«Le mardi 5 avril quand j'ai trouvé ton lieu de travail fermé, je me suis dit intérieurement ‘’Astou ne se sent pas bien’’. Je ne pouvais pas imaginer que tu n’es plus de ce monde. Ta mort sera le début d'une vaste campagne de dénonciation sur le manque de sérieux et de professionnalisme dans la prise en charge des cas urgents non seulement à la maternité mais aussi dans les autres services de cet hôpital». Ces mots sont de Moustapha Coly à l’endroit de son amie Astou Sokhna, décédée, à la maternité de l’hôpital Amadou Sahir Mbaye de Louga à la suite d’une «négligence médicale». Il fait des révélations sur le fonctionnement de cet établissement sanitaire. Ce professeur d'anglais au Lycée Malick Sall de cette région est catégorique : «cet hôpital fait peur ».
«La maternité de l'hôpital Amadou Sakhir Mbaye, un vrai mouroir»
Moustapha Coly avertit les femmes enceintes de Louga, particulièrement celles de la commune et environs. «J'insiste dans mon interpellation. Ne vous rendez pas à la maternité de l'hôpital Ahmadou Sakhir Mbaye en cas d'accouchement. C'est un vrai mouroir. Vous y sortirez les pieds devant. L'histoire d’Astou Sokhna est un exemple parmi tant d'autres. Cette dame est décédée par négligence. Sa prise en charge n'était pas adéquate », a-t-il alerté. Avant de rappeler: «Elle ne pouvait pas accoucher par voie normale. Et pour cela, il lui fallait une intervention césarienne d'urgence. N'ayant pas bénéficié de cette intervention, elle a fini par rendre l'âme sous les yeux de sa maman et son époux venus l'accompagner. Astou est arrivée à l'hôpital à 9h 30 du matin munie de ses dossiers médicaux pour une césarienne. Faute de prise en charge, elle décède à 5h du matin. Imaginez la souffrance qu'a endurée Astou dans cette épreuve ».
Selon l’enseignant, cet énième décès est l'occasion de poser le débat sur ces cas de morts. Ainsi, il interpelle le Médecin chef de la région, le Directeur de l'hôpital, le Gouverneur, le Préfet, et Le Maire afin que cela cesse. «Les Renseignements Généraux (RG) ne sont pas en reste. Leur implication peut fournir des informations aux autorités compétentes sur ce qui se passe réellement dans cet hôpital, afin que des mesures drastiques soient prises pour faire face à ce taux très élevé de décès qui est loin d'être une fatalité », propose-t-il.
Les graves révélations de Moustapha Coly
Moustapha Coly d’avancer que « la maternité n'est pas le seul service pointé du doigt. «Dans cet hôpital, on constate que tous les diplômés ou presque ont ouvert dans leurs domiciles des cliniques privées. Ils consultent leurs patients avant de se rendre à l'hôpital, de ce fait ils arrivent souvent en retard à leurs postes. Certains s'absentent prétextant un séminaire », indique-t-il. «Pour se rendre compte de leurs stratagèmes, fait-il souligner, c'est leurs secrétaires qui viennent vous souffler à l'oreille, vous informant que le Monsieur consulte à domicile, alors que vous avez déjà payé votre ticket. Ceux qui en ont les moyens vont s'y rendre, les autres sont obligés de prendre une autre date de rendez-vous avec la complicité des secrétaires ». A l’en croire, cet hôpital a les allures «d’une organisation mafieuse».
Face à ce drame, il annonce engager un combat. «Ne restons pas les bras croisés. La dénonciation est un acte civique. À qui le tour demain? Levons-nous tous ensemble et disons plus jamais ça. Trop c'est trop. Qui sont ceux qui travaillent dans cette maternité ? Quel est leur degré de professionnalisme ? D'où sont-elles sorties ? Ces questions méritent des réponses », laisse-t-il entendre. En attendant, la famille d’Astou Sokhna veut que justice soit faite.