L’homme d’affaires Zidwemba B. surnommé Will Télécom a fait face pour la première fois au juge dans l’affaire dite des 1,6 milliard de la CBAO.
Selon zoodomail, le prévenu a expliqué que tout a commencé par le biais de son petit frère qui est à Abidjan, où il gère la société Will com, qui lui a donné l’information selon laquelle un client, qui s’appellerait Kouassi André, l’a contacté téléphoniquement pour une commande de matériels informatiques, entre autres.
Une grosse commande, en somme. Le petit frère rappelle ensuite le lendemain pour dire que le client exige un compte bancaire, car la somme qui doit être versée est importantee. Le même client explique qu’il a un compte bancaire à la CIB, à Abidjan, et que si toutefois Will télécom a un compte bancaire à la CBAO, au Burkina Faso, la transaction serait facile.
Will télécom ouvre donc un compte CBAO, par l’entremise de son comptable, et le prévient de bien suivre ce compte car il attendait une somme de 300 millions de FCFA.
Le comptable transmet donc le numéro au client. Le lendemain, 28 février 2017, le client, Kouassi André, appelle pour dire qu’un premier virement a été fait et donc il attendait ses marchandises. Après donc vérification et confirmation de la banque, la collecte des marchandises commence. Une première tranche est retirée pour certains achats, en deux opérations, pour un montant total de 20 millions FCFA.
Ensuite, une seconde tranche de 47 millions FCFA est retirée, puis le matériel est livré à Abidjan, pour un montant total de 67 millions FCFA. Et c’est là que les ennuis ont commencé. Car la banque, par la suite, a appelé Will télécom pour lui dire que le compte sur lequel il retirait l’argent, avait des problèmes, car cet argent était d’origine frauduleuse.
Le mystère André Kouassi
Le prévenu explique qu’il est ensuite parti à Abidjan pour savoir de quoi cette affaire retournait. Sauf que personne n’a plus de trace de Kouassi André. Il est donc parti déposer une plainte au commissariat du quartier Koumassi d’Abidjan contre celui-ci.
Il ajoute qu’il a séjourné pendant 14 jours hors du Burkina et que pendant ce temps, des langues disaient qu’il avait fui. Il rassure cependant que lorsqu’il a appris cela, il a vite fait d’en faire part à ses conseils, qui ont rassuré par écrit le procureur du Faso, la CBAO et la gendarmerie nationale qu’il était en route pour venir se faire auditionner.
De retour donc le 26 mars, il est parti le lendemain en compagnie de ses conseils pour audition à la gendarmerie, pour se retrouver ensuite en prison, à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO), depuis bientôt trois mois.
Les avocats de la partie civile qu’est la CBAO, n’ont pas usé de langue de bois pour essayer de voir clair dans cette transaction rapide. Ils estiment qu’une aussi forte somme d’argent ne peut être transférée ainsi en l’espace de quelques heures, quelke que soit l’urgence, et donc, le prévenu devait quand-même émettre des doutes. Celui-ci répond que les transactions rapides sont possibles maintenant, car la BCEAO a facilité les choses pour les clients des banques.
La tension était vive dans la salle. Car Will télécom ne manquait pas de dire des mots indélicats à l’endroit de la partie civile, qui, elle aussi, lui faisait savoir qu’il n’a pas le monopole de la « malcause ». Le Président du tribunal essayait pour sa part de calmer les esprits à sa manière.
L’audition a duré plusieurs heures, et les avocats des deux parties ont essayé tant bien que mal de défendre leurs clients.
Franck Yao, l’autre équation
La même source renseigne que parmi toutes les 14 personnes incriminées dans l’affaire CBAO pour cyber escroquerie, K. Alexandre, la trentaine à peu près, qui travaille dans le bâtiment et, est spécialisé surtout dans la pose de plâtre, est le seul à ne pas avoir d’avocat. Il explique qu’il est allé un jour à la SONABEL pour chercher des unités de cash power.
C’est là qu’il tombe sur un certain Franck Yao, qui sympathise avec lui et lui demande ce qu’il faisait comme travail. Après donc conversation, Franck demande à Alexandre son numéro de téléphone et promet l’appeler plus tard, car il a des amis qui peuvent lui trouver du travail et où il sera mieux payé. Franck l’appelle deux jours plus tard, et ils se rencontrent au niveau de la Patte-d’oie où ils se rendent sur un chantier pour une évaluation de pose de plâtre qu’Alexandre doit faire.
Ils se quittent ensuite. Alexandre, qui attendait le coup de fil de Franck, sera impatient par la suite sur le silence de celui-ci. C’est ainsi qu’il essaie de le rappeler, mais en vain. Quelques jours après, c’est le même Franck qui l’appelle et demande à le rencontrer, toujours au niveau de la Patte-d’oie.
Il prétexte qu’il était en voyage, ce qui expliquait son silence depuis lors. Une affaire et mille zones d’ombres Ce jour-là , Franck dit à Alexandre que s’il désire travailler dans l’entreprise où il veut le placer, il doit changer de nationalité, parce que ce sont tous des Burkinabé qui y travaillent.
Il propose à Alexandre, qui est Béninois, de lui trouver la nationalité burkinabé, parce qu’il a des relations qui lui faciliteront les choses. Il vient quelques jours après avec un extrait de naissance portant les nom et prénom de Ouédraogo Alexandre, et ils se rendent ensuite à l’Office national d’identification (ONI) pour établir une Carte nationale d’identité burkinabé (CNIB).
Ce qui fut fait, par ailleurs. Avec donc sa CNIB, Alexandre se pensait ainsi Burkinabé, puisque Franck l’a rassuré qu’il n’y avait même pas de problème. Partant donc de cette CNIB, il lui propose d’ouvrir un compte bancaire à la CBAO, afin que son salaire soit versé, quand il sera embauché.
Ils vont ensemble à la banque, et c’est Franck qui remplit toutes les formalités, interdisant à Alexandre de répondre aux questions qui lui seront posées au sein de l’institution. Franck part ensuite en voyage, et promet à Alexandre de le rappeler plus tard.
C’est ainsi qu’un beau jour, il appelle celui-ci et lui dit qu’il a fait un virement dans son compte, à hauteur de 15 millions FCFA, et voulait qu’il aille chercher la somme pour lui. Et c’est en allant pour ce retrait, qu’Alexandre a purement et simplement été cueilli par les gendarmes. Le sieur Franck, quant à lui, reste introuvable, étant donné que le prévenu Alexandre explique qu’il ne connait même pas chez celui-ci et qu’ils se sont toujours rencontrés dans différents endroits, cela aussi sur appel téléphonique de Franck.
Par ailleurs, il se trouve aussi qu’Alexandre a un compte bancaire dans une Caisse populaire de la ville et où Franck faisait des virements d’argent, et lui demandait de faire le retrait pour lui. Alexandre explique que c’est deux fois qu’il a fait ces retraits. Lors du premier, qui était de 15 millions FCFA, Franck lui a donné 500 000 FCFA en récompense. La seconde fois, c’était 5 millions FCFA, et il a reçu 200 000 FCFA. Selon lui, il ne pouvait se douter de rien, et pensait avoir à faire à quelqu’un de généreux. Affaire à suivre...
Cheikh Mbacké Guissé (Libération)
Selon zoodomail, le prévenu a expliqué que tout a commencé par le biais de son petit frère qui est à Abidjan, où il gère la société Will com, qui lui a donné l’information selon laquelle un client, qui s’appellerait Kouassi André, l’a contacté téléphoniquement pour une commande de matériels informatiques, entre autres.
Une grosse commande, en somme. Le petit frère rappelle ensuite le lendemain pour dire que le client exige un compte bancaire, car la somme qui doit être versée est importantee. Le même client explique qu’il a un compte bancaire à la CIB, à Abidjan, et que si toutefois Will télécom a un compte bancaire à la CBAO, au Burkina Faso, la transaction serait facile.
Will télécom ouvre donc un compte CBAO, par l’entremise de son comptable, et le prévient de bien suivre ce compte car il attendait une somme de 300 millions de FCFA.
Le comptable transmet donc le numéro au client. Le lendemain, 28 février 2017, le client, Kouassi André, appelle pour dire qu’un premier virement a été fait et donc il attendait ses marchandises. Après donc vérification et confirmation de la banque, la collecte des marchandises commence. Une première tranche est retirée pour certains achats, en deux opérations, pour un montant total de 20 millions FCFA.
Ensuite, une seconde tranche de 47 millions FCFA est retirée, puis le matériel est livré à Abidjan, pour un montant total de 67 millions FCFA. Et c’est là que les ennuis ont commencé. Car la banque, par la suite, a appelé Will télécom pour lui dire que le compte sur lequel il retirait l’argent, avait des problèmes, car cet argent était d’origine frauduleuse.
Le mystère André Kouassi
Le prévenu explique qu’il est ensuite parti à Abidjan pour savoir de quoi cette affaire retournait. Sauf que personne n’a plus de trace de Kouassi André. Il est donc parti déposer une plainte au commissariat du quartier Koumassi d’Abidjan contre celui-ci.
Il ajoute qu’il a séjourné pendant 14 jours hors du Burkina et que pendant ce temps, des langues disaient qu’il avait fui. Il rassure cependant que lorsqu’il a appris cela, il a vite fait d’en faire part à ses conseils, qui ont rassuré par écrit le procureur du Faso, la CBAO et la gendarmerie nationale qu’il était en route pour venir se faire auditionner.
De retour donc le 26 mars, il est parti le lendemain en compagnie de ses conseils pour audition à la gendarmerie, pour se retrouver ensuite en prison, à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO), depuis bientôt trois mois.
Les avocats de la partie civile qu’est la CBAO, n’ont pas usé de langue de bois pour essayer de voir clair dans cette transaction rapide. Ils estiment qu’une aussi forte somme d’argent ne peut être transférée ainsi en l’espace de quelques heures, quelke que soit l’urgence, et donc, le prévenu devait quand-même émettre des doutes. Celui-ci répond que les transactions rapides sont possibles maintenant, car la BCEAO a facilité les choses pour les clients des banques.
La tension était vive dans la salle. Car Will télécom ne manquait pas de dire des mots indélicats à l’endroit de la partie civile, qui, elle aussi, lui faisait savoir qu’il n’a pas le monopole de la « malcause ». Le Président du tribunal essayait pour sa part de calmer les esprits à sa manière.
L’audition a duré plusieurs heures, et les avocats des deux parties ont essayé tant bien que mal de défendre leurs clients.
Franck Yao, l’autre équation
La même source renseigne que parmi toutes les 14 personnes incriminées dans l’affaire CBAO pour cyber escroquerie, K. Alexandre, la trentaine à peu près, qui travaille dans le bâtiment et, est spécialisé surtout dans la pose de plâtre, est le seul à ne pas avoir d’avocat. Il explique qu’il est allé un jour à la SONABEL pour chercher des unités de cash power.
C’est là qu’il tombe sur un certain Franck Yao, qui sympathise avec lui et lui demande ce qu’il faisait comme travail. Après donc conversation, Franck demande à Alexandre son numéro de téléphone et promet l’appeler plus tard, car il a des amis qui peuvent lui trouver du travail et où il sera mieux payé. Franck l’appelle deux jours plus tard, et ils se rencontrent au niveau de la Patte-d’oie où ils se rendent sur un chantier pour une évaluation de pose de plâtre qu’Alexandre doit faire.
Ils se quittent ensuite. Alexandre, qui attendait le coup de fil de Franck, sera impatient par la suite sur le silence de celui-ci. C’est ainsi qu’il essaie de le rappeler, mais en vain. Quelques jours après, c’est le même Franck qui l’appelle et demande à le rencontrer, toujours au niveau de la Patte-d’oie.
Il prétexte qu’il était en voyage, ce qui expliquait son silence depuis lors. Une affaire et mille zones d’ombres Ce jour-là , Franck dit à Alexandre que s’il désire travailler dans l’entreprise où il veut le placer, il doit changer de nationalité, parce que ce sont tous des Burkinabé qui y travaillent.
Il propose à Alexandre, qui est Béninois, de lui trouver la nationalité burkinabé, parce qu’il a des relations qui lui faciliteront les choses. Il vient quelques jours après avec un extrait de naissance portant les nom et prénom de Ouédraogo Alexandre, et ils se rendent ensuite à l’Office national d’identification (ONI) pour établir une Carte nationale d’identité burkinabé (CNIB).
Ce qui fut fait, par ailleurs. Avec donc sa CNIB, Alexandre se pensait ainsi Burkinabé, puisque Franck l’a rassuré qu’il n’y avait même pas de problème. Partant donc de cette CNIB, il lui propose d’ouvrir un compte bancaire à la CBAO, afin que son salaire soit versé, quand il sera embauché.
Ils vont ensemble à la banque, et c’est Franck qui remplit toutes les formalités, interdisant à Alexandre de répondre aux questions qui lui seront posées au sein de l’institution. Franck part ensuite en voyage, et promet à Alexandre de le rappeler plus tard.
C’est ainsi qu’un beau jour, il appelle celui-ci et lui dit qu’il a fait un virement dans son compte, à hauteur de 15 millions FCFA, et voulait qu’il aille chercher la somme pour lui. Et c’est en allant pour ce retrait, qu’Alexandre a purement et simplement été cueilli par les gendarmes. Le sieur Franck, quant à lui, reste introuvable, étant donné que le prévenu Alexandre explique qu’il ne connait même pas chez celui-ci et qu’ils se sont toujours rencontrés dans différents endroits, cela aussi sur appel téléphonique de Franck.
Par ailleurs, il se trouve aussi qu’Alexandre a un compte bancaire dans une Caisse populaire de la ville et où Franck faisait des virements d’argent, et lui demandait de faire le retrait pour lui. Alexandre explique que c’est deux fois qu’il a fait ces retraits. Lors du premier, qui était de 15 millions FCFA, Franck lui a donné 500 000 FCFA en récompense. La seconde fois, c’était 5 millions FCFA, et il a reçu 200 000 FCFA. Selon lui, il ne pouvait se douter de rien, et pensait avoir à faire à quelqu’un de généreux. Affaire à suivre...
Cheikh Mbacké Guissé (Libération)