FINANCEMENT DE L’ECONOMIE : Les grandes lignes de la stratégie du Sénégal


Rédigé le Mardi 21 Février 2023 à 12:31 | Lu 372 fois | 2 commentaire(s)




FINANCEMENT DE L’ECONOMIE : Les grandes lignes de la stratégie du Sénégal
En se dotant, en 2014 du Plan Sénégal émergent (PSE), le Sénégal nourrit l’ambition de transformer de manière durable son économie, de promouvoir une croissance inclusive, afin de fournir des emplois décents.
FINANCEMENT DE L’ECONOMIE : Les grandes lignes de la stratégie du Sénégal
Dans sa phase 2 le PSE fait du développement du secteur privé national une priorité, avec un focus sur les Petites et moyennes entreprises et petites et moyennes industries pour faire émerger des champions nationaux. Dans sa stratégie, le gouvernement s’appuie sur plusieurs mécanismes pour matérialiser cela avec un dispositif qui comprend divers instruments comme le FONSIS, la BNDE pour le financement, le FONGIP pour le volet garantie, la Der/Fj et le PROMISE notamment pour le financement et l’encadrement des PME et enfin l’ADEPME, le Bureau de Mise à Niveau pour l’accompagnement et l’encadrement.  

Ces mécanismes   ont en effet, permis d’améliorer l’accès au crédit. L’Etat est convaincu que la promotion d’une croissance plus inclusive passe par un secteur privé fort et dynamique qui garantie le développement d’un entreprenariat créateur de richesses et d’emplois.   
 
FONSIS :  821 milliards de FCFA investis 

Le Fonds Souverain d’Investissements stratégiques S.A. (FONSIS), a été créé par la loi 2012-34 promulguée le 31 décembre 2012. C’est une société anonyme détenue à 100 % par l’Etat du Sénégal qui a démarré ses activités en 2014.

A travers le FONSIS, le Sénégal a opté pour une nouvelle vision du développement et de le concrétiser par son choix d’utiliser le puissant levier du capital-investissement pour une croissance soutenue, créatrice d’emplois et de richesse.

Le Fonds souverain d’investissements stratégiques (Fonsis) a investi au Sénégal dans une trentaine de transactions, pour un coût global de 821 milliards de francs CFA à fin août 2022. Ces investissements concernent des secteurs prioritaires de l’économie sénégalaise : la santé, la pharmacie, l’agrobusiness l’industrie, les infrastructures et le transport, les énergies renouvelables avec la moitié de la capacité de production solaire installée au Sénégal. Dans ce secteur, le Fonsis est pionnier avec la centrale solaire SENERGY PV SA de Santhiou Mékhé (commune de Méouane - département Tivaouane). Dans le cadre de ses activités, le Fonds exécute également les mandats de développement, de gestion ou de portage de projets stratégiques pour la transformation économique et sociale du pays. C’est ainsi, qu’il a reçu mandat de l’Etat pour entrer dans le capital de SEN’EAU et des sociétés de gestion du Train express régional et du Bus Rapid Transit (Brt).

Le Fonds souverain intervient aussi dans la restructuration d’entreprises jugées stratégiques par l’Etat. C’est dans ce cadre que le Fonsis a reçu de l’Etat mandat pour la relance de Médis Sénégal (usine pharmaceutique) et de CONDAK (usine agroalimentaire). 

Aux fins de contribuer au développement d’une offre adéquate de financement des Petites et moyennes entreprises sénégalaises, le Fonsis a mis en place des fonds d’investissements sectoriels et thématiques :
  • Oyass Capital, fonds généraliste destiné au financement en capital et dette mezzanine des PME. La taille cible du fonds est de 79 millions d’euros. 14,5 millions d’euros sont déjà décaissés. L’opérationnalisation effective du fonds est prévue en 2023.
 
  • WE! Fund, fonds d’impact mis en place en partenariat avec UNCDF (Fonds d’équipement des Nations Unies ), est destiné au financement des projets à fort impact économique sur l’autonomisation économique des femmes. La capitalisation initiale de WE! Fund d’un montant de 1 milliard FCFA a été entièrement investi. Le Fonds entend lancer sa deuxième phase d’un montant cible de 10 milliards FCFA. 9,5 millions euros (6,2 milliards FCFA) ont été déjà sécurisés à travers la Banque africaine de développement (BAD) dans le cadre du programme PAAICE. Le lancement effectif de la deuxième phase est prévu en janvier 2023.
 
  • Fonds BID, cette ligne de financement est mis en place en collaboration avec la Banque islamique de développement. Ce fonds vise à investir dans les sociétés impactées par la crise sanitaire liée à la COVID 19. L’opérationnalisation effective du fonds est prévue en 2023.
D’autres fonds dédiés aux PME sont déjà opérationnels. Il s’agit de Teranga Capital qui a investi dans une dizaine de PME ; le Fonds PME Nord agri qui finance des PME actives dans la vallée du fleuve Sénégal, avec pour objectif de soutenir le développement de l’agriculture dans la Vallée, par le renforcement des capacités d’investissement, d’endettement et de gouvernance des PME. 

Par ailleurs, dans le cadre du programme 100.000 logements du gouvernement, le FONSIS a développé et mis en place Kajom Capital ; un véhicule de financement pour l’accès à la propriété par la location-vente. Kajom Capital vise principalement les Sénégalais à revenus réguliers ou irréguliers. Ce véhicule portera 21.000 unités du programme 100.000 logements.
 
 
BANQUE NATIONALE POUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE (BNDE)
Financer le développement du Sénégal

Créée le 27 janvier 2014, la Banque nationale pour le développement économique est la première institution bancaire nationale dédiée au financement du développement économique du Sénégal, avec comme cible principale les Pme-Pmi. 
 
Au fil des années, s’exprime avec enthousiasme le directeur général, la Banque nationale pour le développement économique (Bnde) a réussi à tracer son sillon dans un environnement concurrentiel. Selon Thierno Seydou Nourou Sy,   sa structure participe activement au développement du Sénégal, en apportant des solutions adaptées et durables à la problématique de financement des Petites et moyennes entreprises. « La Bnde a pu se positionner, en l’espace de 7 ans, comme un partenaire incontournable des Pme-Pmi, professionnels, institutionnels et particuliers.
Ce partenariat s’inscrit dans une approche d’inclusion financière, conformément aux orientations de ses deux business plans, à savoir : être une banque innovante, performante, accessible, partenaire privilégié des Pme- Pmi, pour le développement économique du Sénégal ». 

Au Sénégal, les PME représentent environ 80 % du tissu des entreprises, contribuent à 30 % du PIB et emploient 60 % de la population active.  Elles constituent donc, un levier essentiel de croissance économique et de lutte contre le chômage et la pauvreté. 

Aujourd’hui, la BNDE offre des produits et services « diversifiés et adaptés », avec une attention particulière sur les PME – PMI.

Ses interventions illustrent la qualité de l’expertise sénégalaise, en atteste son directeur général, surtout indique-t-il dans le domaine de la promotion des financements innovants, inclusifs et dédiés à des segments clés de développement, pour permettre à tous les Sénégalais d’accéder au crédit bancaire. « Notre vocation dit-il « est d’être à l’écoute de tout le monde, de conseiller nos clients et éventuellement de les orienter vers les structures d’appui non financier, avec lesquels nous avons des partenariats notamment l’Agence de développement et d’encadrement des petites et moyennes entreprises (Adepme) , l’Agence sénégalaise pour la promotion des exportations (Asepex), l’Agence nationale d’insertion et de développement agricole (Anida) , l’Agence pour la promotion et le développement de l'artisanat(Apda), le Bureau de mise à niveau, etc.. ».    
 
Au total, plus de 160 millions de FCfa ont été accordés au secteur agricole considéré comme le premier levier de développement du Sénégal par le directeur général de la BNDE.

D’où la part qu’occupent les sous-secteurs qui sont financés : filière arachide 52 %, engrais 13 % ; riz 11 % ; filière horticole 6 % ; anacarde 5 % ; industrie agroalimentaire 3 % ; filière ovine 3 % ; sel 2 % ; filière avicole 1 % ; autres (textiles, pisciculture, crédit trésorerie...) 5 %.

 À fin 2021, poursuit-il, « les financements ont impacté divers secteurs d’activités : agriculture et pêche 23 %, transport et commerce 12 % chacun, Btp 11 % et Système financier décentralisé 10 % ».  Enfin conclut-il, « notre ambition sera axée à la lutte contre la pauvreté et le déséquilibre social ; c’est pourquoi, nous avons retenu d’accompagner les structures du système financier décentralisé, en vue de développer l’inclusion financière ».
 
FONGIP : 4,9 milliards levés entre 2014 et 2021

 
 
Plusieurs études le confirment, plus de 51% des motifs de rejet des demandes de financement des PME sont dus à l’absence de garanties suffisantes exigées par les banques. Dans une économie composée à plus de 90 % de Pme selon l’Adepme, il fallait un dispositif adapté pour répondre aux besoins de financements et corriger ce problème. C’est tout le sens de la création du Fonds de garantie des investissements prioritaires (FONGIP). Il a été créé pour garantir des crédits bancaires pour le financement des projets porteurs de croissance dans les secteurs prioritaires, refinancer des institutions de microfinance pour leur permettre d’accorder des crédits aux Micros petites et moyennes entreprises (MPME), aux groupements de femmes et aux jeunes à des taux d’intérêt bonifiés. C’est donc un dispositif permanent d’accompagnement et de suivi des porteurs de projets sur tout le territoire.
 
Aujourd’hui , bon nombre d’acteurs économiques laissés à quai par les banques ont pu obtenir un ou des financements grâce à cet instrument. 
 
Le Fonds de garantie des investissements prioritaires agit, depuis sa création, sur le segment des Pme qui représentent près de 90 % du tissu économique sénégalais. Entre 2014 et 2021, la structure a levé un volume de 54,9 milliards de FCFA de financements à travers 16 banques et 37 système financier décentralisé (SFD) en faveur de 1088 PME/PMI et de 1 602 GIE, facilitant ainsi la création et la consolidation de 40 739 emplois.

Toujours dans cette dynamique de soutien à l’activité économique, le Fongip a mis en place une ligne de garantie de 20 milliards de FCfa à l’Union des mutuelles du partenariat pour la mobilisation de l’épargne et du crédit au Sénégal. Selon l’administratrice générale, Thérèse Faye Diouf, l’objectif de cette collaboration est de définir le cadre d’intervention efficace du secteur privé, en vue de réduire le déséquilibre des marchés.
 
Pour cela, le Fongip a financé   un programme d’industrialisation et des activités liées à la transformation des produits agricoles et d’élevage, piscicoles et celles liées au commerce.
 
La mise en œuvre économique de ce projet permettra, à coup sûr, de rendre les Pme/Pmi et les acteurs économiques plus compétitifs. L’implication du Fongip facilite l’accès aux financements des acteurs économiques qui contribuent de manière substantielle au développement socio-économique du pays. Déjà actif dans le secteur agricole, le Fongip va faire un traitement de faveur pour le secteur avec 70 % de garantie.
 
 
DER/FJ : 100,4 milliards de FCFA octroyés aux entrepreneurs
 
La Der/Fj qui est présente dans 46 départements du Sénégal, a financé des entrepreneurs répartis dans 552 communes pour un volume de 100,4 milliards de FCFA, se positionnant comme le premier opérateur public dédié à l’entrepreneuriat des jeunes et des femmes au Sénégal.
 
A la date du 15 novembre 2022, la Délégation générale à l’entreprenariat rapide des femmes et des jeunes a octroyé 100,4 milliards à des entrepreneurs répartis dans 552 communes. Ce volume s’explique par une adaptation de son offre à la cible. La DER/FJ a mis en place quatre guichets de financement.
 
Pour le segment des TPE et PME, cinq mécanismes de financement sont mis en place en vue d’accompagner les jeunes et femmes entrepreneurs de leur phase d’amorçage jusqu’au développement de leurs activités. Il s’agit :
  • du financement direct ou de la mise à disposition sous forme de crédit, variant entre 1 et 50 millions, avec un taux effectif global de 5 % maximum pour une durée de 12 à 60 mois ;
  • du financement par un prêt d’honneur, essentiellement dédié aux startups du numérique en phase d’incubation avec un crédit de 5.000.000 de FCFA à taux zéro pour une durée de 36 mois sans garantie ;
  • la prise de participation qui consiste à contribuer au financement et à la croissance des startups à fort potentiel, en acquérant des parts (49 % maximum) dans leur capital, couplée à une dette actionnaire en fonction du projet et des besoins ;
  • la garantie qui concerne l’appui de projets à fort potentiel ayant fait l’objet d’une double validation par la DER/FJ et par l’institution financière partenaire sélectionnée à travers un comité ad hoc ;
  • le co-financement dont l’objectif est d’inciter les institutions financières partenaires de la DER/FJ à financer des projets structurants et à fort potentiel de croissance.
 
Outre le financement, la Der/Fj propose également un accompagnement non financier qui repose sur quatre axes :
  • une aide à la création et à la formalisation des entreprises en les orientant et en les mettant en relation avec les services compétents pour toutes les activités liées aux déclarations d’activités, à la création et à formalisation de l’entreprise. Pour tout financement allant au-delà d’un million de FCFA, la formalisation est obligatoire. Elle est prise en charge par la Der/Fj à travers son Guichet Unique de Formalisation des Entreprises (GUFE). Ce guichet existe dans plusieurs régions du pays et offre aux entreprises un service d’immatriculation au RCCM et au NINEA en 24 heures.
  • une offre de services de formation aux entrepreneurs, afin de les inscrire dans un processus de renforcement de capacités entrepreneuriales, managériales, commerciales, marketing et en gestion financière.
  • le suivi, l’accompagnement et l’encadrement des bénéficiaires pour les aider à grandir et optimiser leurs projets.
  • un programme d’assistance technique aux entreprises à fort potentiel. Ce programme, qui se veut un levier de croissance et de compétitivité, propose de l’encadrement axé sur la consolidation de l’existant, l’accès aux marchés, la diversification des produits et la restructuration/redressement des entreprises en difficulté.
 
L’évaluation à mi-parcours du Projet d’Appui et de Valorisation des Initiatives Entrepreneuriales (PAVIE) a montré que ce projet a permis de créer et de consolider 29.232 emplois. 
 
PROMISE : Un levier pour développer la finance islamique

Le gouvernement du Sénégal en partenariat avec la Banque islamique de développement a mis sur pied un Programme national de développement de la microfinance islamique au Sénégal (PROMISE).

Le Programme national de développement de la microfinance islamique au Sénégal offre des services financiers islamiques adaptés sur tout le territoire de manière inclusive.  Son objectif est d’améliorer les revenus des bénéficiaires, à travers le renforcement de l'accès au financement.

D’un coût global de 47 milliards de FCA étalé sur cinq années, le PROMISE a pour objectif d’améliorer les revenus des bénéficiaires, à travers le renforcement de l'accès durable de la majorité de la population, à des services financiers islamiques adaptés sur l'ensemble du territoire national, d'ici à 2025. Mais sa véritable finalité est de voir la branche de la microfinance islamique devenir performante et inclusive au service d'une « économie émergente, dans une société solidaire ».  Pour y parvenir, le programme ambitionne de :
•       soutenir l’élaboration d’un cadre réglementaire de la microfinance islamique ;
•       renforcer les capacités des institutions de microfinance participantes et celles des bénéficiaires cibles ;
•       mettre à disposition une ligne de refinancement en microfinance islamique.
L’atteinte de ces objectifs permettra d’installer définitivement la microfinance islamique au Sénégal et de réduire le taux d’exclusion financière des bénéficiaires, ainsi que le financement des projets des secteurs prioritaires du Plan Sénégal Emergent (PSE). Des avancées significatives sont notées depuis 2018. La BCEAO a publié deux instructions pour autoriser légalement les institutions du Système financier décentralisé (SFD) à ouvrir des fenêtres islamiques. Le PROMISE qui n’a pas encore d’agrément de banque ni de SFD, compte travailler avec les institutions de microfinance pour la mise en œuvre de la ligne de refinancement en signant avec elles des conventions de partenariat pour accéder aux fonds islamiques.

Le Promise a ouvert des antennes régionales dans trois 6 régions pour recevoir des projets comptables à la finance islamique. Plus de 26 000 projets ont été déposés pour des demandes de financement qui avoisinent 100 milliards de FCFA.

Pour accroître la culture financière islamique des populations et les familiariser aux produits et services islamiques, le Promise a lancé depuis bientôt, un an, une phase test avec des financements Mourabaha avec ordre d’achat pour faciliter l’acquisition d’équipements productifs.  Ce mécanisme a permis le décaissement de plus 2 milliards de FCFA au profit de 4 500 bénéficiaires.

 
ADEPME : Idrissa Diabira prône   des objectifs planchers plus élevés pour toutes banques de l’Uemoa

Le problème d’accès au crédit est le refrain qui revient à chaque fois qu’il est question de financer l’économie réelle au Sénégal particulièrement le secteur informel. Idrissa Diabira, directeur général de l'Agence de développement et d'encadrement des petites et moyennes entreprises (Adepme) préconise que la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (Bceao) fixe des objectifs planchers plus élevés pour toutes les banques de l’Uemoa. « C’est moins de 15 % du portefeuille bancaire qui finance les Pme ».

En revanche, c’est 40 % au Maroc et près de 50 % en France et ailleurs. C’est insuffisant mais il faut qu’on soit plus directif », confie-t-il, ajoutant que le financement est à l’entreprise ce que le carburant est pour la voiture. D’après lui le diagnostic est fait depuis longtemps et les symptômes connus, mais la thérapie n’a pas encore donné les résultats escomptés. Parmi les freins à l’accès au crédit, Idrissa Diabira a cité, en reprenant les résultats des concertations sur le crédit en 2010 ; l’asymétrie d’information, le climat des affaires, l’absence de mécanismes de garantie et de prise de participation.

Malgré la persistance de ces obstacles, le directeur général de l’Adepme souligne cependant les avancées particulièrement dans l’accompagnement et l’encadrement. « Le Sénégal est le deuxième pays en Afrique francophone, le quatrième en Afrique en matière d’investissements et dans le même temps le climat des affaires s’est amélioré », dit-il.

L’Adepme confie Idrissa Diabira, dispose aujourd’hui d’une unité de scoring et de mesure du risque. « Son procédé d’évaluation et de suivi-évaluation a été doublement certifié.   En outre, parmi ses instruments l’Adepme a un outil de garantie avec le Fongip, de prise de participations avec le Fonsis et noue des partenariats avec divers fonds de capital-risque. Des partenariats qui font que le budget de sa structure a été multiplié par plus de 30 en 10 ans (entre 2012 et 2022). « Avec un passage à l’échelle qui est chiffré de 400 millions en 2012, et si on inclut l’ensemble des partenaires, ce sont plus de 13 milliards FCFA que l’ADEPME met en œuvre, aujourd’hui, dont 90% avec les partenaires techniques et financiers ».   Un résultat qu’impute, non sans une grande fierté, Idrissa Diabira à une démarche de « haute qualité » qui a obtenu la reconnaissance des structures d’accompagnement et d’encadrement dans le dispositif de refinancement. 

L’Adepme accompagne précise -t-il, le porteur d’idée ou le dirigeant de Pme tout au long de la vie de son entreprise : création ou reprise d’une activité, phase de croissance ou restructuration de l’entreprise. Elle met en avant le networking pour favoriser les partenariats. Ce travail est récompensé par la multiplication des partenariats. A travers une convention, le Fonds de Solidarité africain de garantie, filiale de la Banque africaine de développement accorde une garantie de portefeuille à la Banque pour le commerce et l’industrie (Bci) Sénégal pour les crédits octroyés en faveur des Pme/ Pmi labellisées par l’Adepme ou accompagnées par le Bureau de mise à niveau.    Le challenge reste à élargir le champ d’intervention de l’Adepme à des unités économiques moins structurées. 

 
BUREAU DE MISE A NIVEAU
556 entreprises accompagnées au 31 juillet 2021 

Dans un contexte économique caractérisé par un environnement très concurrentiel, des niveaux de performance bas et des rentabilités faibles, le concept de mise à niveau s’avère être un outil puissant d’amélioration de compétitivité à la disposition des chefs d’entreprises pour exploiter leurs potentialités de développement et les aider à transformer leurs entreprises en champion de la productivité et de la rentabilité. L’objectif poursuivi est de contribuer à la croissance accélérée, à la dynamisation de l’investissement, à la stabilisation et à la création des emplois, à la pérennisation des entreprises et au développement de pôles de compétences à haute valeur ajoutée.
 
Au 31 juillet 2021, le Bureau de mise à niveau a accompagné 556 entreprises. Pour être éligible aux programmes du Bureau de mise à niveau, faut-il le rappeler, l’entreprise doit être de droit sénégalais, formellement constituée et fiscalement transparente. Elle doit également justifier d’un à deux ans d’activités selon les programmes et adhérer volontairement au programme de mise à niveau. Financièrement, elle doit remplir les critères suivants :
  • avoir un chiffre d’affaires inférieur à 30 milliards de FCFA pour la mise à niveau globale ;
  •  ne pas être en liquidation ou en règlement judiciaire ;
  • et être en mesure de mobiliser des fonds propres ou avoir un partenaire bancaire pour financer son plan de mise à niveau.
  • Elle doit aussi s’engager à faire certifier annuellement ses comptes par un expert-comptable agréé.
  •     L’entreprise ne doit pas appartenir aux secteurs financiers, aux services collectifs et personnels, au commerce ou autres activités immobilières
  • Enfin, elle doit s’engager à respecter les conditions du processus de mise à niveau.
Pour la mise à niveau globale 88,35 milliards d’investissements ont été approuvés et les primes approuvées s’élèvent à 19,95 milliards de FCFA.
En ce qui concerne   la mise à niveau spécifique nationale, les investissements approuvés s’élèvent à 4,57 milliards de FCFA et les primes approuvées à 2,03 milliards de FCFA.

S’agissant de la mise à niveau spécifique "développer l’emploi", les investissements approuvés sont de l’ordre de 16,87 milliards de FCFA et les primes approuvés 6,43 milliards de FCFA, sans oublier la mise à niveau spécifique Casamance, pour laquelle les investissements approuvés sont chiffrés à 2,84 milliards de FCFA et les primes approuvés à 1,24 milliard de FCFA.

Pour rappel, il faut noter que la mise à niveau est destinée aux entreprises à potentiel de croissance important et repose essentiellement sur les notions d’étalonnage et de rattrapage. Etalonnage par rapport aux meilleures pratiques de management, de production, et en termes de responsabilité sociale. Rattrapage par rapport aux écarts constatés avec les standards internationaux de compétitivité propres à chaque secteur d’activité. Elle devrait au bout du compte de faire de l’entreprise sénégalaise, une entité performante économiquement.  

FINANCEMENT ENDOGENE ET DEVELOPPEMENT INCLUSIF
Le Sénégal veut miser sur le waqf

Au regard des opportunités qu’il offre, la haute autorité du waqf veut tirer un meilleur profit de cet instrument considéré comme un mécanisme endogène de financement et de lutte contre la pauvreté.

Le Sénégal qui s’est engagé dans une politique d’amélioration de l’accès aux services sociaux de base, de réduction des inégalités sociales et de redistribution des revenus et d’organisation de la solidarité nationale, a pris l’option de développer et promouvoir le Waqf.

Le gouvernement a ainsi adopté la loi n°2015-11 du 6 mai 2015 relative au Waqf et a mis en place la Haute Autorité du Waqf (HAW). Celle-ci s’est vu confier pour missions de développer et gérer les Waqf publics et de contrôler les autres types de Waqf.
Pour rappel, il faut préciser que le  Waqf est un bien dont la nue-propriété est immobilisée à perpétuité, ou à temps et dont la jouissance est affectée à une œuvre de charité, de bienfaisance publique ou privée. Autrement dit, c’est un acte juridique par lequel on affecte un patrimoine à une œuvre de bienfaisance, de façon irrévocable et inaliénable, conformément à la volonté du constituant. Il peut être constitué de biens immeubles et meubles ainsi que d'actifs financiers ou monétaires.

La finalité de cet instrument est de trouver des ressources durables, stables permettant de lutter contre les inégalités sociales par des investissements dans des secteurs sociaux vitaux tels que la santé, l’éducation, la culture, les œuvres sociales…
Dr Moustapha Ly, enseignant-chercheur au département d’arabe de la Faculté des Lettres et sciences humaines de l’université cheikh Anta Diop de Dakar est convaincu que le waqf peut favoriser le développement économique et social, en ce qu’il permet de suppléer l’Etat dans le financement de certains secteurs vitaux par les donations de particuliers fortunés. « On ne peut pas avoir une université de qualité sans le financement de la société. Le waqf le permet », dit-il. Ce faisant, le Dr Ly a plaidé pour la promotion et la vulgarisation de cet instrument.

Faisant échos aux propos du Dr LY, M. Racine Bâ, directeur de la Haute autorité du waqf soutient que ce mécanisme est peu connu des Sénégalais malgré ses avantages.  D’où l’importance, à ses yeux, de vulgariser ce mécanisme par la discussion, la réflexion. Vantant les vertus que le waqf véhicule, le professeur Mamadou Fall de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar a quant à lui, assimilé cet instrument a un vecteur de développement économique et social inclusif. « Son principe repose sur l’immobilisation d’un bien à perpétuité ou à temps et l’affectation de son usufruit à des œuvres de charité et de bienfaisance ou une œuvre d’intérêt général. Il s’agit d’un bel exemple de solidarité », confie-t-il. 
Lejecos Magazine
 



Source : https://www.lejecos.com/FINANCEMENT-DE-L-ECONOMIE-...



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