La fin de l'année 2016 a été marquée par des hausses de prix, voire des pénuries du sucre dans certaines régions isolées du Sénégal mais l'activité de la fabrication de sucre, confiserie et chocolaterie semble reprendre du poil de la bête. Selon la Direction de la prévision et des études économiques (DPEE) une forte progression de plus de 400% en variation trimestrielle, au quatrième trimestre 2016 comparé au trimestre précédent a été enregistrée. Cette forte hausse qui fait suite aux arrêts techniques observés au trimestre précédent au niveau de la Compagnie sucrière sénégalaise (CSS) est portée par le démarrage précoce de la production de sucre au dernier trimestre de 2016 qui s'est traduit par une consolidation de 19,1% de l'activité de la "poudre branche" soit un bond de la production de 122 003 à 127 623 tonnes.
« Au total, un renforcement annuel de 4% de la production de sucre, confiserie et chocolaterie est observé en 2016 ».
Autosuffisance en sucre cette année?
Cette hausse de production est favorisée également par la mise en œuvre du programme KT150. Un programme ambitieux qui incarne la dynamique de la modernisation des usines et de doublement des capacités de la Compagnie Sucrière Sénégalaise qui emploie directement et indirectement environ 18 000 personnes. Ce projet majeur, d'un coût global de 130 milliards de francs cfa sur 8 ans, vise l'atteinte de l'autosuffisance en sucre au Sénégal à l'horizon 2017. Pour ce faire, la compagnie a besoin d'exploiter 3500 ha de terres de plus pour atteindre les 200 000 tonnes tablées, alors que le pays n'a besoin que 150000 tonnes de sucre. Au pays de la « téranga » le sucre est au cœur de tous les foyers dans presque toutes les sauces.
Au grand dam des commerçants
Seule productrice de sucre au Sénégal, la Compagnie Sucrière Sénégalaise (CSS) cultive la canne depuis les années 70 dans le département de Dagana. Elle fait vivre de nombreuses familles et dispose d'une capacité de production de 135.000 tonnes par an mais doit composer souvent avec des éléments hostiles de son environnement. La grève observée, au début du mois de janvier dernier par quelque 300 ouvriers coupeurs a causé un lourd tribut à l'entreprise soit une perte de 1,8 milliard de Fcfa. De plus, nombreux sont les commerçants sénégalais qui ne sont pas ravis de la politique « monopoliste » de la compagnie qui rétrécit, selon eux, leurs marges de bénéfices d'année en année. Pour sa part, la CSS les accuse de spéculer pour faire grimper les prix.
Par Khadim Mbaye (Tribuneafrique)