A Dakar-Plateau, ses disciples entretiennent sa zawiya à Rebeuss. Mardi, Cheikh Hamallah a été célébré. Le Môle 3 du Port de Dakar porte son nom, à l’instar d’autres religieux musulmans et catholiques.
Né en 1883 à Kamba Sagho, au Soudan-Français (actuel Mali), Chérif Hamahoullah est d’un père érudit mauritanien, de Tchitt, un des hauts lieux de la Tidjaniya. Sa mère est de l’ethnie peulh, selon ses biographes.
Ses partisans le prennent pour le ‘’re-vivificateur de la voie tidjane’’, fondée par l’Algérien Aboul Abbas Ahmad At-Tidjani (1737-1815). Dans ce rite soufi, Cheikh Hamallah s’est caractérisé par l’usage des 11 graines de mémoration de la Jawaratoul Kamal lors du Wazifa.
Cette pratique, peu connue à l’époque connue des adeptes tidjanes ouest-africains, est un signe de désaccord avec les autres dignitaires de la Tidjaniya, qui complètent les 12 graines, en particulier les héritiers et disciples de Cheikh Al-Hadji Oumar Tall.
Au détriment de Cheikh Hamallah, cette querelle intracommunautaire s’est greffée à un conflit ouvert avec l’Administration coloniale de l’ex-Afrique occidentale française (AOF). Le Hamallisme gagne en succès au Mali et au Sénégal.
Cette influence commença à déranger certaines autorités locales de l’époque. Sa mésentente avec les colons s’est exacerbée. Arrêté le 25 décembre 1925, Cheikh Hamallah est interné à Mederdra, dans le Trarza mauritanien, jusqu’en 1930.
Ensuite, le Chérif est déporté en Côte d’Ivoire (1930-1935), sans entamer sa détermination ni la ferveur des fidèles. A nouveau, en juin 1940, Cheikh Hamallah est arrêté à son domicile de Nioro du Sahel et déporté à Oran, ensuite à Cassaigne ou Sidi- Ali, en Algérie.
Puis, il est remis en liberté. En 1942, sa maison de Nioro est encerclée par une escouade française. Le guide est arrêté en même temps que certains disciples, avant d’être transféré à Dakar. Le colonisateur jura qu’il ne reverrait son fief.
Pour la circonstance, le Gouverneur général de l’AOF, Pierre François Boisson, tenait à le présenter à une assemblée de grands marabouts, devant le Palais à Dakar, pour lui signifier son présumé tort causé à la France.
‘’On a voulu l’humilier devant ses pairs. Le Gouverneur général tenta de le blâmer, mais Cheikh Hamahoullah en sourit moqueusement’’, a conté Serigne Cheikh Ahmad Tidjane Sy Maktoum, lors d’une conférence religieuse.
Ce dernier a poursuivi son éloge à un contemporain de son père: ‘’Serigne Babacar Sy a regretté sa présence à cette occasion et m’a confié un jour: +Le sourire de Cherif Hamahoullah nous a tous attristés nous qui portions des tenues d’apparat alors qu’il était accusé à tort+’’.
Début avril 1942, Cheikh Hamahoullah est de nouveau déporté en France et transféré à Evaux-les-Bains. Sur place, le Chérif a trouvé en résidence surveillée des personnalités de la 3ème République française, dont Édouard Herriot, un fervent défenseur de la laïcité.
L’état de santé de Cheikh Hamallah se dégrada, en raison de son inadaptation au climat de France. En octobre 1942, il est gravement malade. Il est décédé le 16 janvier 1943 à 16h30 d’une cardiopathie, selon les autorités françaises. Sa tombe est identifiable à Montluçon.
A Nioro, son fief, le décès n’a été annoncé que le 7 juin 1945. Son aura grandit. Parmi les disciples de Cheikh Hamallah, il y a Cheikh Tahirou Doucouré (Malicounda), feu Thierno Bocar Salif Tall (Bandiagara), ancien maître spirituel de feu Amadou Hampathé Bâ.
Dans plusieurs de ses livres, notamment dans « Oui, mon commandant », l’écrivain malien traite de la mystique de Cherif Hamahoullah, ainsi que de l’ostracisme dont il a été diversement victime.
Né en 1883 à Kamba Sagho, au Soudan-Français (actuel Mali), Chérif Hamahoullah est d’un père érudit mauritanien, de Tchitt, un des hauts lieux de la Tidjaniya. Sa mère est de l’ethnie peulh, selon ses biographes.
Ses partisans le prennent pour le ‘’re-vivificateur de la voie tidjane’’, fondée par l’Algérien Aboul Abbas Ahmad At-Tidjani (1737-1815). Dans ce rite soufi, Cheikh Hamallah s’est caractérisé par l’usage des 11 graines de mémoration de la Jawaratoul Kamal lors du Wazifa.
Cette pratique, peu connue à l’époque connue des adeptes tidjanes ouest-africains, est un signe de désaccord avec les autres dignitaires de la Tidjaniya, qui complètent les 12 graines, en particulier les héritiers et disciples de Cheikh Al-Hadji Oumar Tall.
Au détriment de Cheikh Hamallah, cette querelle intracommunautaire s’est greffée à un conflit ouvert avec l’Administration coloniale de l’ex-Afrique occidentale française (AOF). Le Hamallisme gagne en succès au Mali et au Sénégal.
Cette influence commença à déranger certaines autorités locales de l’époque. Sa mésentente avec les colons s’est exacerbée. Arrêté le 25 décembre 1925, Cheikh Hamallah est interné à Mederdra, dans le Trarza mauritanien, jusqu’en 1930.
Ensuite, le Chérif est déporté en Côte d’Ivoire (1930-1935), sans entamer sa détermination ni la ferveur des fidèles. A nouveau, en juin 1940, Cheikh Hamallah est arrêté à son domicile de Nioro du Sahel et déporté à Oran, ensuite à Cassaigne ou Sidi- Ali, en Algérie.
Puis, il est remis en liberté. En 1942, sa maison de Nioro est encerclée par une escouade française. Le guide est arrêté en même temps que certains disciples, avant d’être transféré à Dakar. Le colonisateur jura qu’il ne reverrait son fief.
Pour la circonstance, le Gouverneur général de l’AOF, Pierre François Boisson, tenait à le présenter à une assemblée de grands marabouts, devant le Palais à Dakar, pour lui signifier son présumé tort causé à la France.
‘’On a voulu l’humilier devant ses pairs. Le Gouverneur général tenta de le blâmer, mais Cheikh Hamahoullah en sourit moqueusement’’, a conté Serigne Cheikh Ahmad Tidjane Sy Maktoum, lors d’une conférence religieuse.
Ce dernier a poursuivi son éloge à un contemporain de son père: ‘’Serigne Babacar Sy a regretté sa présence à cette occasion et m’a confié un jour: +Le sourire de Cherif Hamahoullah nous a tous attristés nous qui portions des tenues d’apparat alors qu’il était accusé à tort+’’.
Début avril 1942, Cheikh Hamahoullah est de nouveau déporté en France et transféré à Evaux-les-Bains. Sur place, le Chérif a trouvé en résidence surveillée des personnalités de la 3ème République française, dont Édouard Herriot, un fervent défenseur de la laïcité.
L’état de santé de Cheikh Hamallah se dégrada, en raison de son inadaptation au climat de France. En octobre 1942, il est gravement malade. Il est décédé le 16 janvier 1943 à 16h30 d’une cardiopathie, selon les autorités françaises. Sa tombe est identifiable à Montluçon.
A Nioro, son fief, le décès n’a été annoncé que le 7 juin 1945. Son aura grandit. Parmi les disciples de Cheikh Hamallah, il y a Cheikh Tahirou Doucouré (Malicounda), feu Thierno Bocar Salif Tall (Bandiagara), ancien maître spirituel de feu Amadou Hampathé Bâ.
Dans plusieurs de ses livres, notamment dans « Oui, mon commandant », l’écrivain malien traite de la mystique de Cherif Hamahoullah, ainsi que de l’ostracisme dont il a été diversement victime.
Le 19 juin, la maison du Chérif Cheick Hamallah est encerclée dès l'aube. L'avion qui le transporte décolle à 6 heures. Presque tous les responsables hamallistes de Nioro sont arrêtés le même jour et torturés, avant d'être déportés dans les camps de concentration d'Ansongo, de Bourem et de Kidal. Entre-temps, Chérif Hamahoullah arrive à Dakar le même jour. L'avion qui le transporte fait auparavant une brève escale à Kayes vers 8 heures (l'appareil est escorté d'un second) 37. Il séjourne à Dakar jusqu'au 21 juin et ce bref séjour dakarois n'est pas de tout repos. Le gouverneur-général Boisson, fidèle serviteur du régime pétainiste et adversaire trop zélé du Comité de la France libre, décide « d'humilier publiquement le Chérif de Nioro ». C'est le contraire qui se produit. En effet, le Haut commissaire en Afrique française du gouvernement de Vichy fait conduire à son palais dakarois Cheikh Hamahoullah, menottes aux poignets, avant de le présenter à une assemblée de grands marabouts sénégalais comme Seydou Nourou Tall réunis pour la circonstance.
— « Voici le fameux Chérif Cheick Hamallah », s'exclame le gouverneur général ! — « Chérif Hamallah, te crois-tu plus fort que tous ces grands marabouts ? Te crois-tu plus instruit encore ? Pourquoi ne restes-tu pas tranquille ? Si tu es encore turbulent, c'est parce qu'on ne t'a pas encore “embêté”. En tout cas, tu vas souffrir et je te promets que tu ne verras plus cette terre d'Afrique. Ne veux-tu pas être comme tous ces grands marabouts ici présents ? »
Le Chérif Hamahoullah qui est toujours debout et enchaîné devant l'assistance a le courage de répondre car un vrai chérif descendant du prophète de l'islam n'a jamais peur : — « Je ne vois sincèrement pas ce qu'on peut me reprocher Monsieur le Gouverneur, je paie mes impôts, je rachète mes prestations, je ne me suis pas opposé au recrutement des tirailleurs. Ma conscience ne me reproche rien du tout. J'attends toujours vos preuves de ma culpabilité. Pour répondre à vos questions, je dirai que les marabouts que voici sont très respectables et en aucune façon ils ne veulent être enchaînés publiquement comme moi. Et moi, je ne voudrais pas être comme eux … Regardez leurs poitrines, ils acceptent vos médailles. Ces médailles sont les médailles de ce bas monde. Vous pouvez être sûr que moi je n'épinglerai jamais vos médailles sur ma poitrine. Dieu ne m'autorise pas à le faire. Enfin, comme tu tiens à me faire souffrir, je vais t'aider dans ce sens. Tu peux m'interdire le port du chapelet, tu peux m'empêcher de prier, tout cela ne fait pas souffrir. Mais comme tu tiens absolument à me faire souffrir, voilà comment tu peux le faire : empêche-moi de penser à Dieu pendant que je suis en vie. »
Sur l'ordre du gouverneur Boisson, Cheikh Hamahoullah est brutalement reconduit en prison 37. Le 21 juin, le Chérif de Nioro est embarqué dans un avion militaire à destination de l'Algérie via Atar et Casablanca : « Mauritanie, Saint-Louis à Atar, chiffré militaire, priorité absolue n° 68 A.P., gouverneur général télégraphie pour annoncer avion régulier 21 juin transportera Chérif Hamallah condamné 10 ans internement subir Algérie stop. Prendre toutes mesures surveillance nécessaires et n'admettre aucun indigène sur le terrain durant escale avion. » 39 Le Chérif est donc « conduit toujours en avion en Algérie à Casseigne, ville située au nord-est de Mostaganem » 40.
En 1942 Cheikh Hamahoullah est de nouveau déporté en France. Il est ensuite transféré à Evaux-les-Bains (Creuse) au début d'avril 1942 où il a pour compagnons de détention d'illustres personnalités de la IIIè République Française, dont Edouard Herriot. Un document de la Sûreté nationale révèle que Cheikh Hamahoullah n'a pu s'adapter ni au climat ni aux conditions de vie en France. Malgré la demande de transfert en Corse, en date du 28 août 1942, du médecin attaché à son centre d'internement, les autorités de Vichy ne se sont guère occupées du Chérif. En octobre 1942, le Maître de Nioro est déjà gravement malade. Il a été, semble-t-il, transféré d'urgence à l'hôpital d'Aubenas avant d'être envoyé à celui de Montluçon. Là il a été traité par le docteur Bons. D'après les autorités coloniales françaises, « Cheikh Hamahoullah est décédé le 16 janvier 1943 à 16 h 30. Diagnostic : cardiopathie ». Il a été selon les mêmes sources inhumé dans une tombe individuelle et non dans une fosse commune au cimetière de l'Est à Montluçon. En 1956, son corps est transféré au carré L 183, toujours au même cimetière, dans une concession achetée pour cent ans par M. Tiécoura Diawara, un vénérable vieillard, ancien instituteur d'Abidjan et père d'un éminent homme politique africain. Selon des renseignements précis et sûrs, un chef d'État africain toujours en exercice, bien que catholique, aurait été à l'origine de l'acte généreux de M. Diawara.
Le décès du Maître de Nioro n'a été porté à la connaissance des Africains que par une circulaire du n° 259 AP/5 du gouverneur général de l'AOF en date du 7 juin 1945. Il a été confirmé par une déclaration du sénateur Amadou Doucouré, du Soudan français, publiée dans Paris-Dakar du 7 août 1947. Ainsi se termine la vie mouvementée du Chérif Hamahoullah dont la première ambition était de pratiquer et de prêcher le tijanisme tel que Cheikh Tijâni a voulu qu'il soit enseigné et compris. Que reprochait la haute administration à Cheikh Hamahoullah ? On ne lui pardonnait pas de se comporter en homme libre, ne reconnaissant que l'autorité d'Allah. On lui reprochait son refus de se plier devant l'autorité coloniale et de vouloir rester debout pendant que la plupart de tous ses pairs étaient à genoux. Sûr de sa vérité, fier de sa culture, un homme aussi digne ne pouvait spontanément se renier. Pour des motifs religieux, il voulait vivre libre dans un pays non libéré où personne ne pensait à la résistance, même pacifique. C'est finalement de cette contradiction qu'a résulté le divorce entre le Cheikh et la France. A la vérité, le Chérif de Nioro a été un résistant pacifique, son dessein a été religieux, excluant toute servilité. Certes, il n'était pas coupable aux yeux de la loi, mais pour les administrateurs coloniaux il était à éliminer puisque non favorable au système colonial. En traitant le prestigieux Chérif de Nioro comme un résistant, les colonisateurs ne se sont pas trompés. En effet, l'homme a été l'initiateur d'un modèle d'attitude à l'égard du colonialisme. Son exemple était dangereux pour la stabilité et le maintien du système colonial, même s'il avait fait de sa réserve un problème de conscience qui relève de son exigeant souci de liberté et de prière dans la sainteté. C'est sa soif inaltérable de liberté qui fait apparaître Cheikh Hamahoullah selon l'expression de Vincent Monteil « comme un résistant victime du colonialisme ». A la lumière et au terme de cette brève étude il nous apparaît comme un héros pacifique qui a préféré souffrir jusqu'au plus profond de lui-même, vivre en exil pour préserver sa liberté, condition indispensable et nécessaire à ses yeux pour se consacrer à Dieu. Memoire de Alioune Traore sur la vie de Cheick Hamallah
— « Voici le fameux Chérif Cheick Hamallah », s'exclame le gouverneur général ! — « Chérif Hamallah, te crois-tu plus fort que tous ces grands marabouts ? Te crois-tu plus instruit encore ? Pourquoi ne restes-tu pas tranquille ? Si tu es encore turbulent, c'est parce qu'on ne t'a pas encore “embêté”. En tout cas, tu vas souffrir et je te promets que tu ne verras plus cette terre d'Afrique. Ne veux-tu pas être comme tous ces grands marabouts ici présents ? »
Le Chérif Hamahoullah qui est toujours debout et enchaîné devant l'assistance a le courage de répondre car un vrai chérif descendant du prophète de l'islam n'a jamais peur : — « Je ne vois sincèrement pas ce qu'on peut me reprocher Monsieur le Gouverneur, je paie mes impôts, je rachète mes prestations, je ne me suis pas opposé au recrutement des tirailleurs. Ma conscience ne me reproche rien du tout. J'attends toujours vos preuves de ma culpabilité. Pour répondre à vos questions, je dirai que les marabouts que voici sont très respectables et en aucune façon ils ne veulent être enchaînés publiquement comme moi. Et moi, je ne voudrais pas être comme eux … Regardez leurs poitrines, ils acceptent vos médailles. Ces médailles sont les médailles de ce bas monde. Vous pouvez être sûr que moi je n'épinglerai jamais vos médailles sur ma poitrine. Dieu ne m'autorise pas à le faire. Enfin, comme tu tiens à me faire souffrir, je vais t'aider dans ce sens. Tu peux m'interdire le port du chapelet, tu peux m'empêcher de prier, tout cela ne fait pas souffrir. Mais comme tu tiens absolument à me faire souffrir, voilà comment tu peux le faire : empêche-moi de penser à Dieu pendant que je suis en vie. »
Sur l'ordre du gouverneur Boisson, Cheikh Hamahoullah est brutalement reconduit en prison 37. Le 21 juin, le Chérif de Nioro est embarqué dans un avion militaire à destination de l'Algérie via Atar et Casablanca : « Mauritanie, Saint-Louis à Atar, chiffré militaire, priorité absolue n° 68 A.P., gouverneur général télégraphie pour annoncer avion régulier 21 juin transportera Chérif Hamallah condamné 10 ans internement subir Algérie stop. Prendre toutes mesures surveillance nécessaires et n'admettre aucun indigène sur le terrain durant escale avion. » 39 Le Chérif est donc « conduit toujours en avion en Algérie à Casseigne, ville située au nord-est de Mostaganem » 40.
En 1942 Cheikh Hamahoullah est de nouveau déporté en France. Il est ensuite transféré à Evaux-les-Bains (Creuse) au début d'avril 1942 où il a pour compagnons de détention d'illustres personnalités de la IIIè République Française, dont Edouard Herriot. Un document de la Sûreté nationale révèle que Cheikh Hamahoullah n'a pu s'adapter ni au climat ni aux conditions de vie en France. Malgré la demande de transfert en Corse, en date du 28 août 1942, du médecin attaché à son centre d'internement, les autorités de Vichy ne se sont guère occupées du Chérif. En octobre 1942, le Maître de Nioro est déjà gravement malade. Il a été, semble-t-il, transféré d'urgence à l'hôpital d'Aubenas avant d'être envoyé à celui de Montluçon. Là il a été traité par le docteur Bons. D'après les autorités coloniales françaises, « Cheikh Hamahoullah est décédé le 16 janvier 1943 à 16 h 30. Diagnostic : cardiopathie ». Il a été selon les mêmes sources inhumé dans une tombe individuelle et non dans une fosse commune au cimetière de l'Est à Montluçon. En 1956, son corps est transféré au carré L 183, toujours au même cimetière, dans une concession achetée pour cent ans par M. Tiécoura Diawara, un vénérable vieillard, ancien instituteur d'Abidjan et père d'un éminent homme politique africain. Selon des renseignements précis et sûrs, un chef d'État africain toujours en exercice, bien que catholique, aurait été à l'origine de l'acte généreux de M. Diawara.
Le décès du Maître de Nioro n'a été porté à la connaissance des Africains que par une circulaire du n° 259 AP/5 du gouverneur général de l'AOF en date du 7 juin 1945. Il a été confirmé par une déclaration du sénateur Amadou Doucouré, du Soudan français, publiée dans Paris-Dakar du 7 août 1947. Ainsi se termine la vie mouvementée du Chérif Hamahoullah dont la première ambition était de pratiquer et de prêcher le tijanisme tel que Cheikh Tijâni a voulu qu'il soit enseigné et compris. Que reprochait la haute administration à Cheikh Hamahoullah ? On ne lui pardonnait pas de se comporter en homme libre, ne reconnaissant que l'autorité d'Allah. On lui reprochait son refus de se plier devant l'autorité coloniale et de vouloir rester debout pendant que la plupart de tous ses pairs étaient à genoux. Sûr de sa vérité, fier de sa culture, un homme aussi digne ne pouvait spontanément se renier. Pour des motifs religieux, il voulait vivre libre dans un pays non libéré où personne ne pensait à la résistance, même pacifique. C'est finalement de cette contradiction qu'a résulté le divorce entre le Cheikh et la France. A la vérité, le Chérif de Nioro a été un résistant pacifique, son dessein a été religieux, excluant toute servilité. Certes, il n'était pas coupable aux yeux de la loi, mais pour les administrateurs coloniaux il était à éliminer puisque non favorable au système colonial. En traitant le prestigieux Chérif de Nioro comme un résistant, les colonisateurs ne se sont pas trompés. En effet, l'homme a été l'initiateur d'un modèle d'attitude à l'égard du colonialisme. Son exemple était dangereux pour la stabilité et le maintien du système colonial, même s'il avait fait de sa réserve un problème de conscience qui relève de son exigeant souci de liberté et de prière dans la sainteté. C'est sa soif inaltérable de liberté qui fait apparaître Cheikh Hamahoullah selon l'expression de Vincent Monteil « comme un résistant victime du colonialisme ». A la lumière et au terme de cette brève étude il nous apparaît comme un héros pacifique qui a préféré souffrir jusqu'au plus profond de lui-même, vivre en exil pour préserver sa liberté, condition indispensable et nécessaire à ses yeux pour se consacrer à Dieu. Memoire de Alioune Traore sur la vie de Cheick Hamallah