Sa Thiès vient de signer avec Gaston pour croiser Jordan. Êtes-vous partant pour ce combat ?
Oui. Je suis partant pour ce combat, de même que tous mes parents. Si les gens n’étaient pas d’accord pour que Sa Thiès affronte Jordan, il n’allait pas s’engager. Il l’a fait parce qu’il a bien reçu le feu vert de ses parents.
Il se dit que ce combat est très risqué pour lui qui sort d’une cuisante défaite face à Malick Niang. Qu’en pensez-vous ?
Il n’y a aucun risque dans la lutte. On ne peut parler de risque que pour quelqu’un qui n’a pas encore glané d’expériences dans l’arène. Mais qui connait Sa Thiès sait qu’il s’était trompé lors de son dernier combat (contre Malick Niang, ndlr). Mais, on a grand espoir qu’il ne commettra pas la même erreur pour ce prochain combat, Inch’Allah.
Pour qu’il se tire d’affaire, quel doit être son comportement, selon vous ?
Qu’il fasse comme il l’a toujours fait. C’est-à-dire respecter ses entraînements, prendre le temps de se reposer et s’accompagner de ses parents de la Casamance et d’ailleurs. C’est tout.
D’aucuns pensent que c’est un combat revanche par procuration du fait que vous avez été battu par Eumeu Sène, le mentor de Jordan qui va en découdre avec votre jeune frère. Quel est votre avis là-dessus ?
Ce combat n’est nullement une revanche pour nous. C’est mon combat, c’est aussi celui de mon père Double Less et de toute la Casamance. Pourquoi c’est notre combat à nous ? Nous le savons. En tout cas, nous sommes prêts à tout pour le gagner. Et cela quel qu’en soit le prix.
Pourquoi ce combat est si capital pour vous ?
C’est parce que tout simplement Sa Thiès doit avancer vite pour arriver au sommet.
Et pourquoi vous avez choisi un poulain d’Eumeu Sène comme adversaire afin de poursuivre votre chemin ?
Non, cela m’importe peu qu’Eumeu Sène soit proche de ou derrière Jordan. Cela ne nous concerne pas. C’est eux que ça concerne en réalité.
Est-ce que vous êtes convaincu que Sa Thiès vaincra ?
Inch’Allah, Sa Thiès aura la victoire sur Jordan. Je me base sur toutes les qualités de mon frère pour y croire. Sa Thiès est techniquement plus doué que Jordan. Il est aussi plus frais que lui, beaucoup plus jeune et également plus courageux. Ce sont tous ces arguments qui me convainquent et me persuadent.
Juste après la matérialisation du combat, Jordan nous a dit au téléphone qu’il est convaincu de vaincre parce qu’il est devenu mature et il est physiquement bien doté.
Qu’en dites-vous ?
Mais que doit-on dire de Sa Thiès qui est plus jeune que lui ? Le sport favorise le plus jeune, sans compter les autres atouts de taille dont regorge mon frère. Jordan est plus âgé que lui. Je pense même que Jordan est plus âgé que moi qui suis son grand frère, si l’on n’est pas du même âge.
Vous pensez alors qu’il n’y a aucun risque pour Sa Thiès pour ce combat là ?
Il n’y a vraiment aucun risque. Sa Thiès est tranquille dans sa tête. En un mot, il ne se fait vraiment pas de soucis. Si Jordan se bagarre avec lui, il va le descendre. Et, s’il privilégie le corps-àcorps, Sa Thiès le saisira pour l’envoyer au sol inch’Allah. On n’en doute même pas. Et pour obtenir la victoire, on va se sacrifier à mort. Ce sera un combat que toute la Casamance prendra comme le sien. Et tout le monde s’y mettra pour la victoire de Sa Thiès. Gagner ce combat nous vaut tous les sacrifices du monde, encore une fois. On ne va rien négliger pour rentrer avec la victoire le jour-J.
Il paraît que Sa Thiès avait une avance d’Aziz Ndiaye avant d’aller signer avec Gaston Mbengue. Qu’est-il exactement ?
Effectivement, Sa Thiès avait empoché une avance d’Aziz Ndiaye. Seulement, il a trop attendu sans que celui-ci ne lui trouve un adversaire. Entre-temps, Gaston Mbengue lui en a trouvé un et il m’en a parlé. On a discuté jusqu’à tomber d’accord. Ensuite, il s’en est ouvert à mon père (Double Less) qui a également accepté. C’est pourquoi le combat a été conclu sans aucun problème. Nous avons informé Aziz Ndiaye par la suite et il a compris. Il a tenu un discours correct. Il a dit par exemple qu’il n’est pas le seul promoteur dans l’arène et que s’il y a un autre qui lui fait une bonne proposition, il doit pouvoir le libérer. Aziz Ndiaye a vraiment compris que Sa Thiès doit saisir l’opportunité et lutter parce que c’est un jeune qui aspire à réussir et arriver au sommet. Il a l’intention de faire une bonne carrière. Ensuite, il a prié pour
lui en tant que frère et promoteur.
Est-ce que Gaston Mbengue a multiplié le prix proposé par Aziz Ndiaye pour convaincre Sa Thiès ?
Non, c’est presque le même prix qu’il a proposé à Sa Thiès. Il n’y a pas de différence fondamentale, s’il y en a même. Aziz Ndiaye est un promoteur qui n’hésite pas à proposer un bon cachet aux lutteurs. C’est le cas pour Gaston Mbengue, si le combat lui en vaut la peine.
Pour revenir à vous, vous avez aussi signé avec Aziz Ndiaye. Est-ce qu’on peut s’attendre à ce que vous aussi, vous lui tourniez le dos pour Gaston Mbengue, par exemple ?
Je n’ai jamais fermé mes portes à aucun promoteur. Gaston Mbengue est un père pour moi. Il est vraiment tout pour moi. Aziz Ndiaye aussi est un grandfrère, un gars qui représente également tout pour moi. C’est pourquoi je ne peux fermer mes portes à personne. Je suis jeune et je n’ai que la lutte comme boulot. Je ne dois donc pas me focaliser sur un seul parce que je travaille. Je regarde aussi mon intérêt. Je suis en train de travailler vraiment pour mon plaisir et celui des amateurs pour terminer en beauté ma carrière.
Est-ce qu’on peut savoir si vous avez déjà empoché une avance d’Aziz Ndiaye ?
Est-ce qu’alors l’attente d’en trouver un n’est pas longue ?
Si. C’est d’ailleurs pourquoi Sa (Thiès) s’est engagé ailleurs. Il a, en effet, trop attendu. Parce que les adversaires qu’Aziz Ndiaye avait contactés traînaient les pieds. Donc, il est arrivé un moment où il fallait que Sa Thiès soit fixé sur son sort. Gaston Mbengue lui a offert l’opportunité et il a sauté sur l’occasion. Je pense que ce n’est pas méchant.
Est-ce qu’il y a un délai pour rester avec Aziz Ndiaye ?
Non, il n’y a aucun délai fixé pour qu’il me trouve un adversaire. Je suis avec lui sans ultimatum. Seulement, et c’est mon avis, s’il peine à me trouver un adversaire et que quelqu’un d’autre le réussit, il va me libérer. Ca, je n’en doute pas parce qu’il est assez compréhensif. Aussi, mes rapports avec lui dépassent la seule relation promoteur-lutteur. C’est beaucoup plus fraternel que cela.
Il se dit que vous avez très tôt atteint le sommet et que vous n’êtes plus motivé comme avant. Quel est alors votre adversaire dans l’arène ?
(Il éclate de rires) Vous l’avez-vous-même dit. Moi, par la grâce de Dieu, je suis très tôt arrivé au sommet. Et le plus souvent, les gens raccrochent après 15 ans de carrière. Moi, Dieu m’a aidé à réussir une belle carrière alors que je n’ai pas encore fait 10 ans de métier. Donc, peut-être que je suis en phase terminale dans l’arène. Si je termine avec cette phase, je vais raccrocher pour accompagner mon jeune frère (Sa Thiès) à continuer sa carrière de la plus belle des manières.
Ne pensez-vous pas avoir relâché les entraînements depuis quelques temps ?
Non, il n’y a pas de relâchement. Moi, c’est comme ça que je suis et j’ai toujours fonctionné de cette manière là. Si je n’ai pas de combat, je me repose et rends visite à mes parents et autres afin de mieux communier avec eux. Vous savez, quand une personne cherche quelque chose, il se tue pour l’avoir. Mais si, par la grâce de Dieu, toutes les portes te sont ouvertes en même temps au bout de l’effort que tu as consenti depuis le début de ta carrière, tu te dis que ça, c’est grâce à la lutte. C’est pourquoi je ne peux pas ne pas respecter ce qui m’a donné tout ce succès-là. Vous êtes alors convaincu avec moi que je ne badinerai pas avec ma carrière, voire avec mon bien. Non, jamais de la vie ! Il n’y a pas de relâchement. La seule explication que je peux donner, c’est que j’ai beaucoup voyagé. Il y a eu aussi les préoccupations dues au retour de mes parents de la Mecque avec le Ganalé (les festivités) que je leur ai réservé. C’est tout cela qui a fait que j’étais très fatigué, voire très épuisé. Dès lors, je prends le temps de me reposer en attendant de reprendre le chemin des entraînements. La lutte m’a vraiment tout donné et je ne peux jamais la
négliger.
Les amateurs, dans leur écrasante majorité, attendent votre combat contre Bombardier. Peut-on savoir si vous êtes prêt à l’affronter ou si vous allez prendre le vainqueur du combat Tyson / Gris Bordeaux ou Modou Lô / Eumeu Sène ?
Non, moi je n’attends personne. Je suis au zénith de ma carrière et je ne suis pas là à attendre Mademba ou Massamba. Je veux juste faire une bonne carrière avant de raccrocher. Je suis en phase terminale. Le blocage de ce combat se situe du côté de Bombardier mais pas de moi.
Est-ce que vous maintenez toujours votre décision de ne pas affronter Modou Lô et Yékini ?
Ces deux là, je les ai effacés sur ma liste d’adversaires potentiels depuis très longtemps. C’est une décision irrévocable. Je ne vais plus les affronter.
Pouvez-vous nous donner les vraies raisons de refuser de croiser Yékini et Modou Lô ?
Si, parce que mon jeune frère de sang est terrassé, tu t’en réjouis jusqu’à jubiler, c’est dire que la défaite que je t’ai infligée, c’est ce qui te fait mal jusqu’à présent. Ce n’est pas bien et ça fait mal. C’est cela la raison fondamentale. Modou Lô est content qu’on terrasse tout athlète qui est proche de moi. C’est pourquoi je ne veux pas parler de lui.
Mais les choses peuvent évoluer jusqu’à ce que vos chemins se croisent à nouveau. N’est-ce pas ?
Pour l’affronter à nouveau, il faudra qu’il fasse le parcours que j’ai fait. C’est-à dire qu’il affronte ceux que j’ai affrontés après avoir fait mes preuves. Donc, aujourd’hui, si je dois encore affronter Modou Lô, il va falloir qu’il fasse ce que j’ai fait pour mériter de me croiser. C’est simple. Il n’y a pas d’adversaire que j’ai affronté sur un plateau d’argent. J’ai fait mon parcours jusqu’à croiser des adversaires par mérite. C’est ce qui manque aujourd’hui à la lutte. Actuellement, les lutteurs bénéficient des adversaires grâce à leur popularité. Pas autre chose. Si on devait réellement choisir des adversaires en fonction du mérite des athlètes, beaucoup de lutteurs n’allaient pas avoir les adversaires qu’ils ont aujourd’hui.
Et les raisons du refus de croiser Yékini ?
C’est un choix personnel, une décision de mes parents.
Est-ce que la raison, ce n’est pas que vous avez peur de perdre face à lui ?
(Catégorique) Quelqu’un que j’ai battu à deux reprises dans un même combat... Cela veut dire que je suis techniquement plus fort que lui et j’ai aussi par rapport à lui l’avantage d’être plus jeune. Donc, je ne peux nullement avoir peur de lui ? Avec mon âge, j’ai encore plus d’atouts que lui. C’est dire que si on doit encore se croiser, je vais le battre une nouvelle fois. Je n’en doute même pas.
Tyson est votre ami, est-ce que vous pouvez encore l’affronter pour lui accorder une revanche ?
Nous sommes dans la lutte et tout peut changer en un temps record. Nous sommes à un moment où je ne dois pas refuser certaines choses. Que ce soit Tyson ou Gris Bordeaux, je suis prêt à les croiser.
Donc vous n’écartez pas Tyson ?
Non, je ne peux pas écarter Tyson, c’est un adversaire potentiel. Il est certes mon idole mais c’est un athlète au même titre que moi.
Quelle analyse faites-vous du combat Tyson / Gris Bordeaux ?
Ils sont deux adversaires qui ont eu des années de gloire dans l’arène. Tyson, par exemple, est resté sans victoire depuis 2004. Il a donc envie de renouer avec le succès. Gris Bordeaux aussi n’a pas enregistré deux victoires de suite depuis longtemps et il est dans une mauvaise situation au niveau de Fass. C’est pour cela qu’ils ont tous envie de sortir la tête de l’eau en remportant ce combat. Bref, c’est un combat capital pour les deux.
On a proposé 45 millions FCFA à Lac 2 pour croiser Papa Sow mais il ne s’est pas encore décidé. Quelle appréciation en faites-vous ?
(Rires) Mais chaque athlète a son staff et ses parents qui prient pour lui. En ce qui concerne Lac 2, je ne sais pas trop quelles sont ses raisons à lui. C’est lui seul et ses parents qui connaissent leurs vraies raisons. Je ne veux pas me tromper sur quelque chose que je ne maitrise pas.
Quel conseil pouvez-vous lui donner en tant que parent et frère ?
Ce que je peux lui conseiller, c’est de savoir qu’il n’est pas bon pour un athlète de faire des années blanches. Lac 2 doit pouvoir lutter. Parce que si tu n’as pas de combat, parfois tu n’es pas trop motivé et tu es dans des difficultés. C’est dire qu’il doit nouer son nguimb pour faire son boulot. Nous avons sorti nos aînés dans l’arène et logiquement ce sont nos jeunes frères qui vont nous en sortir. C’est pourquoi il faut que les gens luttent pour gagner ce qu’ils ont à gagner avant de raccrocher et aller faire autre chose.
C’est Luc Nicolaï qui a organisé votre plus grand combat. Pourquoi n’êtes vous pas encore parti lui rendre visite à la prison ?
Oui, depuis qu’il a été embastillé, je n’arrive pas à avoir un temps matériel pour lui rendre visite. Mais je pense à lui et je prie pour sa libération. Je ne manquerai pas aussi de lui rendre visite si j’ai le temps.
Il y a une marche pour sa libération qui est prévue à Mbour le 14 novembre, est-ce que vous allez y participer ?
Oui. Si j’ai le temps d’y aller, je m’y rendrai. Mais ce qui est le plus important pour moi, c’est de formuler une demande solennelle aux autorités du pays et à celles de la justice pour le libérer. Parce que Luc Nicolaï est quelqu’un d’une grande importance pour la lutte et pour le pays. C’est vraiment un acteur de développement.
Quelle appréciation faites-vous du prix de la licence des lutteurs que le CNG a augmenté à 10.000 FCFA de même que celui des promoteurs qui est amené à 500.000 FCFA ?
La lutte va vers l’abîme. Pourquoi ? On est en train d’augmenter les licences comme vous le dites. Nous devons encourager les lutteurs. Tout le monde n’a pas les moyens de payer une licence à 10.000 FCFA. Les athlètes sont tellement nombreux qu’il y en a parmi eux qui, s’ils ne luttent pas, ils feront des choses regrettables. Aussi, pour la licence des promoteurs, 500.000 FCFA n’est pas à la portée de tout le
monde. Il y a certaines personnes qui peuvent se décourager à cause de cette cherté de la licence. On doit pouvoir encourager des gens à investir dans l’arène. Le CNG a bien assaini le milieu, mais il doit encore avoir la main légère sur certaines choses. Parfois ils prennent des décisions impopulaires et insistent là-dessus. Ce n’est pas comme ça, je pense.
Vous avez des rapports privilégiés avec Youssou Ndour ces temps-ci. Qu’est-ce qui explique une telle proximité ?
Mes relations avec Youssou Ndour ne datent pas d’aujourd’hui. Ça date de très
longtemps. Peut-être que les gens viennent de s’en rendre compte mais nous avons toujours eu des contacts. S’il a un événement, il m’invite et j’y vais. Et vice versa. C’est pourquoi je n’ai pas hésité à l’inviter au Ganalé de mes parents et il a bien voulu me rendre la monnaie de la pièce. C’est bien. J’ai à gagner dans cette relation et je ne le regretterai pas.
Oui. Je suis partant pour ce combat, de même que tous mes parents. Si les gens n’étaient pas d’accord pour que Sa Thiès affronte Jordan, il n’allait pas s’engager. Il l’a fait parce qu’il a bien reçu le feu vert de ses parents.
Il se dit que ce combat est très risqué pour lui qui sort d’une cuisante défaite face à Malick Niang. Qu’en pensez-vous ?
Il n’y a aucun risque dans la lutte. On ne peut parler de risque que pour quelqu’un qui n’a pas encore glané d’expériences dans l’arène. Mais qui connait Sa Thiès sait qu’il s’était trompé lors de son dernier combat (contre Malick Niang, ndlr). Mais, on a grand espoir qu’il ne commettra pas la même erreur pour ce prochain combat, Inch’Allah.
Pour qu’il se tire d’affaire, quel doit être son comportement, selon vous ?
Qu’il fasse comme il l’a toujours fait. C’est-à-dire respecter ses entraînements, prendre le temps de se reposer et s’accompagner de ses parents de la Casamance et d’ailleurs. C’est tout.
D’aucuns pensent que c’est un combat revanche par procuration du fait que vous avez été battu par Eumeu Sène, le mentor de Jordan qui va en découdre avec votre jeune frère. Quel est votre avis là-dessus ?
Ce combat n’est nullement une revanche pour nous. C’est mon combat, c’est aussi celui de mon père Double Less et de toute la Casamance. Pourquoi c’est notre combat à nous ? Nous le savons. En tout cas, nous sommes prêts à tout pour le gagner. Et cela quel qu’en soit le prix.
Pourquoi ce combat est si capital pour vous ?
C’est parce que tout simplement Sa Thiès doit avancer vite pour arriver au sommet.
Et pourquoi vous avez choisi un poulain d’Eumeu Sène comme adversaire afin de poursuivre votre chemin ?
Non, cela m’importe peu qu’Eumeu Sène soit proche de ou derrière Jordan. Cela ne nous concerne pas. C’est eux que ça concerne en réalité.
Est-ce que vous êtes convaincu que Sa Thiès vaincra ?
Inch’Allah, Sa Thiès aura la victoire sur Jordan. Je me base sur toutes les qualités de mon frère pour y croire. Sa Thiès est techniquement plus doué que Jordan. Il est aussi plus frais que lui, beaucoup plus jeune et également plus courageux. Ce sont tous ces arguments qui me convainquent et me persuadent.
Juste après la matérialisation du combat, Jordan nous a dit au téléphone qu’il est convaincu de vaincre parce qu’il est devenu mature et il est physiquement bien doté.
Qu’en dites-vous ?
Mais que doit-on dire de Sa Thiès qui est plus jeune que lui ? Le sport favorise le plus jeune, sans compter les autres atouts de taille dont regorge mon frère. Jordan est plus âgé que lui. Je pense même que Jordan est plus âgé que moi qui suis son grand frère, si l’on n’est pas du même âge.
Vous pensez alors qu’il n’y a aucun risque pour Sa Thiès pour ce combat là ?
Il n’y a vraiment aucun risque. Sa Thiès est tranquille dans sa tête. En un mot, il ne se fait vraiment pas de soucis. Si Jordan se bagarre avec lui, il va le descendre. Et, s’il privilégie le corps-àcorps, Sa Thiès le saisira pour l’envoyer au sol inch’Allah. On n’en doute même pas. Et pour obtenir la victoire, on va se sacrifier à mort. Ce sera un combat que toute la Casamance prendra comme le sien. Et tout le monde s’y mettra pour la victoire de Sa Thiès. Gagner ce combat nous vaut tous les sacrifices du monde, encore une fois. On ne va rien négliger pour rentrer avec la victoire le jour-J.
Il paraît que Sa Thiès avait une avance d’Aziz Ndiaye avant d’aller signer avec Gaston Mbengue. Qu’est-il exactement ?
Effectivement, Sa Thiès avait empoché une avance d’Aziz Ndiaye. Seulement, il a trop attendu sans que celui-ci ne lui trouve un adversaire. Entre-temps, Gaston Mbengue lui en a trouvé un et il m’en a parlé. On a discuté jusqu’à tomber d’accord. Ensuite, il s’en est ouvert à mon père (Double Less) qui a également accepté. C’est pourquoi le combat a été conclu sans aucun problème. Nous avons informé Aziz Ndiaye par la suite et il a compris. Il a tenu un discours correct. Il a dit par exemple qu’il n’est pas le seul promoteur dans l’arène et que s’il y a un autre qui lui fait une bonne proposition, il doit pouvoir le libérer. Aziz Ndiaye a vraiment compris que Sa Thiès doit saisir l’opportunité et lutter parce que c’est un jeune qui aspire à réussir et arriver au sommet. Il a l’intention de faire une bonne carrière. Ensuite, il a prié pour
lui en tant que frère et promoteur.
Est-ce que Gaston Mbengue a multiplié le prix proposé par Aziz Ndiaye pour convaincre Sa Thiès ?
Non, c’est presque le même prix qu’il a proposé à Sa Thiès. Il n’y a pas de différence fondamentale, s’il y en a même. Aziz Ndiaye est un promoteur qui n’hésite pas à proposer un bon cachet aux lutteurs. C’est le cas pour Gaston Mbengue, si le combat lui en vaut la peine.
Pour revenir à vous, vous avez aussi signé avec Aziz Ndiaye. Est-ce qu’on peut s’attendre à ce que vous aussi, vous lui tourniez le dos pour Gaston Mbengue, par exemple ?
Je n’ai jamais fermé mes portes à aucun promoteur. Gaston Mbengue est un père pour moi. Il est vraiment tout pour moi. Aziz Ndiaye aussi est un grandfrère, un gars qui représente également tout pour moi. C’est pourquoi je ne peux fermer mes portes à personne. Je suis jeune et je n’ai que la lutte comme boulot. Je ne dois donc pas me focaliser sur un seul parce que je travaille. Je regarde aussi mon intérêt. Je suis en train de travailler vraiment pour mon plaisir et celui des amateurs pour terminer en beauté ma carrière.
Est-ce qu’on peut savoir si vous avez déjà empoché une avance d’Aziz Ndiaye ?
Est-ce qu’alors l’attente d’en trouver un n’est pas longue ?
Si. C’est d’ailleurs pourquoi Sa (Thiès) s’est engagé ailleurs. Il a, en effet, trop attendu. Parce que les adversaires qu’Aziz Ndiaye avait contactés traînaient les pieds. Donc, il est arrivé un moment où il fallait que Sa Thiès soit fixé sur son sort. Gaston Mbengue lui a offert l’opportunité et il a sauté sur l’occasion. Je pense que ce n’est pas méchant.
Est-ce qu’il y a un délai pour rester avec Aziz Ndiaye ?
Non, il n’y a aucun délai fixé pour qu’il me trouve un adversaire. Je suis avec lui sans ultimatum. Seulement, et c’est mon avis, s’il peine à me trouver un adversaire et que quelqu’un d’autre le réussit, il va me libérer. Ca, je n’en doute pas parce qu’il est assez compréhensif. Aussi, mes rapports avec lui dépassent la seule relation promoteur-lutteur. C’est beaucoup plus fraternel que cela.
Il se dit que vous avez très tôt atteint le sommet et que vous n’êtes plus motivé comme avant. Quel est alors votre adversaire dans l’arène ?
(Il éclate de rires) Vous l’avez-vous-même dit. Moi, par la grâce de Dieu, je suis très tôt arrivé au sommet. Et le plus souvent, les gens raccrochent après 15 ans de carrière. Moi, Dieu m’a aidé à réussir une belle carrière alors que je n’ai pas encore fait 10 ans de métier. Donc, peut-être que je suis en phase terminale dans l’arène. Si je termine avec cette phase, je vais raccrocher pour accompagner mon jeune frère (Sa Thiès) à continuer sa carrière de la plus belle des manières.
Ne pensez-vous pas avoir relâché les entraînements depuis quelques temps ?
Non, il n’y a pas de relâchement. Moi, c’est comme ça que je suis et j’ai toujours fonctionné de cette manière là. Si je n’ai pas de combat, je me repose et rends visite à mes parents et autres afin de mieux communier avec eux. Vous savez, quand une personne cherche quelque chose, il se tue pour l’avoir. Mais si, par la grâce de Dieu, toutes les portes te sont ouvertes en même temps au bout de l’effort que tu as consenti depuis le début de ta carrière, tu te dis que ça, c’est grâce à la lutte. C’est pourquoi je ne peux pas ne pas respecter ce qui m’a donné tout ce succès-là. Vous êtes alors convaincu avec moi que je ne badinerai pas avec ma carrière, voire avec mon bien. Non, jamais de la vie ! Il n’y a pas de relâchement. La seule explication que je peux donner, c’est que j’ai beaucoup voyagé. Il y a eu aussi les préoccupations dues au retour de mes parents de la Mecque avec le Ganalé (les festivités) que je leur ai réservé. C’est tout cela qui a fait que j’étais très fatigué, voire très épuisé. Dès lors, je prends le temps de me reposer en attendant de reprendre le chemin des entraînements. La lutte m’a vraiment tout donné et je ne peux jamais la
négliger.
Les amateurs, dans leur écrasante majorité, attendent votre combat contre Bombardier. Peut-on savoir si vous êtes prêt à l’affronter ou si vous allez prendre le vainqueur du combat Tyson / Gris Bordeaux ou Modou Lô / Eumeu Sène ?
Non, moi je n’attends personne. Je suis au zénith de ma carrière et je ne suis pas là à attendre Mademba ou Massamba. Je veux juste faire une bonne carrière avant de raccrocher. Je suis en phase terminale. Le blocage de ce combat se situe du côté de Bombardier mais pas de moi.
Est-ce que vous maintenez toujours votre décision de ne pas affronter Modou Lô et Yékini ?
Ces deux là, je les ai effacés sur ma liste d’adversaires potentiels depuis très longtemps. C’est une décision irrévocable. Je ne vais plus les affronter.
Pouvez-vous nous donner les vraies raisons de refuser de croiser Yékini et Modou Lô ?
Si, parce que mon jeune frère de sang est terrassé, tu t’en réjouis jusqu’à jubiler, c’est dire que la défaite que je t’ai infligée, c’est ce qui te fait mal jusqu’à présent. Ce n’est pas bien et ça fait mal. C’est cela la raison fondamentale. Modou Lô est content qu’on terrasse tout athlète qui est proche de moi. C’est pourquoi je ne veux pas parler de lui.
Mais les choses peuvent évoluer jusqu’à ce que vos chemins se croisent à nouveau. N’est-ce pas ?
Pour l’affronter à nouveau, il faudra qu’il fasse le parcours que j’ai fait. C’est-à dire qu’il affronte ceux que j’ai affrontés après avoir fait mes preuves. Donc, aujourd’hui, si je dois encore affronter Modou Lô, il va falloir qu’il fasse ce que j’ai fait pour mériter de me croiser. C’est simple. Il n’y a pas d’adversaire que j’ai affronté sur un plateau d’argent. J’ai fait mon parcours jusqu’à croiser des adversaires par mérite. C’est ce qui manque aujourd’hui à la lutte. Actuellement, les lutteurs bénéficient des adversaires grâce à leur popularité. Pas autre chose. Si on devait réellement choisir des adversaires en fonction du mérite des athlètes, beaucoup de lutteurs n’allaient pas avoir les adversaires qu’ils ont aujourd’hui.
Et les raisons du refus de croiser Yékini ?
C’est un choix personnel, une décision de mes parents.
Est-ce que la raison, ce n’est pas que vous avez peur de perdre face à lui ?
(Catégorique) Quelqu’un que j’ai battu à deux reprises dans un même combat... Cela veut dire que je suis techniquement plus fort que lui et j’ai aussi par rapport à lui l’avantage d’être plus jeune. Donc, je ne peux nullement avoir peur de lui ? Avec mon âge, j’ai encore plus d’atouts que lui. C’est dire que si on doit encore se croiser, je vais le battre une nouvelle fois. Je n’en doute même pas.
Tyson est votre ami, est-ce que vous pouvez encore l’affronter pour lui accorder une revanche ?
Nous sommes dans la lutte et tout peut changer en un temps record. Nous sommes à un moment où je ne dois pas refuser certaines choses. Que ce soit Tyson ou Gris Bordeaux, je suis prêt à les croiser.
Donc vous n’écartez pas Tyson ?
Non, je ne peux pas écarter Tyson, c’est un adversaire potentiel. Il est certes mon idole mais c’est un athlète au même titre que moi.
Quelle analyse faites-vous du combat Tyson / Gris Bordeaux ?
Ils sont deux adversaires qui ont eu des années de gloire dans l’arène. Tyson, par exemple, est resté sans victoire depuis 2004. Il a donc envie de renouer avec le succès. Gris Bordeaux aussi n’a pas enregistré deux victoires de suite depuis longtemps et il est dans une mauvaise situation au niveau de Fass. C’est pour cela qu’ils ont tous envie de sortir la tête de l’eau en remportant ce combat. Bref, c’est un combat capital pour les deux.
On a proposé 45 millions FCFA à Lac 2 pour croiser Papa Sow mais il ne s’est pas encore décidé. Quelle appréciation en faites-vous ?
(Rires) Mais chaque athlète a son staff et ses parents qui prient pour lui. En ce qui concerne Lac 2, je ne sais pas trop quelles sont ses raisons à lui. C’est lui seul et ses parents qui connaissent leurs vraies raisons. Je ne veux pas me tromper sur quelque chose que je ne maitrise pas.
Quel conseil pouvez-vous lui donner en tant que parent et frère ?
Ce que je peux lui conseiller, c’est de savoir qu’il n’est pas bon pour un athlète de faire des années blanches. Lac 2 doit pouvoir lutter. Parce que si tu n’as pas de combat, parfois tu n’es pas trop motivé et tu es dans des difficultés. C’est dire qu’il doit nouer son nguimb pour faire son boulot. Nous avons sorti nos aînés dans l’arène et logiquement ce sont nos jeunes frères qui vont nous en sortir. C’est pourquoi il faut que les gens luttent pour gagner ce qu’ils ont à gagner avant de raccrocher et aller faire autre chose.
C’est Luc Nicolaï qui a organisé votre plus grand combat. Pourquoi n’êtes vous pas encore parti lui rendre visite à la prison ?
Oui, depuis qu’il a été embastillé, je n’arrive pas à avoir un temps matériel pour lui rendre visite. Mais je pense à lui et je prie pour sa libération. Je ne manquerai pas aussi de lui rendre visite si j’ai le temps.
Il y a une marche pour sa libération qui est prévue à Mbour le 14 novembre, est-ce que vous allez y participer ?
Oui. Si j’ai le temps d’y aller, je m’y rendrai. Mais ce qui est le plus important pour moi, c’est de formuler une demande solennelle aux autorités du pays et à celles de la justice pour le libérer. Parce que Luc Nicolaï est quelqu’un d’une grande importance pour la lutte et pour le pays. C’est vraiment un acteur de développement.
Quelle appréciation faites-vous du prix de la licence des lutteurs que le CNG a augmenté à 10.000 FCFA de même que celui des promoteurs qui est amené à 500.000 FCFA ?
La lutte va vers l’abîme. Pourquoi ? On est en train d’augmenter les licences comme vous le dites. Nous devons encourager les lutteurs. Tout le monde n’a pas les moyens de payer une licence à 10.000 FCFA. Les athlètes sont tellement nombreux qu’il y en a parmi eux qui, s’ils ne luttent pas, ils feront des choses regrettables. Aussi, pour la licence des promoteurs, 500.000 FCFA n’est pas à la portée de tout le
monde. Il y a certaines personnes qui peuvent se décourager à cause de cette cherté de la licence. On doit pouvoir encourager des gens à investir dans l’arène. Le CNG a bien assaini le milieu, mais il doit encore avoir la main légère sur certaines choses. Parfois ils prennent des décisions impopulaires et insistent là-dessus. Ce n’est pas comme ça, je pense.
Vous avez des rapports privilégiés avec Youssou Ndour ces temps-ci. Qu’est-ce qui explique une telle proximité ?
Mes relations avec Youssou Ndour ne datent pas d’aujourd’hui. Ça date de très
longtemps. Peut-être que les gens viennent de s’en rendre compte mais nous avons toujours eu des contacts. S’il a un événement, il m’invite et j’y vais. Et vice versa. C’est pourquoi je n’ai pas hésité à l’inviter au Ganalé de mes parents et il a bien voulu me rendre la monnaie de la pièce. C’est bien. J’ai à gagner dans cette relation et je ne le regretterai pas.