TNT: La Télévision numérique terrestre dans l’univers clandestin des fraudeurs


Rédigé le Mardi 14 Juillet 2015 à 17:36 | Lu 114 fois | 0 commentaire(s)




TNT: La Télévision numérique terrestre dans l’univers clandestin des fraudeurs
La révolution du pluralisme médiatique marque les empreintes de la première alternance au Sénégal. Prendre part au débat sur la télévision numérique relève d’un désir de naviguer dans le spectre des fréquences de notre pays. Dans le registre de cette sphère virtuelle où se télescopent les ondes, devraient figurer les noms de toutes les chaines de télévision et les stations FM du pays dont les concessions sont légalement délivrées. 

La régulation de la presse et de l’audiovisuel est un acte de démocratie et de bonne gouvernance. Les producteurs et éditeurs de presse sénégalais avaient tous applaudi des deux mains quand l’ancien régime sous le Président Abdoulaye Wade, lança la libéralisation du secteur de l’audiovisuel mais les critères d’attribution des concessions d’exploitation de fréquences sont l’une des plus grandes irrégularités du pays passées sous silence par nos médias. 

En visitant l’historique et la genèse des chaines de télévision privées au Sénégal, nous nous interrogeons sur les procédures d’attribution des fréquences. Parmi les plus populaires: 

- La 2STV, née des cendres de la RTS/2S, constitue la leçon sociologique de la télévision privée au Sénégal. La stratégie de l’Etat d’utiliser la RTS (organe public) pour instaurer le pluralisme médiatique est un véritable coup avorté d’un projet dont la destination finale était de doter Origine SA de la première chaîne de télévision privée du Sénégal. Suite à une altercation dans les locaux de la télévision publique, le promoteur de la 2STV avait crié tout son ras le bol. Malgré tout, le premier concurrent de la RTS réussit la conversion. 

- De l’IPTV pour ne pas dire de radio filmée, aux satellites, le Groupe Walfadjri finit par obtenir le droit en passant par les aires, entre autres voies avant que WalfTV ne soit reçue à travers la sonnette. L’Etat a cédé à la pression sous l’influence des émissions thématiques, interactives et l’ouverture vers diaspora.

- Le Groupe Futurs Médias (GFM) pose l’acte III sur le contrôle de la star. Parmi les subterfuges, la pétition lancée au niveau national avec l’aide du journal et de la radio du groupe. L’Etat abdique. La TFM, sur les traces de La 2STV, passe de la télévision culturelle à son statut actuel. Pour les autres, la leçon est sue. C’est la ruée vers l’ARTP (Autorité de régulation des postes et des télécommunications). 

Avec l’arrivée de la Télévision numérique terrestre (TNT), le paysage audiovisuel sénégalais entame sa phase de maturité avec un nouveau public à conquérir. C’est à noter, les Sénégalais dans leur majorité ne sont pas bien outillés pour apprécier la qualité technique des émissions qu’ils consomment. Leur satisfaction se résume aux sentiments ou à l’affection qu’ils vouent aux stars présentatrices et à la pertinence ou non des invités. La diversité des chaines de télévision sénégalaises est à chercher ailleurs dans les orientations des débats et des éditions. Nos télévisions s’alignent sur une même ligne éditoriale et se couvrent d’un même contenu largement dominé par le folklore, la politique et la télé achat. 

Pour accompagner les chaines à se mettre dans les normes, surveiller les contenus, et affaiblir l’influence des télévisions dans la dégradation des mÅ“urs, notre pays devra se doter d’une institution de mesure d'audience. Les 
dispositifs techniques dans les salles de monitoring de la TNT, sont un pas en avant pour l’Etat de disposer de ce type d’organe indispensable à la maîtrise du potentiel du marché publicitaire à réguler à tout prix. 

La publicité des stars, par affinité. 

Les télévisions sénégalaises ne bénéficient pas de publicités parce qu’elles font des productions de qualité. Derrière chaque production, se cache une star ou une personnalité qui use et abuse de ses relations. Force est de constater qu’au Sénégal, on peut sevrer les téléspectateurs de plus de dix minutes de publicité pour sponsoriser un format dont la durée dépasse rarement les 26 minutes. C’est un abus commercial. L’absence d’un cadre juridique pour réglementer la publicité constitue des obstacles sources des télescopages entre les régies professionnelles. En investissant dans de 
nouveaux concepts basés sur le journalisme de terrain, grâce au transport du signal totalement assuré par la TNT dans tout le pays, les autres télévisions peuvent relever le défi d’une audience de qualité, source de recettes publicitaires. 

Les nouveaux décodeurs en vue, clef de voûte de la piraterie 

C’est vouloir organiser un dialogue de sourds que de projeter à convaincre les propriétaires des chaines de télévisions privées sénégalaises à livrer leur signal dans un seul et unique bouquet à destination de la diaspora. Pour servir et se servir de la diaspora certains des propriétaires des télévisions ont déjà lourdement investi sur le satellite. Chacun à sa 
manière et selon sa technologie mais le décodeur à la carte n’est plus la solution, elle est à sa dernière phase technologique à cause d’une prise en main des opérateurs de téléphonie et des fournisseurs d’accès. 

Le refus de partager une plateforme a favorisé la piraterie des signaux en Europe et aux Etats-Unis. En France, à travers des opérateurs privés et des réseaux câblés, certaines chaines sénégalaises sont bien suivies et mensuellement 
rémunérées. L’Italie, pays réputé de la contrefaçon est devenue pour les émigrés sénégalais la plateforme de distribution frauduleuse des programmes des télévisions africaines. Une activité illégalement bien payée et illicitement propice grâce aux nouvelles technologies. Les grands perdants demeurent les patrons de télévisions et les plus exposés aux sanctions pénales sont les clients finaux qui livrent dans l’ignorance toutes leurs filiations grâce aux fournisseurs d’accès internet. Aux Etats-Unis également, les fraudeurs se frottent les mains grâce aux plateformes techniques qu’offrent les interfaces exploitées à travers des kits et des boîtiers numériques. 

C’est une noble idée de vouloir mettre à la disposition de nos compatriotes vivant à l’étranger les programmes des télévisions qu’ils souhaitent suivre dans leur pays d’accueil si cette ambition ne cacherait pas outre mesure, un objectif inavoué. 

Le Comité national de la transition de l’analogique au numérique (CONTAN) n’a pas pour mission de fabriquer d’autres décodeurs hormis ceux destinés à réceptionner les signaux de l’émetteur terrestre dont le Groupe EXCAF a la charge de produire, d’installer et de mettre en marche pour le compte de l’Etat.

Le CONTAN n’a pas non plus mandat à transporter les signaux des télévisions sénégalaises vers la diaspora. Donc vouloir faire prospérer une activité du genre durant la mission du CONTAN exposerait le Sénégal du fait que cet exercice encourage la piraterie des signaux numériques des chaines de télévision privées et publiques sénégalaises vers d’autres destinations à des fins purement commerciales. 

Au basculement complet du Sénégal à la TNT, le comité de pilotage devrait faire place à un nouveau organe de surveillance de l’audiovisuel. Cette institution future devra inscrire dans ses priorités, le nettoiement et le réaménagement du spectre. Elle devra revoir les mécanismes de contrôle des équipements de radiocommunication. 

La télévision n’est pas une simple boite à images programmées dans une playlist qui vise l’aide à la presse 

Alioune NDIAYE 
DIASPORA24TV


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