Après Barclays et Bnp Paribas, Standard Chartered vend ses filiales africaines. À travers un communiqué publié la semaine dernière, elle exprime son intention de se retirer totalement de « sept marchés de la zone Afrique et du Moyen-Orient et de cesser ses activités de banques aux particuliers dans deux marchés, dont la Côte d’Ivoire ». Ces départs, analysent l’expert financier Meïssa Lô, sont occasionnés par le manque de création de valeurs, d’entreprises solides et compétitives sur le plan national et international, l’absence de projets innovants de grande envergure ainsi que le faible taux de bancarisation de certains États, soit une moyenne entre 10 et 15 %. « Si vous avez 10 banques qui se partagent 20 clients, cela ne favorise pas le développement et la croissance d’une banque », explique M. Lô. Parmi les motivations de la vente de filiales, l’expert cite également le manque d’innovation des États ouest africains en comparaison avec l’Afrique du Nord. L’expert estime que la difficulté à faire face aux nombreux enjeux structurels et conjoncturels est l’une des raisons ; ce qui justifie le choix de s’orienter vers l’Égypte et les pays du Moyen-Orient. Justement, parce que l’Égypte est citée comme le pays africain qui reçoit le plus d’Investissements directs étrangers (Ide) grâce aux progrès notés dans des secteurs hors pétroliers et gaziers, notamment les Tic, l’immobilier et le tourisme, estime Meïssa Lô.
À ces raisons, le consultant en banque/assurances Ismaïla Diouf ajoute la percée des banques locales qui accentue la concurrence. « Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce départ. La première raison est le fait que les banques locales ont refait leur retard par rapport aux grandes banques étrangères comme Bnp Paribas et la Société générale. Ces dernières ont vu des parts de marché importantes rognées par les banques locales, sur le continent africain, notamment sur le segment des Pme », souligne-t-il. Pour M. Diouf, il y a également l’insécurité qui peut entourer les activités. « La deuxième raison qui concerne le Bnp Paribas est sa condamnation aux États-Unis. Ainsi, avec l’insécurité qui peut entourer ses activités sur le continent africain, Bnp a pris cette précaution pour éviter de futures condamnations en cédant des parts en Afrique. Pour ce qui est de Standard Chartered, la raison est différente puisque c’est apparemment en rapport au faible poids dans les différents systèmes bancaires des pays dans lesquels elle est présente », éclaire le consultant en banque et assurance.
Des menaces sur certaines activités ?
Les activités dans certains pays concernés seront-t-elles fortement impactées par ces départs ? Pour l’expert financier Meïssa Lô, les conséquences peuvent être ressenties par certaines activités économiques. « Elles parlent de cessions partielles de leurs activités, mais pas d’une fermeture totale. Néanmoins, il est clair que vu les secteurs cédés, banque commerciale, de détails et banque privée, il y aura forcément, par ricochet, des conséquences sur les activités des acteurs économiques habitués à travailler avec ces banques et à avoir certaines facilités pour la gestion de leur trésorerie », explique M. Lô. À l’en croire, ces acteurs économiques se tourneront vers d’autres banques qui auront de nouvelles stratégies et offres bancaires pouvant ne pas correspondre à leurs attentes ; ce qui impactera probablement leurs activités économiques. Citant Standard Chartered qui s’intéressait aux obligations des États, Meïssa Lô redoute « une perturbation sur les prochains emprunts obligataires ». « Sur le marché financier, la banque Chartered investissait beaucoup sur les obligations d’États. Donc, des conséquences seront aussi notées sur ce plan, car rien n’assure que les repreneurs de ses activités vont suivre la même démarche et stratégie bancaire. Ceci pourrait être ressenti sur les prochains emprunts obligataires étatiques », craint l’expert financier.
Pas de crainte pour les emplois et la compétitivité
Pour le consultant en banque/assurance Ismaïla Diouf, l’un des gros points faibles du marché africain, c’est la faiblesse de l’implication du système bancaire dans le circuit économique, contrairement à ce qui se passe en Europe et en Asie. « Le continent européen est à plus de 100 % d’implication des banques pour la constitution du Pib au moment où l’Afrique atteint difficilement les 30 % », indique-t-il. M. Diouf assure ainsi que ce départ n’aura pas un impact certain sur la compétitivité des marchés africains. « Je ne pense pas que cela puisse avoir des impacts sur le continent, car il a des atouts majeurs en termes de capital humain, de ressources naturelles. L’impact serait faible, voire nul, sur la compétitivité. Des reprises sèches seront faites dans les semaines et mois à venir. Donc, il n’y pas de conséquences sur les économies et les emplois », ajoute-t-il. Pour les emplois, Meïssa Lô préfère observer les repreneurs. « Il faudra observer et voir l’acquéreur ou le repreneur de ces activités, voir quelle sera sa stratégie de reprise et d’évolution. Il s’agira également de voir dans les clauses de cession quel sort est réservé aux ressources humaines de ces entités qui se retirent de l’Afrique », dit-il.
Une chance pour les hommes d’affaires locaux
Le vide, s’il y en aura, devra être comblé. La chance peut sourire aux locaux, selon Ismaïla Diouf. « C’est une opportunité qui est offerte aux hommes d’affaires locaux de fortifier ou conforter leurs portefeuilles d’investissement. C’est une chance ouverte pour les hommes d’affaires ou sociétés africaines », considère M. Diouf. Meïssa Lô embouche la même trompette. Il parle d’une aubaine pour les locaux, s’ils sont dans une logique de trouver une solution définitive à ce fléau en créant des banques 100 % capital africain. Cela, dit-il, va soutenir le développement de l’économie africaine et répondre aux demandes des Africains.
Des nationaux se manifestent
Jusqu’ici chasses gardées de multinationales, le secteur bancaire pourrait connaitre un nouvel élan si les vœux de certains acteurs du secteur privé sénégalais sont exaucés. C’est le cas de Pathé Dione. Selon des informations, le fondateur du Groupe Sunu est fortement intéressé par le rachat des parts de Bnp Paribas. Les tractations étaient d’ailleurs très avancées. Joint par nos soins, le principal concerné, par le biais de ses collaborateurs, a préféré « ne pas se prononcer pour le moment »
ABDOULAYE LY, DIRECTEUR EXÉCUTIF DU CLUB DES INVESTISSEURS DU SÉNÉGAL
« La banque est aussi une affaire de lien social »
Le Directeur exécutif du Club des investisseurs du Sénégal (Cis), Abdoulaye Ly, « tente d’apporter » une réponse au départ de certaines banques du marché africain. Pour lui, l’africanisation du paysage bancaire, marquée par la montée de banques du continent qui prennent plus de risques dans l’octroi de crédits, réduit la place des groupes occidentaux réputés plus frileux. « Ce phénomène est lié à un ancrage sociétal plus important qui les amène dans les territoires et à davantage de proximité avec leurs clients. Résultat : les banques africaines (Cbao, Ecobank, Boa), malgré leur jeunesse, occupent depuis cinq ans les premières places, au Sénégal en particulier. Comme pour dire que la banque est aussi une affaire de lien social », résume M. LY.
À ces raisons, le consultant en banque/assurances Ismaïla Diouf ajoute la percée des banques locales qui accentue la concurrence. « Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce départ. La première raison est le fait que les banques locales ont refait leur retard par rapport aux grandes banques étrangères comme Bnp Paribas et la Société générale. Ces dernières ont vu des parts de marché importantes rognées par les banques locales, sur le continent africain, notamment sur le segment des Pme », souligne-t-il. Pour M. Diouf, il y a également l’insécurité qui peut entourer les activités. « La deuxième raison qui concerne le Bnp Paribas est sa condamnation aux États-Unis. Ainsi, avec l’insécurité qui peut entourer ses activités sur le continent africain, Bnp a pris cette précaution pour éviter de futures condamnations en cédant des parts en Afrique. Pour ce qui est de Standard Chartered, la raison est différente puisque c’est apparemment en rapport au faible poids dans les différents systèmes bancaires des pays dans lesquels elle est présente », éclaire le consultant en banque et assurance.
Des menaces sur certaines activités ?
Les activités dans certains pays concernés seront-t-elles fortement impactées par ces départs ? Pour l’expert financier Meïssa Lô, les conséquences peuvent être ressenties par certaines activités économiques. « Elles parlent de cessions partielles de leurs activités, mais pas d’une fermeture totale. Néanmoins, il est clair que vu les secteurs cédés, banque commerciale, de détails et banque privée, il y aura forcément, par ricochet, des conséquences sur les activités des acteurs économiques habitués à travailler avec ces banques et à avoir certaines facilités pour la gestion de leur trésorerie », explique M. Lô. À l’en croire, ces acteurs économiques se tourneront vers d’autres banques qui auront de nouvelles stratégies et offres bancaires pouvant ne pas correspondre à leurs attentes ; ce qui impactera probablement leurs activités économiques. Citant Standard Chartered qui s’intéressait aux obligations des États, Meïssa Lô redoute « une perturbation sur les prochains emprunts obligataires ». « Sur le marché financier, la banque Chartered investissait beaucoup sur les obligations d’États. Donc, des conséquences seront aussi notées sur ce plan, car rien n’assure que les repreneurs de ses activités vont suivre la même démarche et stratégie bancaire. Ceci pourrait être ressenti sur les prochains emprunts obligataires étatiques », craint l’expert financier.
Pas de crainte pour les emplois et la compétitivité
Pour le consultant en banque/assurance Ismaïla Diouf, l’un des gros points faibles du marché africain, c’est la faiblesse de l’implication du système bancaire dans le circuit économique, contrairement à ce qui se passe en Europe et en Asie. « Le continent européen est à plus de 100 % d’implication des banques pour la constitution du Pib au moment où l’Afrique atteint difficilement les 30 % », indique-t-il. M. Diouf assure ainsi que ce départ n’aura pas un impact certain sur la compétitivité des marchés africains. « Je ne pense pas que cela puisse avoir des impacts sur le continent, car il a des atouts majeurs en termes de capital humain, de ressources naturelles. L’impact serait faible, voire nul, sur la compétitivité. Des reprises sèches seront faites dans les semaines et mois à venir. Donc, il n’y pas de conséquences sur les économies et les emplois », ajoute-t-il. Pour les emplois, Meïssa Lô préfère observer les repreneurs. « Il faudra observer et voir l’acquéreur ou le repreneur de ces activités, voir quelle sera sa stratégie de reprise et d’évolution. Il s’agira également de voir dans les clauses de cession quel sort est réservé aux ressources humaines de ces entités qui se retirent de l’Afrique », dit-il.
Une chance pour les hommes d’affaires locaux
Le vide, s’il y en aura, devra être comblé. La chance peut sourire aux locaux, selon Ismaïla Diouf. « C’est une opportunité qui est offerte aux hommes d’affaires locaux de fortifier ou conforter leurs portefeuilles d’investissement. C’est une chance ouverte pour les hommes d’affaires ou sociétés africaines », considère M. Diouf. Meïssa Lô embouche la même trompette. Il parle d’une aubaine pour les locaux, s’ils sont dans une logique de trouver une solution définitive à ce fléau en créant des banques 100 % capital africain. Cela, dit-il, va soutenir le développement de l’économie africaine et répondre aux demandes des Africains.
Des nationaux se manifestent
Jusqu’ici chasses gardées de multinationales, le secteur bancaire pourrait connaitre un nouvel élan si les vœux de certains acteurs du secteur privé sénégalais sont exaucés. C’est le cas de Pathé Dione. Selon des informations, le fondateur du Groupe Sunu est fortement intéressé par le rachat des parts de Bnp Paribas. Les tractations étaient d’ailleurs très avancées. Joint par nos soins, le principal concerné, par le biais de ses collaborateurs, a préféré « ne pas se prononcer pour le moment »
ABDOULAYE LY, DIRECTEUR EXÉCUTIF DU CLUB DES INVESTISSEURS DU SÉNÉGAL
« La banque est aussi une affaire de lien social »
Le Directeur exécutif du Club des investisseurs du Sénégal (Cis), Abdoulaye Ly, « tente d’apporter » une réponse au départ de certaines banques du marché africain. Pour lui, l’africanisation du paysage bancaire, marquée par la montée de banques du continent qui prennent plus de risques dans l’octroi de crédits, réduit la place des groupes occidentaux réputés plus frileux. « Ce phénomène est lié à un ancrage sociétal plus important qui les amène dans les territoires et à davantage de proximité avec leurs clients. Résultat : les banques africaines (Cbao, Ecobank, Boa), malgré leur jeunesse, occupent depuis cinq ans les premières places, au Sénégal en particulier. Comme pour dire que la banque est aussi une affaire de lien social », résume M. LY.