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Serigne Mouhamadou Moustapha Mbacké, l’Unificateur


Rédigé le Dimanche 1 Novembre 2015 à 16:01 | Lu 187 fois | 0 commentaire(s)



Grand par sa taille (1.93m), Serigne Mouhamadou Moustapha Mbacké est le fils ainé du bien nommé Cheikh Ahmadou Bamba, figure incontestable de l’Islam mondial et digne Serviteur du Prophète (Psl) dont le fondateur de Darou Khoudoss est l’homonyme. D’abord par son nom qui signifie l’Extrait, il avait toutes les caractéristiques d’un Extrait choisi par le Cheikhissime Ahmad Ibn Habiboulah.


Serigne Mouhamadou Moustapha Mbacké, l’Unificateur
Il était surnommé Modou Aminata, faisant référence à sa sainte mère, la Cheikha Aminata Lo. Elle-même descendante de l’Erudit et Prince du Ndiambour, Serigne Ahmad Ndam Lô. Elle est aussi la mère de son frère cadet, Mouhamadou Lamine Bara Khadim Rassoul, marabout des djinns dont il se disait qu’il en détenait des dizaines de milliers de cheikhs. Et dont l’arbre à palabre (penc) était le mystérieux baobab sur lequel se trouvaient des écritures, d’où son nom de Gouye Mbind. Il est le père du fondateur de Keur Nganda, Cheikh Maty Lèye, l’actuel Khalife Général des Mourides sous le nom de Cheikh Sidy Makhtar Mbacké. 

Serigne Mouhamadou Moustapha Mbacké était le génie du savoir faire, doublé du bâtisseur de Touba qu’il est. Il a réussi à soustraire le corps sanctifié de son défunt père de la résidence surveillée dont il était l’objet à Diourbel pour venir le loger à Touba. Il y implanta une baraque en guise de mausolée provisoire. D’où le sobriquet de « Borom Baraque Bi » par lequel on désignait le Fondateur du Mouridisme durant les premières années qui ont suivi son retour définitif dans cette cité qu’il avait tant chérie dans ses odes et autres poèmes. Sans l’avoir jamais vue dans sa dimension terrestre. Hormis la relation qu’en fait le Coran qui qualifie Touba, nommément, de magnifique lieu pour le retour éternel (Sourate 13, Verset 29). Nom qui recoupe le sens initial de Utopia (Cité des Rêves). 

Serigne Mouhamadou Moustapha était le continuateur, le bâtisseur et le réalisateur de la cité dont son père a été l’architecte. Et qu’il a matérialisée en relevant plusieurs défis dont celui de désenclavement qui n’est pas le moindre. Le tronçon de rail qu’il a réalisé à ses frais a été le véritable ILA TOUBA. Un cordon ombilical. 

Touba, il l’a habitée seul avec sa proche famille, tout en réalisant le triple des sept villages distant chacun de sept kilomètres l’un de l’autre. Et cette fois dans les différentes directions. Constituant, ainsi, des rayons d’un astre dont le centre se trouve être le mausolée et la mosquée qu’il a fondée. En surpassant, même, les dimensions des piliers et leur résistance. Et, ce, lors d’une période d’arrêt de chantier à cause du départ en vacances des entrepreneurs français. 

Comme Khéops, le Prophète Abraham, Salomon, le Prophète Mohamed (psl), la Mère des Cités était là. Coran, S.6, V92. 
Comme chez le Prophète et Roi Souleymane (Salomon) il s’est agi d’un gigantesque centre de formation dans les règles de l’art de la construction : gros Å“uvre, finition, décoration. L’importation du matériel et des matériaux fut le creuset dans lequel se sont formés les commerçants Baol Baol devenus fins négociants urbi et orbi. 

La place très enviable des Mourides dans le tissu économique du Sénégal a été tissée par ce grand ingénieur avant la lettre. 

Mais nul n’aurait pu être digne successeur de Cheikh Ahmadou Bamba sans être le gardien de la cohésion des musulmans, toutes confréries confondues. Tel que le Cheikh l’avait défini par écrit en disant que toutes les voies menaient à lui( Dieu et Son Prophète). Qu’elles aient emprunté la voie de Jaylany, celle de Ahmad Tidjany ou d’autres que celles de ces deux là. En d’’autres termes, toutes les voies spirituelles mènent à Touba. Bamba n’est pas sectaire mais rassembleur. 

Lors des premiers gamous qu’il y célébrait, il faisait psalmodier, entre autres odes et khassaids, les écrits d’autres érudits dont ceux de mon père dont les talibés de Tiakh Niang de Elhadj Birane célébraient la naissance du Prophète (Psl), à l’unisson, avec les talibés mourides. 

Aujourd’hui Darou Khoudoss reprend l’initiative du Rassembleur qu’était le premier successeur de Cheikh Ahmadou Bamba et fondateur de Darou Khoudoss. Celui qui ne savait pas et ne voulait pas faire une distinction entre les membres des différentes confréries. 

Son fils ainé et successeur fut Cheikh Ahmadou Mbacké dit Gaindé Fatma dont la double descendance, maraboutique et princière, a fait de lui une force tranquille. Il convoyait les leaders de la Tidianya vers son domicile de Casablanca, puis par caravanes de bus à Fès. Leur donnait de l’argent en guise de Adyah au mausolée du Fondateur de la Tidianya. Sans se distinguer d’eux. Le tout à ses frais. Excusez du peu ! L’occasion ne permet pas d’être long. 

Par ailleurs, il créa deux leaders de renommée et de les financer : Cheikh Anta Diop et Me Abdoulaye Wade. Sur le plan économique, il était le premier investisseur dans l’agriculture. En lui faisant atteindre le chiffre mirobolant d’un million de tonnes d’arachide en guise de cadeau pour l’indépendance du Sénégal. Il est vrai que Cheikhoul Khadim disait de lui, en le désignant du doigt : « Bien que je sois assis, celui qui marche n’est pas un autre, c’est moi aussi ». 

Son frère cadet, et presque jumeau, Serigne Mbacké Madina, était la figure de l’ascète soufi. Qui ne levait les yeux de ses éternelles feuilles coraniques que pour s’orienter vers la Mecque pour ses prières rogatoires et surérogatoires. Un Serigne Touba de la dévotion et de la lecture du Coran. 

Serigne Mahmoudan, ou Dan si vous préférez, était bien choyé par son père et par toute la fratrie. Il vivait déjà au Paradis quand il était parmi nous. A sa défunte fille aînée qui a été mon épouse et qui a vécu avec moi onze ans qu’elle a remplis de lumière, je rends hommage. 

J’aurais pu être très long pour la sainte fratrie en parlant du poète arabophone hors pair, Son Excellence Serigne Saliou Mbacké, Ambassadeur et homonyme du frère de son père, le Khalife Serigne Saliou. Excusez du peu ! Ce n’est pas moi qui suis avare en écritures mais c’est l’espace médiatique qui est étroit. 

Mais, j’aurais pu en dire autant de Serigne Ahma Tindodi (Touba) ou de Serigne Aliou Darou Nahim, sans oublier Serigne Ibrahima, Serigne Ahmadou (Khadim). Et avant eux, Serigne Abdou Salam, fils de Serigne Mouhamadou Moustapha qui a été très tôt rappelé à Dieu. 

Mais, avant de terminer, tout en étant sûr de ne pas être contesté, je voudrais clôturer la liste des enfants de Serigne Moustapha par son petit-fils et presque fils : j’ai nommé Mohamed, plus connu sous le nom de Serigne Mbacké Sokhna Lô. 

Cette année, et à l’initiative de Serigne Cheikh Aliou, petit-fils de Mouhamadou Moustapha et fils de Serigne Aliou de Darou Nahim, hydraulicien et Responsable de Mahou Rahmati (la distribution de l’eau à Touba), le thème central du Magal de Darou Khoudoss est : Elhadj Malick Sy et son Å“uvre. Donc , la complémentarité Tidianes Mourides. Et, évidemment, Khadres et autres pour le meilleur de l’Islam. 

Cette initiative ne pouvait provenir que d’un homme exceptionnel en amont et en aval. De par sa descendance, de par son parcours et de par sa dextérité il a réalisé une prouesse qui fera date dans les annales de l’Islam Sénégalais, Africain et, par delà, mondial. 

Cheikh Aliou est l’homme de l’ouverture, à l’instar de ses prédécesseurs. Pour ce faire il a mené, en sourdine, un combat contre ceux qui veulent faire du Mouridisme et de Touba un ghetto. Lui a compris qu’en réalisant Touba Cheikh Mouhamadou Moustapha a réalisé une cité de lumière qui rappelle le soleil. Et a été voulue et dessinée par Cheikh Ahmadou Bamba en personne. Ce soleil là ne s’éteindra jamais. 

AHMED KHALIFA NIASSE 


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