L’obésité figure parmi les principaux déterminants de la mortalité et de l’invalidité dans la Région européenne de l’OMS. Elle est à l’origine de 13 types de cancer différents.
« L’obésité ne connaît pas de frontières. En Europe et en Asie centrale, aucun pays ne parviendra à lui seul à atteindre l’objectif mondial de l’OMS en matière de lutte contre les maladies non transmissibles, à savoir enrayer la progression de l’obésité », a déclaré le docteur Hans Henri P. Kluge, Directeur régional de l’OMS pour l’Europe.
« Les pays de notre Région sont certes empreints d’une très grande diversité, mais tous doivent faire face dans une certaine mesure à des difficultés à cet égard. En instaurant des environnements plus favorables, en encourageant les investissements et l’innovation dans le domaine de la santé, et en élaborant des systèmes de santé solides et résilients, nous pouvons infléchir la courbe de l’obésité dans la Région », a-t-il ajouté.
L'obésité, une maladie multifactorielle complexe
Le surpoids et l’obésité se classent au quatrième rang des facteurs de risque de décès, après l’hypertension artérielle, les risques alimentaires et le tabac. L’obésité est une maladie multifactorielle complexe qui présente un risque pour la santé. Elle est associée à de nombreuses maladies non transmissibles, notamment les maladies cardiovasculaires, le diabète de type 2 et le cancer.
On prévoit que, dans les décennies à venir, l’obésité dépassera le tabagisme comme principal facteur de risque de cancer évitable dans certains pays de la Région européenne.
Le rapport souligne également que l’obésité est une maladie, et pas seulement un facteur de risque, qui doit être soignée et prise en charge de manière spécifique.
Selon le rapport, la prévalence de l’obésité chez les adultes de la Région européenne est plus élevée que dans les autres Régions de l’OMS, à l’exception de la Région des Amériques. Les dernières données à ce sujet montrent que le surpoids et l’obésité sont à l’origine de plus de 1,3 million de décès dans le monde chaque année, mais il peut même s’agir d’une sous-estimation.
Dans la Région européenne, le surpoids et l’obésité ont atteint des proportions épidémiques, avec des niveaux de prévalence plus importants chez les hommes (63 %) que chez les femmes (54%). Les taux ont tendance à être plus élevés dans les pays à revenu élevé.
Les pays méditerranéens et d’Europe de l’Est sont particulièrement touchés par ce fléau. Les inégalités face à l’éducation constituent un problème courant, la prévalence de l’obésité étant plus élevée chez les personnes accusant un faible niveau d’instruction.
La COVID-19 et le problème de l’obésité
La pandémie de COVID-19 a encore accru l’urgence du problème de l’obésité. En effet, les patients souffrant d’obésité sont plus susceptibles de connaître des complications et de succomber au virus, et nombre d’entre eux ont vu leur accès aux services de prise en charge de l’obésité perturbé.
Les données préliminaires indiquent également que pendant la pandémie actuelle, les populations ont été davantage exposées aux facteurs de risque d’obésité, notamment en devenant davantage sédentaires et en consommant plus d’aliments nuisibles pour la santé.
« Comme l’obésité est influencée par l’environnement, il est donc important d’examiner le problème de l’obésité au regard de tous les stades de l’existence. Par exemple, la vie des enfants et des adolescents est impactée par les environnements numériques, y compris le marketing des aliments et des boissons nuisibles pour la santé », a déclaré le docteur Kremlin Wickramasinghe, chef par intérim du Bureau européen de l’OMS pour la prévention et la maîtrise des maladies non transmissibles, qui a produit le Rapport régional européen de l’OMS sur l’obésité 2022.
« L’expérience nous a appris qu’on n’aboutira à rien en adoptant une politique unique. Toute réussite nationale ou régionale à cet égard implique la mise en œuvre d’un ensemble complet d’interventions. Aucun pays n’a été en mesure d’adopter toutes ces politiques en même temps. Il est important de donner d’abord la priorité à 2 ou 3 politiques, et de disposer d’un plan concret pour la mise en œuvre des interventions restantes », a ajouté le docteur Wickramasinghe. « Parmi les domaines d’intervention politique qui reviennent le plus souvent dans les discussions engagées dans la Région européenne de l’OMS à cet égard, on mentionnera notamment les restrictions imposées au marketing des aliments nuisibles pour la santé ciblant les enfants, la taxation des boissons sucrées et l’amélioration de la riposte du système de santé pour la prise en charge de l’obésité ».
Source : https://www.lejecos.com/L-obesite-pourrait-detrone...