Mme Ndéye Tabaski Thiam Diouck excelle dans la communication par l’objet (Racine Communication), la création stylistique (Tabou Racine), le boutique-hôtel (Villa Racine), un duty free-shop (aéroport de Bamako). Une vraie passionnée du business du luxe…
Après quelques minutes d’attente, Mme Ndéye Tabaski Thiam Diouck arrive vers nous, la main occupée entre le foulard et le téléphone. Donnant des instructions, par-ci, par-là . Les yeux restent rivés sur l’entrée de l’Hôtel, pardon… du Boutique-hôtel, (il s’agit bien d’un nom masculin), nous y reviendrons…
Mais comment peut-il en être autrement pour cette grande dame qui centralise tout un ensemble de business. «J’ai le virus du business», nous confie Ndéye Tabaski. Après ses études en France et une expérience professionnelle de plus de 10 ans, elle est rentrée au Sénégal en 1994 et a depuis, créé l’entreprise Racine, spécialisée dans la communication par l’objet et les cadeaux d’affaires. 20 ans déjà et toujours sur la brèche. Et pour en avoir le cœur net, un coup d’œil sur ses premiers marchés importants. «C’est nous qui avions fait les supports de communication pour le lancement de « Alizé « qui est devenu aujourd’hui « Orange » ; le passage à 7 chiffres des numéros de téléphone du fixe ; le 200 millième abonné de « Alizé « ; les supports de lancement des premières cartes bancaires de la BICIS…»,se rappelle-t-elle.
Les années ont passé, des défis surmontés et de nouveaux business sont venus se greffer et Tabaski a étalé ses ailes et ses racines un peu partout dans la sous-région et en Europe, dans un secteur qu’elle juge pourtant «très peu organisé au Sénégal».
Des clients high class…
De fil en aiguille, Ndeye Tabaski a pris du galon. Des banques aux sociétés de téléphonie, en passant par les compagnies d’assurances, tous font confiance à Mme Diouck. En 2000, dopée par le succès, elle lance sa propre marque, Tabou Racine, «un label par lequel elle conçoit des accessoires de mode : cravates, maroquinerie, bagagerie et autres objets de valeur avec une touche ethnique (cartable, conférencier, sacs de voyage …)». Et le succès est retentissant. En 2014, Tabou Racine a reçu le «Prix du Forum francophone des affaires », organisé par «les Trésors vivants de l’Artisanat» au Louvre en France avec Mme Sadia Gueye.
Alors, comment Tabaski a réussi à positionner sa marque, en un temps record ? «Par la qualité, les belles matières, et l’innovation. Je suis restée avec ma clientèle originelle dans le cadre du conseil en image personnelle. Celle-ci est composée essentiellement d’hommes politiques, d’hommes d’affaires. Je fais également des collections spéciales pour des chefs d’Etat qui apprécient mes cravates. C’est un grand honneur pour moi. Et pour eux, une manière de soutenir un label africain qui n’a rien à envier aux plus grandes marques internationales», dit-elle, avec beaucoup de malice dans le regard…
Et de nous rappeler comment l’idée lui est venue. Tout est parti de la communication par l’objet. «J’ai, tout de suite, eu une clientèle d’entreprise dont le personnel aussi voulait des cadeaux. Je me suis rendue compte, très rapidement, que les Sénégalais étaient friands de produits de qualité. Ayant eu la chance de travailler et de fréquenter des façonniers de grandes marques européennes, je me suis dit, pourquoi ne pas créer ma propre marque ? Je pourrai maîtriser les coûts de marketing, de communication et de distribution, tout en ayant des produits de qualité. C’est de là qu’est né le label Tabou Racine. Des cravates d’abord, de la maroquinerie ensuite avec un excellent rapport qualité/ prix…».
Villa Racine, pas si hôtel que ça…
Cité parmi les 60 plus beaux boutiques-hôtel du monde, La Villa Racine est un concept particulier. «C’est une niche dans l’hôtellerie. Pas un hôtel comme les autres. Les boutique-hôtels comblent la place laissée par les grandes chaînes. C’est d’abord un emplacement géographique, être au cœur de la ville, une petite capacité, une décoration spécifique, un confort, une discrétion, une sécurité et surtout un service personnalisé. Le client est comme chez lui…», explique Mme Diouck, avec le raffinement qui sied.
Une dame de fer avec un sourire enchanteur, à la tête d’une activité plutôt sélecte. Cela nécessite un certain nombre de prédispositions. Selon Mme Diouck, il faut être endurant, persévérant, croire en son produit. «Quand on fait un hôtel, c’est au bout de 5 ans qu’on arrive à équilibrer les charges. On n’en est pas encore là … Il faut avoir le souci du détail. Nous sommes dans le luxe et le luxe, c’est le détail. Il faut une ouverture d’esprit, le sens de l’organisation.
En prélude à la Journée de la Femme, quel conseil à vos consœurs ? «Elles sont déjà très courageuses. Je dirai à mes sœurs qu’il n’y a pas d’obstacles. Il suffit juste de croire en soi et en son projet, le reste suivra plus facilement avec du sérieux et de la persévérance. En plus, les femmes ont un atout: leur sixième sens», plaide-t-elle.
Les free-shops, en ligne de mire…
S’il est vrai que le business se porte bien, il n’en demeure pas moins que des contraintes subsistent encore. Propriétaire d’un duty-free-shop à l’aéroport de Bamako (Mali), Mme Diouck vit une concurrence âpre dans ce secteur, encore chasse gardée des Occidentaux. «Ce sont des boutiques hors taxe où sont vendus des parfums, cosmétiques, bagageries, maroquineries et autres produits … « le fameux cadeau du retour ». Il serait opportun que cette activité s’ouvre également un peu plus aux Africains»,précise-t-elle.
«Rouvrir les bureaux de promotion touristique… »
Un boutique- hôtel du type de La Villa Racine, dans un contexte pas très évident pour le secteur, n’est jamais chose facile. Et Tabaski en est consciente. «La Villa Racine est le premier Boutique-hôtel de Dakar où les mots-clefs sont: discrétion, sécurité, convivialité, confort et service personnalisé. Chaque chambre est unique et est équipée d’une literie répondant aux exigences des plus beaux palaces parisiens, les sur-matelas et oreillers sont en plumes d’oie. La Villa Racine est un produit spécifique, d’où son slogan: « La Villa Racine, l’hôtel qui vous change de l’hôtel», charme-t-elle.
Mais, toutes ces innovations n’ont de sens que si le secteur touristique se porte bien. C’est pourquoi, elle appelle les autorités à rouvrir les bureaux de promotion touristique qui ont été fermés à l’étranger et à les confier à de vrais spécialistes de la communication et du marketing tout en précisant que «communication ne veut pas dire forcément journalisme». Parce que, dit-elle, «il nous faut une politique dynamique de promotion du tourisme à l’étranger car notre cœur de cible est hors de nos frontières. Pour ce qui est du visa, je comprends et reconnais le principe de réciprocité. Par contre, je trouve son coût trop élevé, il gagnerait à être revu à la baisse ou aménagé pour les familles. Des forfaits pourraient être étudiés. Il faudrait aussi alléger la procédure d’obtention du visa».
Certes l’épidémie du virus Ebola a fait chuter le chiffre d’affaires dans l’hôtellerie mais elle salue les efforts de communication à l’international qui ont été consentis par l’Etat du Sénégal, pendant cette crise.