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Serigne Cheikh Ahmad Tidiane SY Al Maktoum : un héritage politico-spirituel prêché par l’exemple ( par ELhadji Mounirou NDIAYE, Economiste)


Rédigé le Jeudi 30 Novembre 2017 à 19:31 | Lu 98 fois | 0 commentaire(s)




Serigne Cheikh Ahmad Tidiane SY Al Maktoum : un héritage politico-spirituel prêché par l’exemple ( par ELhadji Mounirou NDIAYE, Economiste)
Sa vie aura été pleine de sens et génératrice d’incommensurables externalités spirituelles. Tout au long de sa vie, Cheikh Ahmad Tidiane SY Al Makhtoum (RTA) nous a gratifiés d’une sublime exégèse de la mission islamique. 

Au-delà de ses indénombrables publications tournant autour du thème central de l’unicité de Dieu et de la portée sociéto-spirituelle des actions prophétiques, le Maouloud (célébration de la naissance du prophète Mouhammad-PSL-) aura été, durant la période 1996-2010, une tribune assidue d’où il a fait jaillir les lumières éblouissantes du sens de la mission du Sceau des prophètes, Mouhammad (PSL). Serigne Cheikh ou Mame Cheikh, comme aiment le désigner les Moustarchidines, est ainsi l’incarnation de la générosité et du partage scientifiques. Il serait impossible de lister ses innombrables conférences et discours qui ont couvert tous les domaines de la science, mais on peut dire sans se tromper que ses quinze dernières apparitions à l’occasion du Maouloud, font office d’une synthèse sur la Hakhiikha qu’il désigne lui-même par « Réalités Essentielles ». 

La polyvalence et la multi-dimensionnalité de l’action de Serigne Cheikh Ahmad Tidiane Al Makhtoum ont fait dire aux esprits bien avertis que la compréhension de son message nécessite d’être à la fois religieux et scientifique. Evidemment, le premier critère pour cerner les « Réalités Essentielles », est de s’informer au maximum possible sur son Seigneur même si Celui-ci a dit que « nous ne vous avons accordé que peu de savoir ». 

Dès lors, il existe des complémentarités inaliénables dans les sciences qui ont été mêmes développées dans d’autres confessions (chrétiens, judaïques, …). C’est pourquoi, réfléchissant sur pourquoi, malgré sa posture hautement spirituelle, Seydi Elhadji Malick a une fois dit, qu’il vouait être médecin, Serigne Cheikh finit par découvrir que son grand-père voulait mettre en évidence les liens entre les sciences là où ou certains cherchent les antagonismes. 

C’est alors armé de tous les instruments cognitifs, que le croyant peut aisément aller à la quête des « faces cachées de choses » ou « Ad damaa iroul Kawni ». Et Serigne Cheikh de renchérir : « Notre Seigneur s’est fait violence pour satisfaire sa Gloire, malgré quelque réticence de son Unicité, d’où l’existence de cette race de pécheurs que nous humains, nous sommes ». 

Telle est donc la source de la querelle entre Allah (SWT) et ses autres créatures extra-humaines dont Ibliss (Satan) est juste un représentant. Mais Allah (SWT) n’a pas failli à un quelconque élément de son Projet, qui, n’en déplaise à Satan, a été de créer l’Homme, de le préférer à plusieurs autres créatures et de le guider progressivement vers le summum de la Piété, de la Vertu et du Bien par l’envoi de prophètes successifs dont Mouhammad (PSL) est le Dernier. Lui, qui est certes un Humain, mais aussi le Chef-d’œuvre de Créature Humaine. 

Les témoignages lors de son rappel à Dieu le 15 mars 2017, ont montré une dimension essentielle du personnage : son amour inégalable pour le savoir lui ayant valu la liquidation totale de sa fortune au service de la quête de connaissances à travers la planète. Il n’y a point d’intérêt dans l’amour sans l’action, disait son grand père Maodo. Et Serigne Cheikh n’a pas lésiné sur son temps pour devenir un autodidacte hors pair dans plusieurs langues, doublé d’un polyvalent et d’un fin stratège dans l’alliance du politique, du social et de la spiritualité. 

Après l’indépendance du Sénégal et devant le statut dérisoire accordé aux religieux et aux intellectuels de langue Arabe dans le pays, Serigne Cheikh a mené un combat historique qui lui a valu le sacrifice d’une implication dans la politique, dont une des conséquences a été la prison à deux reprises. Les témoins de l’histoire connaissent la suite de cet engagement politique matérialisé par la création du PSS : une victoire confisquée lors des élections de 1967. 

Toutefois, la précision qu’il donna lors du Maouloud de 2008 est claire : l’objectif n’était pas de gouverner le pays mais de montrer à la face du monde, que les guides spirituels, les religieux et les intellectuels de langue arabe n’étaient pas des moins que rien, ils sont plutôt bien plus représentatifs dans ce pays où l’héritage colonial a voulu les minimiser. 

Actuellement, le peuple sénégalais bénéficie de cet engagement historique : les intellectuels de langue arabe ont été progressivement impliqués dans l’éducation, dans l’administration et dans la diplomatie. A l’image de son grand-père Maodo qui s’est vacciné une fois à Guet Ndar pour montrer l’exemple, il a accepté d’être ambassadeur en Égypte à la fin des années 60. 

L’action de Mame Cheikh AL Makhtoum a été très instructive par ailleurs dans l’exercice du savoir par la pratique et l’action. Son sens de l’équilibre, de la mesure et du prêche par l’exemplarité, l’ont mené à abandonner la politique une fois que ses objectifs atteints. Cette exemplarité véhicule un nouveau paradigme révolutionnaire d’engagement politique et d’exercice du pouvoir : savoir s’y engager et savoir se retirer au moment opportun. 

C’est ce qu’il avait conseillé à Senghor qui l’a appliqué en 1980, et qui a pu alors échapper au sort connu dans les années 80 et 90 par les présidents africains qui se sont accrochés au pouvoir. Cette posture devrait servir de leçon à l’ancienne classe politique sénégalaise qui continue actuellement de s’agripper au pouvoir que leur offre le nouveau président élu en 2012. 

Qui mieux que Serigne Cheikh pouvait encore continuer à profiter des mandats de Senghor, en s’agrippant aux délices du pouvoir jusqu’à son retrait en 1981 ? 

Qui mieux que Serigne Cheikh pouvait, s’il le souhaite, bien profiter du pouvoir de Abdou Diouf avec la position de son choix ? 
Qui mieux que Serigne Cheikh pouvait négocier des prébendes et des strapontins pour lui et ses proches à l’ère d’Abdoulaye Wade ? 
Mame Cheikh pouvait avoir tout ce qu’il veut dans le pouvoir même à l’insu de tout le monde, mais la dimension spirituelle et la mission d’exemplarité ont été l’unique credo du fils de Serigne Babacar SY. Il a administré une belle leçon et légué un héritage politique bien perpétué par son Fils Serigne Moustapha SY, qui n’a jamais positionné son Parti de l’Unité et du Rassemblement (PUR) pour négocier l’obtention de strapontins et de prébendes. 

Serigne Cheikh, c’est aussi le panafricaniste invétéré, acteur infatigable de l’unité, de la cohésion et de la tolérance. Une anecdote dans ses rapports avec le président Jamal Adel Nasser alors qu’il était ambassadeur en Egypte, a attiré notre attention. Une fois Nasser lui dit, « Cheikh, vous cultivez des oignons au Sénégal et nous cultivons du riz ici en Egypte. Dis à Senghor que je suis prêt à prendre de votre oignon à double prix et de vous donner autant en riz Â». Serigne Cheikh a renseigné que quand il a transmis cette requête à Senghor, la réaction de celui a été de lui signifier que s’il tente cette expérience, les Français vont le chassent du pouvoir. Une telle anecdote repose avec acuité le problème de l’indépendance effective de nos pays dans ce contexte actuel où la problématique du Franc CFA a été encore agitée. 

Bonne fête du Maouloud. 



ELhadji Mounirou NDIAYE, Economiste. 
(elhadjimounirou@gmail.com)


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