Trafic de migrants à Kédougou : Un mal chronique


Rédigé le Mercredi 27 Juillet 2022 à 14:11 | Lu 123 fois | 3 commentaire(s)



Dans les zones aurifères de Kédougou, à 700 km de Dakar, de nombreux migrants venus de l’Afrique de l’Ouest (Nigéria, Ghana, Mali et Burkina Faso), sont victimes d’exploitation sexuelle et de travaux forcés de la part de trafiquants sans foi ni loi.


Trafic de migrants, proxénétisme. Voilà un couple difficile à séparer dans les zones aurifères de Kédougou, à 700 km de Dakar. Chaque année, des dizaines de cas atterrissent sur la table des forces de défense et de sécurité. ‘’Généralement, informe une source policière, les victimes sont des filles, dont des mineures, qui viennent du Nigeria, du Ghana, du Burkina Faso et du Mali. On les fait venir par des subterfuges, pour les obliger ensuite à se prostituer, à l’aide de différents moyens’’. 

Piégées par des trafiquants qui leur font miroiter monts et merveilles, ces jeunes filles, abandonnées à leur triste sort, peinent souvent à trouver une voie de sortie. ‘’Leurs bourreaux, informe notre interlocuteur, les retiennent par des menaces de mort, des pratiques mystiques, pour les obliger à se prostituer sans leur consentement. Comme ils viennent d’autres pays, ne connaissant personne au Sénégal, elles deviennent vulnérables. Elles n’ont d’autre choix que de céder au chantage’’. 

La plupart du temps, ce sont des populations qui saisissent les forces de défense, pour leur signaler ces viles pratiques dans les zones aurifères. ‘’Avec la permission du procureur, on fait des interventions sur place… Cela permet de déférer plusieurs délinquants chaque année’’, indique l’agent de police, non sans préciser qu’il y a une dame qui coiffe l’un des plus vastes réseaux dans cette partie du Sénégal oriental. 

Ces cas de trafics sont généralement concentrés dans les localités abritant des sites d’orpaillage. Parmi ces localités, il y a Kharakhéna, Bantaco, Mouran... ‘’Si vous allez dans ces zones, vous allez en voir en pagaille, insiste l’agent. Les filles sont dans des maisons closes où elles accueillent leurs clients. Pratiquement, toutes nos interventions sont dans ces zones-là’’. 

Abondant dans le même sens, un rapport du Centre de recherche et de sensibilisation sur la traite des êtres humains (CENHTRO) parcouru par ‘’EnQuête’’, indique que ce trafic sexuel transnational est généralement lié ‘’au passage clandestin de jeunes femmes migrantes à la recherche d’opportunités économiques et d’emplois à l’étranger’’. Les rabatteurs, selon le document mentionné, ciblent généralement les jeunes femmes mineures issues de la région et de l’espace CEDEAO. 

’Les trafiquants leur promettent souvent des emplois bien rémunérés, pour ensuite confisquer leurs documents de voyage en cours de route et les forcer à se prostituer pour regagner leur liberté’’, soulignent les rédacteurs. 

Dans cette partie du territoire national située aux frontières avec le Mali et la Guinée, il n’est pas rare d’entendre parler de démantèlement de réseaux de trafic d’êtres humains. L’un des derniers en date a défrayé la chronique en fin avril et avait été ébruité par la Gendarmerie nationale. Lors d’une intervention, la brigade mobile de gendarmerie avait démantelé un important réseau de trafic d’êtres humains, permettant de sauver six enfants d’origine burkinabé. C’était à Bantaco, dans la commune de Tomboronkoto, dans l’une des zones aurifères. 

Selon les pandores, les enfants ainsi sauvés des griffes de cette bande de malfrats, étaient pour la plupart âgés de 14 à 20 ans, et étaient originaires du Burkina Faso. Recrutés sur place ou dans leurs pays respectifs, ils sont souvent contraints à des travaux forcés ou autres pratiques sexuelles au service de réseaux occultes. 

Quelques mois plus tôt, un autre réseau avait été mis hors d’état de nuire au niveau du village de Mouran, commune de Missirah Sirimana. Trois trafiquants, qui faisaient venir des filles du Nigéria via le Mali, ont ainsi été arrêtés et huit filles âgées de 15 à 20 ans sauvées de leurs griffes. 

Cet article a été réalisé avec le soutien d’Article 19 et de l’UNESCO, dans le cadre du projet ‘’Autonomiser les jeunes en Afrique à travers les médias et la communication’’ financé par l’Agence italienne pour la coopération au développement. 



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