- Quelques mots sur vous
Je suis un sénégalais qui a eu la chance de grandir dans une famille unie, dans laquelle le sens des responsabilités très tôt nous a été inculqué. Ainsi, mes frères et moi avons choisi le plus librement du monde notre parcours estudiantin et professionnel. Nos parents nous ont conseillé dans nos choix mais jamais forcé. J’ai fait mes études supérieures à Towson University dans l’état du Maryland aux Etats-Unis et à l’Université McGill à Montréal au Canada. Je suis titulaire d’une Maîtrise en finance et d’un Certificat en gestion des risques doublé d’un agrément de la « Risk and Insurance Management Society » basée à New York.
Durant et après mes études j’ai été tour à tour agent de sécurité pour les manifestations à mon université, préposé à la plonge dans un restaurant, agent au service à la clientèle, vendeur d’équipements électroniques, directeur de territoire pour une compagnie en outillage, auditeur pour un groupe hôtelier et j’ai eu à exercer en tant que représentant en services financiers pour la Banque Canadienne Impériale de Commerce (CIBC) et en tant qu’analyste de crédit pour le mouvement Desjardins. Chacune de mes expériences a été riche en enseignements qui me servent tous les jours.
Je suis passionné par l’histoire africaine, l’anthropologie, le football américain et je suis un photographe amateur.
- Mr Diop, vous êtes un membre fondateur et Directeur de développement des affaires pour Le Cabinet Delta-Sigma. Comment vous est venue l’idée de créer votre compagnie et quels sont les services que vous offrez?
Le Cabinet Delta-Sigma a pour mission de promouvoir l’investissement direct au Canada et en Afrique, d’accompagner les porteurs de projets dans tous les domaines vers la recherche de partenaires à l’international, de conseiller notre clientèle vers des choix avertis, logiques et tendant à accroitre leur valeur nette, de nous assurer d’un suivi professionnel et légal pour ces derniers et de compléter l’offre de services de nos partenaires en étant flexible, dynamique et innovateur.
Pour accomplir cette mission nous avons pu sceller des partenariats entre le cabinet et des institutions bancaires de la place et avons signé des ententes avec d’autres acteurs aussi bien au Canada que de par devers le monde. Nous sommes suppléés par un réseau pluridisciplinaire composé de Spécialistes du système financier canadien, de promoteurs et experts immobiliers, d’avocats, de spécialistes en immigration, de gestionnaires de projets, de gestionnaires de risques et tant d’autres.
Dans le domaine de l’éducation supérieure, nous avons paraphé une entente de représentation avec le Collège Lasalle à Montréal avec lequel nous travaillons en étroite collaboration.
Depuis sa création, mon rôle au sein du Cabinet Deta-Sigma a toujours été de superviser sa croissance et de trouver de nouvelles opportunités d’affaire. Mon collègue Guy Owanlélé qui est un fin connaisseur du milieu des affaires en Afrique supervise la gestion des projets que nous entreprenons et mon autre collègue Hamady S. Kanté qui lui aussi est sorti de McGill supervise la stratégie markéting du Cabinet. Ensemble, nous avons mis sur place un système de « home office » nous permettant de toujours rester en contact en utilisant les nouveaux outils de communication à notre portée. Nous nous réunissons au moins trois fois par semaine pour des séances de « brainstorming » et échanger. Cette nouvelle manière de travailler nous permet de faire des économies considérables que nous reversons dans le financement de nos activités et nos nombreux voyages.
- Comment est représentée votre clientèle?
Vous savez, au début de nos activités, nous avons très tôt mis de l’emphase sur la qualité de nos clients et la gestion des risques. Ainsi, dans nos activités de placements et gestion d’actifs, nous ne travaillons pas avec des personnes exposées politiquement, ni des gens incapables de justifier l’origine licite de leurs fonds. Nous en sommes fiers car notre ultime mission est d’aider nos clients à faire des choix judicieux et fructueux dans l’espoir que ces profits soient effectivement utilisés à bon escient, par exemple, dans leurs affaires participant ainsi à l’ouverture de nouveaux emplois pour les milliers de chômeurs dans nos pays. C’est là en tout cas notre vœu le plus cher.
Nous avons par ailleurs une clientèle plus restreinte en Europe, en Afrique du Nord et au moyen orient.
Aujourd’hui le Cabinet Delta-Sigma a négocié auprès de nos institutions partenaires des facilités de crédit pour les non-résidents canadiens, l’acceptation de demandes hypothécaires pour les investisseurs étrangers, des placements à taux préférentiels et à risque limité et plusieurs autres mécanismes financiers régis par notre réseau d’institutions et les lois du Canada.
Le portefeuille d’actifs que nous avons pu constituer aujourd’hui se chiffre à plusieurs millions de dollars. Nous le gérons de concert avec les banques et compagnies avec lesquelles nous travaillons.
- Quels sont vos objectifs pour les prochaines années?
Je ne peux parler que du Sénégal puisque c’est le pays que je connais le mieux. C’est avec beaucoup de fierté que j’ai vécu l’élection de Son Excellence M. Macky Sall à la magistrature suprême de notre pays. Son message de « rupture » a été bien entendu par nous autres jeunes de la diaspora et je crois franchement que l’espoir qu’il suscite est le carburant dont nous avons besoin. Le Premier Ministre M. Abdoul Mbaye lors de sa récente Déclaration de Politique Générale a déclaré qu’ « il est indispensable de bâtir une éthique du bien commun », je pense que cela marque clairement une tournant dans la vision des relations entre l’administration et les administrés. Certaines des décisions prises par notre gouvernement récemment sont porteuses d’espoir et sont empreintes d’attention à l’égard de la population qui pendant trop longtemps a souffert de promesses sans lendemains aucuns. Population qui, il faut le rappeler, est beaucoup plus alerte et consciente de ses droits et de son pouvoir.
Nous pensons que si l’État utilise les jeunes talents dont il dispose localement et à l’étranger, la mission non seulement sera accomplie mais le flambeau effectivement aura été passé à une autre génération de fiers et capables sénégalais.
C’est avec consternation que nous avons suivi les inondations et les graves accidents de la route au Sénégal. Je ne prétends pas savoir ce que les populations en ayant été victimes vivent mais je peux imaginer que certaines épreuves sont extrêmement douloureuses du fait de leur habilité à nous ramener à une vitesse violente à une condition de malheur et de souffrance. Pourtant, je ne crois pas me tromper lorsque je dis que tout ceci peut être évité grâce à une sensibilisation accrue de la population, un contrôle assidu des capacités techniques et personnelles des véhicules et chauffeurs, et l’implantation de mécanismes rigoureux de contrôle. Notre cabinet en partenariat avec des compagnies sénégalaises et canadiennes travaille à des solutions novatrices et pionnières dans les domaines de l’habitat social, du transport et des NTIC qui ne manqueront pas de charmer puisqu’elles seront créatrices d’emploi mais aussi pourront porter loin dans la sous-région le MADE IN SENEGAL.
Cela dit, Le Cabinet Delta-Sigma est ouvert à toute proposition d’affaire et pour nous joindre, il suffit simplement de se rendre sur notre nouveau site www.dsigma.org et de cliquer sur la section contact.
- Mr Diop, malgré la compétence de ses fils, l’Afrique reste le continent économiquement le plus pauvre du monde, comment relever les défis?
Il y’a par contre un plus gros problème; il est temps que nous agissions en africains et arrêtions de vouloir ressembler à des cultures ou modes de vie qui ne sont pas les nôtres. J’ai été sérieusement choqué lorsqu’un jeune sénégalais de 18 ans que j’ai rencontré à la question « Qui a été le premier président du Sénégal? » a répondu : « Je crois que c’était Blaise Diagne… ». Sur le moment cela fait sourire, cependant avec un peu de recul on se rend assez vite compte de la gravité de la situation.
Il va sans dire qu’aujourd’hui nous manquons réellement de « Role Models ». Passé le temps où Cheikh Anta Diop, Valdiodio Ndiaye, Thomas Sankara représentaient l’idéal du jeune africain. Nous assistons malheureusement à une sévère dégradation de nos mœurs et valeurs, à un exhibitionnisme matériel frustrant et à une société où les références pour les plus jeunes ne se limite qu’à des sportifs ou des artistes. Ces derniers sont extrêmement importants car étant la vitrine de nos cultures et de notre savoir-faire, par contre ça prend aussi des mathématiciens, des arpenteurs géomètres, des professeurs, des chercheurs etc… C’est d’autant plus triste que les personnes qui réellement peuvent participer au développement de nos économies sont poussées dans l’ombre et font figure de citoyens de deuxième rang. Je fais référence aux braves paysans, aux travailleurs manuels, aux journaliers et autres qui chaque jour doivent bravent les conditions les plus extrêmes quelques fois au péril de leur vie pour nous assurer nourriture et gite et qui en retour ne reçoivent que des salaires de misère et n’ont aucune couverture sociale.
L’Afrique doit aujourd’hui anticiper sur les nouveaux défis de ce monde. Elle doit être au devant des luttes environnementales, se défendre contre l’avancée de groupes terroristes et utiliser ses ressources humaines et naturelles en priorité. Nos gouvernements doivent encourager l’innovation locale et récompenser les penseurs, inventeurs et entrepreneurs dont regorge le continent. En bref, il nous faut une Afrique pour les africains surtout et d’abord.
- Quels conseils donneriez-vous aux entreprises qui souhaitent croître à l’étranger?
- Sur une note plus personnelle, comment avez-vous réussi à concilier votre vie d’entrepreneur et votre vie privée?
Par Makhtar Senecoplus.com