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La-traque-des-biens-mal-acquis-au-point-mort-apres-4-ans_


Rédigé le Jeudi 31 Mars 2016 à 13:17 | Lu 62 fois | 2 commentaire(s)




La-traque-des-biens-mal-acquis-au-point-mort-apres-4-ans_
Karim Wade, Bibo Bourgi, Pape Mamadou Pouye, Alioune Samba Diassé sont les premiers condamnés d’une traque qui promettait des lendemains noirs aux caciques du régime libéral sortant. Le candidat investi des libéraux pour la présidentielle de 2019 est encore l’hôte de la prison de Rebeuss pour trois ans. Mais depuis l’emprisonnement du fils de Wade, il est difficile d’occulter le côté politique de la traque, d’autant qu’elle s’intéresse à des responsables politiques de premier plan du Parti démocratique sénégalais (PDS). En novembre 2012, aux premières heures de la traque, le  Procureur spécial Alioune Ndao annonçait  l’ouverture d’une instruction contre Karim Meïssa Wade, Oumar Sarr, Abdoulaye Baldé, Tahibou Ndiaye (ancien directeur du Cadastre) et Doudou Diagne (ex-directeur de l’Urbanisme), Madické Niang et Samuel Sarr par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI). Au cours de cette conférence de presse, il laissait entendre que d’autres noms pouvaient bien être livrés aux enquêteurs de la Section de recherches de la Gendarmerie nationale sise à Colobane chargée des enquêtes.  
En février 2013, une session d’urgence fut convoquée à l’Assemblée nationale pour enlever l’immunité parlementaire des députés libéraux Abdoulaye Baldé, Oumar Sarr et Ousmane Ngom. Depuis, rien de vraiment concret. Le régime de Macky a-t-il renoncé à aller au bout de sa logique de reddition des comptes ? La traque des biens mal acquis (TBMA) est-elle assimilable à un chantage politicien ? En effet, derrière la rhétorique judiciaire apparaissent quelques fissures politiques qui craquellent l’honorabilité de la cause. Alors que le Président a déclaré avoir mis le coude sur certains dossiers, le ralliement de certaines personnalités visées comme Awa Ndiaye, Baïla Wane et Ousmane Ngom laisse perplexe. Ces ralliements confortent une idée répandue sur la connotation politicienne de la TBMA.  
Suffisant pour que la plus farouche défenderesse et initiatrice de ces poursuites monte au créneau pour redonner du crédit à une traque attaquée de toutes parts. ‘‘Les gens ont le droit de militer où ils veulent, mais venir à l’APR ou à Benno bokk yaakaar n’est pas un vaccin contre la traque des biens mal acquis’’, a déclaré Mimi Touré dimanche dernier dans l’émission Grand Jury.  
Les rebelles  
Pour diluer cette amère liqueur politique, l’ancien directeur du Cadastre, Tahibou Ndiaye, est la seule personnalité non politique condamnée par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI). Jugé avec son épouse et deux filles adoptives, ils ont été reconnus coupables d’enrichissement illicite et condamnés à payer la somme globale de 11 milliards 463 millions 961 mille 52 F CFA. Après cinq mois de délibération, Tahibou Ndiaye a été reconnu comme auteur principal. Il a été condamné à cinq ans d’emprisonnement ferme. Seulement la condamnation n’est pas définitive puisque Tahibou Ndiaye et sa famille se sont pourvus en cassation.  
L’ex-sénatrice libérale Aïda Ndiongue et le président de la fédération nationale des cadres libéraux (FNCL), Abdoul Aziz Diop, sont toujours en délicatesse avec Dame justice, après avoir gagné la première manche de la bataille juridique. Les avocats de l’Etat ont fait appel de la relaxe dont ils ont bénéficié, en fin mai 2015. Les deux libéraux sont poursuivis pour escroquerie portant sur des deniers publics estimés à 20 milliards. Ils ont comparu en même temps qu’Amadou Ndiaye et Modou Sall, deux fonctionnaires du ministère de l’Habitat dirigé à l’époque par Oumar Sarr. L’affaire est mise en délibéré pour mardi prochain, 5 avril. Ce ne sera pas la fin de l’imbroglio judiciaire pour Aïda Ndiongue qui a une autre procédure pendante devant le juge d’instruction et une autre à la CREI. ‘‘Si Aïda Ndiongue avait fait comme Awa «Kuddu » Ndiaye, elle n’en serait pas là’’, avait ainsi fulminé Me Baboucar Cissé, durant le procès de la sénatrice libérale, pour s’insurger contre toutes ces procédures.  
Abdoulaye Baldé et Oumar Sarr intouchables ?  
Quid d’Abdoulaye Baldé, secrétaire général de l’Union des centristes du Sénégal (Ucs), inculpé depuis juillet 2014 pour enrichissement illicite portant sur 5 milliards F CFA ? ‘‘Dites au procureur Alioune Ndao que s’il veut la guerre, il l’aura’’, avait-il lancé en pleine campagne pour les Locales de 2014. Traqué par l’ancien Procureur spécial de la CREI, Alioune Ndao, et placé sous contrôle judiciaire, le maire de Ziguinchor a bénéficié d’un contexte particulier pour éviter une audition au fond. En fait, en juin 2014, sa convocation par le maître des poursuites a coïncidé avec la campagne pour les élections locales. L’ex-ministre de la Défense sous Wade était le favori à Ziguinchor. Ainsi, l’intransigeance du Procureur spécial à le convoquer se heurte à la volonté de l’Exécutif de différer la convocation.  
Depuis lors, la procédure semble traîner ou se résume à des mesures conservatoires. Aujourd’hui la pression semble s’être incontestablement relâchée sur l’édile de Ziguinchor, après qu’il a perdu son fromage de président de l’Asscociation des maires du Sénégal (Ams) au profit d’Aliou Sall, frère du président de la République. Cependant, Baldé traîne un passif avec l’actuel Président, puisque Macky Sall alors Premier ministre avait cherché à éjecter ce ‘’sudiste’’ qu’il voyait comme une taupe d’Idrissa Seck à la Présidence, après l’éclatement de l’affaire des Chantiers de Thiès. Une coalition des forces entre Rewmi, l’UCS et Khalifa Sall n’étant pas une idée saugrenue, le maire de Ziguinchor pourrait être inquiété de nouveau.  
Quant à une éventuelle convocation d’Oumar Sarr, elle serait tout aussi délicate, puisqu’il est secrétaire général adjoint du principal parti de l’opposition. C’est dire qu’en l’absence d’Abdoulaye Wade, et l’emprisonnement de Karim, Omar Sarr est de facto le chef de l’opposition sénégalaise. Avec les réformes constitutionnelles qui viennent d’être adoptées par référendum et qui promeuvent le statut d’un chef de l’opposition, sa convocation ne manquera pas d’ouvrir une brèche pour les tenants d’un pouvoir répressif. Après son pied-de-nez à la sécurité intérieure du pays, en décembre 2015 – il s’est rendu en Mauritanie, alors qu’il faisait l’objet d’une interdiction de sortie du territoire-, il a bénéficié d’une levée partielle (?) il y a à peine plus d’un mois.  
Pertes et profits  
Après les montagnes russes émotionnelles suscitées par les déclarations, certaines accusations se sont dégonflées de leurs faramineuses prétentions. C’est le cas de l’ex-ministre d’Etat, Karim Wade. Si aux premières heures de la traque, le prédécesseur du Procureur spécial Cheikh Tidiane Mara avait fixé le montant du préjudice à 694 milliards F CFA, celui-ci a drastiquement baissé jusqu’à 117 milliards F CFA. En ce qui concerne l’ancien député du Parti démocratique sénégalais (PDS), Alioune Aïdara Sylla, ce fut 15 mois de détention préventive, avant la liberté. Accusé d’escroquerie portant sur des deniers publics et de complicité de blanchiment de capitaux portant sur 2 milliards 600 millions F CFA, il a été tout simplement blanchi par le juge d’instruction qui a rendu un non-lieu en sa faveur.  
Même sort pour Awa Ndiaye, épinglée par un rapport d’audit pour malversations (surfacturation d’une unité de cuillère à 37 mille 500 F Cfa). Ayant rejoint le camp marron-beige, elle a aussi bénéficié d’un non-lieu. Par contre, pour l’ex-DG du port Bara Sady, accusé d’un détournement de deniers publics portant sur 48 milliards F CFA, c’est silence radio. Depuis sa mise en liberté provisoire, il n’y a aucune nouvelle de la procédure. Même cas de figure pour l’ancien Directeur général de la Lonase, Baïla Wane. Son dossier dort toujours dans le tiroir du juge d’instruction. C’est différent pour l’ex-administratrice du Fonds de promotion économique, Ndèye Khady Guèye, inculpée pour blanchiment de capitaux, escroquerie portant sur des deniers publics portant sur 1,5 milliard F CFA, qui pourrait être jugée, d’ici peu. D’ailleurs, son procès a été retardé par le parquet qui n’avait pas apprécié qu’elle soit renvoyée pour le délit de détournement uniquement. C’est la première à avoir transigé.  
Ayant frôlé le bûcher après son arrestation musclée à Kolda par des éléments de la GIGN, l’ancien ministre de l’Intérieur Ousmane Ngom, accablé par plusieurs rapports d’audits et visé par la traque des biens mal acquis, semble en odeur de sainteté dans les allées du pouvoir. Ce, bien avant sa démission de son poste de député du PDS. Car auparavant, il a voyagé avec le Président, alors qu’il était frappé d’une interdiction de sortie du territoire comme ses autres frères libéraux visés.  
 Les autres dignitaires sous le régime libéral visés par la traque, à défaut d’avoir disparu des écrans radar, se tiennent à carreau. Aussi, serait-il hasardeux de se prononcer sur leur cas. Ont-ils rejoint l’Apr incognito pour être sous le couvert bienveillant du régime ? La liberté provisoire, pour la plupart, va-t-elle se transformer en liberté définitive ? L’avenir le dira. 
EnQuête

 



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