« Faire de la politique autrement »
En attendant, cette admiratrice de Nelson Mandela, de Mère Thérésa, de l’Abbé Pierre ou encore de Thomas Sankara, cultive comme ses prestigieux mentors, un engagement à fleur de peau qui la fait réagir sur des sujets d’actualité, comme l’année dernière après le concours Miss Diongoma. « Tout est parti d’un article dont le titre semblait assez suggestif ”Avis aux hommes, les candidates de Miss Diongoma cherchent un mari”, se souvient-elle. A l’époque, je m’étais autorisée un droit de réponse à cette douteuse sortie. Une miss a quand même plus à offrir qu’un corps et on a l’impression que tout est mis en œuvre pour faire passer les candidates à ces concours de beauté pour de la chair à pâté. Pour moi ces concours ne servent pas d’enclos à des femmes célibataires en quête de maris. Et, je demandais donc, suite à cet article, que le concours soit plus structuré, les Miss mieux encadrées afin qu’elles puissent jouer le rôle pour lequel elles sont dévolues : ambassadrices culturelles et pas autre chose ! ». Mais là où sa verve fait le plus mouche, c’est sur le terrain politique. Nathalie Dia fut très engagée lors de la campagne présidentielle contre le candidat Wade, aussi bien sur les réseaux sociaux que sur le terrain en prenant parfois part à des manifestations du M23 : « Le seuil de tolérance avait été franchi par l’ancien régime avec la dévolution monarchique que l’on a voulu nous imposer alors même que le pays regorgeait de fils et de filles qui y étaient nés, y avaient grandis et qui avaient des compétences avérées dans tous les domaines. Vouloir nous imposer « le fils de… » était tout simplement la goutte de trop. A l’époque des faits, nombreux, étions-nous à penser qu’il fallait absolument faire quelque chose et ne surtout pas rester passifs devant les dérives du pouvoir d’alors ». Elle s’était dès lors engagée aux cotés u mouvement Taxaw Tem du candidat, Ibrahima Fall. Elle est, encore aujourd’hui, la Coordinatrice adjoint du mouvement. Mais au lieu de faire de la politique politicienne à la sénégalaise où l’on est plus en quête de maroquin ou de prébende, l’ex lycéenne de Kennedy a une vision plus noble de la chose : « Il ne s’agit plus d’adopter les vieilles méthodes de politiciens qui s’apparentent à la politique du ventre, mais bien de s’engager pour des valeurs et des principes. Et ces principes en politique, se résument aux valeurs que véhicule notre mouvement : rassembler les patriotes, réhabiliter les valeurs, restaurer l’Etat de droit et relancer le développement. C’est tout un programme face aux nombreux défis qui nous attendent ».
Passionnée de mots-fléchés et de scrabble et aimant surtout profiter de soirées cinéma avec ses enfants, elle n’a pas pour autant baissé sa vigilance après le départ de Abdoulaye Wade. Et le moins que l’on puisse est qu’elle compte parmi les déçus du nouveau régime. Pour elle, le changement escompté n’est toujours pas à l’ordre du jour : « Il n’y a aucune cohérence dans les actes du nouveau régime, aucune pertinence dans les discours; ce régime tergiverse, tâtonne, gesticule beaucoup trop, pose un pas et puis recule de deux. Il n’y a toujours point de rupture et nous qui nous étions battus justement pour que les choses changent, envisageons de nous engager dans une nouvelle alternative. Je reste persuadée que, tant que nous n’aurons pas résolu le problème de l’impunité, de l’enrichissement illicite, de la mal gouvernance, nous ne pourrons pas reconstruire notre pays pour en faire une société où les citoyens y trouvent tous leur compte ».Doté d’un fort caractère, éprise de loyauté, et d’un naturel optimiste, elle croit encore que le Sénégal peut s’en sortir et tourner la page de certaines pratiques. Tout juste faudra-t-il le vouloir vraiment et s’en donner les moyens. « Je crois fortement que le changement est possible, indique-t-elle. Il suffit juste que l’on pense à être un serviteur de la Nation, que l’on fasse les bons choix en pensant moins à soi et à sa famille mais que l’on se dévoue plus pour les autres ». Et si finalement Miss Sénégal 1992 était trop idéaliste dans une époque si cynique et si intéressée? Elle, en tout cas, n’aspire pas modifier sa philosophie ni rien transiger de ses valeurs : « J’entretiens en moi, un certain idéal de vie et j’ai une haute idée de la destinée et, forcément de moi. Mes rêves sont portés par une grande générosité et de la grandeur d’âme. J’ai le sens de la valeur des choses. J’ai bien compris que l’on évolue grâce aux échanges avec les autres, tout en restant fidèle à ses valeurs ». Ah si seulement tous les hommes politiques réfléchissaient ainsi ! Ce pays ne s’en porterait que mieux.
Adama NDIAYE