La question qui reste encore « en friche » est surtout celle du calibrage de toute la stratégie de développement de la Cedeao, qui selon toute vraisemblance s’engage vers la création d’une monnaie unique, l’ECO.
De toute évidence le passage de 15 États à 12 états requiert un paramétrage absolument serré, si l’on sait que déjà le dernier sommet des chefs d’Etat a fixé au 31 Octobre 2024, la transmission à la commission par l’ensemble des Etats membre de leurs Programmes Pluriannuels de convergence (PPC) pour la période 2025-2029.
Il reste entendu cependant, que la question des pays membres de l’UEMOA ne semble pas être à l’ordre du jour, ou alors, elle est moins dans l’ordre des urgences prioritaires. Ceci est une très grosse erreur, au regard de l’ilot de stabilité que la zone UEMOA constitue, mais surtout la présence du président de la commission de l’UEMOA, M. Abdoulaye Diop, devrait faire qu’une attention particulière soit accordée aux effets collatéraux qu’engendrerait une défection de 3 pays membres de l’UEMOA.
Un petit rappel semble utile au regard de cette problématique incidente à la crise de la CEDEAO. En effet, en mars 2014, l’UEMOA s’était dotée d’un ambitieux programme d’actions prioritaires de développement du transport ferroviaire. Un tel programme qui avait suscité d’énormes espoirs pour les populations qui y trouvaient ainsi un moyen de sortir du désenclavement, qui était le principal obstacle à la circulation des marchandises et surtout des personnes.
Ce programme qui avait défini neuf corridors prévoyaient deux projets majeurs pour interconnecter les principales capitales et les localités à fort potentiel économique de l’UNION. Il s’agit notamment de la ligne de chemin de fer Dakar- Bamako – Ouagadougou, et la boucle qui va d’Abidjan à Lomé en passant par Ouagadougou, Niamey et Cotonou. Ce programme est aujourd’hui fortement menacé pour trois raisons au moins.
La première est que la crise lancinante entre le Bénin et le Niger n’est pas en passe d’être résolue, tout au contraire on assiste à la crispation des positions au point que Niamey cherche une alternative pour son pipe-line vers Ndjaména. Une grosse question : quid du tracé de second tronçon Niamey-Cotonou dès lors que les frontières sont fermées, et que des menaces planent sur l’éventualité d’un rétablissement du visa d’entrée par les pays de la CEDEAO ?
La seconde non moins grave, c’est la situation qui prévaut entre le Burkina Faso, autre pays de l’AES, avec la Côte d’Ivoire et le Bénin, où la méfiance est à son comble. Ce sont maintenant des accusations de déstabilisation qui sont brandies par le Burkina Faso vis à vis de ces 2 pays, et des convocations d’ambassadeur en représailles.
Enfin, la troisième raison tient quant à elle aux engagements pris de part et d’autre par les deux entités (UEMOA et CEDEAO) pour cheminer vers la création d’une monnaie unique, dont le processus a connu un coup d’arrêt brutal, côté UEMOA, à l’initiative du président Alassane Ouattara de Côte d’ivoire.
Il est vrai que la position et le statut conférés à l’UEMOA dans les instances de la CEDEAO donne des idées, pour un schéma futur de coopération avec l’AES. Le président de la commission siège en effet au sommet des chefs d’états de la CEDEAO.
Mais l’UEMOA amputé quasiment de la moitié de ses membres signifierait-elle grand-chose au sein de la CEDEAO ? La CEDEAO changerait-elle de dénomination ? En tout cas ce qui est certain, c’est que la monnaie commune aurait du mal à garder les vertus de stabilité qu’on lui connait si l’arbitre, la BCEAO n’a plus les moins d’exercer ses missions ?
C’est dire que l’enjeu de cette crise est très crucial pour l’UEMOA et pourtant, on semble plus se focaliser sur la CEDEAO en oubliant le noyau dur.
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