenants du pouvoir, de l’autre l’opposition et chacun préserve ses intérêts. Maintenant, entre ces deux, se trouve la société civile.
Elle doit agir comme une force d’interposition et d’alerte. Elle ne doit pas attendre que le feu s’allume pour jouer au sapeur-pompier. Parce que quelque part, il y a des signaux qui font peur.
La société civile doit monter au créneau et faire en sorte que le discours va-t-en guerre des deux camps puisse être apaisé et que ces hommes politiques soient ramenés à la raison. Pour ça, il lui faut s’opposer en alternative. Si on prend le cas du parrainage, il y a certaines listes qui ont été rejetées, dans quelles mesures peut-on trouver le juste milieu pour que ces listes puissent rectifier le tir et être acceptées.
La société civile doit faire comprendre aux entités politiques que les élections ne doivent pas être un moment de crispation, une occasion de surenchère, de chaos. Au contraire, elles doivent constituer un moment de retrouvaille de tous les segments de la société et pour ça, il leur faut emboucher la trompette de la paix, montrer que ce qui importe c’est le triomphe de la démocratie et non les calculs politiques. Et c’est seulement à ce niveau-là qu’on attend la société civile sénégalaise
Pourquoi certains d’entre eux comme le M23 ou plus récemment le M2D ont disparu des radars depuis un certain temps ? N’ont-ils pas été fondés sur des bases solides ou se trouvent-ils en face de conflits d’intérêt ?
Essayons d’étudier la naissance de ces mouvements-là. D’abord, vous avez le M23 qui est né à l’occasion des manifestations du 23 juin, cette date qui a été déterminante dans l’arrivée au pouvoir de Macky Sall. Evidemment, ce mouvement-là s’est maintenu mais ce qui s’est passé après, c’est que les responsables de ce mouvement sont restés plus ou moins collés aux tenants du pouvoir si bien que certains d’entre eux ont été promus.
D’ailleurs, la révolte a sonné de l’intérieur et donc des jeunes du M23 ont claqué la porte et ont créé ce qu’on appelle le COS /M23. Quelque part, la léthargie du mouvement M23 ne date pas d’aujourd’hui. Depuis pratiquement le lendemain des manifestations de 2012, il s’est laissé caporaliser par les membres de la mouvance présidentielle.
Quant au MD2, il est également né dans des circonstances particulières et je pense que quand vous associez à la fois les sociétés civiles et les partis politiques, ce n’est pas étonnant qu’à un certain moment, les choses ne marchent plus.
C’est des entités qui n’ont pas les mêmes préoccupations. Les partis politiques sont dans des calculs politiciens or souvent quand il y a des rendez-vous électoraux, ils deviennent obnubilés par l’organisation et pendant ce temps, l’autre entité composante du M2D joue un rôle un peu passif. La léthargie du M2D est liée à la nature même de ce mouvement qui rassemble à la fois deux parties qui n’ont en principe pas les mêmes visions et objectifs. Il est vrai que la société civile est là pour contrôler les actions des hommes politiques donc il ne peut y avoir des hommes politiques en leur sein, ce qui en fait un mélange difficile à maintenir.
Donc, le fait qu’il peine à se maintenir ensemble découle simplement du fait qu’ils n’ont pas les mêmes préoccupations. Je pense aussi que ces mouvements- là, c’est juste un agenda.
Quand vous prenez le M23, c’était construit autour d’un concept qui est la suivante « disons Non au troisième mandat » et surtout au ticket vice-président/président » ou du moins « Non à la dévolution monarchique du pouvoir ».
C’était autour de cela que le M23 a été construit. Donc on peut estimer que c’était du solide dans le sens où ces revendications concernent l’ensemble des segments de ce pays. De ce qu’il advient du M2D, pour moi défendre la démocratie c’est un combat permanent, on exclut cette volonté mais des lors que les préoccupations des uns et des autres diffèrent, certains problèmes se posent
Quelle appréciation générale faites-vous de ces mouvements ?
La société civile vient en complément aux partis politiques qui luttent pour le maintien ou du moins le respect de la démocratie. L’appréciation générale, disons que c’est une présence à demi-teinte. Il y a des fois de ces choses sur lesquelles on aimerait voir la société civile prendre la parole.
Malheureusement, ce qu’on entend, c’est son silence. Mais, il y a de vraies occasions qu’elle ne rate pas.
Sud Quotidien
Serait-ce un manque de volonté commune ou des conflits d’intérêts internes?
Bakary Domingo Mané, spécialiste en communication politique, nous propose quelques pistes de réflexion.
Quelle devrait être, selon vous, la posture de ces mouvements notamment en cette veille d’élections législatives avec tout ce bruit à propos du parrainage et de la validation de certaines listes ?
Le rôle de la société civile est de travailler à l’apaisement du climat politique. Les hommes politiques sont obnubilés par le pouvoir, sa gestion et ses privilèges. Il y a d’un côté les tenants du pouvoir, de l’autre l’opposition et chacun préserve ses intérêts. Maintenant, entre ces deux, se trouve la société civile.
Elle doit agir comme une force d’interposition et d’alerte. Elle ne doit pas attendre que le feu s’allume pour jouer au sapeur-pompier. Parce que quelque part, il y a des signaux qui font peur.
La société civile doit monter au créneau et faire en sorte que le discours va-t-en guerre des deux camps puisse être apaisé et que ces hommes politiques soient ramenés à la raison. Pour ça, il lui faut s’opposer en alternative. Si on prend le cas du parrainage, il y a certaines listes qui ont été rejetées, dans quelles mesures peut-on trouver le juste milieu pour que ces listes puissent rectifier le tir et être acceptées.
La société civile doit faire comprendre aux entités politiques que les élections ne doivent pas être un moment de crispation, une occasion de surenchère, de chaos. Au contraire, elles doivent constituer un moment de retrouvaille de tous les segments de la société et pour ça, il leur faut emboucher la trompette de la paix, montrer que ce qui importe c’est le triomphe de la démocratie et non les calculs politiques. Et c’est seulement à ce niveau-là qu’on attend la société civile sénégalaise
Pourquoi certains d’entre eux comme le M23 ou plus récemment le M2D ont disparu des radars depuis un certain temps ? N’ont-ils pas été fondés sur des bases solides ou se trouvent-ils en face de conflits d’intérêt ?
Essayons d’étudier la naissance de ces mouvements-là. D’abord, vous avez le M23 qui est né à l’occasion des manifestations du 23 juin, cette date qui a été déterminante dans l’arrivée au pouvoir de Macky Sall. Evidemment, ce mouvement-là s’est maintenu mais ce qui s’est passé après, c’est que les responsables de ce mouvement sont restés plus ou moins collés aux tenants du pouvoir si bien que certains d’entre eux ont été promus.
D’ailleurs, la révolte a sonné de l’intérieur et donc des jeunes du M23 ont claqué la porte et ont créé ce qu’on appelle le COS /M23. Quelque part, la léthargie du mouvement M23 ne date pas d’aujourd’hui. Depuis pratiquement le lendemain des manifestations de 2012, il s’est laissé caporaliser par les membres de la mouvance présidentielle.
Quant au MD2, il est également né dans des circonstances particulières et je pense que quand vous associez à la fois les sociétés civiles et les partis politiques, ce n’est pas étonnant qu’à un certain moment, les choses ne marchent plus.
C’est des entités qui n’ont pas les mêmes préoccupations. Les partis politiques sont dans des calculs politiciens or souvent quand il y a des rendez-vous électoraux, ils deviennent obnubilés par l’organisation et pendant ce temps, l’autre entité composante du M2D joue un rôle un peu passif. La léthargie du M2D est liée à la nature même de ce mouvement qui rassemble à la fois deux parties qui n’ont en principe pas les mêmes visions et objectifs. Il est vrai que la société civile est là pour contrôler les actions des hommes politiques donc il ne peut y avoir des hommes politiques en leur sein, ce qui en fait un mélange difficile à maintenir.
Donc, le fait qu’il peine à se maintenir ensemble découle simplement du fait qu’ils n’ont pas les mêmes préoccupations. Je pense aussi que ces mouvements- là, c’est juste un agenda.
Quand vous prenez le M23, c’était construit autour d’un concept qui est la suivante « disons Non au troisième mandat » et surtout au ticket vice-président/président » ou du moins « Non à la dévolution monarchique du pouvoir ».
C’était autour de cela que le M23 a été construit. Donc on peut estimer que c’était du solide dans le sens où ces revendications concernent l’ensemble des segments de ce pays. De ce qu’il advient du M2D, pour moi défendre la démocratie c’est un combat permanent, on exclut cette volonté mais des lors que les préoccupations des uns et des autres diffèrent, certains problèmes se posent
Quelle appréciation générale faites-vous de ces mouvements ?
La société civile vient en complément aux partis politiques qui luttent pour le maintien ou du moins le respect de la démocratie. L’appréciation générale, disons que c’est une présence à demi-teinte. Il y a des fois de ces choses sur lesquelles on aimerait voir la société civile prendre la parole.
Malheureusement, ce qu’on entend, c’est son silence. Mais, il y a de vraies occasions qu’elle ne rate pas.
Sud Quotidien