On ne saurait limiter le scrutin du 23 janvier dernier à un duel épique entre la coalition Yewwi Askan Wi (Yaw) et la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY). Les partis historiques (PS, AFP, AJ/PADS, LD, PDS) souvent intégrés dans des coalitions, ont essayé tan bien que mal de tirer leur épingle du jeu. Par endroit, ils y sont allés avec des listes dissidentes pour tenter de maintenir le flambeau. Ainsi, avec des fortunes diverses, ils ont, plus ou moins, pesé sur ce scrutin qui semble marquer l’ère des grandes coalitions politiques.
L’absence de perspectives politiques et le délitement de sa base militante marquent le recul progressif du Parti socialiste (PS) dans la sphère politique en pleine recomposition. Pour le PS, le retrait des ténors comme Aminata Mbengue Ndiaye au profit de Moustapha Diop à Louga, celui de Wilane au profit d’Abdoulaye Sow à Kaffrine, témoigne d’un profond malaise au sein même de Benno, avec l’omniprésence de l’ogre ‘’apériste’’. Les marrons-beiges sont souvent accusés de s’être accaparé l’essentiel des postes à pourvoir, lors des investitures au niveau local, au détriment des partis alliés comme le Parti socialiste, l’Alliance des forces de progrès et la Ligue démocratique.
L’élection à la mairie de Tambacounda de Pape Banda Dièye (PS) au nez et à la barbe de BBY, sonne comme une éclaircie dans la grisaille socialiste. La coalition Le choix de Tambacounda remporte la mairie de la commune de Tambacounda devant BBY et Yaw. Les autres tentatives de faire briller l’étendard vert se sont révélées sans succès.
Ainsi, aux Parcelles Assainies, la liste du PS arrive loin derrière les listes YAW, BBY ; celles de l’Alliance des valeurs de Go Faye, Sénégal 2035 et de Guem Sa Bopp. Pour le candidat du Parti socialiste aux Parcelles-Assainies, Mamoudou Wane, ce désamour envers l’ancien géant vert s’explique par le compagnonnage avec Benno Bokk Yaakaar qui, d’après lui, a fortement nui à l’attractivité du parti.
‘’Je crois qu’on est resté trop longtemps dans la coalition BBY jusqu’à ce que les gens perdent leurs repères. Les citoyens nous disent qu’ils ne sentent plus le Parti socialiste et qu’ils ont une certaine nostalgie du drapeau vert flanqué de l'étoile rouge, depuis plus d’une décennie. Pis, ils commencent même à oublier le Parti socialiste. D’autres pensent que le PS s’est dissout dans Benno. Avec les coalitions, les partis ont beaucoup perdu de leur substance idéologique, leur âme et leur souveraineté. Maintenant, c’est le Benno qui dicte le tempo dans cette nouvelle configuration politique’’, déclare le responsable socialiste qui s’empresse d’ajouter que l’absence de perspectives politiques au sein des partis historiques ne permet plus aux responsables politiques d’aller sous la bannière des partis historiques.
‘’Je suis parti à moins de 72 heures avant le dépôt final des listes sous les couleurs socialistes, car je n’avais pas trop de temps pour confectionner un large rassemblement. Si j’avais le temps, j’aurais pu réunir beaucoup plus de personnes et aller vers une large alliance. Et cette réunion n’allait pas porter le nom de socialiste’’, affirme-t-il.
Le délitement de l’électorat libéral
Tandis que du côté du Parti démocratique sénégalais (PDS), principal force politique de la coalition Wallu Sénégal, les victoires dans une trentaine de communes telles que Diourbel, ainsi que Bargny, Kébémer, Sagata Gueth, Guinaw-Rails Sud et Bounkiling, ne peuvent plus masquer son net recul depuis plusieurs scrutins. Malgré la percée opérée par Wallu Sénégal qui conteste la victoire du maire sortant Abdoulaye Timbo dans la ville de Pikine, l’alliance politique autour des libéraux a été souvent appelée à jouer les arbitres entre la coalition au pouvoir BBY et Yaw.
Au lendemain des élections locales de 2014, le PDS, qui avait remporté 107 communes sur l’étendue du territoire national, lors de l’élection du 23 janvier 2022, vient acter un peu plus l’effritement du réseau d’élus locaux du PDS.
‘’Nous allons faire l’évaluation de ce scrutin, après la publication des résultats définitifs, pour nous faire une idée nette de ce scrutin. Mais, on peut se féliciter du comportement de nos responsables qui sont tous partis sous l’étendard de Wallu Sénégal. Il y a eu certes des mécontents qui ont rejoint d’autres listes, mais on n’a pas eu de listes dissidentes au sein du PDS pour concurrencer les candidats de Wallu’’, soutient Assane Ba, responsable libéral à Ouakam.
D’après le membre du Comité directeur du PDS, si l’ère des coalitions semble phagocyter l’avenir de plusieurs partis, elle n’a pas privé ces derniers de leur ADN et de leur substance idéologique. D’après lui, l’incapacité des partis traditionnels à imposer leur suprématie sur la scène politique, pousse ces derniers à intégrer le jeu des coalitions devenues indispensables pour remporter les scrutins.
‘’Aucun parti ne peut aller seul aux élections, et ce constat vaut aussi bien pour les partis de la majorité que ceux de l’opposition. Toutefois, les partis politiques ne vont pas perdre leur ADN, car chaque parti à une idéologie et un programme politique qui lui est propre. Les coalitions sont faites pour être des machines électorales et avoir une stratégie de la gagne. On peut gagner ensemble sans épouser les mêmes idéaux. On peut prendre le cas de Benno, avec des partis opposés idéologiquement, mais ils sont ensemble, car ils veulent gagner et gérer ensemble. Les idéologies et les doctrines sont reléguées au second plan et le but est de faire un rassemblement le plus large possible’’, affirme-t-il.
L'indépendance des partis en question au sein des coalitions
Un discours que ne partage pas Moussa Sarr, porte-parole de la LD, qui indique que l’appartenance à une coalition n’entrave en rien l’indépendance des partis qui la composent.
’’Nous avons eu des listes sous l'étiquette LD à Nguéniène (Mbour), à Dodel (Podor), à Syer (Louga), à Moudéry (Goudiry), à Hamady Ounaré (Kanel), à Nioro, entre autres. Hélas, nous n'avons gagné aucune de ces collectivités. Je pense que la coalition ne doit pas effacer l'identité des parties prenantes. Mais elle doit s'enrichir de la diversité des partis qui la composent. Autrement dit, l'existence des coalitions n'est pas incompatible avec l'animation et le dynamisme des parties prenantes’’, affirme le responsable politique du parti d’extrême gauche qui réfute tout recul des partis historiques face au dynamisme des coalitions.
‘’Il n'y a donc pas de retrait des partis historiques face à l'émergence des coalitions. Ils sont dans les coalitions et y jouent leur rôle. Mais, cela dit, chaque parti doit se donner les moyens de son attractivité’’, soutient-il.
Du côté des autres formations de gauche, c’est silence radio. ‘’On veut prendre son temps avant de faire toute lecture concernant ce scrutin local. Nous sommes en train d’évaluer les résultats des Locales. On va convoquer un bureau politique et après, on va se prononcer sur cette question autour du déclin des partis historiques’’, nous souffle Mamadou Diop Decroix, Secrétaire général d’AJ/PADS au bout du fil. Même son de cloche chez Pape Sarr, Secrétaire général intérimaire de la LD/Debout, qui demande plus de temps, avant de se prononcer sur cette question.
Selon plusieurs observateurs de la vie politique, cette agrégation de partis au sein des coalitions risque de perdurer, car la plupart des partis politiques sont dans une logique électoraliste, avec comme seul but d’accéder aux postes administratifs et accéder ainsi aux ressources publiques. Un système qui risque de faire perdurer un peu plus le système clientéliste et de fidélisation des militants et sympathisants.
Rapporte Vipeoples .
L’absence de perspectives politiques et le délitement de sa base militante marquent le recul progressif du Parti socialiste (PS) dans la sphère politique en pleine recomposition. Pour le PS, le retrait des ténors comme Aminata Mbengue Ndiaye au profit de Moustapha Diop à Louga, celui de Wilane au profit d’Abdoulaye Sow à Kaffrine, témoigne d’un profond malaise au sein même de Benno, avec l’omniprésence de l’ogre ‘’apériste’’. Les marrons-beiges sont souvent accusés de s’être accaparé l’essentiel des postes à pourvoir, lors des investitures au niveau local, au détriment des partis alliés comme le Parti socialiste, l’Alliance des forces de progrès et la Ligue démocratique.
L’élection à la mairie de Tambacounda de Pape Banda Dièye (PS) au nez et à la barbe de BBY, sonne comme une éclaircie dans la grisaille socialiste. La coalition Le choix de Tambacounda remporte la mairie de la commune de Tambacounda devant BBY et Yaw. Les autres tentatives de faire briller l’étendard vert se sont révélées sans succès.
Ainsi, aux Parcelles Assainies, la liste du PS arrive loin derrière les listes YAW, BBY ; celles de l’Alliance des valeurs de Go Faye, Sénégal 2035 et de Guem Sa Bopp. Pour le candidat du Parti socialiste aux Parcelles-Assainies, Mamoudou Wane, ce désamour envers l’ancien géant vert s’explique par le compagnonnage avec Benno Bokk Yaakaar qui, d’après lui, a fortement nui à l’attractivité du parti.
‘’Je crois qu’on est resté trop longtemps dans la coalition BBY jusqu’à ce que les gens perdent leurs repères. Les citoyens nous disent qu’ils ne sentent plus le Parti socialiste et qu’ils ont une certaine nostalgie du drapeau vert flanqué de l'étoile rouge, depuis plus d’une décennie. Pis, ils commencent même à oublier le Parti socialiste. D’autres pensent que le PS s’est dissout dans Benno. Avec les coalitions, les partis ont beaucoup perdu de leur substance idéologique, leur âme et leur souveraineté. Maintenant, c’est le Benno qui dicte le tempo dans cette nouvelle configuration politique’’, déclare le responsable socialiste qui s’empresse d’ajouter que l’absence de perspectives politiques au sein des partis historiques ne permet plus aux responsables politiques d’aller sous la bannière des partis historiques.
‘’Je suis parti à moins de 72 heures avant le dépôt final des listes sous les couleurs socialistes, car je n’avais pas trop de temps pour confectionner un large rassemblement. Si j’avais le temps, j’aurais pu réunir beaucoup plus de personnes et aller vers une large alliance. Et cette réunion n’allait pas porter le nom de socialiste’’, affirme-t-il.
Le délitement de l’électorat libéral
Tandis que du côté du Parti démocratique sénégalais (PDS), principal force politique de la coalition Wallu Sénégal, les victoires dans une trentaine de communes telles que Diourbel, ainsi que Bargny, Kébémer, Sagata Gueth, Guinaw-Rails Sud et Bounkiling, ne peuvent plus masquer son net recul depuis plusieurs scrutins. Malgré la percée opérée par Wallu Sénégal qui conteste la victoire du maire sortant Abdoulaye Timbo dans la ville de Pikine, l’alliance politique autour des libéraux a été souvent appelée à jouer les arbitres entre la coalition au pouvoir BBY et Yaw.
Au lendemain des élections locales de 2014, le PDS, qui avait remporté 107 communes sur l’étendue du territoire national, lors de l’élection du 23 janvier 2022, vient acter un peu plus l’effritement du réseau d’élus locaux du PDS.
‘’Nous allons faire l’évaluation de ce scrutin, après la publication des résultats définitifs, pour nous faire une idée nette de ce scrutin. Mais, on peut se féliciter du comportement de nos responsables qui sont tous partis sous l’étendard de Wallu Sénégal. Il y a eu certes des mécontents qui ont rejoint d’autres listes, mais on n’a pas eu de listes dissidentes au sein du PDS pour concurrencer les candidats de Wallu’’, soutient Assane Ba, responsable libéral à Ouakam.
D’après le membre du Comité directeur du PDS, si l’ère des coalitions semble phagocyter l’avenir de plusieurs partis, elle n’a pas privé ces derniers de leur ADN et de leur substance idéologique. D’après lui, l’incapacité des partis traditionnels à imposer leur suprématie sur la scène politique, pousse ces derniers à intégrer le jeu des coalitions devenues indispensables pour remporter les scrutins.
‘’Aucun parti ne peut aller seul aux élections, et ce constat vaut aussi bien pour les partis de la majorité que ceux de l’opposition. Toutefois, les partis politiques ne vont pas perdre leur ADN, car chaque parti à une idéologie et un programme politique qui lui est propre. Les coalitions sont faites pour être des machines électorales et avoir une stratégie de la gagne. On peut gagner ensemble sans épouser les mêmes idéaux. On peut prendre le cas de Benno, avec des partis opposés idéologiquement, mais ils sont ensemble, car ils veulent gagner et gérer ensemble. Les idéologies et les doctrines sont reléguées au second plan et le but est de faire un rassemblement le plus large possible’’, affirme-t-il.
L'indépendance des partis en question au sein des coalitions
Un discours que ne partage pas Moussa Sarr, porte-parole de la LD, qui indique que l’appartenance à une coalition n’entrave en rien l’indépendance des partis qui la composent.
’’Nous avons eu des listes sous l'étiquette LD à Nguéniène (Mbour), à Dodel (Podor), à Syer (Louga), à Moudéry (Goudiry), à Hamady Ounaré (Kanel), à Nioro, entre autres. Hélas, nous n'avons gagné aucune de ces collectivités. Je pense que la coalition ne doit pas effacer l'identité des parties prenantes. Mais elle doit s'enrichir de la diversité des partis qui la composent. Autrement dit, l'existence des coalitions n'est pas incompatible avec l'animation et le dynamisme des parties prenantes’’, affirme le responsable politique du parti d’extrême gauche qui réfute tout recul des partis historiques face au dynamisme des coalitions.
‘’Il n'y a donc pas de retrait des partis historiques face à l'émergence des coalitions. Ils sont dans les coalitions et y jouent leur rôle. Mais, cela dit, chaque parti doit se donner les moyens de son attractivité’’, soutient-il.
Du côté des autres formations de gauche, c’est silence radio. ‘’On veut prendre son temps avant de faire toute lecture concernant ce scrutin local. Nous sommes en train d’évaluer les résultats des Locales. On va convoquer un bureau politique et après, on va se prononcer sur cette question autour du déclin des partis historiques’’, nous souffle Mamadou Diop Decroix, Secrétaire général d’AJ/PADS au bout du fil. Même son de cloche chez Pape Sarr, Secrétaire général intérimaire de la LD/Debout, qui demande plus de temps, avant de se prononcer sur cette question.
Selon plusieurs observateurs de la vie politique, cette agrégation de partis au sein des coalitions risque de perdurer, car la plupart des partis politiques sont dans une logique électoraliste, avec comme seul but d’accéder aux postes administratifs et accéder ainsi aux ressources publiques. Un système qui risque de faire perdurer un peu plus le système clientéliste et de fidélisation des militants et sympathisants.
Rapporte Vipeoples .