Les critiques et les offenses à l’égard de l’islam ne datent certes pas d’aujourd’hui. Des savants se sont engagés dès le début dans cette entreprise (à commencer par les arabes eux-mêmes). Ceux que l’on appelle communément « les orientalistes » sont cependant les plus dynamiques dans ce domaine. Etant pour la plupart des historiens et connaissant très bien la culture et la langue arabe, ils étaient certains de trouver des arguments solides pour démonter en pièces le CORAN car venant d’un peuple ignorant et pervers. Effectivement avant la révélation, les arabes figuraient parmi les peuples les plus « primitifs » du point de vue de la connaissance ou de l’éthique. Ils tuaient leurs filles vivantes, réservaient un sort inadmissible à leurs femmes et s’adonnaient pleinement à la débauche. Quand la révélation est tombée, juifs, chrétiens et autres se sont naturellement posés des questions sur la véracité des textes compte tenu de leurs savoirs sur l’état d’ignorance et d’indignité du peuple arabe. Mais à la suite de la pertinence des enseignements, les rumeurs allaient bon train. Certains disaient qu’il s’agissait d’un plagiat (Thora ou bible) ; pour d’autres (notamment les arabes eux- mêmes), c’était de la « sorcellerie ». Cela dit depuis quelques temps, un autre phénomène est apparu c'est-à -dire la critique du CORAN par des intellectuels se réclamant de l’islam tels que Salman Rushdie, Taslima Nasreen (la liste est longue). Le professeur Omar Sankharé est de ceux-là . Mais ce qui choque le plus avec cette catégorie de « critiques », c’est que non seulement ils se revendiquent de l’islam (ce qui donne « légitimité » à leurs propos) mais les arguments convoqués relèvent souvent de la caricature. Rushdie parle de versets sataniques avec peu de rigueur scientifique, Nasreen se fonde sur le droit des femmes pour s’indigner alors qu’elle fait ouvertement amalgame entre l’islam et la culture arabe ; quant au professeur Sankharé, c’est encore plus étonnant. Il affirme avoir maîtrisé l’arabe et la culture islamique alors que son intervention est truffée d’erreurs. Il ne suffit pas d’avoir une profonde connaissance de l’islam pour se rendre compte de cela. Lorsqu’il dit que le prophète n’était pas illettré, on se demande bien sur quel texte il tire sa théorie. Tous les historiens (mêmes les non- musulmans) sont unanimes sur cette question. Et le CORAN vient soutenir le contraire dans les sourates suivantes : S 7 / V 157-158, S 62/ V 2 … En ce qui concerne les similitudes entre la culture grecque et l’islam, cela ne doit pas posé problème pour un lettré comme Sankharé. D’abord, l’islam n’est pas une religion nouvelle mais une suite logique des anciennes révélations depuis la naissance de l’humanité. Des prophètes sont passés par l’Egypte, la Grèce, Babylone et j’en passe. La tradition musulmane elle-même rapporte qu’ils étaient plus de 100.000 à avoir prêché la bonne parole. Le CORAN n’en a cité que vingt cinq. Par ailleurs, tout le monde sait que les messages et les histoires sont susceptibles d’être déformés, falsifiés ou mélangés à d’autres rites ou rituels. C’est le cas de l’islam par exemple. De nombreux peuples se sont livrés à des pratiques syncrétiques ou des innovations au cours de son développement. Il en est de même pour les autres révélations avant l’islam. Donc, ce n’est guère étonnant que des textes grecs ressemblent aux textes coraniques. Il suffit de lire Gorgias ou Protagoras de Platon pour s’en apercevoir. Socrate y parle de Hadès, du Tartare, de la résurrection des âmes, de l’île des bienheureux etc. ; même la fameuse théorie de la réminiscence est, d’une certaine façon, en phase avec les textes révélés. Les prophètes ont été en contact avec toutes les grandes civilisations : Moise en Egypte, Abraham en Babylone, Saleh chez les « Tamud »… Le CORAN est venu en rapportant toutes ces histoires et en confirmant bien d’autres encore. Mais notre professeur semble ignorer (exprès) tout ceci. Et ce qui nous impressionne le plus, c’est qu’il affirme que les arabes étaient très savants avant l’islam, qu’ils avaient accès aux savoirs grecs. Ce qui suppose qu’ils étaient bien avertis des histoires ou des enseignements du CORAN. Une telle affirmation est fausse puisque ces derniers étaient véritablement surpris du message et de son contenu à telle enseigne qu’ils parlent de sorcelleries ou de magies (sur le plan linguistique) à la différence des juifs ou chrétiens. On peut lire dans la Sourate 62 verset 2 : « C’est lui qui a envoyé à des gens sans livre un messager parmi eux qui leur récite ses versets, les purifie et leur enseigne le Livre et la sagesse, bien qu’ils fussent auparavant dans un égarement évident ». Cette phrase prouve, en effet, que ce peuple était loin d’être savant comme le laisse entendre Mr Sankharé. Enfin, Mr Sankharé affirme qu’il y’a eu désaccord entre les Rachidun (les premiers califes) sur la traduction du CORAN et que cela fait parti des raisons qui expliquent les « fautes » et les assassinats. C’est une aberration. L’assassinat d’Omar n’a rien à voir avec les discordes internes. Ali et Ousmane n’étaient pas non plus des ennemis. Quant aux fautes grammaticales, notre agrégé se focalise sur sa formation « hellénistique » pour fustiger la grammaire d’une langue qu’il maîtrise peu ou prou en parlant d’expressions bancales. Dans l’interview qu’il accorde à Sada Kane, sa lecture et sa prononciation de l’arabe montre bien qu’il lui reste encore du travail à faire dans la langue. Toutefois, force est de signaler que la réponse à apporter face à de telles caricatures ne doit pas passer forcement par la violence ou par des menaces. La voie des arguments constitue le meilleur moyen de combattre et de lutter contre. Seule une confrontation sur le terrain scientifique peut permettre de résoudre cette question. Cette démarche est non seulement plus bénéfique pour l’image de la religion musulmane et cela va contribuer à aider les autres à comprendre veritablement le message de l’islam. MALAO KANTE (Nice, France).
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