Dès la formation de son gouvernement en 2012, Macky Sall réactive la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI), en nommant de nouveaux magistrats pour la faire fonctionner. Créée en 1981 par Abdou Diouf, l’institution est restée en sommeil. Une fois réactivée, la CREI dresse une liste de 25 personnalités qui doivent justifier de l’origine de leur patrimoine. Il s’agit pour l'essentiel de leaders politiques et d’anciens ministres d'Abdoulaye Wade. Parmi eux, Karim Wade.
Le fils de l’ancien président est interrogé une première fois en avril 2013, avant d’être placé en détention. La procédure fait polémique : la FIDH et certaines organisations de défense des droits de l'homme estiment que la CREI « ne garantit pas le droit à un procès équitable », dans la mesure où « cette juridiction ne garantit pas les droits de la défense ». Malgré tout, la Cour se penche sur ce dossier. Les juges enquêtent sur des biens établis au Sénégal, sur le montage de sociétés portuaires et aéroportuaires ainsi que sur des comptes bancaires établis à l’étranger, notamment à Monaco et à Singapour.
Karim Wade, « un détenu politique » ?
De son côté, l’ancien ministre d’Etat ne reconnaît pas cette juridiction. Lors de son procès, Karim Wade prend la parole une fois et se présente comme un « détenu politique ». Puis, il s’enferme dans un long silence en signe de contestation de cette procédure. Il sera finalement condamné à six ans de prison et à une amende. Une condamnation symbolique suivant des principes de « gouvernance vertueuse » et de « reddition des comptes » prônés par Macky Sall lors de son élection en mars 2012.
Même si le ministre de la Justice affirme que l'Etat a recouvré 50 milliards de francs CFA dans le cadre de la traque des biens mal acquis, la libération Karim Wade semble remettre en question cette politique menée par le gouvernement. Les autres enquêtes semblent en effet être en suspens. Quatre personnalités politiques condamnées par la justice bénéficient d'une liberté provisoire. Quant aux autres, elles sont sous le coup d'une interdiction de sortie du territoire et/ou sous contrôle judiciaire.
« Aucune preuve que l’argent revient dans les caisses de l’Etat »
« On nous dit que les biens de l’ancien directeur du cadastre ont été saisis, mais pas un franc n’est entré dans les caisses du Trésor public », dénonce l’analyste politique Mody Niang. « On parle de médiation, mais on n’a aucune preuve que l’argent revient dans les caisses de l’Etat », poursuit-il.
Au-delà du manque de communication autour de ces dossiers, plusieurs acteurs de la société civile craignent que cette grâce présidentielle n'affaiblisse les institutions anti-corruption. « C’est un coup d’arrêt sur la traque des biens mal acquis », dénonce Mouhamadou Mbodj, le coordonnateur du Forum civil. Et d’avertir : « Cela risque à terme d’affaiblir la légitimité des institutions telles que l’Office national de lutte contre la corruption et l’Inspection générale d'Etat. »
Dans l'affaire Wade, la présidence a cependant précisé dans un communiqué officiel que « les sanctions financières (...) et la procédure de recouvrement déjà engagée demeurent ».
RFI
Le fils de l’ancien président est interrogé une première fois en avril 2013, avant d’être placé en détention. La procédure fait polémique : la FIDH et certaines organisations de défense des droits de l'homme estiment que la CREI « ne garantit pas le droit à un procès équitable », dans la mesure où « cette juridiction ne garantit pas les droits de la défense ». Malgré tout, la Cour se penche sur ce dossier. Les juges enquêtent sur des biens établis au Sénégal, sur le montage de sociétés portuaires et aéroportuaires ainsi que sur des comptes bancaires établis à l’étranger, notamment à Monaco et à Singapour.
Karim Wade, « un détenu politique » ?
De son côté, l’ancien ministre d’Etat ne reconnaît pas cette juridiction. Lors de son procès, Karim Wade prend la parole une fois et se présente comme un « détenu politique ». Puis, il s’enferme dans un long silence en signe de contestation de cette procédure. Il sera finalement condamné à six ans de prison et à une amende. Une condamnation symbolique suivant des principes de « gouvernance vertueuse » et de « reddition des comptes » prônés par Macky Sall lors de son élection en mars 2012.
Même si le ministre de la Justice affirme que l'Etat a recouvré 50 milliards de francs CFA dans le cadre de la traque des biens mal acquis, la libération Karim Wade semble remettre en question cette politique menée par le gouvernement. Les autres enquêtes semblent en effet être en suspens. Quatre personnalités politiques condamnées par la justice bénéficient d'une liberté provisoire. Quant aux autres, elles sont sous le coup d'une interdiction de sortie du territoire et/ou sous contrôle judiciaire.
« Aucune preuve que l’argent revient dans les caisses de l’Etat »
« On nous dit que les biens de l’ancien directeur du cadastre ont été saisis, mais pas un franc n’est entré dans les caisses du Trésor public », dénonce l’analyste politique Mody Niang. « On parle de médiation, mais on n’a aucune preuve que l’argent revient dans les caisses de l’Etat », poursuit-il.
Au-delà du manque de communication autour de ces dossiers, plusieurs acteurs de la société civile craignent que cette grâce présidentielle n'affaiblisse les institutions anti-corruption. « C’est un coup d’arrêt sur la traque des biens mal acquis », dénonce Mouhamadou Mbodj, le coordonnateur du Forum civil. Et d’avertir : « Cela risque à terme d’affaiblir la légitimité des institutions telles que l’Office national de lutte contre la corruption et l’Inspection générale d'Etat. »
Dans l'affaire Wade, la présidence a cependant précisé dans un communiqué officiel que « les sanctions financières (...) et la procédure de recouvrement déjà engagée demeurent ».
RFI