‘’Le Ramadan, ce n’est pas seulement le jeûne, il y a aussi l’habillement’’, selon Amadou Diop, couturier à Grand Yoff. Pour dire que les habitudes vestimentaires ont changé en ce mois du Ramadan. Et l’accoutrement actuel des Sénégalais le prouve plus ou moins. Tout comme les changements alimentaires, les changements vestimentaires sont bien visibles chez les adeptes de l’Islam. ‘’C’est une période bénie, où on demande de s’habiller correctement’’, ajoute Diop.
Les femmes en robe se prononcent
Au Point E, trois filles marchent dans la rue, vêtues de robes longues et larges. Abaya rouge et violet, robe en coton de motif fleurette en noir et blanc, et taille basse de couleur vive agrémentée d’un foulard assorti, constituent leur accoutrement du jour, même si elles confessent qu’il ne s’agit pas là de leur tenue habituelle. ’’En dehors de ce mois, on porte des jupes et des pantalons. On est à la mode’’, dit Nabou, étudiante en troisième année d’infirmière à l’école COSEFOR (Collectif Sénégalais pour la Formation).
‘‘’Lors du Ramadan, on est aussi à la mode, une mode plus traditionnelle, et une façon de s’habiller plus décente’’, ajoute-t-elle. Elle pointe du doigt la longueur de sa robe, qui descend jusqu’au sol, avant d’évoquer ses cheveux sans mèche, en expliquant qu’ils symbolisent la pudeur. ‘’Pendant onze mois, on s’habille comme on veut. Pourquoi ne pas laisser à Dieu un mois ?’’ Ailleurs à Fann Hock, l’étudiante Fatima se promène, arborant une robe longue rose fuscia et un voile de la même couleur qui couvre tous ses cheveux. Elle confie qu’elle s’habille de la sorte pas uniquement pour le mois du Ramadan.
‘’Je porte toujours une robe longue et un voile, douze mois de l’année’’, explique-t-elle avec fierté. Elle dit se conformer aux préceptes de l’islam. ‘’Notre religion, dit-elle, recommande de se voiler et de porter des vêtements décents’’. Plus loin dans la même rue, Rama, une fille de petite taille, vêtue d’une robe en basin vert foncé, avec une petite écharpe nouée sur la tête, est moins à l’aise dans ses habits traditionnels. ‘’Je les porte pendant le mois de jeûne, parce que c’est obligatoire. C’est une obligation’’, renseigne-t-elle, en tirant sur la voile. ‘’Pendant le reste de l’année, je porte des vêtements plus pratiques, comme des jupes et des pantalons, ce que je préfère’’.
Khalifa Diop, bien habillé d’un boubou en basin blanc et des babouches beiges, affirme que ce ne sont pas seulement les filles qui changent leurs tendances vestimentaires. ‘’Les hommes arrêtent aussi de porter certains vêtements pendant le Ramadan. Comme on est dans un mois béni, il faut porter des choses vraiment décentes. Plus de ‘pinw’, plus de ‘Checkdown’’’, dit-il. Contrairement à la jeune Rama, lui se complet dans ses habits traditionnels, durant cette période. ‘’Je porte un boubou, chaque jour du Ramadan. Ça fait du bien,’’ ajoute-t-il en souriant.
Le prêt-à -porter s’efface pendant le Ramadan
Ce changement dans le mode vestimentaire déteint également sur les ventes d’habits. Au Point E, Couture Aibana et le Black Beauty, une boutique de prêt-à -porter, sont deux officines spécialisées dans la vente d’habits. D’habitude, les deux commerces qui se trouvent côte à côte reçoivent le même flux de clients. Mais avec le Ramadan, les choses ont changé. ‘’Le nombre de clients diminue beaucoup pendant ces trente jours,’’ renseigne Ndèye, vendeuse au Black Beauty. La vitrine de sa boutique laisse voir des jeans ajustés, des mini jupes et des hauts. Par contre pour Sabelle, la couturière d’à côté, tout baigne. Car Couture Aibana est plutôt spécialisée dans la confection de boubous traditionnels (grands boubous, tailles basses, et autres). ‘’Comme couturière, j’ai une augmentation de commandes’’. Alors que Sabelle reste au travail tard le soir, pendant ce mois, Ndèye est contrainte de descendre plus tôt, parfois à 16h, parce que, selon ses propres mots : ‘’ça ne marche pas’’.
Ainsi, pour les couturiers, le Ramadan et surtout l’approche de la Korité est un moment propice pour le business. ‘’Pour cette fête, les musulmans commandent des habits chics et chers, surtout en basin blanc’’, observe Rosa Dora Anne, couturière à Fann Hock. Awa, couturière à l’atelier Mandel, évoque elle la perpétuelle évolution de la mode au Sénégal : ‘’Les styles et les modèles changent et se modernisent tout le temps. Par exemple, ce mois de Ramadan, les tailles basses sont à la mode, et donc les femmes portent souvent ce modèle. Mais si les abayas sortaient, elles suivraient. C’est la tendance’’.
Le Sénégal, un pôle de la mode africaine
Ainsi que des clients locaux, les couturiers de Dakar accueillent un grand nombre de clients qui viennent d’autres pays africains, surtout pendant cette période bénie. ‘’Le Sénégal est très à l’avance par rapport à la mode et la fabrication des vêtements traditionnels’’, souligne Amadou Diop. ‘’On a des clients de la Côte-d’Ivoire, du Gabon, du Cameroun, de l’Afrique du Sud, du Nigeria. Tous s’approvisionnent en tenues traditionnelles ici au Sénégal, surtout à l’approche de la fête de Korité’’.
Selon lui, la haute couture dans ce pays subit des influences occidentales. Ce qui fait que les couturiers mélangent mode occidentale et mode africaine pour faire des ‘’vêtements internationaux’’. Toutefois, Diop souligne aussi le goût des Sénégalais pour la mode qui contribue à la prospérité de l’industrie de la mode traditionnelle. «Les Sénégalais, dit-il, sont très ouverts à la mode. Ils aiment bien ce qui est beau.»
Les femmes en robe se prononcent
Au Point E, trois filles marchent dans la rue, vêtues de robes longues et larges. Abaya rouge et violet, robe en coton de motif fleurette en noir et blanc, et taille basse de couleur vive agrémentée d’un foulard assorti, constituent leur accoutrement du jour, même si elles confessent qu’il ne s’agit pas là de leur tenue habituelle. ’’En dehors de ce mois, on porte des jupes et des pantalons. On est à la mode’’, dit Nabou, étudiante en troisième année d’infirmière à l’école COSEFOR (Collectif Sénégalais pour la Formation).
‘‘’Lors du Ramadan, on est aussi à la mode, une mode plus traditionnelle, et une façon de s’habiller plus décente’’, ajoute-t-elle. Elle pointe du doigt la longueur de sa robe, qui descend jusqu’au sol, avant d’évoquer ses cheveux sans mèche, en expliquant qu’ils symbolisent la pudeur. ‘’Pendant onze mois, on s’habille comme on veut. Pourquoi ne pas laisser à Dieu un mois ?’’ Ailleurs à Fann Hock, l’étudiante Fatima se promène, arborant une robe longue rose fuscia et un voile de la même couleur qui couvre tous ses cheveux. Elle confie qu’elle s’habille de la sorte pas uniquement pour le mois du Ramadan.
‘’Je porte toujours une robe longue et un voile, douze mois de l’année’’, explique-t-elle avec fierté. Elle dit se conformer aux préceptes de l’islam. ‘’Notre religion, dit-elle, recommande de se voiler et de porter des vêtements décents’’. Plus loin dans la même rue, Rama, une fille de petite taille, vêtue d’une robe en basin vert foncé, avec une petite écharpe nouée sur la tête, est moins à l’aise dans ses habits traditionnels. ‘’Je les porte pendant le mois de jeûne, parce que c’est obligatoire. C’est une obligation’’, renseigne-t-elle, en tirant sur la voile. ‘’Pendant le reste de l’année, je porte des vêtements plus pratiques, comme des jupes et des pantalons, ce que je préfère’’.
Khalifa Diop, bien habillé d’un boubou en basin blanc et des babouches beiges, affirme que ce ne sont pas seulement les filles qui changent leurs tendances vestimentaires. ‘’Les hommes arrêtent aussi de porter certains vêtements pendant le Ramadan. Comme on est dans un mois béni, il faut porter des choses vraiment décentes. Plus de ‘pinw’, plus de ‘Checkdown’’’, dit-il. Contrairement à la jeune Rama, lui se complet dans ses habits traditionnels, durant cette période. ‘’Je porte un boubou, chaque jour du Ramadan. Ça fait du bien,’’ ajoute-t-il en souriant.
Le prêt-à -porter s’efface pendant le Ramadan
Ce changement dans le mode vestimentaire déteint également sur les ventes d’habits. Au Point E, Couture Aibana et le Black Beauty, une boutique de prêt-à -porter, sont deux officines spécialisées dans la vente d’habits. D’habitude, les deux commerces qui se trouvent côte à côte reçoivent le même flux de clients. Mais avec le Ramadan, les choses ont changé. ‘’Le nombre de clients diminue beaucoup pendant ces trente jours,’’ renseigne Ndèye, vendeuse au Black Beauty. La vitrine de sa boutique laisse voir des jeans ajustés, des mini jupes et des hauts. Par contre pour Sabelle, la couturière d’à côté, tout baigne. Car Couture Aibana est plutôt spécialisée dans la confection de boubous traditionnels (grands boubous, tailles basses, et autres). ‘’Comme couturière, j’ai une augmentation de commandes’’. Alors que Sabelle reste au travail tard le soir, pendant ce mois, Ndèye est contrainte de descendre plus tôt, parfois à 16h, parce que, selon ses propres mots : ‘’ça ne marche pas’’.
Ainsi, pour les couturiers, le Ramadan et surtout l’approche de la Korité est un moment propice pour le business. ‘’Pour cette fête, les musulmans commandent des habits chics et chers, surtout en basin blanc’’, observe Rosa Dora Anne, couturière à Fann Hock. Awa, couturière à l’atelier Mandel, évoque elle la perpétuelle évolution de la mode au Sénégal : ‘’Les styles et les modèles changent et se modernisent tout le temps. Par exemple, ce mois de Ramadan, les tailles basses sont à la mode, et donc les femmes portent souvent ce modèle. Mais si les abayas sortaient, elles suivraient. C’est la tendance’’.
Le Sénégal, un pôle de la mode africaine
Ainsi que des clients locaux, les couturiers de Dakar accueillent un grand nombre de clients qui viennent d’autres pays africains, surtout pendant cette période bénie. ‘’Le Sénégal est très à l’avance par rapport à la mode et la fabrication des vêtements traditionnels’’, souligne Amadou Diop. ‘’On a des clients de la Côte-d’Ivoire, du Gabon, du Cameroun, de l’Afrique du Sud, du Nigeria. Tous s’approvisionnent en tenues traditionnelles ici au Sénégal, surtout à l’approche de la fête de Korité’’.
Selon lui, la haute couture dans ce pays subit des influences occidentales. Ce qui fait que les couturiers mélangent mode occidentale et mode africaine pour faire des ‘’vêtements internationaux’’. Toutefois, Diop souligne aussi le goût des Sénégalais pour la mode qui contribue à la prospérité de l’industrie de la mode traditionnelle. «Les Sénégalais, dit-il, sont très ouverts à la mode. Ils aiment bien ce qui est beau.»